Comment le Monde Fut Créé: Récit de Création Cherokee

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Article

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 09 avril 2024
Disponible dans ces autres langues: anglais
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How the World Was Made (Comment le Monde fut créé) est un récit de création de la nation Cherokee qui, comme beaucoup de récits de ce type des peuples autochtones d'Amérique du Nord, commence par un monde recouvert d'eau à partir duquel la terre ferme se forme et l'ordre naturel est créé par des êtres d'un monde supérieur. L'histoire explique pourquoi les choses sont telles qu'elles sont.

Great Smoky Mountains
Great Smoky Mountains
ReverieHikes (CC BY-SA)

Comme le récit de la création des Sioux Lakota et le récit de la création des Cheyennes, parmi beaucoup d'autres, Comment le monde fut créé commence par un monde de chaos indifférencié à partir duquel les animaux de Galun lati (le royaume supérieur) mettent de l'ordre. Au fil de l'histoire, on explique pourquoi il y a des vallées et des montagnes, pourquoi l'écrevisse est rouge et pourquoi les Cherokee ne la mangent pas, pourquoi le soleil se déplace dans le ciel comme il le fait, comment les animaux en sont venus à avoir certaines caractéristiques et pourquoi les femmes ne peuvent donner naissance qu'à un seul enfant par an.

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L'histoire fut traduite pour la première fois en anglais par l'ethnographe américain James Mooney (1861-1921), qui vécut avec les Cherokees et consigna leurs coutumes et légendes dans son livre Myths of the Cherokee (1900). L'histoire peut avoir des centaines ou des milliers d'années. Il n'existe aucun moyen de la dater, car elle avait été transmise par tradition orale par des conteurs cherokees bien avant que Mooney ne l'entende. Voici ce qu'il écrit à propos de la datation de ces pièces:

De même que nos grands-mères commencent [une histoire par] "Il était une fois", le conteur cherokee introduit son récit en disant: "C'est ce que les vieux m'ont raconté quand j'étais enfant." (232)

Par conséquent, le conte revêt un caractère intemporel, conformément à la conception cherokee du temps, qui est cyclique et immuable. Les événements diffèrent d'une année à l'autre selon l'entendement humain, mais pour l'univers, tout temps donné est le temps de tous les temps depuis la création du monde.

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Croyances et récits cherokee

À l'époque où Mooney entra en contact avec eux, les Cherokees considéraient le monde physique comme une terre intermédiaire entre un monde supérieur peuplé d'esprits bienveillants et du grand Créateur, Unetlanvhi, et un monde inférieur peuplé d'esprits sombres qui apportaient la maladie, le désordre et la mort. Dans ce monde intermédiaire, les humains étaient chargés par le Créateur de maintenir l'équilibre entre les mondes, dans leur propre vie, dans la vie de la communauté et entre les humains et le monde naturel en général. Les humains n'étaient pas considérés comme supérieurs à la terre, aux plantes et aux animaux, mais comme des intendants chargés de maintenir l'ordre créé.

L'équilibre était une valeur centrale de la nation cherokee et le but à atteindre dans la vie: l'équilibre personnel se reflétait dans l'équilibre communautaire et mondial.

Les récits des Cherokees expriment systématiquement ce point de vue, non seulement en expliquant pourquoi les choses sont telles qu'elles sont, mais aussi en soulignant le rôle de chacun dans la protection du monde. Dans Comment le monde fut créé, ce point de vue n'est évoqué que dans le dernier paragraphe, où les gens sont décrits comme se reproduisant trop rapidement. Un nouvel enfant naît tous les sept jours, et les gens manquent de retenue, si bien que les êtres du royaume supérieur leur imposent des restrictions, décrétant que les femmes ne pourront accoucher qu'une fois par an.

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Cette décision fut prise pour maintenir l'ordre et les gens étaient alors censés reconnaître et maintenir cet ordre tout au long de leur vie. D'autres contes d'origine cherokee évoquent également la responsabilité des peuples à l'égard d'un lieu donné, tout en expliquant pourquoi un ruisseau ou une rivière coule comme il le fait ou pourquoi une certaine formation rocheuse présente des caractéristiques distinctes. Mooney écrit:

Tout comme pour d'autres tribus et d'autres pays, presque chaque rocher et chaque montagne proéminents, chaque coude profond de la rivière, dans l'ancien pays Cherokee a sa légende. Il peut s'agir d'une petite histoire qui peut être racontée en un paragraphe, pour expliquer une caractéristique naturelle, ou d'un chapitre d'un mythe qui trouve sa suite dans une montagne située à une centaine de kilomètres de là. Comme c'est souvent le cas lorsqu'un peuple a vécu longtemps dans le même pays, presque tous les mythes importants sont localisés et prennent ainsi un caractère plus précis. (231)

Dans le cas de Comment le monde fut créé, ce "caractère défini" est global. Le monde entier est aussi interconnecté que les aspects de sa propre terre, et ce que l'on fait de cette terre affecte d'autres endroits à des kilomètres et des kilomètres de distance. De même que les animaux travaillent ensemble à la création de ce monde (inspirés ou guidés silencieusement par Unetlanvhi), les hommes doivent travailler ensemble à son maintien. L'équilibre était - et est toujours - une valeur centrale de la nation cherokee et est devenu, en fait, le but à atteindre dans la vie: l'équilibre personnel se reflète dans l'équilibre communautaire et, par extension, dans l'équilibre mondial.

Ce concept est clairement exploré dans le conte cherokee The Origin of Medicine (L'origine de la médecine), où les humains sont décrits comme ayant perdu l'équilibre. Les hommes ont oublié ce qu'ils doivent au monde naturel et à ses habitants non humains, et les animaux décident donc de les détruire. Les plantes, quant à elles, se rangent du côté des humains et leur fournissent la "médecine" nécessaire pour guérir les maux que les animaux ont décidé de déclencher. L'histoire explique donc comment la médecine est apparue et pourquoi, mais elle souligne également l'importance de se souvenir de sa relation avec le monde naturel et de son obligation de le soigner. Comment le monde fut créé fournit un modèle de coopération entre les animaux - ainsi que leurs défauts - afin d'encourager une bonne compréhension et une interaction avec l'ensemble de la nature, que ce soit au sein de sa propre communauté ou ailleurs.

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Echinacea Flower
Fleur d'échinacée
Ulf Eliasson (CC BY-SA)

Ce même thème est traité dans l'histoire L'origine du gibier et du maïs, dans laquelle les deux jeunes garçons servent de contrepoids aux deux parents. Selon certains spécialistes, le concept d'équilibre est également au cœur du jeu chunkey, pratiqué par les Cherokee, les Pawnees, les Sioux Lakota, les Chickasaw et bien d'autres. Les deux équipes du chunkey peuvent représenter des forces spirituelles opposées, et l'équilibre est maintenu par leurs victoires et leurs défaites respectives.

Cadre et objectif

La nation cherokee vivait dans l'Alabama, la Géorgie, la Caroline du Nord, une partie de la Caroline du Sud, le sud du Tennessee et la Virginie d'aujourd'hui. L'histoire, bien qu'elle traite de la création du monde, se déroule dans cette région, et les montagnes et vallées créées au paragraphe 3 sont les Great Smoky Mountains en particulier et les Appalaches en général. L'objectif du conte est clair - il s'agit d'un mythe d'origine expliquant comment le monde est apparu, pourquoi il est tel qu'il est, et pourquoi certains animaux se comportent de manière distincte - mais l'histoire avait également la même fonction que toute autre légende locale, à savoir relier les gens à leurs terres.

Comme personne ne savait vraiment comment le monde avait été créé, toute histoire d'origine pouvait être vraie, et le fait de situer un tel récit dans sa propre région est une caractéristique commune aux contes, mythes et légendes amérindiens. Selon Mooney, Comment le monde fut créé faisait autrefois partie d'un cycle narratif plus large qui s'était perdu au moment où il rencontra les Cherokee, en raison des politiques du gouvernement américain qui avait déraciné et déplacé le peuple loin de sa terre ancestrale. Mooney écrit:

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La question de l'origine des mythes offre de nombreuses possibilités de théories ingénieuses en l'absence de toute possibilité de preuve. Ceux des Cherokees sont trop décomposés pour être à nouveau tissés en une légende d'origine reliée depuis longtemps, comme on en trouve dans certaines tribus, bien que quelques-uns présentent encore une certaine séquence qui indique qu'ils formaient autrefois les éléments d'un cycle. (232)

Envoyés loin à l'ouest dans le "Territoire indien" (Oklahoma) par l'Indian Removal Act de 1830, les Cherokees continuèrent à faire vivre leurs terres dans la mémoire collective en racontant les histoires qu'ils avaient toujours connues. Parmi ces histoires, Comment le monde fut créé, avec ses images vivantes qui auraient rappelé à un public la maison qu'il avait été forcé de laisser derrière lui, mais qui existait toujours, existerait toujours dans la mémoire, et ces souvenirs seraient transmis à la génération suivante en racontant les contes traditionnels.

James Mooney, American Ethnographer
James Mooney, ethnographe américain
Smithsonian Institution (Public Domain)

Texte

Le texte suivant est extrait de Myths of the Cherokee de James Mooney. L'expression "aller à l'eau" au cinquième paragraphe fait référence aux rituels de purification cherokee au cours desquels on s'immergeait dans un cours d'eau (parfois sept fois) pour se laver de ses péchés, qui étaient alors emportés par l'eau.

La terre est une grande île qui flotte dans une mer d'eau et qui est suspendue à chacun des quatre points cardinaux par une corde accrochée à la voûte céleste; elle est en roche solide. Lorsque le monde deviendra vieux et usé, les gens mourront et les cordes se rompront, laissant la terre s'enfoncer dans l'océan et tout redeviendra de l'eau. Les Indiens en ont peur.

Quand tout était dans l'eau, les animaux étaient en haut, à Gälûñ'lätï, au-delà de l'arche; mais il y avait beaucoup de monde, et ils voulaient plus de place. Ils se demandaient ce qu'il y avait sous l'eau, et finalement Dâyuni'sï, "le petit-fils du castor", le petit scarabée d'eau, proposa d'aller voir s'il pouvait l'apprendre. Il s'élança dans toutes les directions à la surface de l'eau, mais ne trouva pas d'endroit solide où se reposer. Il plongea alors au fond de l'eau et remonta de la boue molle, qui commença à croître et à s'étendre de tous côtés jusqu'à devenir l'île que nous appelons la terre. Elle fut ensuite attachée au ciel par quatre cordes, mais personne ne se souvient de l'auteur de ce geste.

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Au début, la terre était plate, très molle et humide. Les animaux avaient hâte d'y descendre et envoyèrent différents oiseaux pour voir si elle avait déjà séché, mais ils ne trouvèrent pas d'endroit où se poser et revinrent à Gälûñ'lätï. Enfin, le moment parut venu, et ils envoyèrent la buse en lui disant d'aller se préparer pour eux. C'était la Grande Buse, le père de toutes les buses que nous voyons aujourd'hui. Elle vola sur toute la terre, très bas, près du sol, qui était encore mou. Lorsqu'elle atteignit le pays des Cherokees, elle était très fatiguée et ses ailes commencèrent à battre et à frapper le sol, et partout où elles frappaient la terre, il y avait une vallée, et là où elles remontaient, il y avait une montagne. Lorsque les animaux d'en haut virent cela, ils eurent peur que le monde entier ne soit plus que montagnes, et ils le rappelèrent, mais le pays Cherokee reste encore aujourd'hui plein de montagnes.

Lorsque la terre fut sèche et que les animaux descendirent, il faisait encore sombre. Ils obtinrent donc le soleil et le placèrent sur une trajectoire qui devait traverser l'île chaque jour d'est en ouest, juste au-dessus de leur tête. Il faisait trop chaud de cette façon, et Tsiska'gïlï', l'écrevisse rouge, vit sa carapace brûler d'un rouge vif, de sorte que sa chair fut gâchée; les Cherokee ne la mangent pas. Les sorciers élevèrent le soleil d'un centimètre dans les airs, mais il faisait encore trop chaud. Ils l'élevèrent encore une fois, et encore une fois, jusqu'à ce qu'il soit à sept pouces de hauteur et juste sous la voûte céleste. C'était alors parfait, et ils le laissèrent ainsi. C'est pourquoi les sorciers appellent l'endroit le plus élevé Gûlkwâ'gine Di'gäl ûñ'lätiyûñ', "la septième hauteur", parce qu'il se trouve à sept pouces au-dessus de la terre. Chaque jour, le soleil passe sous cette arche et revient la nuit, par le côté supérieur, à son point de départ.

Il y a un autre monde sous cette voûte, et il est semblable au nôtre en tout - animaux, plantes et hommes - sauf que les saisons sont différentes. Les ruisseaux qui descendent des montagnes sont les sentiers par lesquels nous atteignons ce monde souterrain, et les sources à leur tête sont les portes par lesquelles nous y entrons, mais pour cela il faut jeûner et aller chercher de l'eau, et avoir l'un des peuples souterrains pour guide. Nous savons que les saisons dans le monde souterrain sont différentes des nôtres parce que l'eau des sources est toujours plus chaude en hiver et plus fraîche en été que l'air extérieur.

Lorsque les animaux et les plantes furent créés - nous ne savons pas par qui - on leur a dit de veiller et de rester éveillés pendant sept nuits, tout comme les jeunes hommes jeûnent et restent éveillés lorsqu'ils prient leur remède. Ils essayèrent de le faire, et presque tous restèrent éveillés la première nuit, mais la nuit suivante, plusieurs s'endormirent, et la troisième nuit, d'autres s'endormirent, puis d'autres encore, jusqu'à ce que, la septième nuit, de tous les animaux, seuls le hibou, la panthère et un ou deux autres restèrent éveillés. Ceux-ci reçurent le pouvoir de voir et de se déplacer dans l'obscurité, et de faire leur proie des oiseaux et des animaux qui doivent dormir la nuit. Parmi les arbres, seuls le cèdre, le pin, l'épicéa, le houx et le laurier restèrent éveillés jusqu'à la fin, et il leur fut donné d'être toujours verts et d'être les meilleurs pour la médecine, mais il fut dit aux autres: "Parce que vous n'avez pas tenu jusqu'au bout, vous perdrez vos cheveux chaque hiver".

Les hommes sont venus après les animaux et les plantes. Au début, il n'y avait qu'un frère et une sœur, jusqu'à ce qu'il ne la frappe avec un poisson et ne lui dise de se multiplier, et c'est ce qui arriva. En sept jours, un enfant lui naquit, puis tous les sept jours un autre, et ils se multiplièrent très vite jusqu'à ce qu'il y ait un danger que le monde ne puisse pas les garder. Il fut alors décidé qu'une femme n'aurait qu'un seul enfant par an, et il en est ainsi depuis lors.

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Questions & Réponses

De quoi parle l'histoire cherokee "Comment le monde fut créé" ?

Comment le monde fut créé est un récit de la création cherokee qui explique comment le monde a été créé, pourquoi certains animaux ont des caractéristiques particulières et pourquoi les femmes ne peuvent accoucher qu'une fois par an.

L'histoire cherokee "Comment le monde fut créé" est-elle similaire à d'autres contes amérindiens?

Comment le monde fut créé est similaire aux récits de création d'autres nations amérindiennes en ce sens que le monde est recouvert d'eau et que de la boue est remontée du fond pour former la terre ferme. Il est également similaire dans la mesure où il explique pourquoi les choses sont généralement telles qu'elles sont.

Comment le concept d'équilibre cherokee est-il abordé dans Comment le monde fut créé?

Le concept cherokee d'équilibre est abordé tout au long de Comment le monde fut créé à travers les actions des animaux et les contraintes imposées aux humains pour que les femmes ne puissent donner naissance qu'à un seul enfant par an, limitant ainsi la population.

Quelle est la date de composition de Comment le monde fut créé?

La date de composition de Comment le monde fut créé n'est pas connue. L'histoire a été transmise oralement jusqu'à ce qu'elle ne soit enregistrée à la fin du XIXe siècle par James Mooney.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2024, avril 09). Comment le Monde Fut Créé: Récit de Création Cherokee [How the World Was Made: A Cherokee Creation Story]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2415/comment-le-monde-fut-cree-recit-de-creation-cherok/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Comment le Monde Fut Créé: Récit de Création Cherokee." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 09, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2415/comment-le-monde-fut-cree-recit-de-creation-cherok/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Comment le Monde Fut Créé: Récit de Création Cherokee." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 09 avril 2024. Web. 06 sept. 2024.

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