Origine des Religions en Inde

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Sanujit
de , traduit par Jerome Couturier
publié le 23 juillet 2011
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Les pratiques religieuses des premiers Indo-Aryens, constituant la religion védique (1500-500 av. J.-C.), furent écrites puis rédigées en sanskrit archaïque dans les Samhitas, ensemble de quatre recueils canoniques d'hymnes ou de mantras, appelé le Veda.

La période védique tardive (IXème-VIème siècle av. J.-C.) marqua le début de la phase upanisadique ou védantique. Cette époque annoncait le début de ce qui devint l'Hindouisme classique, avec la composition des Upanishads, et plus tard des épopées sanskrites, suivies encore plus tard par les Puranas. Le terme sanskrit Upanishad vient de upa- (proche), ni- (à l’endroit approprié, en bas) et sad (s'asseoir), soit "s'asseoir près", c’est à dire s'asseoir aux pieds d'un professeur pour recevoir un enseignement.

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Les Upanishads sont les textes philosophiques considérés comme étant la source la plus ancienne de la religion hindoue. Sur plus de 200 Upanishads, la première douzaine est la plus ancienne et la plus importante. Les Upanishads Brihadaranyaka, Jaiminiya et Chandogya furent composées pendant l'ère pré-bouddhique, tandis que Taittiriya, Aitareya et Kausitaki, qui montrent une influence bouddhiste, durent être composées après le Vème siècle av. J.-C. Toutes les Upanishads furent transmises par tradition orale.

Shiva
Tête en Terre Cuite de Shiva, Ashmolean Museum (Oxford)
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

Les Puranas (signifie "des temps anciens") sont un genre important de textes religieux hindous, jaïns et bouddhistes, avec des récits de l'histoire de l'univers, de sa création à sa destruction, des généalogies de rois, de héros, de sages et de demi-dieux, et des descriptions de la cosmologie, de la philosophie et de la géographie. Les premières références aux Puranas se trouvent dans le Chandogya Upanishad, verset 7.1.2 (500 av. J.-C.).

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La religion védique avait un code strict de rituels auquel les rois, les aristocrates et les riches marchands contribuaient, car le coût de l'organisation d'un tel culte était très élevé et prenait beaucoup de temps. Le culte consistait à prier les éléments comme le feu et les rivières, à vénérer des dieux héroïques comme Indra, à chanter des hymnes et à procéder à des sacrifices. Un sacrifice consistait en l'offrande aux dieux de nourriture, d'objets ou d’animaux, à titre d'acte de propitiation ou de vénération. À l'époque védique, le yajna (rite d’offrande) comprenait généralement les offrandes de lait, de ghee (beurre clarifié), de lait caillé, de céréales et de la plante soma. Les offrandes animales étaient moins courantes.

Préparation d'un Rituel Védique

Les prêtres étaient formés pour le rituel et devaient devenir compétents pour sa pratique. La spécialisation des rôles avait pour but l'élaboration et le développement du corpus rituel au fil du temps. Finalement, un effectif complet de seize prêtres devint la coutume pour les grandes cérémonies. Il se composait de quatre grands prêtres et de leurs assistants, chacun des grands prêtres ayant un rôle défini:

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  • Le hotri était le récitant des invocations et des litanies. Celles-ci pouvaient être de simples vers ou des hymnes entiers (sukta) tirés du Rig-Veda. Chaque phase du rituel nécessitant une invocation, le hotri avait un rôle de direction ou de présidence de la cérémonie.
  • L'adhvaryu (assistant) était chargé des détails pratiques du sacrifice. Selon l’indianiste Monier-Williams, l'adhvaryu devait "mesurer le sol, construire l'autel, préparer les vases sacrificiels, aller chercher le bois et l'eau, allumer le feu, amener l'animal et l'immoler", entre autres tâches. Chaque action était accompagnée de formules de supplication ou de bénédiction (yajus), tirées du Yajur-Veda.
  • L'udgātri était un chanteur d'hymnes sur des mélodies (sāman) tirées du Sāma-Veda. Il s'agissait d'un rôle spécialisé dans les grands sacrifices de soma: une fonction caractéristique de l'udgātri était de chanter des hymnes à la gloire des propriétés énergisantes du jus fraîchement pressé de la plante soma.
  • Le brahmane supervisait l'ensemble de la cérémonie et était chargé de corriger les erreurs au moyen d'invocations supplémentaires, généralement tirées de l'Atharva-Veda.
CEUX QUI AVAIENT PAYÉ POUR CES RITUELS et Y PARTICIPAIENT PRIAIENT POUR AVOIR DES ENFANTS, DE LA PLUIE, DU BÉTAIL (RICHESSE), LA LONGÉVITÉ et UNE VIE APRÈS LA MORT DANS LE MONDE CÉLESTE DES ANCÊTRES.

Ceux qui avaient payé pour ces rituels et y participaient priaient pour avoir des enfants, de la pluie, du bétail (richesse), la longévité, et une vie après la mort dans le monde céleste des ancêtres. Ce mode de culte a été conservé jusqu’à aujourd'hui dans l'Hindouisme. Il implique des récitations du Veda par un purohita (prêtre), pour la prospérité, la richesse et le bien-être en général.

Le sacrifice se faisait de plusieurs manières: d'abord, il y avait simplement offrande de cadeaux. Il y avait aussi la perception que le sacrifice donnait le pouvoir ou le moyen d'accomplir spirituellement quelque chose, comme trancher la tête des ennemis par l’intermédiaire des dieux. Le sacrifice était considéré par les adeptes comme une façon de plaire aux dieux et de gagner leur faveur, par opposition aux personnes qui ne sacrifiaient pas ("ceux qui ne versent pas d’offrande", Rig-Veda 1.110.7). Lors de l'offrande de soma, les prêtres offraient aux dieux le jus qui leur procurait plaisir et force pour obtenir la richesse et l'aide des dieux.

Récits de l'Epopée du Rituel Védique

On dispose d’une description détaillée des rites védiques exécutés sur ordre royal au Kosala (état actuel de l'Awadh, Inde). Dans le prologue du Ramayana, le roi Dasaratha se préparait à accomplir un grand yajna pour avoir un fils.

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Après un certain temps, à l’arrivée de la douce saison du printemps, le roi Dasaratha décida d'accomplir le rituel […] pour avoir des fils pour perpétuer sa lignée.

S'adressant à son premier ministre, le roi Dasaratha dit: Ô Sumantra, convoque les prêtres dédiés aux Vedas aux Vedangas (textes annexes des Védas). Lorsqu'ils arrivèrent, le roi, après leur avoir témoigné le respect qui leur était dû, dit: n'ayant pas de fils, je ne suis pas heureux dans la vie. Par conséquent, j'ai l'intention d'accomplir un yajna Ashvamedha (sacrifice du cheval). Grâce aux bénédictions du saint sage Rishyashringa, je suis sûr que j'atteindrai mon objectif. Ils approuvèrent pleinement ses paroles.

Les prêtres érigèrent alors le foyer sacrificiel avec des briques. Le foyer, composé sur trois côtés de dix-huit briques, ressemblait à un Garuda aux ailes dorées, la monture céleste de Vishnou. On rassembla des chevaux, d'autres bêtes et des oiseaux, des reptiles et des animaux aquatiques, pour le sacrifice. Des centaines d'animaux, ainsi que le cheval du roi, furent attachés à des yupas (piliers sacrificiels).

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Vishnu Riding Garuda
Vishnou Chevauchant Garuda, Musée Guimet (Paris)
Jean-Pierre Galbéra (CC BY)

Les sacrifices d'animaux en tant qu'éléments des rituels apparaissent beaucoup dans les Védas. Le Rig-Veda contient plusieurs références claires aux sacrifices d'animaux. Dans une référence au sacrifice d'une chèvre (RV 1.162.2), il est dit: "la chèvre tachetée alla droit au ciel, bêlant vers le lieu cher à Indra et à Pusan." Dans l'un des hymnes au cheval (RV 1.162.9-11), il est dit: "que toute partie de la chair du coursier (cheval) que la mouche n'a pas mangée, ou qui est restée collée au pilier ou à la hache, ou aux mains et aux ongles du tueur, que tout cela soit aussi avec toi, parmi les dieux. Pour la nourriture non digérée fumant de son ventre et toute odeur de chair crue restante, que les immolateurs mettent tout cela en ordre et préparent le sacrifice avec une cuisson parfaite. Tout ce qui a été rôti de ton corps, quand tu étais sur la broche, ne le laisse pas posé sur la terre ou sur l’herbe, mais que tout soit offert aux dieux avides." De même, l’aspect non végétarien était clair: lorsque ce cheval était sacrifié, il était distribué à ceux qui attendaient avec impatience.

La viande était testée avec une fourchette, puis distribuée (RV 1.162.12 sqq). Le Yajur-Veda (l’un des quatre Vedas) est rempli de nombreuses autres références aux sacrifices d’animaux, des références claires et souvent répétées, principalement en association avec le rite de la pleine lune, le sacrifice de soma et son supplément. Une section entière du Yajur-Veda est consacrée aux sacrifices d’animaux optionels (ii.1): "aux Ashvins, il sacrifie un chevreuil, à Sarasvati un bélier, à Indra un taureau" (Yajur-Veda 1.8.21.e).

Ashvamedha Yajna

L'Ashvamedha, le sacrifice du cheval, était l'un des rituels royaux les plus importants de la religion védique, décrit en détail dans le Yajur-Veda. L'Ashvamedha ne pouvait être célébré que par un roi. Son objectif était l'acquisition du pouvoir et de la gloire, la souveraineté sur les provinces voisines, et la prospérité générale du royaume. La cérémonie relatée dans le Ramayana s'écartait du texte védique car ici le roi souhaitait accomplir le rituel pour avoir la bénédiction d'obtenir des fils.

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Le cheval à sacrifier devait être un étalon, âgé de plus de 24 ans, mais de moins de 100 ans. Le cheval était aspergé d'eau et le grand prêtre lui murmurait des mantras à l'oreille. Quiconque retenait le cheval était rituellement maudit et un chien était tué, symbole de la punition pour les pécheurs. Le cheval était attelé à un char doré, avec trois autres chevaux, et le verset RV 1.6.1-2 (Yajur-Veda 23.5-6) était récité. Le cheval était ensuite conduit dans l'eau et baigné. Après cela, la reine principale et deux autres épouses royales l'oignaient de ghee. Elles ornaient également la tête, le cou et la queue du cheval de décorations dorées.

Après cela, le cheval, un bouc sans cornes et un bœuf sauvage étaient liés à des pieux sacrificiels près du feu, et dix-sept autres animaux étaient attachés au cheval. Un grand nombre d'animaux, domestiques et sauvages, étaient liés à d'autres pieux, selon un commentateur, 609 animaux au total.

La reine principale appelait rituellement les épouses du roi à la dévotion. Les reines marchaient autour du cheval mort en récitant des mantras. La reine principale devait ensuite imiter le coït avec le cheval mort, tandis que les autres reines prononçaient rituellement des obscénités.

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Le lendemain matin, les prêtres levaient la reine de l'endroit où elle avait passé la nuit avec le cheval. Les trois reines munies dune centaine d’aiguilles d'or, d'argent et de cuivre pointaient sur le corps du cheval les lignes le long desquelles il serait disséqué. Le cheval était disséqué et sa chair rôtie. Diverses parties étaient offertes à une foule de divinités.

Revenons maintenant au récit de l'épopée, une analyse savante avance ceci: "d'après le texte dont nous disposons, il semble que la reine ne passa pas toute la nuit avec le cheval. Typiquement, elle s’allongeait avec le cheval et était recouverte d'un tissu; on disait qu'à ce moment-là, elle s’unissait symboliquement au cheval. Des paroles suggérant la copulation et la fertilité étaient prononcés sur elle et le cheval mort.

IL Y AVAIT DE NOMBREUSES AMBIGUITÉS ET DISCORDANCES ENTRE LES DIFFÉRENTES SECTIONS DU VEDA CAUSANT SOUVENT DES CONFLITS ENTRE LES MEMBRES DE LA CLASSE SACERDOTALE.

Horace H. Wilson, l’éminent spécialiste des Vedas, remarque: Comme détaillé dans le Yajur-Veda 22.26, et plus particulièrement dans les Sutras de Katyayani (Ashvamedha 1-210), l’objet était le même que celui du Ramayana, avec l’épisode dans lequel, dans le poème, la reine principale, Kausalya était invitée à rester toute la nuit en contact étroit avec le destrier mort. Le matin, lorsque la reine fut libérée de cette contiguïté dégoûtante et en fait impossible, un dialogue, mentionné dans le yajus et dans la section Ashvamedha du Satapatha Brahmana, et expliqué dans le Sutra, eut lieu entre la reine et les femmes qui l'accompagnaient ou l’assistaient, et le prêtre principal, dialogue qui, bien que bref, était au plus haut degré à la fois stupide et obscène […]. Nous n'avons cependant trouvé aucune trace de ces impuretés révoltantes dans le Rig-Veda […]. On ne peut raisonnablement douter que le rituel primitif des Hindous autorisait le sacrifice d'un cheval, dont les détails et les objets furent très vite grossièrement amplifiés et déformés. En même temps, il faut remarquer que ces deux hymnes sont les seuls dans le Rich (partie du Rig Veda contenant les hymnes) à se rapporter spécialement à ce sujet; on pourrait en déduire qu’ils appartenaient à une époque différente […]. Comme il y avait la solennité dans le Rich, cela permettait un caractère moins poétique, plus barbare, et il est possible qu’il s’agisse d'un reste d’une période anté-védique, importé de quelque région étrangère, peut-être de Scythie, où des victimes animales, et surtout des chevaux, étaient communément sacrifiées (Hérodote, Histoires, IV, 61).

Il y avait de nombreuses ambiguïtés et discordances entre les différentes sections du Véda, causant souvent des conflits entre les membres de la classe sacerdotale. On parlait en outre des récompenses liées à l’accomplissement de rites et de rituels coûteux. Souvent, les différentes sections du Véda se contredisaient, déroutant les gens quant à ce qu’il fallait croire.

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En résumé, l’attitude de l’Aryen védique à l’égard des forces invisibles était simple et primitive. Les dieux étaient au nombre de trente-trois au départ. Ils n’avaient pas d’icônes, le feu était leur émissaire. L'homme aryen tuait un bœuf, un mouton, une chèvre, parfois un cheval, et offrait à ses dieux près du feu sa viande et sa graisse avec du lait et du beurre, du pain d'orge et la boisson enivrante soma. Les dieux étaient gratifiés par ces offrandes de nourriture et de boisson, et en retour, ils donnaient au fidèle ce qu'il souhaitait, à savoir la richesse, des fils, une longue vie et la victoire sur ses ennemis. Tel était le rituel védique aryen du homa, ou culte du feu.

Concepts Fondamentaux de la Religion dans le Veda

Les dieux du Rig-Veda étaient pour la plupart des concepts personnifiés qui se répartissaient en deux catégories: d’une part, les devas, dieux de la nature, comme la divinité du temps qu’il fait, Indra (aussi roi des dieux), Agni (le feu), Usha (l'aube), Surya (le soleil) et Apas (les eaux); et d'autre part, les asuras, dieux des concepts moraux, comme Mitra (garant des contrats), Aryaman (gardien des invités, de l'amitié et du mariage), Bhaga (le partage) ou Varuna, l'asura suprême (Aditya). Alors que le terme de deva dans le Rig-Veda s’appliquait de diverses manières à la plupart des dieux, y compris à de nombreux asuras, les devas étaient caractérisés comme les jeunes dieux tandis que les asuras étaient des dieux anciens (pūrve devāh). Dans les textes védiques postérieurs, les asuras devinrent des démons.

Agni Seated on a Ram
Agni, Musée Guimet, Paris
Vassil (Public Domain)

Le Rig-Veda compte 10 mandalas (livres). La langue et le style varient considérablement entre les livres familiaux anciens (RV, livres 2 à 7), le livre 8, le Mandala du Soma (RV 9) et les livres plus récents (RV 1 et 10). Les livres anciens contiennent de nombreux aspects de la religion indo-iranienne et constituent une source importante pour la reconstruction des traditions indo-européennes communes antérieures. Le RV 8 en particulier présente une similitude frappante avec l'Avesta (livre sacré du Zoroastrisme), et contient des allusions à la flore et à la faune afghanes, par exemple au chameau (uštra). De nombreux termes religieux clés du sanskrit védique ont des équivalents dans le vocabulaire religieux d'autres langues indo-européennes (deva, latin deus; hotar, dieu germanique; asura, ansuz germanique; yajna, grec hagios; brahman, nordique Bragi, ou peut-être latin flamen, etc.). Il est particulièrement à noter que dans l'Avesta, Asura (Ahura) était connu comme une entité bonne et Deva (Daeva) comme une mauvaise, à l'opposé du Rig-Veda.

Abstraction faite de la religion principale des Hindous, abordée plus loin dans cet article, il est clair que le Véda ne traite pas que de religion dans les volumes que nous avons parcourus. Une idée classique des spécialistes a longtemps été qu'il existait un peuple nomade et pastoral à l'époque de la composition des hymnes du Véda. Ceci reposait sur les fréquentes invocations pour la nourriture, les chevaux et le bétail, que l'on trouve dans les hymnes. Mais en fait, les allusions répétées à des habitations fixes, à des villages et à des villes montrent clairement que ce peuple n'était pas nomade. Il y avait également des références à la défaite d’ennemis et à la destruction de villes après de longues batailles. Les hymnes n'étaient pas les seuls à être familiers avec l'océan, il y avait aussi les marchands qui naviguaient vers des contrées lointaines pour s'approvisionner en céréales. Il y eut une expédition navale contre un continent, qui fut contrariée un naufrage. Une prière (RV I.11.7.14) est particulièrement curieuse par la forme utilisée à plusieurs reprises pour demander longue vie. Le fidèle demandait cent hivers (himas), faveur qui n'aurait probablement pas été souhaitée par des natifs des climats chauds comme le nord-ouest de l'Inde, l'Iran, etc. Ceux qui arrivaient vers l'Inde à cette époque lointaine semblaient avoir le teint clair, car un hymne (RV I.15.7.18) déclare qu'Indra, le Dieu suprême, partagea avec son peuple au teint blanc les champs conquis, après avoir détruit les races barbares indigènes (les Dasyus).

Synthèse des Religions Harappéenne, Védique et Hindoue

L’Hindouisme recouvre une grande variété de traditions religieuses apparentées, originaires de l'Inde. Historiquement, il comprend le développement de la religion en Inde depuis les traditions de l'âge du Fer, qui à leur tour remontent aux religions préhistoriques telles que celle de la civilisation de la vallée de l'Indus de l'âge du Bronze, suivie de la religion védique de l'âge du Fer.

La civilisation de la vallée de l'Indus était une civilisation de l'âge du Bronze (3300-1300 av. J.-C.; période de maturité 2600-1900 av. J.-C.), dévelopée dans la région nord-ouest du sous-continent indien. La phase de maturité est nommée civilisation harappéenne, car la première ville fouillée fut celle de Harappa (Pakistan actuel), dans les années 1920. Vers 1800 av. J.-C., des signes d'un déclin progressif commencèrent à apparaître, et vers 1700 av. J.-C., la plupart des villes furent abandonnées. En 1953, l’archéologue Sir Mortimer Wheeler suggéra que le déclin de la civilisation de l'Indus avait été causé par l'invasion d'une tribu indo-européenne d'Asie centrale, les Aryens. En raison de similitudes linguistiques, ces Aryens furent associés en particulier aux Iraniens, et plus loin, aux origines du groupe linguistique indo-européen. Le consensus général semble être que cette culture avait dû commencer quelque part dans les steppes russes et en Asie centrale vers 2000 av. J.-C. La branche de ces locuteurs, qui vinrent en Inde sous le nom d'Aryens (signifiant nobles), était le groupe indo-iranien. Effectivement, "Iran" provient du mot persan pour "Aryen".

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Indus Valley
Vallée de l'Indus, vers 3300-1300 av. J.-C.
hceebee (CC BY-NC-ND)

Cependant, la civilisation de la vallée de l'Indus ne disparut pas soudainement, et de nombreux éléments purent être retrouvés dans des cultures postérieures. L'archéologue de Harvard, Richard H. Meadow, nota le site harappéen tardif de Pirak (Pakistan actuel), qui prospéra sans interruption de 1800 av. J.-C. jusqu'à l'époque de l'invasion d'Alexandre le Grand en 325 av. J.-C. Après la découverte de la civilisation de la vallée de l'Indus dans les années 1920, celle-ci fut immédiatement associée aux indigènes Dasyus, opposés aux tribus rig-védiques dans de nombreux hymnes du Rig-Veda.

On ne trouve de trace de religion de la civilisation de la vallée de l'Indus dans aucun récit ancien. Des sceaux, des images et d'autres objets furent mis au jour par divers archéologues sans que les chercheurs aient pu tirer de conclusions sur ce peuple.

Plus de 400 symboles de l'Indus distincts (certains disent 600) ont été trouvés sur des sceaux, de petites tablettes ou des pots en céramique, et plus d'une douzaine d'autres objets, y compris un panneau porteur d'une inscription, autrefois apparemment accroché au-dessus de la porte de la citadelle intérieure de la ville de Dholavira, dans l'Indus. C'était l'un des sites archéologiques les plus grands et les plus importants d'Inde, situé dans la réserve naturelle du désert de Kutch, au Gujarat.

Banner at the North Gate of Dholavira
Panneau de la Porte de la Citadelle de Dholavira, Gujarat (Inde)
Swastik (CC BY-SA)

Les inscriptions typiques de l'Indus ne comptaient pas plus de quatre ou cinq caractères, dont la plupart (à part le panneau de Dholavira) étaient particulièrement petits; la plus longue sur un carré de moins de 2,5 cm de côté, comptait 17 signes; sur l’ensemble des pièces, la plus longue, trouvée sur trois faces d'un objet fabriqué en série, comptait 26 symboles. Les inscriptions étaient écrites de droite à gauche. Cette écriture n'a cependant pas encore été déchiffrée. On pense que ces populations utilisaient des idéogrammes, c'est-à-dire un symbole graphique ou un caractère pour porter directement une idée.

La civilisation de la vallée de l'Indus fut souvent considérée comme une société alphabétisée sur la base de cette écriture. Pourtant, S. Farmer, R. Sproat et M. Witzel (2004) soutiennent que le système de signes de l'Indus ne codait pas la langue, mais était plutôt similaire à un ensemble de systèmes de signes non linguistiques largement utilisés au Proche-Orient et dans d'autres sociétés. D'autres avancèrent parfois que les symboles étaient utilisés pour des transactions économiques, mais cette affirmation ne permet pas d’expliquer l'apparition de symboles sur de nombreux objets rituels, dont beaucoup étaient fabriqués en série dans des moules. Rien de semblable à ces inscriptions produites en série n'est connu dans aucune autre civilisation antique.

Plusieurs figurines en poterie rappellent que des divinités féminines furent vénérées. Elles représentaient probablement la Déesse-Mère vénérée au Proche et au Moyen-Orient dans l'Antiquité. Des figurines en argile ressemblent à des cornes de chèvre ou de taureau, montrant que le culte des animaux était courant. Les sceaux-amulettes et talismans en pierre et en poterie témoignent de l'attitude religieuse du peuple harappéen. L’image d'une divinité nue à cornes et à trois visages, assise sur un tabouret avec les talons serrés l'un contre l'autre indique une posture rituelle (sceau de Shiva Pashupati, Mohenjo-daro). Des animaux tels que cerf, antilope, rhinocéros, éléphant, tigre et buffle l'entouraient. Ses bras étaient ornés de nombreux bracelets.

Une autre sceau-amulette représente une déesse cornue au milieu d'un pipal (figuier sacré) devant lequel une autre divinité cornue est agenouillée et fait acte d’obéissance. Une rangée de sept divinités féminines occupe tout le registre inférieur du sceau, chaque personnage portant une coiffure ressemblant à un ressort, et une longue natte derrière. Des objets en pierre témoignent d’une vénération pour les symboles phalliques.

Plusieurs sceaux en stéatite découverts sur les sites de la civilisation de la vallée de l'Indus (3300-1700 av. J.-C.) représentent des personnages dans une posture de yoga ou de méditation, "une forme de discipline rituelle suggérant un précurseur du yoga", selon l'archéologue Gregory Possehl, spécialiste de l’Indus. Il a relevé seize "yogis en glyptique" dans l'ensemble des objets harappéens matures, ce qui suggérait une dévotion "à la discipline rituelle et à la concentration", et la posture du yoga "pouvait avoir été utilisée aussi bien par les divinités et par les humains". Un certain lien entre les sceaux de la vallée de l'Indus et les pratiques postérieures du yoga et de la méditation a été soutenu par de nombreux autres chercheurs.

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Map of the Indus Valley Civilization, c.3300 - 1300 BCE
Carte de la Civilisation de la Vallée de l'Indus
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Selon l’orientaliste Karel Werner, "les découvertes archéologiques nous ont donc permis de spéculer avec une certaine justification qu'une large gamme d'activités de yoga était déjà connue des peuples de l'Inde pré-aryenne". Le Dr Farzand Masih, président du département d'Archéologie de l'Université du Pendjab (Pakistan) a décrit un sceau découvert en 2008 dans le désert du Cholistan, comme représentant un "yogi". Thomas McEvilley a noté que "les six mystérieuses images de sceaux de la vallée de l'Indus... toutes sans exception montraient des personnages dans une position connue dans le hatha yoga sous le nom de mulabandasana, ou peut-être de l'utkatasana ou du baddha konasana, qui lui sont très proches..."

Réaction à la Religion Rituelle Austère

Dès les temps anciens, certains refusaient de croire en des êtres divins. Même les hymnes védiques font clairement allusion aux moqueurs et aux incroyants. Ces hymnes, généralement attribués à Brihaspati, un fils de Loka, exprimaient les premières protestations contre la simple étude du Véda en soutenant qu'un homme qui essayait de s’en imprégner était de loin supérieur au prêtre qui récitait. Bien qu'il n'y ait pas de fable animale particulière dans la littérature védique, on trouve dans le Rig-Veda toute la variété d'une histoire. Cela témoigne du goût des Aryens védiques pour les contes de toutes sortes. Dans une chanson du Rig-Veda, les brahmanes chantant lors d'une offrande sacrée sont comparés à des grenouilles coassantes. L’orientaliste Pr. Max Muller a dit que ce célèbre hymne était une satire de la prêtrise védique, ou encore de la manière de chanter les hymnes. Il est avancé dans l’Aitareya Aranyaka (texte du Rig Veda): "pourquoi devrions-nous répéter les Védas ou faire ce genre d’offrande?" Pour contrebalancer ces analyses négatives, les cyniques adoptèrent la doctrine de svabhava (nature intrinsèque) comme étape suivante. Cette doctrine soutenait que toutes les choses existaient par elles-mêmes. Elles ne se sont pas créées elles-mêmes, et aucune cause ne les a créées. Par exemple, il n'y a pas de cause au délicat dessin du lotus ou aux taches en forme d'œil sur la queue du paon. Comme il n’y avait pas de cause, ces choses existaient effectivement par elles-mêmes. C’était aussi le cas de cet univers changeant. De même, les sentiments comme le plaisir, la douleur, etc. n'ont aucune cause, puisqu’ils sont éphémères.

Ce système, affirmant que la pratyaksa, ou perception, était le seul moyen d’apprentissage, et que le plaisir physique était l’objet central de la vie, était très répandu dans l’Inde ancienne. D’où son nom de Lokayata, ce qui signifie littéralement une doctrine répandue parmi le peuple (loka).

Les Vratyas, Aryens issus de migrations postérieures, vinrent lentement à cette croyance. Comme les Lokayatikas, ils défiaient tout, y compris le système des castes, les sacrifices et le Véda. S’appuyant sur un soutien aussi généreux, les Lokayatikas exhortaient les gens à s’efforcer par tous les moyens d’obtenir un bien-être terrestre immédiat plutôt que de lutter pour un paradis dont on ne pouvait pas prouver l’existence. Le kama ou l’accomplissement du désir était le thème central de la vie humaine. Le résultat de cette activité était un besoin de liberté, pour l’individu comme pour la société, pour la femme comme pour l’homme, pour le pauvre comme pour le riche. Le résultat de cette lutte pour la liberté fut l’essor de la culture bouddhiste. Les vues du Bouddha contre les sacrifices védiques, la mémorisation des versets et la répétition stérile des mantras védiques, le rituel sanglant des sacrifices d’animaux, le système des castes, l'autorité du Véda et le culte des divinités et les rites magiques, tous avaient leurs équivalents dans les vues des Lokayatikas.

Message des Upanishads

Le mot Vedanta était le mot utilisé dans les premiers temps dans la philosophie hindoue comme synonyme de la partie des textes du Véda connue également sous le nom d'Upanishads. Le nom, Veda-anta, signifie Veda-fin, soit, aboutissement des hymnes védiques. On en a déduit que Vedanta représentait le but ou l'objectif [la fin] du Véda. Le Vedanta n'est pas limité ou confiné à un seul livre et la philosophie védantique n'a pas une source unique.

La religion védique évolua progressivement vers le Vedanta, considéré par certains comme l'institution première de l'Hindouisme. Le Vedanta se considérait comme "l'essence" du Veda.

Toutes les formes du Vedanta étaient tirées principalement des Upanishads, un ensemble d'écritures védiques philosophiques et instructives. Les Upanishads étaient des commentaires sur le Veda. Ils étaient considérés comme l'essence fondamentale de tout le Veda.

Une partie de la pensée védantique était également dérivée des premiers aranyakas. Les aranyakas étaient appelés les "textes de la forêt", car les ascètes se retiraient dans la forêt pour étudier les doctrines spirituelles avec leurs étudiants, ce qui amenait à donner moins d’importance aux rites sacrificiels qui étaient encore pratiqués dans les villes. Ces écrits étaient une transition entre les Brahmanas et les Upanishads dans la mesure où ils discutaient encore des rites et avaient un contenu magique, des listes ennuyeuses de formules et quelques hymnes du Veda. Les sages qui accueillaient des étudiants dans leurs ermitages forestiers n’étaient pas aussi riches que les prêtres des villes qui servaient la royauté et d’autres mécènes fortunés.

La philosophie fondamentale des Upanishads, celle d’une réalité absolue appelée Brahman, était le principe fondamental du Vedanta. Le sage Vyasa était l’un des principaux promoteurs de cette philosophie et l’auteur des Brahma Sūtras basés sur les Upanishads. Le concept de Brahman – la réalité suprême et ultime, éternelle, auto-existante, immanente et transcendante, qui était la vision divine de tout être – était au cœur de la plupart des écoles du Vedanta. La notion de Dieu ou Ishvara était également présente. Les sous-écoles védantiques différaient principalement dans la façon dont elles identifiaient Dieu à Brahman.

Les Upanishads sont des œuvres de divers auteurs vivant à différentes époques. Ce sont les paroles de personnes spirituelles, qui avaient des aperçus de la vérité la plus élevée par l’observation, et qui ne faisaient pas nécessairement partie d’un système philosophique cohérent. Leurs méthodes étaient plus intuitives que logiques et ils traitaient de sujets tels que Dieu, l’homme, le destin, l’âme, etc. Les Upanishads contenaient tellement d’allusions, de suggestions et d’implications, et étaient si variées que les fondateurs ultérieurs de presque toutes les religions et sectes religieuses en Inde ont pu citer une ou plusieurs d’entre elles comme faisant autorité.

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Malgré l’éclat de ces idées, ils ne répondaient pas aux besoins religieux du peuple. Ils séduisaient l’intelligentsia, et non l’homme ordinaire pour qui l’acquisition d’une connaissance aussi profonde était perçue comme un rêve lointain. Les philosophes des Upanishads atteignirent des sommets vertigineux et posèrent les bases sur lesquelles la pensée indienne devaient s’affiner dans les années suivantes.

Ganesha Statue
Statue de Ganesh
Swaminathan (CC BY)

L’Inde était remuée par des idées de libre pensée, et le Bouddha fut le résultat de cette liberté. Aucun homme ne vécut jamais une vie aussi divine, sans jamais parler d’un dieu. Le Vishnu Purana a trace de cette étape de l’école. Il fait allusion à un groupe de gens d’origine très ancienne, libres de vivre où bon leur semblait, sans se soucier des conventions, purs de cœur et irréprochables dans leurs actions. Ils n’avaient ni vertu ni vice; ils vivaient dans une atmosphère de parfaite liberté dans laquelle les hommes pouvaient se mouvoir sans craindre de désobéir aux dogmes traditionnels religieux et sociaux. Pourtant, les adeptes dévoués ordinaires n’étaient pas satisfaits de cette liberté sociale et religieuse. Comme les Lokayatikas captivaient le cœur des gens cultivés comme des gens ordinaires, tous s’attachaient à travailler à leur bien-être terrestre immédiat.

Avant d'aller plus loin sur ce sujet, il est nécessaire de rappeler certains principes fondamentaux abordés jusqu’ici afin de faire le lien avec le développement de quelques grandes religions en Inde au cours des siècles qui suivirent.

Les Upanishads furent comme une bouffée d’air frais soufflant dans les couloirs étouffants du pouvoir du Brahmanisme védique. Elles furent remarquées par les autorités sacerdotales parce que les yogis ne prêtaient allégeance à aucune religion ou mode de pensée établi. Ils disaient en grande partie ce qui était pouvait bien être courant chez d'autres groupes sramana (mouvement ascétique) à cette époque. Une telle doctrine athée était évidemment très acceptable pour les auteurs des Upanishads, qui utilisèrent nombre de ses concepts.

La fin de la période védantique se situe aux alentours du 2ème siècle ap. J.-C. Au cours de cette dernière période, plusieurs textes furent composés comme des résumés et annexes aux Upanishads. Ces textes, appelés collectivement Puranas, permettaient une interprétation divine et mythique du monde, un peu comme les religions antiques grecque ou romaine. Des légendes et des épopées avec une multitude de dieux et déesses aux caractéristiques humaines furent composées. Deux des épopées les plus vénérées de l'Hindouisme, le Mahabharata et le Ramayana, sont des compositions de cette période. La dévotion à des divinités particulières se reflétait dans la composition de textes consacrés à leur culte. Par exemple, le Ganapati Purana fut écrit pour la dévotion à Ganapati (ou Ganesh). Les divinités populaires de cette époque étaient Shiva, Vishnou, Durga, Surya, Skanda et Ganesh (y compris les formes/incarnations de ces divinités).

Contrairement à la religion védique primitive, ni les rituels brahmaniques, ni le spiritualisme des Upanishads ne purent devenir populaires. Pour qu'une religion devienne populaire, il lui fallait un credo simple et uniforme, une bonne dose de mythologie et certaines pratiques de culte faciles. L'échec des Brahmanas védiques et des Upanishads à cet égard eut pour résultat un soutien indirect à la pensée religieuse non védique. Ainsi, les systèmes religieux non védiques tels que le Bouddhisme et le Jaïnisme se répandirent rapidement. Ils adoptèrent la mythologie, le culte des divinités et les spéculations intelligentes de divers Upanishads. En même temps, ils évitèrent les points faibles de ces derniers.

Tradition Shramana

La religion védique de l’Inde de l'âge du Fer en Inde coexistait et interagissait étroitement avec les traditions non védiques Shramana parallèles. Celles-ci n'étaient pas des prolongements directs du Védisme, mais des mouvements distincts qui l'influencèrent et furent influencés par lui. Les shramanas étaient des ascètes errants. Le Bouddhisme et le Jaïnisme étaient une continuation de la coutume du Shramana, et le premier mouvement upanishadique en fut influencé.

EN RÈGLE GÉNÉRALE UN SHRAMANA ÉTAIT QUELQU’UN QUI RENONCAIT AU MONDE & MENAIT UNE VIE ASCÉTIQUE DANS UN BUT DE DÉVELOPPEMENT SPIRITUEL ET DE LIBÉRATION.

En règle générale, un shramana était quelqu'un qui renonçait au monde et menait une vie ascétique dans un but de développement spirituel et de libération. Les shramanas considéraient que les êtres humains étaient responsables de leurs propres actes et en récoltaient les fruits, en bien ou en mal. La libération de cette angoisse pouvait être obtenue par n'importe qui, quelle que soit sa caste, sa croyance, sa couleur ou sa culture. Le yoga était probablement la pratique du shramana la plus importante à ce jour. Des processus élaborés ont été décrits dans le yoga pour atteindre la libération individuelle par des techniques de respiration (pranayama), des postures physiques (asanas) et la méditation (dhyana).

Le mouvement prit ensuite de l’ampleur à l'époque de Mahavira et de Bouddha, alors que le ritualisme védique était devenu la croyance dominante dans certaines régions de l'Inde. Les shramanas adoptèrent une voie alternative aux rituels védiques pour atteindre la libération, en même temps qu'ils renonçaient à la vie de famille. Ils s'engageaient généralement dans trois types d'activités: l’austérité, la méditation et les théories (ou visions) associées. Parfois, un shramana était en désaccord avec l'autorité traditionnelle et il recrutait souvent aussi des membres des communautés sacerdotales. Mahāvīra, le dernier des 24 prophètes (tirthankara) du Jainisme, et Gautama Bouddha, étaient les chefs de leurs ordres shramana. Selon la littérature jaïne et le canon bouddhiste pali, il y avait également d'autres chefs shramana à cette époque.

La philosophie indienne était une confluence de traditions shramaniques (autonomes), de traditions Bhakti (dévotion à un dieu suprême), avec culte des idoles et culte rituel védique de la nature. Ces traditions coexistaient et s'influençaient mutuellement. Les Śramanas avaient une vision du samsara comme étant plein de souffrance (dukkha). Ils pratiquaient l'ahimsa (respect des être vivants) et une ascèse rigoureuse. Ils croyaient au karma (détermination d'un individu par la totalité des actions passées) et au moksa (libération du cycle des renaissances), et considéraient la renaissance comme indésirable.

Les Védiques, au contraire, croyaient en l'efficacité des rituels et des sacrifices, pratiqués par un groupe de personnes privilégié, qui pouvaient améliorer leur vie en plaisant à certains dieux. L'idéal sramanique de mendicité et de renoncement, selon lequel la vie terrestre était pleine de souffrances et pour lequel l'émancipation exigeait l'abandon des désirs et le retrait dans une vie contemplative solitaire, contrastait fortement avec l'idéal brahmanique d'une vie active et rythmée par les rituels. Selon la croyance védique traditionnelle, un homme naissait avec l'obligation d'étudier les Védas, de procréer et d'élever une progéniture mâle, et d'accomplir des sacrifices. Ce n'est que plus tard dans sa vie qu'il devait méditer sur les mystères de la vie. L'idée de consacrer toute sa vie à la mendicité semblait dégrader l'ensemble du processus de la vie sociale et des obligations védiques. Les shramanas rejetant les Védas, les Védiques qualifiaient leur philosophie de "nastika darsana" (philosophie non orthodoxe).

Les mots astika et nastika étaient parfois utilisés pour catégoriser les religions indiennes. Les religions qui croyaient que Dieu était l'acteur central de ce monde étaient qualifiées d'astika. Les religions qui ne croyaient pas que Dieu était le moteur principal étaient classées comme nastika. De ce point de vue, la religion védique (et l'Hindouisme) était une religion astika, tandis que le Bouddhisme et le Jaïnisme étaient des religions nastika.

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Bibliographie

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Traducteur

Jerome Couturier
Je suis médecin, spécialisé en Génétique. J'aime l'Histoire et l'Antiquité depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours eu un interêt pour la recherche dans divers domaines scientifiques, dont l'archéologie.

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Sanujit. (2011, juillet 23). Origine des Religions en Inde [Initiation of religions in India]. (J. Couturier, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-238/origine-des-religions-en-inde/

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Sanujit. "Origine des Religions en Inde." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. modifié le juillet 23, 2011. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-238/origine-des-religions-en-inde/.

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Sanujit. "Origine des Religions en Inde." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 23 juil. 2011. Web. 03 mars 2025.

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