Black Elk sur Crazy Horse

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Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 04 mars 2024
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Black Elk Parle (publié en anglais dès1932) est le livre populaire et controversé du récit de l'homme-médecine sioux Oglala Lakota Black Elk (1863-1950) sur sa vie et son peuple, tel qu'il fut transmis au poète et écrivain américain John G. Neihardt (1881-1973). Crazy Horse (c. 1840-1877), cousin au second degré de Black Elk, figure parmi les nombreux personnages de l'ouvrage.

Crazy Horse Sculpture
Sculpture de Crazy Horse
Mike Tigas (CC BY)

Selon Black Elk, son père et le père de Crazy Horse étaient cousins, ce qui ferait de lui et de Crazy Horse des cousins au second degré. Au chapitre 7 de Black Elk Parle, le récit s'arrête sur la relation de Black Elk avec Crazy Horse et sur la vision, le nom et la réputation du grand guerrier. Cette partie de l'ouvrage est d'un grand intérêt pour les historiens qui écrivent sur Crazy Horse, ou pour quiconque s'intéresse à lui, car elle présente un portrait intime d'un homme célèbre pour sa discrétion.

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Bien que Crazy Horse ait participé à la bataille de Platte Bridge en 1865, à la guerre de Red Cloud (1866-1868) et qu'il ait dirigé des groupes de guerre entre 1868 et 1876, notamment lors de la bataille de Rosebud Creek et de la bataille de Little Bighorn, on sait peu de choses sur l'homme à proprement dit. Il ne s'est jamais laissé photographier ou dessiner, de sorte qu'à ce jour, personne ne sait à quoi il ressemblait. Black Elk et d'autres le décrivent comme un personnage solitaire qui, comme le note Black Elk, se sentait le plus à l'aise dans son tipi, en présence d'enfants et avec les membres d'un groupe de guerre, mais qui parlait rarement aux gens ou participait rarement à des festivals.

Le récit de Black Elk est considéré comme un témoignage oculaire des événements et des personnes dont il traite.

De nombreux autres récits sur Crazy Horse, comme celui de l'auteur et médecin sioux Charles A. Eastman (également connu sous le nom d'Ohiyesa, né en 1858-1939), ne sont pas des récits à la première personne, alors que celui de Black Elk l'est. Bien que Black Elk ait raconté son histoire à Neihardt en 1930-1931 et que Crazy Horse ait été assassiné à Fort Robinson en 1877, le récit de Black Elk est toujours considéré comme un témoignage oculaire des événements et des personnes dont il traite.

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Le livre de Neihardt est toutefois considéré comme controversé, car certains chercheurs, notamment l'anthropologue Raymond J. DeMallie (1946-2021), ont affirmé que Neihardt avait adapté le récit de Black Elk afin qu'il plaise davantage à un public blanc. DeMallie, spécialiste de la culture et de la langue des Sioux Lakota, note que Neihardt ne parlait pas la langue et qu'il reçut le récit par l'intermédiaire d'un interprète. Il est donc possible que Neihardt ait mal compris certains termes ou concepts présentés par Black Elk. Malgré cela, l'ouvrage est toujours considéré comme un document historique important sur la vie des Sioux au XIXe siècle et sur les personnages les plus célèbres de cette époque.

Contexte du passage du Crazy Horse

Les événements relatés par Black Elk dans le passage sur Crazy Horse, au chapitre 7, se déroulent en 1875, alors que Black Elk était âgé de 12 ans. La guerre de Red Cloud s'était achevée par le traité de Fort Laramie de 1868, qui comprenait, entre autres, la promesse du gouvernement américain que les Black Hills resteraient la terre des Sioux "aussi longtemps que l'herbe poussera et que les rivières couleront".

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En 1874, cependant, une expédition dirigée par le lieutenant-colonel George Armstrong Custer (1839-1876) trouva de l'or dans les Black Hills, et le traité fut complètement ignoré. Des mineurs, des colons et des soldats commencèrent à apparaître dans les Black Hills et cet afflux se transforma en la ruée vers l'or dans les Black Hills en 1876.

Black Hills, South Dakota
Black Hills, Dakota du Sud
Runner 1928 (CC BY-SA)

La découverte de Custer et l'apparition des mineurs et d'autres personnes sont ce que Black Elk appelle ci-dessous les "mauvais problèmes" et les "problèmes à venir". Les "gens-qui-traînent-près-du-fort" auxquels il fait allusion dans le premier paragraphe sont des disciples de Red Cloud. Certains Sioux en voulaient à Red Cloud (1822-1909) d'avoir fait la paix avec l'homme blanc et méprisaient ses disciples, qui faisaient régulièrement du commerce avec les marchands blancs dans des sites comme Fort Laramie. On les appelait par dérision les "gens -qui-traînent-près-du-fort", car ils semblaient préférer s'associer à l'homme blanc et ne plus se battre pour défendre les terres sioux, contrairement à Crazy Horse et à ses guerriers.

Plus tôt dans le chapitre 7, Black Elk décrit l'arrivée des hommes blancs dans les Black Hills et la façon dont les Sioux avaient tenu un conseil pour décider de la manière de réagir:

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J'ai demandé à mon père de quoi ils parlaient, et il m'a dit que le grand-père à Washington [président des États-Unis] voulait louer les Black Hills pour que les Wasichus [hommes blancs] puissent y extraire du métal jaune, et que le chef des soldats avait dit que si nous ne le faisions pas, les Black Hills seraient comme de la neige fondue entre nos mains, parce que les Wasichus prendraient ce pays de toute façon.

Cela m'a fait de la peine d'entendre cela. Après le conseil, nous avons appris que des ruisseaux de Wasichus se jetaient dans les collines et devenaient des rivières, et qu'ils construisaient déjà des villes là-haut. Il semblait que de graves problèmes se profilaient à l'horizon, alors notre groupe a levé le camp et s'est mis en route pour rejoindre Crazy Horse sur Powder River.

(50-51)

Peu après, le passage sur Crazy Horse commence.

Black Elk and His Family
Black Elk et sa famille
Unknown Photographer (Public Domain)

Texte

Le texte suivant est une traduction en Français d'un extrait de Black Elk Speaks : The Complete Edition de John G. Neihardt, University of Nebraska Press, 2014, pp. 51-54.

À Kills-Himself Creek, nous avons pris plus de viande et de peaux et nous étions prêts à rejoindre le camp de Crazy Horse sur la Powder River. Quelques -uns des gens-qui-traînent-près-du-fort étaient avec nous et, lorsqu'ils ont vu que nous allions rejoindre Crazy Horse, ils nous ont quittés et ont repris le chemin de la ville des soldats. Ils craignaient des troubles et savaient que Crazy Horse se battrait, alors ils voulaient être en sécurité avec les Wasichus. Nous ne les aimions pas beaucoup.

Nous n'avions pas de conseillers, car nous n'étions qu'une petite bande, et lorsque nous nous déplacions, les garçons pouvaient aller n'importe où. Un jour, alors que nous nous dirigions vers Powder River, je chevauchais devant avec Steals-Horses, un autre garçon de mon âge, et nous avons vu des empreintes de pas de quelqu'un qui allait quelque part. Nous avons suivi les empreintes et nous sommes arrivés à un monticule près d'un ruisseau où un Lakota était allongé. Nous sommes descendus et nous l'avons regardé: il était mort. Il s'appelait Root-of-the-Tail et il se rendait à Tongue River pour voir sa famille lorsqu'il perdit la vie. Il était très vieux et prêt à mourir, alors il s'était allongé et était mort sur place avant de revoir sa famille

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Ensuite, nous sommes arrivés au village de Powder River et nous sommes allés camper en aval. J'étais impatient de revoir mon cousin, Crazy Horse, car maintenant qu'il commençait à y avoir des problèmes, tout le monde parlait de lui plus que jamais et il semblait plus grand qu'avant...

Bien sûr, je I'avais vu de temps en temps aussi loin que je me souvienne et j'avais entendu des histoires sur les actes de bravoure qu'il avait accomplis. Je me souviens de l'histoire de son frère et lui qui étaient seuls à cheval et qu'une grande bande d'Indiens Crow les avait attaqués. Ils avaient dû s'enfuir. Alors qu'ils chevauchaient avec tous ces Crows à leurs trousses, Crazy Horse entendit son frère l'appeler; et quand il se retourna, le cheval de son frère était à terre, et les Crows étaient presque sur lui. Ils ont raconté comment Crazy Horse aurait foncé droit sur les Crows et les aurait combattus avec seulement un arc et des flèches, puis aurait emmené son frère derrière lui et se serait enfui. C'était son pouvoir sacré qui faisait que les corbeaux avaient peur de lui lorsqu'il chargeait. Les gens racontaient des histoires sur l'époque où il était un garçon et où il passait son temps avec Hump [son mentor], qui était plus âgé que lui. Hump n'était plus tout jeune à l'époque et c'était un très grand guerrier, peut-être le plus grand que nous ayons jamais eu jusqu'alors. On dit que les gens s'étonnaient que le garçon et le vieil homme aient toujours été ensemble, mais je pense que Hump savait que Crazy Horse deviendrait un grand homme et il voulait tout lui apprendre.

Le père de Crazy Horse était le cousin de mon père et il n'y avait pas de chef dans notre famille avant Crazy Horse, mais il y avait des hommes saints; et il devint chef grâce au pouvoir qu'il avait reçu dans une vision lorsqu'il était enfant. Quand je suis devenu un homme, mon père m'a parlé de cette vision. Bien sûr, il ne savait pas tout, mais il a dit que Crazy Horse avait rêvé et qu'il était allé dans le monde où il n'y a rien d'autre que les esprits de toutes les choses. C'est le monde réel qui se trouve derrière celui-ci, et tout ce que nous voyons ici est comme une ombre de ce monde. Il était sur son cheval dans ce monde, et le cheval et lui-même, les arbres, l'herbe, les pierres et tout le reste étaient faits d'esprit, et rien n'était dur, et tout semblait flotter.

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Son cheval était immobile, mais il dansait comme un cheval fait uniquement d'ombre, et c'est ainsi qu'il reçut son nom, qui ne signifie pas que son cheval était fou ou sauvage, mais que dans sa vision, il dansait d'une manière étrange.

C'est cette vision qui lui donna son grand pouvoir, car lorsqu'il se battait, il n'avait qu'à penser à ce monde pour s'y retrouver, de sorte qu'il pouvait traverser n'importe quelle épreuve sans être blessé. Jusqu'à ce qu'il ne soit assassiné par les Wasichus à Soldiers' Town sur White River, il ne fut blessé que deux fois, une fois par accident et les deux fois par quelqu'un de son propre peuple alors qu'il ne s'attendait pas à avoir des ennuis et qu'il ne pensait pas, jamais par un ennemi. Il avait quinze ans lorsqu'il fut blessé par accident; l'autre fois, il était jeune homme et un autre homme était jaloux de lui parce que la femme de cet homme aimait Crazy Horse.

On disait aussi qu'il portait sur lui une pierre sacrée, comme celle qu'il avait vue dans une vision, et que lorsqu'il était en danger, la pierre devenait toujours très lourde et le protégeait d'une manière ou d'une autre. On disait que c'était la raison pour laquelle aucun des chevaux qu'il avait montés n'avait vècu très longtemps. Je n'en sais rien; peut-être que les gens l'ont seulement pensé; mais il est vrai qu'il n'avait jamais gardé un cheval très longtemps. Ils s'usaient. Je pense que c'est uniquement le pouvoir de sa grande vision qui le rendait grand.

De temps en temps, il me remarquait et me parlait; et parfois, il demandait au crieur de m'appeler dans son tipi pour manger avec lui. Il me disait alors des choses pour me taquiner, mais je ne répondais rien, car je pense que j'avais un peu peur de lui. Je n'avais pas peur qu'il me fasse du mal, j'avais juste peur. Tout le monde ressentait la même chose à son égard, car c'était un homme bizarre qui se promenait dans le village sans remarquer les gens ni dire quoi que ce soit. Dans son tipi, il plaisantait, et lorsqu'il était sur le sentier de la guerre avec un petit groupe, il plaisantait pour que ses guerriers se sentent bien. Mais autour du village, il ne remarquait presque jamais personne, sauf les petits enfants.

Tous les Lakota aiment danser et chanter, mais il n'a jamais participé à une danse, et on dit que personne ne l'a jamais entendu chanter. Mais tout le monde l'aimait bien, et ils faisaient tout ce qu'il voulait ou allaient partout où il le disait. C'était un petit homme parmi les Lakota, il était mince et avait un visage fin, ses yeux regardaient à travers les choses et il semblait toujours réfléchir à quelque chose. Il n'a jamais voulu avoir beaucoup de choses pour lui et n'a pas eu beaucoup de poneys comme un chef.

On dit que lorsque le gibier était rare et que les gens avaient faim, il ne mangeait pas du tout. C'était un homme étrange. Peut-être était-il toujours un peu dans le monde de sa vision. C'était un très grand homme et je pense que si les Wasichus ne l'avaient pas tué là-bas, nous aurions peut-être encore les Black Hills et nous serions heureux. Ils n'auraient pas pu le tuer au combat. Ils ont dû lui mentir et l'assassiner. Et il n'avait qu'une trentaine d'années quand il est mort.

Un jour, après avoir campé sur Powder River, je remontai le courant pour le revoir, mais son tipi était vide et il était parti quelque part, peut-être avec un groupe de guerre contre les Crows, car nous étions proches d'eux maintenant et nous devions les surveiller en permanence. Plus tard, je l'ai vu. Il m'a passé le bras sur l'épaule, m'a emmené dans son tipi et nous nous sommes assis ensemble. Je ne me souviens pas de ce qu'il a dit, mais je sais qu'il n'a pas dit grand-chose et qu'il ne m'a pas taquiné. Peut-être pensait-il aux problèmes à venir.

Nous ne sommes pas restés ensemble très longtemps, mais nous nous sommes dispersés et avons campé à différents endroits pour que les gens et les poneys aient tous de quoi manger. Crazy Horse installa son village sur Powder River avec une centaine de tipis, et notre groupe campa sur la Tongue. Nous avions construit un corral de poteaux pour les chevaux la nuit et les gardions dedans toute la journée, car les Crows étaient de grands voleurs de chevaux et nous devions être prudents. Les femmes coupaient et dépouillaient les peupliers pendant la journée et donnaient l'écorce aux chevaux pendant la nuit. Les chevaux aimaient cela et cela leur donnait une belle allure et du corps.

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Questions & Réponses

Où trouve-t-on un témoignage oculaire sur Crazy Horse?

Un célèbre récit sur la vie et le caractère de Crazy Horse se trouve dans Black Elk Parle de John G. Neihardt, chapitre 7.

De quoi parle le célèbre passage sur Crazy Horse dans Black Elk Parle?

Le passage sur Crazy Horse du chapitre 7 de Black Elk Parle est un témoignage oculaire sur Crazy Horse, donné par Black Elk, son cousin au second degré, concernant sa vision, l'origine de son nom, sa réputation de courage et son caractère en général.

Le récit de Black Elk Parle est-il fidèle à la réalité?

Des chercheurs modernes ont contesté l'exactitude de Black Elk Parle au motif que Neihardt avait peut-être adapté certaines parties pour plaire à un public blanc et que, comme il avait écouté l'histoire par l'intermédiaire d'un interprète, il avait peut-être mal compris certains termes et concepts. Toutefois, le livre est toujours considéré comme généralement exact.

Quand Neihardt a-t-il interviewé Black Elk pour Black Elk Parle?

John G. Neihardt a interviewé Black Elk en 1930-1931. Black Elk Parle fut publié en anglais pour la première fois en 1932.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2024, mars 04). Black Elk sur Crazy Horse [Black Elk on Crazy Horse]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2389/black-elk-sur-crazy-horse/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Black Elk sur Crazy Horse." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mars 04, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2389/black-elk-sur-crazy-horse/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Black Elk sur Crazy Horse." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 04 mars 2024. Web. 21 nov. 2024.

Adhésion