Les Volontaires du Blitz de Londres

Article

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 19 juin 2024
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Une armée de 250 000 volontaires, hommes et femmes, travaillant dans de nombreux services différents, assura la continuité de la vie pendant le Blitz de Londres, une période de bombardements soutenus de l'armée de l'air allemande sur la capitale britannique entre septembre 1940 et mai 1941. Les gardes de raids aériens (Air raid Wardens), les pompiers, les guetteurs d'incendie et les bénévoles qui apportaient une aide essentielle aux sans-abri veillèrent à ce que les Londoniens et les habitants d'autres villes bombardées restent déterminés pendant les jours les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale.

ARP Recruitment Poster
Affiche de recrutement ARP
Imperial War Museums (CC BY-NC-SA)

L'Air Raid Precaution (ARP)

Sachant parfaitement ce qu'une campagne de bombardements contre la Grande-Bretagne pourrait entraîner, le gouvernement britannique mit en place divers services pour gérer les aspects spécifiques d'une future guerre sur le front intérieur. La première chose à faire en cas de raid aérien était d'informer les civils du danger qui les guettait. La Grande-Bretagne disposait d'un système intégré de défense aérienne, le système Dowding, qui utilisait des radars et des volontaires de l'Observer Corps (Corps d'observation, voir ci-dessous) pour repérer les avions ennemis en approche. Il fallait également une équipe de volontaires dévoués, capables de prévenir les civils dans les zones sur le point d'être attaquées et de les diriger vers les abris antiaériens. Le service des gardes de raids aériens (Air Raid Wardens' Service) fut créé en avril 1937 et, en l'espace d'un an, il comptait 200 000 membres bénévoles, hommes et femmes. En septembre 1939, il y avait 750 000 gardes de raids aériens.

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Ils informaient les autorités des endroits où des bombes étaient tombées, effectuaient des patrouilles et supervisaient les abris publics.

Vêtus d'une salopette bleue et d'un casque en acier, les gardes devinrent une figure familière dans toute la Grande-Bretagne. Ils n'étaient pas toujours les bienvenus car ils tentaient de faire respecter le black-out, la politique selon laquelle aucune lumière non essentielle ne devait être allumée la nuit au cas où elle guiderait les bombardiers vers les zones habitées. Par conséquent, les fenêtres et les portes devaient être grillagées ou recouvertes de rideaux. Les avertissements familiers des gardiens, "Éteignez cette lumière!", ne les rendaient pas très sympathiques aux yeux du public, mais lorsque les bombes commencèrent à tomber, les gardes devinrent un élément inestimable de la force de défense civile de la Grande-Bretagne. Les villes et les villages étaient divisés en districts et chaque zone avait son propre poste de gardes de raids aériens. À Londres, il y avait environ dix postes pour chaque mile carré (2,6 km²), chaque poste comptant généralement cinq gardes.

Ces derniers informaient les autorités des endroits où des bombes étaient tombées, effectuaient des patrouilles et surveillaient les abris publics. Les gardes apportaient leur aide partout où ils le pouvaient, en particulier dans les situations d'urgence telles que le sauvetage de personnes dans des bâtiments bombardés ou l'évacuation de zones où se trouvaient des bombes non explosées. C'était un travail dangereux, et il y avait inévitablement des victimes parmi les volontaires.

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Firefighters in the London Blitz
Pompiers lors du Blitz de Londres
Imperial War Museums (CC BY-NC-SA)

L'un des gardes, M. Butler, se souvient de son travail pendant le Blitz:

L'une des pires choses, je pense, c'était quand il y avait eu un coup direct et que quelqu'un avait explosé en petits morceaux. Il fallait les ramasser, les mettre dans des sacs de sable, indiquer leur provenance, où nous les avions trouvés, et grâce à cela, ils identifiaient plus ou moins tous ces gens, qui ils étaient et d'où ils venaient. Parfois, on trouvait deux mains, deux mains gauches ou deux pieds droits. Vous saviez très bien que si vous en trouviez deux du même côté, c'est que deux personnes avaient été tuées à cet endroit. Je pense que c'est l'une des pires choses à faire et il fallait un homme avec un estomac très solide pour le faire, je peux vous l'assurer.

(Holmes, 143)

Les gardes de l'ARP formaient souvent des unités de brancardiers. Avec une berline, quatre gardes se rendaient sur les lieux d'un incident et triaient les vivants des blessés graves et des morts, prodiguant les premiers soins vitaux avant que les ambulances n'arrivent pour emmener ceux qui avaient besoin de soins hospitaliers. Irene, conductrice d'une unité de brancardiers de l'ARP, raconte comment elle est arrivée la première dans un abri antiaérien de Beaufort Street, à Londres, où une bombe avait tué 56 personnes:

La scène n'était que mort et dévastation. D'énormes dalles de béton emprisonnaient de pauvres corps mutilés sous leur masse déchiquetée. De pauvres corps tordus, noircis par le sang et la poussière. Des morceaux de corps gisaient dans des flaques d'eau, de sang et de saleté. Mon Dieu! Ce premier aperçu de l'œuvre d'Hitler! J'ai senti mon estomac se soulever pendant une seconde paralysante, et j'ai cru que j'allais vomir, me déshonorant ainsi, moi et mon équipe, pour toujours. Mais j'ai réussi à engloutir une grande quantité d'eau et je me suis ensuite sentie un peu mieux.

(Levine, 286)

Auxiliary Fire Service Unit, London
Unité des sapeurs-pompiers auxiliaires, Londres
Imperial War Museums (CC BY-NC-SA)

Le Service auxiliaire des pompiers (AFS)

Les sapeurs-pompiers réguliers n'auraient pas pu faire face seuls au nombre d'incidents qu'une campagne de bombardement entraînait. C'est pourquoi ils furent complétés par l'AFS (Auxiliary Fire Service). En 1938, les pompiers britanniques étaient passés de 5 000 à 75 000 personnes, dont 85 % étaient des auxiliaires. L'unification des 1 668 brigades de pompiers locales en un seul service national de lutte contre les incendies était une évolution très attendue qui n'interviendrait qu'en mai 1941.

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Rien qu'à Londres, on estime à 3 500 le nombre de pompiers qui veillaient chaque nuit pendant le blitz.

Les volontaires auxiliaires à temps partiel, parmi lesquels se trouvaient des femmes, recevaient une formation de 60 heures. Ils prenaient généralement leur service la nuit, lorsque l'on avait le plus besoin d'eux (puisque la plupart des bombardements avaient lieu la nuit). Les gens ordinaires essayaient également de participer à la lutte contre les incendies, et beaucoup s'équipaient de seaux de sable ou d'une pompe à main, qui coûtait 12 shillings et demi (28 livres sterling ou 35 dollars d'aujourd'hui) - ces pompes devinrent si populaires qu'il devint extrêmement difficile de s'en procurer une, car elles se vendaient comme des petits pains. Le manque d'équipement était un continuel sujet de préoccupation pour les bénévoles. Comme il n'y avait pas assez de camions de pompiers, de nombreux volontaires de l'AFS se rendaient sur les lieux de la désastre dans des taxis transformés et équipés d'une pompe de remorque.

Peter Blackmore, volontaire de l'AFS à Londres, se souvient de sa première nuit d'action:

Les bombes tombaient vite et fort. On se protégeait comme on pouvait... et mon cœur battait fort... Nous avons fini par nous arrêter sur le quai où nous devions passer une nuit interminable. Tout semblait en feu dans toutes les directions, même des ballons de barrage explosaient dans le ciel. La fumée chargée de cendres qui flottait autour de nous nous faisait penser à la destruction de Pompéi.

(Gardiner, 11)

Balham Bomb Damage, London Blitz
Dégats causés par une bombe sur la station Balham, Blitz de Londres
Imperial War Museums (CC BY-NC-SA)

Le travail était dur, tant physiquement qu'émotionnellement, et il se faisait sentir. Londres fut frappée chaque nuit, pendant de longues périodes sans répit. Comme l'a noté Olivia Cockett, une habitante, dans son journal, à propos de son frère dans l'AFS: "Mon frère, un héros de l'AFS qui fait des opérations de sauvetage, qui rit et plaisante et qui semble avoir pris 20 ans dans la tête au cours de trois jours, pendant lesquels il a eu sept heures de repos." (Holland, 746).

Les guetteurs d'incendies

Dès le début de l'année 1941, le gouvernement imposa la présence de guetteurs d'incendie (rebaptisés par la suite "Gardes d'incendies") dans tous les locaux industriels. Finalement, un programme obligatoire fut mis en place pour que chaque citoyen - hommes (entre 16 et 60 ans) et femmes (entre 20 et 45 ans), à l'exception de ceux qui travaillaient plus de 60 heures par semaine (pour les hommes) ou 55 heures (pour les femmes), ou si une femme avait un enfant de moins de 14 ans à la maison - soit tenu d'effectuer 48 heures de surveillance des incendies chaque mois. Tout manquement à cette obligation était passible d'une amende de 100 livres sterling ou d'une peine d'emprisonnement de trois mois. Rien qu'à Londres, on estime à 3 500 le nombre de pompiers qui veillaient chaque nuit pendant le Blitz.

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George Hodgkinson donne le compte rendu suivant de son travail en tant que guetteur:

En tant que président de l'organisation des guetteurs de ma propre rue, je devais aller dans la rue pour me tenir prêt avec des seaux, une pompe à main et ainsi de suite, prêt à éteindre tous les bombes incendiaires des environs. Nous avons perdu une voisine et sa mère, et notre famille est restée sous les bombes toute la nuit, onze heures d'affilée. Une mine terrestre a explosé à quelques mètres de la maison: elle a traversé la maison, collant les rideaux aux cadres des fenêtres, arrachant le toit, les tuiles tombant sur le trottoir et l'on pouvait voir les étoiles à travers le bâtiment. Nous étions vraiment aux abois à la fin de la nuit.

(Holmes, 144)

Women Plotters, AFS
Femmes élaborant une carte, Service des pompiers auxiliaires
Imperial War Museums (CC BY-NC-SA)

Les pompiers empêchèrent la propagation d'innombrables incendies et protégèrent non seulement des habitations, mais aussi des usines. Florence Rollinson décrit son travail en tant que volontaire et celui de son père, un guetteur d'incendies dans un endroit où la vigilance, on s'en doute, était de mise, une fabrique d'allumettes dans l'East End de Londres:

Les hommes de ces équipes de guetteurs d'incendies montaient sur le toit par petits groupes et, en s'attachant avec une corde, ils s'occupaient des bombes incendiaires avant qu'elles ne se répandent, en les faisant tomber d'un coup de pied. Le bâtiment était haut d'une centaine de mètres et cette tactique a permis de sauver l'usine. (Les hommes changeaient souvent d'équipe et redescendaient pour souffler un peu, papa nous expliquant ce qui se passait. Comme je faisais partie de l'équipe de secouristes que nous avions formée dans l'usine, nous nous occupions des blessés, même de ceux qui arrivaient de la rue, et nous approvisionnions les pompiers en thé et en café. Pendant les nuits glaciales du blitz, nous ajoutions du rhum dans leur boisson pour les protéger du froid! Ce rhum était fourni par les directeurs de l'entreprise, dont certains faisaient également partie de l'équipe de surveillance des incendies, de sorte que tout le monde y mettait du sien.

(Gardiner, 251)

Le service volontaire des femmes

Le service volontaire des femmes (Women's Voluntary Service for Civil Defence ou WVS) fut créé en 1938 par Stella Isaacs, Marquise de Reading. Le WVS s'avéra un moyen intéressant pour les femmes de participer à l'effort de guerre et l'organisation s'enorgueillit de compter 300 000 membres en l'espace de 12 mois. Ces chiffres augmentèrent à partir de mars 1941, lorsque la conscription fut introduite pour les femmes âgées de 20 à 45 ans (et sans enfants à la maison). Les femmes conscrites avaient le choix entre rejoindre un service militaire auxiliaire, le service de la défense civile, l'industrie ou l'armée de la terre qui travaillait dans l'agriculture.

Volunteers Distributing Tea during the London Blitz
Des bénévoles distribuent du thé pendant le blitz de Londres
imperial War Museums (CC BY-NC-SA)

Les volontaires du WVS géraient des cantines mobiles très appréciées par les sans-abri et les autres volontaires travaillant dans les rues, comme les pompiers. Les volontaires de la WVS géraient également des centres qui distribuaient de la nourriture et des vêtements à ceux qui avaient littéralement tout perdu. Les vêtements provenaient de dons, mais le WVS avait également pour tâche de négocier avec les fabricants de vêtements et les magasins pour pouvoir vendre des vêtements au prix de gros. Les centres d'appui locaux devinrent essentiels, car les autorités étaient débordées par le besoin de dizaines de milliers de personnes qui cherchaient un endroit où vivre après avoir perdu leur maison. En septembre 1940, alors que le Blitz durait depuis moins d'un mois, quelque 25 000 personnes dépendaient déjà des centres d'appui pour l'hébergement, l'hygiène, la nourriture et les vêtements. Gioya Steinke, une bénévole qui s'occupait des indigents dans un de ces centres, se souvient:

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C'était très pénible, il y avait beaucoup de chagrin et de larmes. Vous ne saviez pas qui était un vendeur de rue et qui était un habitant des appartements chics, ils étaient tous égaux, et cela, je pense, explique en grande partie la merveilleuse camaraderie qui régnait pendant la guerre.

(Levine, 29)

Les sentiments des personnes démunies sont résumés par Lily Merriman, qui avait perdu sa maison à cause d'une bombe: "On se sentait comme des réfugiés. Je me sentais sale. On ne voyait plus nos anciens voisins. On a été déplacé, et c'est tout" (Levine, 30).

Le Royal Observer Corps

Les volontaires de l'Observer Corps (OC), créé en 1929, formaient un réseau d'yeux perçants qui scrutaient le ciel à la recherche d'avions ennemis. Dans toute la Grande-Bretagne, 30 000 volontaires occcupaient 1 000 postes d'observation 24 heures sur 24. Le service était géré par la police mais était placé sous le contrôle du ministère de l'Air. Les membres de l'OC suivaient leur formation le soir et le week-end car, comme beaucoup de volontaires, ils avaient souvent un emploi. Chaque poste était équipé de jumelles, d'un estimateur d'altitude (un instrument semblable à un sextant), d'une carte quadrillée, d'un téléphone et, bien sûr, de tout le nécessaire pour faire du thé. Les observateurs communiquaient les observations à un centre de groupe en contact avec le centre local de défense contre les avions de combat. Ce réseau était complété par une armée d'observateurs civils amateurs qui contactaient les autorités dès qu'ils apercevaient un avion ennemi. Cette activité devint un passe-temps si populaire - et si peu fiable, car il n'était pas facile de distinguer un ami d'un ennemi - que le livre Aircraft Recognition (Reconnaître les avions) , publié par Penguin, se vendit à plus de deux millions d'exemplaires.

Recruitment Poster for Women, WWII
Affiche de recrutement pour les femmes, Seconde Guerre mondiale
Imperial War Museums (CC BY-NC-SA)

La Home Guard

La Home Guard compta environ 1,5 million de membres tout au long de la guerre. Les volontaires, d'abord appelés Local Defence Volunteers (volontaires de défense locale), étaient des hommes trop jeunes ou trop âgés pour servir dans les forces armées régulières. C'est pour cette raison que la Home Guard était surnommée "l'armée de papa" (Dad's Army). Au cours des premières années de la guerre, ils étaient notamment chargés de faire le guet en cas d'invasion anticipée et de tenir des barrages routiers, ce qui permettait à l'armée régulière de déployer ses unités à d'autres fins. Pendant la guerre aérienne, la Home Guard apporta souvent son aide lors des raids, par exemple en effectuant des opérations de sauvetage.

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Le déminage

Près d'une bombe sur dix larguée par les avions n'explosait pas, et il fallait s'en occuper au cas où elle exploserait plus tard. Les unités de déminage de l'armée étaient alertées de la présence de bombes non explosées (UXB) par les membres de l'ARP ou toute autre personne les ayant repérées. Les bombes londoniennes étaient généralement emportées pour être détruites dans la zone appelée Hackney Marshes, également connue sous le nom de "cimetière des bombes". Ce travail était extrêmement dangereux - 123 personnes avaient été tuées à la fin de l'année 1940 et 67 blessées - mais il y avait toujours des volontaires. Tony White, objecteur de conscience, s'était porté volontaire pour ce type de travail car:

C'était quelque chose de constructif dans le sens où vous déterriez des bombes qui étaient censées nuire, vous les immunisiez, et vous pouviez considérer cela comme un service direct pour la communauté. Mais la raison principale était de me prouver à moi-même que je ne me dérobais pas à mon devoir... Nous avons reçu plusieurs bombes de 1 000 livres, d'une longueur d'environ 4 ou 5 pieds, d'une assez bonne taille. Elles étaient lourdes, bien sûr, et nous les avons sorties en les hissant à l'aide d'un treuil, avec une sorte de trépied. On les emportait et on essayait de les neutraliser. Il fallait percer et faire un trou dans l'enveloppe, en essayant de ne pas faire bouger le détonateur... ce travail devait être fait très soigneusement, puis on injectait de la vapeur qui neutralisait la poudre ou l'explosif et on pouvait alors retirer le détonateur en toute sécurité. Ensuite, un officier se retirait à une distance théoriquement sûre et faisait exploser l'engin à l'aide d'un appareil électrique. C'est alors que l'engin pouvait exploser avant que l'officier ne se soit suffisamment éloigné, il était toujours celui qui courait le plus grand risque et nous avons subi de nombreuses pertes.

(Gardiner, 258)

Volontaires génériques

D'innombrables membres du public se portèrent volontaires sur le vif pour lutter contre les incendies, secourir les personnes coincées dans des bâtiments effondrés et apporter une aide directe aux sans-abri. Les volontaires étaient également présents en grand nombre dans les services médicaux, en tant que brancardiers, chauffeurs d'ambulance et dans les centres de premiers soins. Il y avait une armée de volontaires dans les centres de contrôle, dans les bureaux de conseil qui aidaient les gens à négocier les formalités administratives qui les empêchaient d'obtenir l'aide dont ils avaient besoin, et comme messagers, souvent nécessaires lorsque les lignes téléphoniques étaient endommagées. Certains volontaires jouèrent plusieurs de ces rôles à la fois. John Sargent gagnait sa vie en tant qu'opérateur de machines pendant la journée, il passait ses nuits à être de garde pour les ambulances (de 20 heures à 5 heures du matin) et ses week-ends à enseigner le secourisme aux volontaires de la défense civile et à la Home Guard.

Les organisations caritatives dépendaient des bénévoles pour distribuer l'aide. La Charity Organisation Society distribuait des dizaines de milliers d'articles de première nécessité donnés à la Grande-Bretagne par la Croix-Rouge américaine et la Croix-Rouge canadienne. La Quaker Society of Friends, la St John Ambulance Brigade, la YMCA, l'Armée du Salut et d'autres organismes firent tous un incroyable travail pendant le Blitz.

Italian Detainees Working to Clear Rubble During the Blitz
Des détenus italiens travaillent à déblayer les décombres pendant le Blitz
Imperial War Musuems (CC BY-NC-SA)

Il y avait aussi des volontaires forcés. Les ressortissants allemands et italiens (et d'autres) vivant en Grande-Bretagne lorsque la guerre éclata se retrouvèrent souvent détenus par un gouvernement soupçonnant des espions et réagissant à la presse populaire qui appelait à rassembler ces personnes. Environ 27 000 personnes furent ainsi détenues et envoyées dans des camps situés dans des endroits éloignés, comme l'île de Man. En l'espace d'un an, quelque 10 000 détenus furent libérés, mais nombre d'entre eux furent ensuite obligés de travailler dans des équipes de démolition pour nettoyer les dégâts causés par les bombes.

Le coût du volontariat

Bien que le volontariat ait apporté à de nombreuses personnes un sentiment d'utilité et l'impression de "faire sa part", le fait d'avoir été témoin de près des horreurs de la guerre a souvent eu des conséquences psychologiques durables. L'angoisse mentale sous les bombardements continus (lorsque la perte d'êtres chers et de sa maison était une menace constante) était une expérience vécue par la plupart des gens, mais les volontaires étaient particulièrement susceptibles de vivre des expériences qui laisseraient des cicatrices mentales supplémentaires. À une époque où la réaction la plus courante aux problèmes mentaux était simplement d' "aller de l'avant en se tenant occupé", peu de victimes sollicitèrent une aide professionnelle. Les symptômes physiques n'étaient pas en reste: troubles du sommeil, épuisement, perte de cheveux, etc. "Les médecins ont constaté une augmentation des ulcères gastroduodénaux et les publicités pour les remèdes contre la diarrhée se sont multipliées" (Gardiner, 186). Les volontaires ont vu des choses terribles, mais celles-ci ont été rendues encore plus poignantes par la nature du recrutement et de la distribution. Les volontaires travaillaient très souvent parmi les personnes avec lesquelles ils vivaient et connaissaient donc trop bien les victimes des bombardements. Ils ont également vu leurs collègues gravement blessés ou tués, perdant ainsi les seules personnes qui avaient partagé leurs expériences souvent indescriptibles. Il existait un système de rente pour les volontaires et de compensations pour les blessures physiques, mais ce n'est qu'à la suite d'actions menées par divers syndicats que des compensations furent introduites pour les blessures psychologiques subies lors de l'accomplissement de la myriade de tâches bénévoles qui permirent à la Grande-Bretagne de survivre au Blitz.

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Questions & Réponses

Qu'est-ce que les gens ont fait pour aider pendant le Blitz?

De nombreuses personnes ont apporté leur aide pendant le Blitz de Londres en se portant volontaires en tant que gardes de raids aériens, pompiers, guetteurs d'incendies et membres du Service auxiliaire féminin. Les services médicaux, l'extraction des victimes des bombes, l'aide aux sans-abri, l'élimination des bombes et le service des œuvres de bienfaisance sont d'autres domaines dans lesquels les gens se sont portés volontaires.

Que faisaient les volontaires pendant la Seconde Guerre mondiale?

Les volontaires de la Seconde Guerre mondiale travaillaient dans la Home Guard, l'Air Raid Precautions Service (ARP), le Service des femmes volontaires (WVS), le Service des pompiers auxiliaires (AFS), le Royal Observer Corps (OC), la Croix-Rouge et dans diverses organisations caritatives.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2024, juin 19). Les Volontaires du Blitz de Londres [Volunteer Services in the London Blitz]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2486/les-volontaires-du-blitz-de-londres/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Les Volontaires du Blitz de Londres." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 19, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2486/les-volontaires-du-blitz-de-londres/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Les Volontaires du Blitz de Londres." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 19 juin 2024. Web. 29 juin 2024.

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