Prise du Fort Ticonderoga

Article

Harrison W. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 15 mai 2024
Disponible dans ces autres langues: anglais
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La prise du fort Ticonderoga (10 mai 1775) fut une opération militaire qui se déroula au début de la guerre d'Indépendance américaine (1775-1783). Une petite expédition coloniale menée conjointement par Benedict Arnold et Ethan Allen surprit la garnison britannique de Fort Ticonderoga, s'emparant du fort et de son artillerie. Les Américains utilisèrent ensuite les canons capturés pour gagner le siège de Boston.

Ethan Allen Demands the Surrender of Fort Ticonderoga
Ethan Allen demande la reddition de Fort Ticonderoga
New York Public Library (Public Domain)

Fort Ticonderoga

Le fort Ticonderoga se trouve à l'extrémité sud du lac Champlain, près de la frontière actuelle entre l'État de New York et le Vermont. Son emplacement était d'une importance capitale pour les guerres coloniales du XVIIIe siècle, car il protégeait un important réseau de rivières et de lacs qui reliait la ville de New York au Québec. Cette voie d'eau - composée de la rivière Hudson, du lac George, du lac Champlain, de la rivière Richelieu et du fleuve Saint-Laurent - était une chaîne presque ininterrompue d'étendues d'eau avec seulement une poignée de portages, utilisée depuis longtemps par les Autochtones pour leurs déplacements. Les empires coloniaux britannique et français considéraient ce passage comme la "jugulaire américaine", la clé du continent; si les Britanniques le contrôlaient, par exemple, ils pourraient envahir la colonie française du Canada, tandis que les Français pourraient utiliser la voie d'eau pour attaquer l'intérieur des treize colonies britanniques.

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En 1775, le fort Ticonderoga tomba dans un état de semi-désuétude, les murs, les bastions et les blockhaus étant délabrés.

En 1755, les Français construisirent une grande forteresse en forme d'étoile, nommée Fort Carillon, à la jonction clé entre le lac George et le lac Champlain. La guerre de la Conquête (1754-1763) marqua le point culminant de la lutte entre les deux puissances coloniales pour la domination de l'Amérique du Nord, et les Britanniques savaient qu'ils devaient s'emparer de Fort Carillon avant d'envahir le Canada. En 1758, une expédition britannique de 16 000 soldats réguliers et provinciaux se lança à la conquête du fort, mais fut repoussée par 4 000 défenseurs français. La bataille de Carillon fut la bataille la plus importante et la plus sanglante jamais livrée sur le sol nord-américain. Elle donna également au fort une réputation d'imprenabilité, même si la plupart des combats se déroulèrent à environ un mille du fort à proprement parler. Après la bataille, les Français réduisirent la garnison du fort à seulement 400 hommes, ce qui le rendit vulnérable à une nouvelle expédition britannique de 11 000 hommes l'année suivante. Réalisant qu'elle n'avait aucune chance face à l'importante force britannique, la garnison française décida d'abandonner Carillon, mais pas avant d'avoir neutralisé les canons et détruit une grande partie du fort à l'aide d'explosifs.

Les Britanniques s'emparèrent du fort en ruine et le rebaptisèrent Ticonderoga, dérivé d'un mot iroquois signifiant "entre deux eaux" ou "là où les eaux se rencontrent" (history.com). Les Britanniques passèrent les années suivantes à reconstruire et à améliorer le fort. Mais à la fin de la guerre, en 1763, la France céda le Canada à la Grande-Bretagne, ce qui réduisit à néant l'importance stratégique de Fort Ticonderoga, car la voie navigable New York-Canada se trouvait désormais entièrement sur le territoire britannique. Les Britanniques ne donnèrent donc aucune priorité à l'entretien du fort et, en 1775, il était tombé dans un état de semi-désuétude, les murs, les bastions et les blockhaus étaient terriblement délabrés. La garnison était composée de 2 officiers et de 48 hommes, et leurs familles, dont 24 femmes et enfants, y vivaient. Cette garnison était bien trop petite pour défendre le fort contre les attaques, mais elle était jugée apte à le surveiller en temps de paix. Mais au début de l'année 1775, les nuages de la guerre s'amoncelaient rapidement et Ticonderoga n'était absolument pas préparé à affronter la tempête.

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L'idée d'Arnold

En mars 1775, les tensions entre la Grande-Bretagne et les Treize Colonies s'étaient accrues depuis une dixaine d'années; la récente mise en œuvre des lois intolérables par le Parlement britannique garantissait pratiquement que la guerre éclaterait sous peu, et les milices des colonies de la Nouvelle-Angleterre se préparaient à un conflit avec les soldats britanniques. À Ticonderoga, le commandant de la garnison, le capitaine William Delaplace, remarqua des activités suspectes de la part des patriotes américains dans la région et écrivit à son supérieur, le général Thomas Gage, pour lui faire part de ses inquiétudes. Gage, cependant, avait fort à faire avec les retombées des lois intolérables à Boston et balaya d'un revers de main les inquiétudes de Delaplace. Après tout, Ticonderoga jouissait toujours de sa réputation d'imprenabilité et était même surnommé le "Gibraltar de l'Amérique du Nord"; comment les pionniers Américains pourraient-ils oser attaquer un fort aussi puissant? Mais le 19 avril 1775, après les premiers coups de feu de la guerre lors des batailles de Lexington et de Concord, Gage et sa petite armée de soldats britanniques se retrouvèrent piégés à Boston par plus de 15 000 miliciens patriotes. Conscient d'avoir mal évalué la détermination des Patriotes, Gage écrivit une lettre au gouverneur du Canada, l'exhortant à envoyer des renforts à Ticonderoga. La lettre n'arriverait à Montréal qu'à la fin du mois de mai, mais il était déjà trop tard.

Dans les jours qui suivirent Lexington, des milices de Nouvelle-Angleterre continuèrent d'arriver au quartier général des Patriotes à Cambridge, dans le Massachusetts, pour renforcer l'armée rebelle. L'une de ces milices, originaire de New Haven (Connecticut), était impatiente de combattre les Britanniques; elle s'entraînait sans relâche depuis plus d'un mois, sous la houlette de son capitaine, un fringant commerçant de 35 ans, fils de la liberté, du nom de Benedict Arnold. Vêtu de l'uniforme écarlate resplendissant de la milice de New Haven, Arnold chevauchait devant ses hommes lorsqu'il rencontra un ancien collègue, Samuel H. Parsons, qui faisait le chemin inverse, venant de Cambridge et se dirigeant vers Hartford, dans le Connecticut. Lorsqu'Arnold demanda des nouvelles du quartier général des Patriotes, Parsons lui apprit que l'armée de Nouvelle-Angleterre était largement supérieure en nombre aux Britanniques à Boston, mais qu'elle ne serait pas en mesure de les chasser en raison d'un manque de munitions et d'artillerie. Arnold lui répondit qu'il savait où trouver tout ça: ses voyages l'avaient souvent conduit dans les environs de Ticonderoga, dans l'État de New York, où il savait que les Britanniques avaient entreposé un arsenal de canons, d'obusiers, de mortiers et de beaucoup de poudre. Les deux hommes se séparèrent, mais l'idée de Ticonderoga continua de trotter dans leur tête.

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Benedict Arnold, 1776
Benedict Arnold, 1776
Thomas Hart (Public Domain)

Lorsque Parsons arriva à Hartford, il se présenta devant le comité de correspondance du Connecticut et transmit les informations qu'il avait obtenues d'Arnold. Ces informations intriguèrent fortement le comité qui venait d'entendre un rapport de John Brown, un espion du Massachusetts, détaillant l'emplacement stratégique du fort. Ces deux facteurs amenèrent la commission à commander une expédition pour capturer Ticonderoga, mission qu'elle confia à Ethan Allen. Allen était un pionnier grand et costaud, originaire de Lichfield, dans le Connecticut, mais qui s'était installé dans le territoire contesté connu sous le nom de New Hampshire Grants (l'actuel Vermont). Ces terres avaient été revendiquées à la fois par New York et par le New Hampshire, ce qui avait provoqué un conflit entre les deux colonies. Pour protéger leurs terres des empiétements du gouverneur royal de New York, William Tryon, Allen et d'autres colons avaient formé une milice, se faisant appeler les Green Mountain Boys. Le conflit entre les Green Mountain Boys et le gouverneur Tryon les amena à mépriser l'autorité royale. Aussi, lorsque le Comité du Connecticut leur demanda de l'aide pour capturer Ticonderoga, Allen et les Green Mountain Boys acceptèrent bien volontiers.

Arnold, quant à lui, arriva au quartier général des Patriotes à Cambridge, où il demanda rapidement audience au Dr Joseph Warren, président du Congrès provincial du Massachusetts, et au général Artemas Ward, commandant de l'armée improvisée. Après avoir expliqué ce qu'il savait sur les canons et les munitions de Ticonderoga, Arnold demanda à diriger une expédition pour capturer le fort; cela lui fut accordé et il reçut le grade de colonel, ainsi que 100 livres sterling pour le recrutement. Désireux de se faire un nom, Arnold quitta immédiatement Cambridge pour commencer à préparer l'expédition, avant d'apprendre qu'Ethan Allen avait déjà été chargé du même objectif par le comité du Connecticut. Arnold n'était pas prêt à renoncer à sa chance de gloire et se rendit au quartier général d'Allen à Bennington (dans l'actuel Vermont) pour affirmer son autorité sur la mission.

Les préparatifs

Arnold arriva à Bennington dans la soirée du 6 mai et entra dans la taverne Catamount, où les Green Mountain Boys tenaient leurs réunions. Vêtu de l'uniforme écarlate de la milice de New Haven, Arnold fut pris pour un officier britannique et les Green Mountain Boys pointèrent leurs armes sur lui dès qu'il franchit la porte. Heureusement, Arnold avait dans sa poche les ordres du général Ward et put ainsi désamorcer la situation en prouvant son identité. Mais Arnold, tête brûlée, prit le risque de provoquer à nouveau les Green Mountain Boys en exigeant leur obéissance, affirmant que son autorité découlait de sa commission dans l'armée de la Nouvelle-Angleterre. Les habitants du Vermont, rudes et turbulents, ne firent que rire de cette affirmation. On leur avait promis le droit d'élire leurs propres officiers et ils avaient déjà élu Ethan Allen; ils préféraient tous rentrer chez eux plutôt que de servir sous les ordres de quelqu'un d'autre. Lorsque Arnold demanda où se trouvait Allen, on lui répondit qu'il se trouvait à Castleton, dans l'État de New York, en train de préparer l'expédition. Arnold partit immédiatement, déterminé à mener l'expédition coûte que coûte.

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Arnold arriva à Castleton le 8 mai et réitéra ses exigences devant Allen en personne. Une fois de plus, les Green Mountain Boys menacèrent de se mutiner plutôt que de servir sous les ordres de quelqu'un d'autre qu'Allen, mais Arnold insista, brandissant ses ordres de l'armée de Nouvelle-Angleterre. Finalement, un compromis fut trouvé: les hommes se partageraient le commandement; Allen dirigerait les Green Mountain Boys, tandis qu'Arnold commanderait les hommes du Massachusetts et du Connecticut. Une fois cette question réglée, Allen et Arnold se mirent à élaborer un plan. Un espion du nom de capitaine Noah Phelps avait déjà fourni à Allen de précieuses informations sur l'état de Ticonderoga. Se faisant passer pour un trappeur ayant besoin d'une coupe de cheveux et d'un rasage, Phelps avait été autorisé à pénétrer dans Ticonderoga et avait pris note de la faiblesse de la garnison et de l'état de délabrement du fort. Forts de ces renseignements, les deux commandants décidèrent de surprendre le fort par un assaut matinal; les Patriotes comptaient 250 hommes et pouvaient facilement submerger la petite garnison britannique.

Fort Ticonderoga Layout, 1758
Plan du fort Ticonderoga, 1758
Matt Wade (Public Domain)

Dans la nuit du 9 mai, Arnold, Allen et 220 de leurs hommes marchèrent silencieusement le long de la route de Crown Point, leurs mouvements étant cachés par la forêt dense qui les entourait. À 23 heures, ils arrivèrent à Hand's Cove sur la rive est du lac Champlain, à moins de 3 km du fort. Ils y attendirent qu'un groupe de 30 hommes s'approche de Skenesboro, la propriété de Philip Skene, un éminent loyaliste, située à proximité. Le plan prévoyait que le groupe de raiders s'empare des bateaux à Skenesboro, bateaux qui seraient ensuite utilisés pour faire traverser le lac aux hommes jusqu'au fort. Cependant, en arrivant à Skenesboro, le groupe de pillards fit un léger détour par la cave à alcool de Philip Skene et s'enivra. À 1 h 30 du matin, le gros des troupes à Hand's Cove attendait toujours anxieusement, sans aucun signe des bateaux. Finalement, vers 3 heures du matin, les raiders enivrés se présentèrent, mais avec seulement deux chalands, n'ayant pu en localiser d'autres. Chaque embarcation ne pouvait contenir qu'une quarantaine d'hommes, ce qui signifie que plus de la moitié des troupes rassemblées devrait être laissée sur place.

Arnold et Allen se réunirent pour examiner la situation. Non seulement l'attaque aurait lieu avec plusieurs heures de retard, mais ils ne disposeraient que de 83 hommes, alors qu'ils avaient prévu d'attaquer avec les 250 hommes. Les commandants décidèrent finalement de ne pas risquer de perdre l'élément de surprise et décidèrent de poursuivre l'attaque. Ils embarquèrent 83 de leurs meilleurs hommes dans les chalands et naviguèrent sur le lac. Ce matin-là, les vents étaient turbulents et de grosses vagues s'abattaient constamment sur les bateaux, trempant les hommes qui faisaient tout leur possible pour éviter de chavirer. Peu après l'aube, les bateaux accostèrent à 800 mètres de Ticonderoga. Arnold, Allen et leurs hommes trempés débarquèrent et se précipitèrent vers le fort, conscients qu'ils devaient arriver avant que la garnison ne se réveille.

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L'attaque

La seule sentinelle présente s'était endormie. La nuit avait été longue et humide, et comme il n'y avait aucun signe d'ennemi, il avait laissé ses paupières se fermer pendant ce qu'il pensait n'être que quelques instants. Peu après 4 heures du matin, la sentinelle fut réveillée en sursaut par le bruit de plusieurs pas précipités. En regardant au-delà de la porte principale de Ticonderoga, le garde pouvait tout juste distinguer les silhouettes de 40 Américains robustes qui fonçaient droit sur lui. Surpris, le garde britannique pointa son mousquet et appuya sur la gâchette, mais il fut pris d'une vague de panique lorsque l'arme s'enraya. Allen et ses Green Mountain Boys continuèrent d'avancer, escaladèrent facilement les murs en ruine du côté est du fort et immobilisèrent rapidement l'homme.

L'"imprenable" Fort Ticonderoga, le "Gibraltar de l'Amérique du Nord", était tombé sans qu'un seul coup de feu n'ait été tiré.

Les Green Mountain Boys furent alors confrontés à une deuxième sentinelle, qui tira sur les Patriotes qui arrivaient, mais qui, dans sa précipitation, visa trop haut et rata sa cible. La sentinelle tira alors avec sa baïonnette sur l'Américain le plus proche, blessant légèrement James Easton, le commandant en second d'Allen. Allen utilisa alors le plat de son épée pour frapper la sentinelle sur le côté de la tête, ce qui lui fit lâcher son mousquet. Le soldat demanda grâce, ce qu'Allen lui accorda, à condition qu'il conduise les Patriotes jusqu'aux quartiers des officiers. À ce moment-là, Arnold était entré dans le fort à la tête du deuxième bateau rempli d'hommes. La plupart des Patriotes furent envoyés vers les casernes, avec l'ordre de réveiller chacun un soldat britannique sous la menace d'une arme et de le garder en détention. Pendant ce temps, Allen, Arnold et six autres hommes suivirent la sentinelle capturée jusqu'aux quartiers des officiers.

Le lieutenant Jocelyn Feltham avait été réveillé par le vacarme et était sorti; selon les mémoires d'Allen, Feltham avait jeté sa veste d'officier par-dessus sa chemise de nuit et tenait son caleçon long à la main. Le lieutenant britannique confronta les Patriotes dans l'escalier qui menait aux quartiers des officiers et leur demanda par quelle autorité ils avaient osé pénétrer dans le fort de Sa Majesté. En réponse, Allen pointa son sabre sur la gorge de Feltham et proclama "au nom du Grand Jéhovah et du Congrès continental" (Randall, 96). Arnold, aussi diplomate qu'Allen était dramatique, présenta à Feltham les ordres du général Ward et annonça qu'ils prenaient le contrôle du fort. Allen menaça ensuite les Britanniques de passer au fil de l'épée toute la garnison, y compris les femmes et les enfants, s'ils opposaient la moindre résistance.

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Capture of Fort Ticonderoga
Prise du fort Ticonderoga
John Steeple Davis (Public Domain)

Après cette altercation, le commandant du fort, le capitaine Delaplace, sortit de ses quartiers et se rendit de manière officielle. Les Green Mountain Boys entreprirent alors de piller le fort, s'introduisant dans la chambre de Delaplace et buvant son alcool, malgré les protestations du capitaine. Arnold tenta d'arrêter le pillage, mais les Green Mountain Boys refusaient toujours de reconnaître son autorité et l'ignorèrent. Embarrassés, Allen et Arnold remirent à Delaplace un reçu pour l'alcool volé, que le capitaine présenterait plus tard au Comité de correspondance du Connecticut pour se faire rembourser. Mais à part les biens des officiers, il n'y eut pas d'autres dégâts. Personne ne fut tué lors de la prise de Ticonderoga, et le seul blessé à déplorer fut James Easton, légèrement blessé par la baïonnette de la sentinelle. L'"imprenable" Fort Ticonderoga, le "Gibraltar de l'Amérique du Nord", était tombé sans qu'un seul coup de feu n'ait été tiré.

Répercussions

Dans les jours qui suivirent la chute de Ticonderoga, les Patriotes envoyèrent des détachements s'emparer d'autres fortifications voisines. Le fort Crown Point, dont la garnison ne comptait que neuf hommes, tomba le 10 mai, tandis que le fort George, tenu par deux soldats seulement, fut capturé le 11 mai. Leur mission accomplie, Ethan Allen et les Green Mountain Boys rentrèrent chez eux, laissant Ticonderoga et les forts environnants aux mains d'Arnold et de ses hommes. Lorsque la nouvelle du succès de la mission parvint à Hartford, le comité du Connecticut envoya le colonel Benjamin Hinman et 1 400 hommes pour tenir garnison à Ticonderoga dans l'éventualité d'une attaque britannique depuis le Canada. Mais lorsque Hinman arriva, Arnold refusa d'abandonner le commandement du fort, ce qui provoqua une lutte de leadership entre les deux hommes. Cette dispute se poursuivit jusqu'au 22 juin, date à laquelle le Congrès du Massachusetts fit savoir qu'Arnold devait servir sous les ordres de Hinman. Arnold se sentit snobé, spolié du butin de sa victoire, et démissionna. Ce fut le premier cas d'une longue série où Arnold ne se sentirait pas apprécié par ses compatriotes, ce qui contribuerait à sa décision de trahir les États-Unis cinq ans plus tard.

La prise de Fort Ticonderoga fut l'une des premières victoires patriotes de la guerre d'Indépendance américaine. Elle émerveilla les rebelles, encourageant nombre d'entre eux à penser qu'ils avaient une chance contre les Britanniques. En novembre 1775, le colonel Henry Knox arriva à Fort Ticonderoga pour ramener l'artillerie et la poudre à Cambridge. Il chargea 44 canons, 14 obusiers et un mortier sur des traîneaux et les transporta sur des centaines de kilomètres jusqu'à Cambridge, sur un terrain hivernal difficile. Le Noble Artillery Train de Knox (noble train d'artillerie), comme il fut appelé, arriva en février 1776. Les canons furent placés sur les hauteurs surplombant Boston, forçant les Britanniques à évacuer la ville le 17 mars. La prise de Ticonderoga permit donc aux Patriotes de récupérer Boston et de libérer la Nouvelle-Angleterre de la présence des troupes britanniques.

Henry Knox Hauling Artillery to Boston
Henry Knox transporte de l'artillerie jusqu'à Boston
Unknown Artist (Public Domain)

La prise de Ticonderoga encouragea également le deuxième Congrès continental à ordonner une attaque contre le Canada occupé par les Britanniques. Utilisant le fort Ticonderoga comme base, l'invasion américaine du Québec sur deux fronts commença en septembre 1775, Benedict Arnold partageant à nouveau le commandement. L'invasion échoua lors de la bataille de Québec (31 décembre 1775), mettant fin aux ambitions américaines au Canada. Deux ans plus tard, les Britanniques reprirent brièvement Ticonderoga lors de la campagne de Saratoga (juin-octobre 1777), mais furent contraints de l'abandonner peu après, le laissant définitivement aux mains des Patriotes pour le reste de la guerre.

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Questions & Réponses

Qu'est-ce que la prise de Fort Ticonderoga?

La prise de Fort Ticonderoga eut lieu le 10 mai 1775, au début de la guerre d'Indépendance américaine, lorsqu'une petite force de Patriotes dirigée par Benedict Arnold et Ethan Allen surprit la garnison britannique pendant qu'elle dormait et s'empara du fort.

Combien de personnes furent tuées lors de la prise de Fort Ticonderoga?

Personne ne fut tué lors de la prise de Fort Ticonderoga le 10 mai 1775, et seul un homme fut légèrement blessé lorsqu'il fut poignardé par une baïonnette britannique.

Pourquoi la prise de Fort Ticonderoga a-t-elle été importante?

La prise de Fort Ticonderoga fut importante car elle priva les Britanniques d'une base d'opérations majeure dans le nord de l'État de New York. Elle permit également aux Patriotes de s'emparer d'un important stock d'armes et de munitions qui furent utilisées pour gagner le siège de Boston.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Harrison W. Mark
Harrison Mark est diplômé de SUNY Oswego où il a étudié l'histoire et les sciences politiques.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, H. W. (2024, mai 15). Prise du Fort Ticonderoga [Capture of Fort Ticonderoga]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2457/prise-du-fort-ticonderoga/

Style Chicago

Mark, Harrison W.. "Prise du Fort Ticonderoga." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mai 15, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2457/prise-du-fort-ticonderoga/.

Style MLA

Mark, Harrison W.. "Prise du Fort Ticonderoga." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 15 mai 2024. Web. 03 juil. 2024.

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