L'Armée Rouge dans la Deuxième Guerre Mondiale

Article

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 16 avril 2025
Disponible dans ces autres langues: anglais
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L'Armée rouge de l'URSS entra dans la Seconde Guerre mondiale (1939-45) par une série de défaites cuisantes, mais à partir de la fin de 1942, elle se rallia et se maintint dans des villes clés comme la capitale Moscou, Leningrad (Saint-Pétersbourg) et Stalingrad (Volgograd). Puis, de 1943 à la fin de la guerre, l'Armée rouge accumula une série de victoires majeures telles que les batailles de Smolensk, de Koursk et de Berlin, qui finirent par voir la défaite de l'Allemagne nazie en mai 1945.

Formation et évolution

L'Armée rouge de l'Union soviétique fut créée en 1918 à la suite de la révolution bolchevique d'octobre 1917, qui balaya le pouvoir des tsars. L'Armée rouge était officiellement appelée RKKA ou Armée rouge des ouvriers et des paysans (Raboche-Krest'yanskaya Krasnaya Armiya), le rouge étant la couleur généralement associée au bolchevisme. Elle devint officiellement l'Armée soviétique en 1944.

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Raising a Flag over the Reichstag
Un soldat brandit un drapeau sur le toit du Reichstag
Vicktor Temin - Mil.ru. (CC BY)

L'Armée rouge fut immédiatement appelée à combattre l'Armée blanche, c'est-à-dire les partisans de la monarchie et les anti-bolcheviks, dans une guerre civile féroce (1917-22). La victoire bolchevique dans cette guerre fut obtenue grâce au professionnalisme croissant de l'Armée rouge. Le passage d'une milice révolutionnaire à une armée nationale professionnelle est attribuée à Léon Trotski (1879-1940) et à l'incorporation d'environ 48 000 officiers et de plus de 200 000 sous-officiers issus de l'ancienne armée impériale.

Bien que l'importance de la technologie ait été reconnue, l'infanterie restait fortement privilégiée.

Dans ses opérations quotidiennes, l'Armée rouge était fortement influencée par les idées du bolchevisme. Par exemple, le mot "officier" fut interdit et ne fut rétabli qu'en 1935. Chaque commandant devait rendre compte à un commissaire politique, qui approuvait les ordres du commandant. Ce double système fut considérablement affaibli par les réalités pratiques et par les exigences de la Seconde Guerre mondiale, lorsque la plupart des commandants furent laissés libres de prendre des décisions militaires tandis que les commissaires se limitaient à l'instruction politique et au travail du parti. Lorsque l'URSS fut attaquée par l'Allemagne nazie en juin 1942 (opération Barbarossa), ce système fut quelque peu relancé avant de s'affaiblir à nouveau au fur et à mesure que la guerre progressait. Néanmoins, des tensions subsistèrent, tout au long du conflit, entre ces deux groupes différents de personnel de commandement.

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Le dirigeant de l'URSS à partir de 1924, Joseph Staline (1878-1953), nourrissait une grande méfiance à l'égard de sa propre armée, surtout lorsqu'il pensait qu'elle soutenait son principal rival politique, Nikolaï Boukharine (1888-1938). C'est pourquoi Staline procéda à une purge de l'Armée rouge:

Quelque 35 000 officiers sur un corps d'officiers d'environ 80 000 ont été victimes des purges; parmi eux, trois des cinq maréchaux de l'Union soviétique, les onze adjoints du commissaire à la guerre, 75 des 85 commandants de corps et 110 des 195 commandants de division ont été tués.

(Dear, 962)

En 1941, constatant les dégâts qu'il avait causés à la capacité de l'Armée rouge à fonctionner, Staline rappela environ 4 000 officiers qui avaient été envoyés dans des camps de prisonniers.

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Red Army Soldiers
Soldats de l'Armée rouge
Imperial War Museum (CC BY-NC-SA)

Le recrutement

Face à la menace croissante de l'Allemagne nazie, Staline décréta en 1939 que tous les citoyens soviétiques de sexe masculin (âgés de 18 à 36 ans) pouvaient être enrôlés dans les forces armées. Les conscrits venaient principalement de Russie, d'Ukraine et de Biélorussie jusqu'à ce que ces régions fassent partie du champ de bataille en 1941. Au fur et à mesure que la guerre avançait, les recrues venaient également de Russie centrale et orientale, et il existait des divisions "nationales" composées de Lituaniens, d'Ouzbeks et d'Arméniens, par exemple. Les divisions "nationales" étaient généralement dirigées par des officiers russes. Les unités de montagne comptaient un fort contingent de Géorgiens. Il existait également des bataillons pénitentiaires composés de condamnés (y compris des prisonniers politiques), qui comptaient au total environ 440 000 hommes.

Les femmes jouaient depuis longtemps un rôle de non-combattantes dans l'Armée rouge et étaient omniprésentes en tant que médecins et infirmières. Après le début de la Seconde Guerre mondiale, les femmes jouèrent également un rôle de combattantes, en particulier dans les unités antiaériennes. Il y avait également de nombreuses femmes tireuses d'élite (volontaires) et conductrices de chars (certaines étaient même commandantes d'unités de chars). Au total, "au moins 800 000 femmes ont servi dans les forces soviétiques pendant la guerre" (Rees, 162).

En 1939, l'Armée rouge comptait 3 millions de membres, mais elle se développait rapidement. L'Armée rouge était divisée en deux parties, l'une à l'Ouest et l'autre à l'Est, pour faire face à la menace de l'Allemagne nazie et du Japon militariste, respectivement. Cette scission s'explique par le fait que le faible réseau de transport de l'URSS ne permettait pas à l'époque de déplacer facilement des armées sur de si vastes territoires. Bien que l'importance de la technologie ait été reconnue, l'infanterie restait le meilleur moyen de remporter les batailles.

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Marshal Zhukov
Maréchal Gueorgui Joukov
Mikhail Mikhaylovich Kalashnikov (Public Domain)

Structure et organisation du commandement

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le commandement de l'Armée rouge était entre les mains de Staline, le commandant en chef suprême. Au-dessous de Staline, mais aussi avec lui, se trouvait le Comité d'État pour la défense (GKO en russe), qui comprenait des personnalités telles que le ministre des affaires étrangères, Viatcheslav Molotov (1890-1986), le ministre de la défense, le maréchal Kliment Vorochilov (1881-1969), et le chef de la sécurité d'État, Lavrentiy Beria (1899-1953). Les membres étaient choisis et changeaient en fonction de leurs performances. Au-dessous du GKO se trouvait la Stavka, un conseil composé de Staline, d'un chef d'état-major et de quelques autres généraux expérimentés. L'état-major général de l'armée travaillait avec la Stavka en tant qu'agence de planification et d'exécution. La Stavka ne se réunissait que sur décision de Staline et, au fur et à mesure que la guerre avança, ses réunions se raréfièrent. À partir de 1942, Staline nomma son meilleur général, Georgy Zhukov (1896-1974), commandant en chef adjoint. Pendant la Seconde Guerre mondiale, chaque front d'armée (ou groupe d'armées) était commandé par son propre conseil de guerre.

Les grades et les insignes étaient plutôt discrets sur les uniformes de l'Armée rouge, conformément à son éthique prolétarienne.

Un groupe d'armées soviétique typique était composé d'infanterie (connue sous le nom de "Tireurs" ou "Streltsy"), d'artillerie (qui comprenait des canons antiaériens), de cavalerie (basée sur les anciennes unités cosaques célèbres et brandissant toujours des sabres), et de corps mécanisés (qui comprenaient des chars et des divisions de fusiliers motorisés). Tout au long de la guerre, l'Armée rouge manqua de véhicules blindés de transport d'infanterie ; à la place, les troupes de tirailleurs motorisés devaient monter à bord d'un char. Les unités qui obtenaient de bons résultats gagnaient souvent le droit de faire précéder leur nom du préfixe "Gardes", une distinction qui permettait à l'unité de bénéficier d'une meilleure rémunération, de vêtements et d'équipements plus performants. Les unités d'élite de l'Armée rouge étaient les Scouts (Razvedchiki), recrutés parmi les meilleurs soldats d'une division.

Les uniformes de l'Armée rouge

L'uniforme standard de l'infanterie était une simple veste de gymnastyorka de couleur kaki terne, un pantalon évasé aux hanches et des bottes de cuir hautes ou basses. L'uniforme existait en deux versions, en coton léger pour l'été et en laine lourde pour l'hiver. Par temps plus froid, les soldats portaient une veste matelassée (telogreika), un grand manteau ou un manteau en peau de mouton (shuba). Par temps plus chaud, le manteau était enroulé et porté dans le dos et sur une épaule. Les Scouts se distinguaient par leur combinaison de camouflage. En hiver, le camouflage était assuré par des combinaisons blanches à capuchon. Les unités de chars d'assaut portaient des uniformes plus spécialisés, généralement une combinaison noire et une veste en cuir. Le casque en acier modèle 1940 et la coiffe pilotka (soldats) et la casquette à visière (officiers) étaient standard, remplacés par un chapeau de fourrure (shapka ushanka) dans les conditions hivernales.

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Red Army Uniform & PPSh-41 Submachine Gun
Uniforme de l'Armée rouge et mitraillette PPSh-41
Urban (CC BY-SA)

Les insignes de grade et autres étaient plutôt discrets sur les uniformes de l'Armée rouge, conformément à son éthique prolétarienne. Il n'y avait pas d'épaulettes avant 1943, par exemple, et les grades étaient indiqués par des étoiles, des losanges, des rectangles ou des triangles discrets en métal émaillé attachés (ou brodés) aux cols ou à l'un des bras du grand manteau. Le grade supérieur de maréchal était indiqué par une étoile et une couronne, tandis qu'à l'autre extrémité de l'échelle, un sergent subalterne portait un simple triangle. Peut-être en raison de l'austérité de l'uniforme, les soldats portaient souvent les médailles décernées pour bravoure sur leur tenue de combat.

Les armes

L'URSS s'était considérablement réarmée au début des années 1930, mais cela signifiait qu'en 1941, de nombreux chars, en particulier, étaient bien inférieurs à ceux de l'armée allemande. L'Armée rouge disposait néanmoins d'un grand nombre de chars, car il s'agissait d'un domaine prioritaire.

Au départ, les chars soviétiques étaient généralement peu blindés et souffraient d'un manque chronique de pièces de rechange. À partir de 1942, les choses s'améliorèrent considérablement. Les chars moyens T34 de 26 tonnes furent produits en plus grand nombre. Ces chars étaient supérieurs à tous ceux des armées de l'Axe et pouvaient résister à la plupart des canons antichars. En résumé, le T34 "disposait d'un simple moteur diesel (500 ch), d'un bon blindage, d'une excellente puissance de feu et d'une superbe mobilité dans la neige et la boue" (Boatner, 702). Le T34 était équipé d'un canon de 76 mm et d'un blindage incliné de 44 mm d'épaisseur, capable de résister aux canons les plus puissants de l'Axe. Le char T34 et d'autres excellents modèles, comme la série de chars lourds KV, plus lents mais bien blindés, commencèrent également à être utilisés dans des groupes de combat plus importants et beaucoup plus efficaces à partir de 1942.

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Red Army T34 Tanks
Chars T34 de l'Armée rouge
RIA Novosti archive, image #1274 / V. Kaushanov (CC BY-SA)

L'artillerie de l'Armée rouge était un point faible lorsque la guerre éclata, car les hauts commandants pensaient, à tort, que ce type d'armement avait fait son temps et que la guerre moderne serait beaucoup plus mobile. Cependant, l'artillerie devint peu à peu une grande force de l'Armée rouge, avec la formation de divisions d'artillerie entières combinant lance-mines, obusiers et lance-roquettes pour les opérations offensives, et de divisions spécialisées uniquement dans la défense, dotées d'obusiers et de pièces d'artillerie de campagne. Les armes d'artillerie étaient généralement de trois calibres: 76, 122 et 152 mm.

Une arme soviétique très efficace était le lance-roquettes Katioucha BM-13, connu sous le nom d'"orgue de Staline". Montée sur un camion, cette arme pouvait tirer rapidement 16 roquettes à combustible solide de 132 mm. Un soldat allemand se rappela que cette arme était "la chose la plus terrible et la plus choquante que j'aie jamais rencontrée" (Stahel, 299). Les unités d'artillerie étant devenues plus fortes vers la fin de la guerre, il y avait "souvent jusqu'à 375 canons et mortiers sur un kilomètre de front - un barrage véritablement terrifiant" (Zaloga, 21).

La mitraillette PPSh-41, avec son chargeur circulaire caractéristique de 71 cartouches, devint un symbole de l'infanterie de l'Armée rouge. L'arme fut produite en très grand nombre, plus de 6 millions pendant la Seconde Guerre mondiale. 34 % de l'infanterie de l'Armée rouge portait une mitrailleuse, un chiffre élevé comparé aux 11 % de l'infanterie de l'Armée allemande. Les fusils étaient plus précis, mais ils étaient plus chers à produire et nécessitaient plus d'habileté pour tirer que les mitraillettes, une arme qui présentait un net avantage dans les combats rapprochés. Enfin, la mitrailleuse Maxim modèle 1910 de 7,62 mm, avec ses roues de chariot caractéristiques, était une arme utile dans les combats de rue. La faiblesse de l'armée résidait dans l'absence d'un canon antichar doté d'une véritable force de frappe.

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Female Red Army Radio Operator
Opératrice radio de l'Armée rouge
Imperial War Museums (CC BY-NC-SA)

Les grandes pertes

En 1941, l'Armée rouge comptait quelque 5,37 millions de soldats sur le terrain, pouvait faire appel à 5 millions d'autres et dispose de 20 000 chars (Dear, 963). Bien qu'impressionnants sur le papier, ces chiffres cachaient de nombreuses et graves faiblesses. Dans les premiers mois de la guerre, l'Armée rouge souffrit d'une mauvaise organisation: les commandants étaient souvent éloignés de leurs troupes et les unités de première ligne manquaient souvent de munitions. Les commandants faisaient rarement preuve d'initiative (ce qui n'était pas encouragé par le système de commandement de Staline) et s'appuyaient trop sur l'infanterie, même face aux divisions blindées. Les transports motorisés étaient insuffisants, l'optique de nombreuses armes était médiocre, ce qui affectait considérablement la précision, et la dépendance à l'égard des lignes terrestres vulnérables était trop grande par rapport aux communications radio, plus sûres et plus fiables.

L'utilisation des chars soviétiques posait également problème, les commandants soviétiques préférant les répartir entre les unités d'infanterie et les utiliser uniquement comme de l'artillerie automotrice plutôt que comme des armes à part entière. En outre, les chars étaient largement utilisés en petits groupes, ce qui réduisait considérablement leur efficacité, en particulier face aux divisions de chars massives de l'ennemi.

Red Army Maxim Machine Gun
Mitrailleuse Maxim de l'Armée rouge
Imperial War Museums (CC BY-NC-SA)

Ces lacunes expliquent en partie les piètres performances de l'Armée rouge lors de la guerre d'hiver de 1939-1940, au cours de laquelle Staline tenta d'envahir la Finlande, et lors de la première année de la guerre germano-soviétique (1941-1955), au cours de laquelle les armées d'Hitler réalisèrent d'importants gains territoriaux à partir de juin 1941. Les armées de l'Axe utilisèrent la tactique Blitzkrieg ("guerre éclair"), c'est-à-dire une combinaison massive de divisions blindées et d'infanterie motorisée se déplaçant rapidement, avec un soutien de l'artillerie et de l'aviation. Les commandants d'Hitler attaquaient fréquemment sur des fronts étroits pour pénétrer loin dans le territoire ennemi et encercler ensuite des armées entières. À maintes reprises, l'Armée rouge ne put trouver de réponse à ces tactiques. En seulement trois rencontres meurtrières, la bataille de Białystok-Minsk (juin-juillet 1941), la bataille de Smolensk en 1941 et la bataille de Kiev en 1941, environ 2 millions de soldats de l'Armée rouge furent faits prisonniers de guerre. Malgré ce que leur avait dit la propagande nazie, les soldats de l'Axe comprirent très vite que leurs homologues soviétiques pouvaient être une force à ne pas sous-estimer lorsqu'ils n'étaient pas abandonnés par leurs supérieurs. Un rapport d'un groupe de panzers datant de juillet 1941 note:

Le Russe se bat avec acharnement et férocité, il attaque continuellement, il est très habile en défense... La résistance dans les campagnes resurgit constamment. Souvent, le Russe attend, bien camouflé, et ce n'est que lorsque la distance est courte qu'il ouvre le feu.

(Stahel, 221)

Au total, pendant Barbarossa, l'Armée rouge perdit 4 millions de soldats et 20 000 véhicules blindés (Zaloga, 5). La campagne n'atteignit pas son objectif de mettre l'Armée rouge hors d'état de nuire, mais celle-ci fut certainement ébranlée par les énormes pertes en hommes et en matériel. Comme dans les autres armées, les soldats pouvaient écrire des lettres à leur famille. Dans l'une de ces lettres, écrite par Aleksandr Yegorov, le soldat annonce à la sœur de Pavel, Mariya, le sort de son camarade Pavel Khlomyakov:

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L'unité de Pavel a attaqué le 16 septembre [1941]. Deux obus ennemis ont endommagé son blindage. Son mécanicien et son artilleur ont été tués et Pavel a été gravement blessé. Il a réussi à sortir du char et est resté longtemps allongé dans l'herbe. Il était impossible de l'atteindre sous le feu, il n'a reçu une aide médicale que dans la soirée. Il a été emmené dans un hôpital de campagne et c'est tout ce que je sais...

(Dimbleby, 452).

Red Army at Leningrad
L'Armée Rouge à Léningrad
RIA Novosti archive, image #58228 / Vsevolod Tarasevich (CC BY-SA)

Les grandes victoires

Finalement, le vent commença à tourner. Staline rebaptisa le conflit "Grande guerre patriotique" et appela tout le monde à mener une "lutte acharnée" qui ferait de l'URSS une forteresse. L'impitoyable dictateur imposa également une discipline rigoureuse à l'Armée rouge après les défaites des mois d'été. Le 16 août 1941, il publia la directive suivante:

J'ordonne que: (1) quiconque enlève son insigne pendant la bataille et se rend soit considéré comme un déserteur malveillant, dont la famille doit être arrêtée en tant que famille d'un briseur de serment et d'un traître à la patrie. Ces déserteurs doivent être fusillés sur place. (2) ceux qui sont encerclés doivent se battre jusqu'au bout et tenter de rejoindre leurs propres lignes. Et ceux qui préfèrent se rendre doivent être détruits par tous les moyens disponibles, tandis que leurs familles doivent être privées de toutes les allocations et de l'assistance de l'État... Cet ordre doit être lu à toutes les compagnies, à tous les escadrons, à toutes les batteries.

(Dear, 959)

La formation d'unités du NKVD, c'est-à-dire d'unités de la police secrète soviétique stationnées derrière les troupes régulières et prêtes à abattre les déserteurs ou ceux qui battaient en retraite sans ordre, constituait une autre méthode pour s'assurer que les troupes de première ligne combattaient comme il se devait. Ces unités du NKVD finirent par représenter environ 10 % de l'ensemble de l'infanterie de fusiliers.

Il existait désormais une bien meilleure organisation entre les différents types de divisions, de meilleures tactiques utilisant les blindés et l'ajout vital d'unités de communication spécialisées. L'Armée rouge commença à s'améliorer considérablement à partir de 1943. Parmi les autres améliorations, citons la réduction du nombre de députés politiques, l'augmentation de l'artillerie, une plus grande distribution de mitrailleuses et de meilleurs chars d'assaut. L'Armée rouge fut également aidée par les problèmes logistiques auxquels étaient confrontés les envahisseurs, désormais enfoncés dans le territoire soviétique, où le manque de routes et les activités des partisans rendaient l'acheminement du carburant, des munitions et du ravitaillement vers le front de plus en plus difficile. Le climat hivernal avait pris les envahisseurs au dépourvu: l'huile et les lubrifiants de leurs véhicules avaient gelé. L'Armée rouge, en revanche, était mieux équipée pour une guerre hivernale et pouvait être réapprovisionnée à partir des usines qui avaient déjà été déplacées vers la sécurité de la Russie centrale et orientale. L'Armée rouge de Staline bénéficia également d'une aide extérieure. L'attaque japonaise de Pearl Harbour, la base navale américaine dans le Pacifique, le 7 décembre 1941, signifiait que l'URSS n'était plus menacée à l'Est et que ses divisions pouvaient être transférées pour affronter les forces de l'Axe à l'Ouest.

Salute to the Red Army
Hommage à l'Armée Rouge
Imperial War Museum (CC BY-NC)

La série de défaites de l'URSS fut inversée de façon spectaculaire lors de la bataille de Moscou (octobre 1941 - janvier 1942), qui infligea à Hitler sa première grande défaite terrestre de la guerre. Joukov dirigea la contre-offensive de janvier 1942, qui permit de repousser trois armées de panzers de l'Axe et de libérer la capitale de toute menace future. Alors que l'Armée rouge avançait pour la première fois après une longue série de retraites, les horreurs commises par les occupants devinrent évidentes. Les maisons avaient été rasées, les biens de toutes sortes volés et les civils de tous âges assassinés. À partir de ce moment, les deux camps commirent régulièrement des atrocités, la guerre devenant de plus en plus brutale.

Les Soviétiques remportèrent d'autres victoires avec la défense réussie du siège de Leningrad, de septembre 1941 à janvier 1944. L'Armée rouge, toujours grâce à la planification méticuleuse de Joukov, remporta la bataille de Stalingrad (de juillet 1942 à février 1943), détruisant ainsi la sixième armée, la plus importante d'Hitler, et capturant 91 000 soldats de l'Axe. L'Armée rouge remporta le plus grand engagement de chars de l'histoire, la bataille de Koursk (juillet-août 1943). Tout au long de l'année 1944, les envahisseurs de l'Axe furent implacablement délogés du territoire soviétique. Enfin, Berlin fut occupée en avril 1945, Hitler se suicida et l'Allemagne capitula. La victoire avait coûté cher. Plus de 8 millions de soldats de l'Armée rouge périrent pendant la Seconde Guerre mondiale. En outre, 5,7 millions de soldats de l'Armée rouge furent capturés pendant la guerre, et 3,3 millions d'entre eux moururent en captivité (Rees, 57).

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur, à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que partagent toutes les civilisations. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2025, avril 16). L'Armée Rouge dans la Deuxième Guerre Mondiale [The Red Army in WWII]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2700/larmee-rouge-dans-la-deuxieme-guerre-mondiale/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "L'Armée Rouge dans la Deuxième Guerre Mondiale." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 16, 2025. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2700/larmee-rouge-dans-la-deuxieme-guerre-mondiale/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "L'Armée Rouge dans la Deuxième Guerre Mondiale." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 16 avril 2025, https://www.worldhistory.org/article/2700/the-red-army-in-wwii/. Web. 23 avril 2025.

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