Comment le lapin a perdu sa queue

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Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 06 mars 2024
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Comment le lapin a perdu sa queue est une légende sioux, à la fois mythe des origines et conte didactique, qui explique pourquoi le lapin a cette apparence, pourquoi le hibou est un oiseau de nuit et comment on doit traiter un membre de sa famille et de sa communauté, entendue comme famille élargie.

Desert Cottontail Rabbit
Lapin à queue blanche du désert
Alan Vernon (CC BY)

L'histoire met en scène deux frères, le puissant frère aîné - un être spirituel dont le nom est traduit par "génie" - et le lapin, le frère cadet. Une fois que le lapin a grandi et qu'il se croit adulte, il part à la découverte du monde et s'attire toutes sortes d'ennuis, toujours dus à sa naïveté et à sa curiosité. Peu importe à quel point le lapin est ennuyeux ou combien de fois il est mis en garde contre le type de comportement impulsif qui lui attire des ennuis, son frère aîné vient toujours l'aider.

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Le frère aîné est l'exemple même de la patience et de la force appréciées par les Sioux.

Le frère aîné est l'exemple même de la patience et de la force que les Sioux apprécient autant aujourd'hui qu'à l'époque où cette histoire fut composée, il y a plusieurs siècles. On est censé aider ceux qui ont besoin d'aide, quel que soit le nombre de fois où ils rencontrent des difficultés et quel que soit le nombre de fois où ces difficultés sont causées par leurs propres actions. Dans la culture sioux - comme dans la culture amérindienne en général - le bien de la communauté l'emporte sur les intérêts ou les besoins de l'individu. Par conséquent, peu importe le nombre de fois qu'un "lapin" de la communauté se met dans le pétrin; un "grand frère" devrait toujours être prêt à venir en aide, même à des milliers de kilomètres de distance.

Texte

Le texte suivant est extrait de Myths and Legends of the Sioux (1916) de Marie L. McLaughlin, qui était un quart Sioux et vivait dans la réserve Sioux où elle répertoria les histoires, précédemment transmises oralement, et les conserva sous forme écrite. Il n'est pas possible de dater la composition originale ni de savoir comment elle a peut-être changé de génération en génération, mais la version de McLaughlin est la plus ancienne à apparaître sous forme écrite.

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North American Barn Owl in Flight
Chouette effraie d'Amérique du Nord en vol
Bill Bouton (CC BY-SA)

Bien que la figure mythologique du génie (jinn) soit bien connue au Proche-Orient, les cultures amérindiennes ont développé leur propre version de cette entité surnaturelle, que McLaughlin traduit ici par "génie", mais qu'il ne faut pas confondre avec la figure plus connue popularisée d'abord par la littérature persane.

Il était une fois deux frères, l'un grand Génie et l'autre Lapin. Comme tous les génies, l'aîné pouvait se transformer en n'importe quel animal, oiseau, poisson, nuage, tonnerre et foudre, ou en fait en tout ce qu'il désirait.

Le jeune frère (Lapin) était très espiègle et s'attirait continuellement toutes sortes d'ennuis. Son frère aîné s'occupait de sortir Lapin de toutes sortes d'embrouilles.

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Lorsque Lapin eut atteint sa pleine maturité, il voulut voyager et découvrir le monde. Lorsqu'il dit à son frère ce qu'il voulait faire, celui-ci lui répondit : "Maintenant, Lapin, tu es Witkotko (espiègle), alors sois très prudent et évite les ennuis autant que possible. Si tu as de graves ennuis et que tu ne peux pas t'en sortir tout seul, appelle-moi à l'aide et, où que tu sois, je viendrai à toi.

Lapin se mit en route et le premier jour, il arriva à une maison très haute, à l'extérieur de laquelle se trouvait un pin très haut. L'arbre était si haut que Lapin pouvait à peine en voir la cime. Devant la porte, sur un énorme tabouret, était assis un très grand géant qui dormait profondément. Lapin, qui avait son arc et ses flèches, tendit son arc et, prenant une flèche dans son carquois, dit:

"Je veux voir à quel point cet homme est grand, alors je vais le réveiller." En disant cela, il se déplaça d'un côté, visa bien et tira sur le nez du géant. Cette balle piqua comme du feu et réveilla le géant, qui se leva d'un bond en s'écriant: "Qui a eu l'audace de me tirer sur le nez ?

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"C'est moi", dit Lapin.

Le géant, entendant une voix, regarda tout autour de lui, mais ne vit rien, jusqu'à ce qu'il ne regarde au coin de la maison, et là, un lapin était assis.

"J'ai eu le hoquet ce matin et je pensais que j'allais avoir un bon gros repas, et voilà qu'il n'y a rien d'autre qu'une bouchée de pain.

"Vous ne ferez pas de moi votre casse-croûte, je crois," dit Lapin, "je suis aussi fort que vous, bien que je sois petit."

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"Nous verrons bien", dit le géant. Il entra dans la maison et en ressortit avec un marteau qui pesait plusieurs tonnes.

"Maintenant, monsieur Lapin, nous allons voir qui peut lancer ce marteau par-dessus le sommet de cet arbre."

"Trouvez quelque chose de plus difficile à faire", dit Lapin.

"Eh bien, nous allons d'abord essayer ceci", dit le géant. Sur ce, il saisit le marteau à deux mains, le balança trois fois autour de sa tête et l'envoya valser dans les airs. Il monta, monta, frôla la cime de l'arbre et retomba en faisant trembler le sol et en s'enfonçant profondément dans la terre.

"Maintenant, dit le géant, si tu n'accomplis pas le même exploit, je vais t'avaler d'une seule bouchée.

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Lapin répondit : "Je chante toujours pour mon frère avant de faire ce genre de chose."

Il se mit donc à chanter et à appeler son frère."Cinye ! Cinye! (frère, frère).

Le géant devint nerveux et dit: "Pourquoi appelles-tu ton frère, mon garçon?

Montrant un petit nuage noir qui s'approchait très vite, Lapin dit: "C'est mon frère; il peut te détruire, toi, ta maison et ton pin en un seul souffle."

"Arrête-le et tu seras libre", dit le géant.

Lapin agita ses pattes et le nuage disparut.

A partir de cet endroit, Lapin continua son voyage vers l'ouest. Le lendemain, alors qu'il traversait une forêt profonde, il crut entendre quelqu'un gémir, comme s'il souffrait. Il s'arrêta et écouta; bientôt le vent souffla et le gémissement devint plus fort. En suivant la direction d'où venait le son, il découvrit un homme déshabillé, coincé entre deux branches d'un grand orme. Lorsque le vent soufflait, les branches se frottaient l'une contre l'autre et comprimaient l'homme, qui poussait alors des gémissements plaintifs.

"Mon Dieu, vous avez un bien bel endroit là-haut. Changeons de place. Tu peux descendre et je prendrai ta place." (Cet homme avait été placé là-haut pour être puni par le frère de Lapin, et il ne pouvait pas descendre à moins que quelqu'un ne vienne lui proposer de prendre sa place sur l'arbre).

"Très bien", dit l'homme. "Enlève tes vêtements et monte. Je vais t'attacher aux branches et tu pourras t'amuser autant que tu voudras."

Lapin se déshabilla et monta. L'homme le plaça entre les branches et glissa le long de l'arbre. Il se dépêcha d'enfiler les vêtements de Lapin et, alors qu'il venait de terminer sa toilette, le vent souffla très fort.

Lapin était presque fou de douleur et criait et pleurait. Puis il se mit à crier"Cinye, Cinye" (frère, frère).

"Appelle ton frère autant que tu veux, il ne me trouvera jamais. Ce disant, l'homme disparut dans la forêt.

A peine avait-il disparu que le frère arriva et, voyant le lapin dans l'arbre, dit: "Par où est-il allé?"

Lapin lui indiqua la direction prise par l'homme. Le frère vola au-dessus de la cime des arbres, trouva bientôt l'homme et le ramena, lui faisant reprendre son ancienne place entre les branches, et faisant souffler un vent violent qui dura tout l'après-midi et toute la nuit, pour punir l'homme d'avoir placé son frère là-haut.

Après que Lapin se fut rhabillé, son frère lui donna une bonne réprimande, qu'il termina en disant: "Je veux que tu sois plus prudent à l'avenir. J'ai beaucoup de travail qui me tient occupé autant que je le souhaite, et je ne peux pas m'arrêter tout le temps pour faire des voyages afin de te tirer de quelque sotte embrouille. Hier encore, j'ai fait cinq cents kilomètres pour t'aider à sortir du géant, et aujourd'hui, j'ai dû faire mille kilomètres, alors sois plus prudent à partir de maintenant."

Quelques jours plus tard, le lapin voyageait le long d'une petite rivière, lorsqu'il arriva à une petite clairière dans les bois, et au centre de la clairière se trouvait une jolie petite cabane en rondins. Le lapin se demandait qui pouvait bien vivre ici lorsque la porte s'ouvrit lentement et un vieil homme apparut dans l'embrasure, portant un seau d'eau dans sa main droite. Dans sa main gauche, il tenait une ficelle attachée à l'intérieur de la maison. Il se tint à la corde et descendit lentement vers la rivière. Arrivé à l'eau, il se baissa, plongea le seau dans l'eau et retourna à la maison, tenant toujours la ficelle pour se guider.

Il réapparut bientôt en tenant une autre ficelle et, en suivant celle-ci, il se dirigea vers un grand tas de bois et revint à la maison avec. Lapin voulut voir si le vieil homme allait ressortir, mais il ne sortit plus. Voyant de la fumée s'échapper de la cheminée de terre, il pensa aller voir ce que faisait le vieil homme. Il frappa à la porte et une voix faible l'invita à entrer. Il remarqua que le vieil homme était en train de préparer le dîner.

"Bonjour Tunkasina (grand-père), tu dois bien t'amuser à vivre seul ici. Je vois que tu as tout ce qu'il faut à portée de main. Tu peux aller chercher du bois et de l'eau, et c'est tout ce que tu as à faire. Comment te procures-tu tes provisions?

"Les loups m'apportent la viande, les souris le riz et les haricots moulus, et les oiseaux les feuilles de cerisier pour le thé. Mais la vie est dure, car je suis seul la plupart du temps et je n'ai personne à qui parler, et en plus, je suis aveugle".

"Dis, grand-père, dit Lapin, changeons de place. Je crois que j'aimerais bien vivre ici."

"Si nous échangeons nos vêtements, dit l'autre, tu deviendras vieux et aveugle, tandis que je prendrai ta jeunesse et ton apparence. (Ce vieil homme avait été placé ici pour être puni par le frère de Lapin. Il avait tué sa femme, alors Génie l'avait rendu vieux et aveugle, et il le resterait jusqu'à ce que quelqu'un ne vienne échanger sa place avec lui).

"Je n'ai que faire de la jeunesse et de la beauté, dit Lapin, changeons de vêtements.

Ils changèrent de vêtements, et Lapin devint vieux et aveugle, tandis que le vieil homme devint jeune et beau.

"Eh bien, il faut que j'y aille", dit l'homme. Il sortit et, coupant les ficelles près de la porte, s'enfuit en riant. "Tu en auras assez de vivre seul, petit fou", dit-il en s'enfonçant dans les bois.

Lapin se dit qu'il aimerait bien aller chercher de l'eau fraîche et essayer les chemins de ficelle pour s'y habituer. Il se promena dans la pièce et finit par trouver le seau d'eau. Il prit la ficelle et se mit en route. Après s'être éloigné de la porte, il arriva si brusquement au bout de la ficelle qu'il perdit le bout qu'il tenait à la main, et il erra, se heurtant aux arbres, s'empêtrant dans les buissons de pruniers et les épines, s'égratignant le visage et les mains au point d'en faire couler le sang.

C'est alors qu'il se remit à crier: "Cinye ! Cinye!" (frère, frère). Son frère arriva bientôt et demanda de quel côté était parti le vieil homme.

"Je ne sais pas, répondit Lapin, je n'ai pas pu voir le chemin qu'il a pris, j'étais aveugle.

Génie appela les oiseaux, qui arrivèrent de toutes les directions. Dès qu'ils arrivèrent, le frère leur demanda s'ils avaient vu l'homme qu'il avait placé ici pour le punir, mais aucun ne l'avait vu.

Le hibou arriva le dernier, et lorsqu'on lui demanda s'il avait vu l'homme, il répondit "hoo-hoo".

"L'homme qui vivait ici", dit le frère.

"Hier soir, je chassais des souris dans les bois au sud d'ici et j'ai vu un homme qui dormait sous un prunier. J'ai pensé que c'était ton frère, Lapin, alors je ne l'ai pas réveillé", dit le hibou.

"Bien joué, hibou, dit le frère, tu ne te déplaceras plus que la nuit, et je fixerai tes yeux de façon à ce que plus la nuit sera sombre, mieux tu pourras voir. Tu auras toujours les belles nuits fraîches pour chasser ta nourriture. Vous, les autres oiseaux, vous pourrez chasser votre nourriture pendant la chaleur du jour". (Depuis lors, le hibou est l'oiseau de nuit).

Le frère s'envola vers les bois et ramena l'homme. Il coupa les cordes et lui dit: "Maintenant, tu peux goûter à ce que tu as donné à mon frère."

Il dit à Lapin: "Je n'aurais pas dû t'aider cette fois-ci. Quiconque est assez fou pour changer de place avec un aveugle devrait être laissé sans aide, alors fais attention, car je commence à en avoir assez de tes bêtises et je ne t'aiderai plus si tu fais quelque chose d'aussi stupide que cette fois-ci."

Lapin commença à retourner chez lui. Lorsqu'il eut presque terminé son voyage, il arriva à un petit ruisseau et, comme il avait soif, il but une bonne gorgée d'eau. Pendant qu'il buvait, il entendit un bruit comme si un loup ou un chat grattait la terre. En regardant vers une colline qui surplombait le ruisseau, il vit quatre loups, leurs queues entrelacées, qui tiraient de toutes leurs forces. Comme Lapin s'approchait d'eux, l'un d'eux se détacha et Lapin vit que sa queue était cassée.

"Laissez-moi tirer la queue avec vous. Ma queue est longue et forte", dit Lapin, et les loups acquiescèrent. Lapin entrelaça sa longue queue avec celles des trois loups et commença à tirer, et les loups tirèrent si fort qu'ils arrachèrent la queue de Lapin à la deuxième articulation. Les loups disparurent.

"Cinye! Cinye ! (Frère, frère.) J'ai perdu ma queue", s'écria Lapin. Génie arriva et, voyant que son frère Lapin n'avait plus de queue, il dit: "De toute façon, tu es plus beau sans queue"

Depuis ce jour, les lapins n'ont plus de queue.

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Questions & Réponses

De quoi parle la légende sioux "Comment le lapin a perdu sa queue"?

La légende sioux "Comment le lapin a perdu sa queue" est à la fois un mythe des origines, qui explique l'apparence du lapin, et un conte pédagogique sur la manière dont il faut traiter les autres, en particulier les plus faibles.

Pourquoi le génie aide-t-il continuellement le lapin dans l'histoire?

Dans "Comment le lapin a perdu sa queue", le génie aide le lapin parce qu'ils sont frères. L'histoire a pour but d'enseigner au public que tout le monde est un frère et mérite d'être aidé en cas de besoin.

Pourquoi le lapin a-t-il constamment des ennuis dans la légende sioux "Comment le lapin a perdu sa queue"?

Le lapin de "Comment le lapin a perdu sa queue" pense être un adulte mûr mais il est en réalité naïf, et sa curiosité à l'égard de la vie des autres le conduit à s'attirer des ennuis à plusieurs reprises.

Pourquoi le frère aîné ne punit-il pas les loups à la fin de "Comment le lapin a perdu sa queue"?

Le grand frère ne punit pas les loups à la fin de "Comment le lapin a perdu sa queue" parce qu'ils n'ont rien fait de mal et, peut-être, parce qu'il croit vraiment que le lapin est plus beau sans queue.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2024, mars 06). Comment le lapin a perdu sa queue [How the Rabbit Lost His Tail]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2390/comment-le-lapin-a-perdu-sa-queue/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Comment le lapin a perdu sa queue." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mars 06, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2390/comment-le-lapin-a-perdu-sa-queue/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Comment le lapin a perdu sa queue." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 06 mars 2024. Web. 21 nov. 2024.

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