La bataille de Cynoscéphales (Thessalie), en 197 av. J.-C. mit fin à la deuxième guerre macédonienne (200-197 av. J.-C.) et consolida la puissance de Rome en Méditerranée, aboutissant finalement à ce que la Grèce devienne une province de Rome en 146 av. J.-C. Cet engagement est parfois cité comme marquant la naissance de l'Empire romain dans la mesure où il prouva la supériorité des légions de l'armée romaine sur la phalange macédonienne-grecque au combat. Ceci plaça la Grèce dans une position subordonnée à Rome et encouragea la poursuite de l’expansion dans la région par des conquêtes militaires qui devaient finalement élever Rome au rang de première puissance mondiale dans le monde à l’époque.
Aussi importante qu’ait été la victoire de Cynoscéphales, elle ne lança pas pour autant l'Empire romain, lequel résulta, au moins en partie, de la dynamique des relations entre trois fortes personnalités: Octave (63 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.), appelé plus tard Auguste César (r. 27 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.), Marc-Antoine (83 av. J.-C. - 30 ap. J.-C.) et Cléopâtre VII d'Égypte (69 av. J.-C. - 30 ap. J.-C.). Le drame qui se déroula entre ces trois-là se conclut lors de la bataille d'Actium (31 av. J.-C.), orchestrée puis mise à profit par Octave, lui permettant de fonder l'Empire romain.
Octave
Octave naquit Caius Octavius Thurinus le 23 septembre 63 av. J.-C. Son père mourut quand il était jeune, et il fut élevé, en partie, par sa grand-mère, Julia Caesaris Minor (101-51 av. J.-C.), sœur de Jules César. Il fut sous sa tutelle pendant son adolescence, même après avoir atteint la maturité à 15 ans.
Octave était un jeune homme beau, studieux et érudit, il n’était pas disposé à la vie militaire et à la guerre romaine, mais était suffisamment ambitieux et intelligent pour reconnaître ce que sa culture valorisait et devait récompenser. En 46 av. J.-C., Julia consentit à sa demande de rejoindre son grand-oncle en campagne en Hispanie. Octave et quelques compagnons survécurent à un naufrage, traversèrent des territoires hostiles et finalement arrivèrent sains et saufs au camp romain, ce que César trouva très impressionnant.
En 44 av. J.-C., Octave fut adopté par César comme héritier légitime, et fut ensuite appelé Caius Julius Caesar Octavianus. Lorsque César fut assassiné le 15 mars 44 av. J.-C., Octave se trouvait en Illyrie (Albanie actuelle), engagé dans des exercices militaires. Il retourna à Rome, en dépit de suggestions de rester là où il était, ou de se cacher des assassins, où il s'allia avec Marc-Antoine (ou Antoine) et le consul Marcus Aemilius Lepidus (alias Lépide 89-12 av. J.-C.) pour traquer et punir les assassins de César.
Formant le deuxième triumvirat (43-33 av. J.-C.), tous les trois travailleraient bien ensemble (du moins en apparence) jusqu'à ce que les principaux assassins, Cassius (c. 86-42 av. J.-C.) et Brutus (85-42 av. J.-C.), soient vaincus en octobre 42 av. J.-C. à la bataille de Philippes (nord fe la Grèce) où ils se suicidèrent. Lépide se vit confier le gouvernement de l'Afrique (ce qui l'écarta de tout autre jeu de pouvoir) tandis qu'Antoine resta à l'est et qu’Octave retourna à Rome.
Marc-Antoine
Cousin au troisième degré de Jules César, Marc-Antoine, était un général brillant, très aimé de ses soldats et meilleur ami de César. Marc-Antoine était un jeune rebelle et dépensier, mais, dès ses 20 ans, il se consacra à l'entraînement militaire et "montra rapidement son aptitude au métier de soldat, étant dur et courageux et possédant un don pour le commandement" (Everitt, 25). Aussi rénomé qu'il fût en tant que meneur d'hommes, il était également connu pour son amour immodéré du plaisir, sous la forme du vin, des femmes et du jeu. L'historien Anthony Everitt note:
Il aimait beaucoup avoir des relations sexuelles avec les femmes, une faiblesse qui lui valut une sympathie considérable, écrit Plutarque, "car il aidait souvent les autres dans leurs relations amoureuses et acceptait toujours avec humour les plaisanteries qu'ils faisaient sur les siennes". Lorsqu'il était en fonds, il couvrait ses amis d'argent et se montrait généralement généreux envers les soldats sous son commandement. (25)
Il combattit aux côtés de César en Gaule, et tous deux devinrent des amis proches, même si César s'abstenait de boire alors qu'Antoine était connu pour boire avec les troupes, raconter des blagues salaces et encourager les rencontres amoureuses pour ses amis et collègues. Après l'assassinat de César, Antoine utilisa l'éducation qu'il avait reçue à Athènes en matière d'éloquence pour influencer l'opinion publique contre les assassins de César, puis il s'associa à Octave et Lépide pour les traquer et les détruire.
Après Philippes, Antoine se rendit à Tarse en Cilicie (Turquie actuelle) où il ordonna à Cléopâtre VII de venir le voir et de répondre aux accusations selon lesquelles elle avait aidé et encouragé Cassius et Brutus. Elle le rencontra aux portes de Tarse, en 41 av. J.-C., parée de sa splendeur égyptienne, sur sa barque royale accostée sur la rivière Cydnos, et les deux devinrent rapidement amants. Antoine avait toujours attaché une grande importance au plaisir, surtout en compagnie des femmes, et il trouva en Cléopâtre la compagne idéale pour cela. Plutarque écrit:
Sa beauté, nous dit-on, n'était pas de ce type incomparable qui captive immédiatement celui qui la regarde. Mais le charme de sa présence était irrésistible et il y avait dans sa personne et dans sa conversation un attrait qui, associé à une force de caractère particulière dans chacune de ses paroles et de ses actions, envoûtait tous ceux qui la fréquentaient… Platon admet quatre sortes de flatteries, mais elle en avait mille… elle jouait aux dés avec lui, buvait avec lui, chassait avec lui… la nuit, elle se promenait avec lui pour déranger et tourmenter les gens à leurs portes et fenêtres, vêtue comme une servante. (Vies des Hommes Illustres, Antoine, VIII)
Cléopâtre avait déjà un enfant par Jules César, Césarion, et en aurait trois autres avec Antoine – Alexandre, Cléopâtre Séléné II, et Ptolémée. À partir de leur rencontre à Tarse, Antoine se dévoua à elle et ne devait plus la quitter, même lorsque sa carrière politique, et même sa vie, étaient en jeu.
Cléopâtre
Cléopâtre VII était la fille de Ptolémée XII Aulète (117-51 av. J.-C.), elle régna conjointement avec lui jusqu'à sa mort, alors qu'elle n'avait que 18 ans. Conformément à la tradition égyptienne, la dynastie ptolémaïque d'Égypte, qui régnait depuis 323 av. J.-C., demandait un monarque de sexe masculin. Elle fut donc mariée officiellement à son frère cadet, Ptolémée XIII (61-47 av. J.-C.) pour régner conjointement, mais elle retira son nom des documents officiels peu de temps après, et l'ignora plus ou moins.
Contrairement à tous les monarques ptolémaïques précédents, Cléopâtre apprit l'égyptien ainsi qu'un certain nombre d'autres langues afin de pouvoir communiquer avec les dignitaires et les messagers étrangers dans leur propre langue. Il était notoire qu’elle avait un caractère fort, et il était ainsi difficile pour les conseillers de la cour de la contrôler. En 48 av. J.-C., un coup d'État fut orchestré par ses principaux conseillers, lesquels placèrent Ptolémée XIII sur le trône, pensant qu'il serait plus facile à contrôler, et Cléopâtre fut contrainte à l'exil.
Jules César arriva en Égypte alors qu'il poursuivait son rival Pompée (106-48 av. J.-C.) lors de leur guerre civile pour le contrôle de Rome. Pompée fut assassiné sous la direction de Ptolémée XIII, ce que César aurait vivement contesté. Peu de temps après, Cléopâtre se fit amener clandestinement auprès du grand général romain sous le nez des gardes de Ptolémée XIII.
Ils devinrent amants, même si César était marié à l'époque à Calpurnia; ils eurent un fils ensemble, Césarion. César les amena tous deux à Rome en 46 av. J.-C., les reconnaissant publiquement, ce qui irrita un certain nombre de membres du Sénat romain et de la classe supérieure en raison de l'interdiction romaine de la bigamie.
Lorsque César fut assassiné en 44 av. J.-C., Cléopâtre s'enfuit avec Césarion pour retourner en Égypte et c'est là qu'elle se trouvait lorsqu'Antoine la convoqua à Tarse en 41 av. J.-C. Cléopâtre avait en fait rencontré Marc-Antoine des années auparavant, alors qu'elle n'était qu'une jeune fille de 14 ans, et on dit qu’Antoine avait été attiré par elle. Lorsqu'elle le rencontra en 41 av. J.-C., l'attirance fut réciproque. Ils devinrent rapidement inséparables, mais alors que leur histoire d'amour se développait, Octave assumait le poids de la gestion des affaires de Rome.
Tensions & Guerre
Le fils de Pompée, Sextus Pompée (67-35 av. J.-C.), avait continué à se battre contre les forces de César, même après la mort de son père en 48 av. J.-C. Il contrôlait la Sicile et exploitait une flotte de navires pirates qui harcelaient les marchands romains. En 41 av. J.-C., Octave lança une campagne contre Sextus qui était soutenu par Marc-Antoine, simplement parce que Marc-Antoine aurait soutenu quiconque se serait opposé à Octave. De plus, Octave avait récemment réprimé une rébellion du frère cadet de Marc-Antoine. Octave et Marc-Antoine se rencontrèrent et s'accordèrent sur une paix entre eux qui comprenait le mariage d'Antoine avec la sœur d'Octave, Octavie.
Sans le soutien de Marc-Antoine, Sextus était une proie facile pour Octave qui, avec l'aide de son grand général Marcus Vipsanius Agrippa (64-12 av. J.-C.) et de Lépide, détruisit la flotte de Sextus et le tua en 35 av. J.-C. Lépide revendiqua alors la Sicile et les biens de Sextus, ce qui déplut à Octave qui l'exila du deuxième triumvirat et le renvoya dans ses régions d'Afrique.
Marc-Antoine, quant à lui, avait tenté de hausser son statut en envahissant l’Empire parthe, mais cette invasion échoua largement, lui coûtant 30 000 hommes. Il fut également vaincu lors d'une tentative de prise de l'Arménie. Octave, dans le même temps, avait élevé son statut en résolvant le problème de la piraterie en tuant Sextus et en sécurisant les frontières du nord-est de l'Italie dans une série de campagnes spectaculaires.
En 33 av. J.-C., le mandat légal du deuxième triumvirat arrivait à son terme et Marc-Antoine fit savoir au Sénat qu'il ne souhaitait pas être nommé à nouveau. Il avait déjà répudié Octavie lorsqu'elle était arrivée à son palais et avait épousé Cléopâtre. Lorsqu'Octave s'y opposa, Antoine lui écrit:
Qu'est-ce qui t'a irrité? C’est parce que je couche avec Cléopâtre? Mais c'est ma femme, et je le fais depuis neuf ans, ce n’est pas récent. Et d’ailleurs, est-ce que [ta femme] est ton seul plaisir? Au moment où tu liras ceci, je m'attends à ce que tu aies réussi à coucher avec [de nombreuses femmes différentes]. Est-il vraiment important de savoir où, ou avec quelles femmes, tu obtiens ton plaisir ? (Lewis, p. 133)
Octave trouva intolérable l'humiliation d'Octavie par Marc-Antoine et son association avec Cléopâtre. Mais Marc-Antoine déclara alors Césarion comme le véritable héritier de l'héritage de César, et en outre, il légua un certain nombre de régions qu'il détenait - ou présumait détenir - à ses enfants avec Cléopâtre: Alexandre, Cléopâtre Séléné, et Ptolémée. Octave comprit qu'il devait détruire Marc-Antoine mais qu’il ne le pourrait pas parce que Marc-Antoine était encore très populaire à Rome.
Campagne de Propagande d'Octave
Pour détruire Antoine, Octave comprit qu'il devait d'abord saper son soutien, et pour ce faire, il frappa Cléopâtre, non pas par la force militaire mais avec les mots. Octave fut informé que le testament de Marc-Antoine était conservé dans le temple de la déesse Vesta, entretenu par les Vestales. Octave arriva sur place et exigea d’elles qu'elles lui remettent le testament, ce qu'elles refusèrent d'abord de faire. Mais, ne pouvant vraiment pas faire grand-chose pour l'en empêcher, elles lui donnèrent finalement la permission de le prendre s'il le voulait.
Octave lut le testament au Sénat et à l'Assemblée, soulignant que Marc-Antoine prévoyait de laisser un héritage considérable - lequel appartenait de droit au peuple romain - à un fils bâtard, que Cléopâtre prétendait être de César, ainsi qu'aux trois enfants qu'Antoine et Cléopâtre eurent ensemble. Il entretenait en outre la croyance que Cléopâtre avait séduit Marc-Antoine par des charmes et des sortilèges, l'ensorcelant et le tenant sous son contrôle par des moyens surnaturels, tout comme elle l'avait fait avec César plus tôt. Le plan d'Octave fonctionna et le peuple et le Sénat blâmèrent Cléopâtre pour tous les récents échecs de Marc-Antoine. Le Sénat déclara alors la guerre à Cléopâtre, que la propagande d'Octave tourna en une mission pour sauver Marc-Antoine de son enchantement.
La bataille d'Actium
Confiant que Marc-Antoine n'abandonnerait pas Cléopâtre, Octave poursuivit sa propagande, et bien sûr il avait raison. Marc-Antoine mobilisa ses armées, avec le soutien de Cléopâtre, et établit une position à Actium, en Grèce, sur la côte de la mer Ionienne. Il comprit qu'il ne pouvait pas marcher sur Octave en Italie avec Cléopâtre à ses côtés, car la réputation de celle-ci avait été si complètement détruite par Octave qu'il ne trouverait aucun soutien chez lui. Il ne pouvait pas non plus marcher sur Rome sans Cléopâtre, car il avait besoin d'elle pour soutien moral et financier. Il devait faire en sorte qu'Octave vienne à sa rencontre en combat, et c'est ce qu'Octave fit.
Bien avant que Marc-Antoine n'attende son arrivée, Octave arriva avec Agrippa et détruisit les lignes de ravitaillement de Marc-Antoine, qui venaient d'Égypte, longeant le Péloponnèse. Octave campa ensuite ses forces terrestres à 8 km au nord du site de Marc-Antoine et de Cléopâtre, tandis qu'Agrippa tenait la mer, empêchant toute fuite. Marc-Antoine comprit que sa situation était désastreuse, il fit charger les coffres de guerre sur le vaisseau amiral de Cléopâtre, et tint les voiles de ses navires de guerre prêtes à être déployées au cas où la bataille tournerait contre lui. Il s'accorda avec Cléopâtre sur le fait que, si Octave prenait l’avantage, ils perceraient les lignes de la flotte d'Agrippa et s'échapperaient vers l'Égypte.
Le 2 septembre 31 av. J.-C., vers midi, les navires de Marc-Antoine et de Cléopâtre firent face à la flotte d'Agrippa sous la supervision d'Octave à l'extérieur du golfe d'Actium. Les navires de Marc-Antoine étaient des quinquérèmes (galère à cinq rangs de rames) romaines, les plus grands et les mieux équipés de tous ceux utilisés dans la guerre navale romaine. Les navires manquaient cependant sérieusement d'effectifs en raison d'une épidémie de paludisme qui avait frappé les équipages. Ils étaient de plus, difficiles à manœuvrer rapidement.
Les navires d'Octave, en revanche, étaient des vaisseaux plus petits, les liburnes, généralement utilisés pour les patrouilles, faciles à manœuvrer, équipés de dispositifs d'éperonnage à la proue et dotés d'équipages en bonne santé. Un coup supplémentaire aux espoirs de succès de Marc-Antoine fut la défection de l'un de ses généraux, Quintus Dellius, passé au côté d'Octave avec tous les plans de bataille. Marc-Antoine fondait également ses espoirs sur la conviction que le vent l'aiderait à faire tourner la flotte d'Agrippa vers le sud, ce qui lui donnerait un avantage.
Le 2 septembre, peu après midi, les deux flottes s'affrontèrent en mer. Il devint rapidement évident que la bataille ne se déroulait pas favorablement pour Marc-Antoine, principalement en raison de la tactique supérieure d'Agrippa et de son utilisation du "harpax", poutre en bois recouverte d’un embout de fer avec un crochet à une extrémité, et muni d’une corde à l'autre, attachée à un treuil sur un navire. Le harpax était tiré avec une catapulte, frappait le navire ennemi, puis était ramené par le treuil, neutralisant ainsi le navire adverse pour l'abordage. Le navire amiral de Marc-Antoine fut neutralisé par un harpax et la bataille navale prit rapidement la forme d'un combat terrestre avec les navires de Marc-Antoine restant bloqués dans l'eau, tandis que les équipages d'Agrippa montaient à l’abordage et attaquaient.
Comme il devenait de plus en plus évident que Marc-Antoine allait perdre l'engagement, ses navires commencèrent à se rendre, soit en retournant au port, soit en levant leurs rames en signal. Conformément à leur accord, Cléopâtre, avec ses 60 navires, leva les voiles et quitta la bataille pour la haute mer. Marc-Antoine quitta son navire amiral, désespérément submergé, en sautant sur un autre, et il suivit Cléopâtre avec 40 de ses propres navires, laissant quelque 5 000 hommes et 300 navires à la merci d'Octave.
Conclusion
Une fois de retour en Égypte, Cléopâtre essaya de convaincre Marc-Antoine de prendre d'autres mesures contre Octave. Elle suggéra de fuir en Espagne où ils pourraient s'emparer des mines d'argent pour payer une armée et recommencer leur vie en créant un nouveau royaume encore plus puissant ailleurs. Marc-Antoine, écrasé par sa défaite d'Actium, ne s'intéressa pas à ses plans et préféra boire et négliger ses responsabilités. Il ne retrouva un semblant de sa grandeur passée qu'à l'arrivée d'Octave en Égypte en juillet 30 av. J.-C. Marc-Antoine mena son armée contre les troupes avancées de l'armée d'Octave, les dispersant, mais le lendemain, la plupart de ses troupes avaient fait défection, réalisant qu'il n'y avait plus d’avenir en continuant à suivre Marc-Antoine.
Après avoir entendu la nouvelle de la défection de ses troupes, Marc-Antoine apprit la mort de Cléopâtre. Il se poignarda, demandant seulement qu'on l'amène là où son corps avait été déposé. Cléopâtre était en fait toujours vivante, en sécurité dans une citadelle d'Alexandrie, et Marc-Antoine vécut assez longtemps pour mourir dans ses bras. Octave prit la ville sans effort et présenta à Cléopâtre ses conditions, lesquelles comprenaient son transport à Rome en tant que captive pour être exhibée lors d'un triomphe romain. Cléopâtre demanda du temps pour se préparer, ce qui lui fut accordé, puis se suicida pour priver Octave de son prix.
Octave fit enterrer Marc-Antoine et Cléopâtre ensemble, conformément à leurs voeux, puis fit étrangler Césarion. Les trois enfants d'Antoine et Cléopâtre furent emmenés à Rome où ils apparurent dans le cortège triomphal d'Octave, marchant derrière une effigie de leur mère. Octave fut proclamé en tant que le sauveur de Rome qui avait délivré le peuple de la domination orientale mais, très accoutumé à l'inconstance de la foule, il prit soin de se présenter comme leur humble serviteur qui n'avait fait que son devoir. En 27 av. J.-C., il déclara que le temps de crise était passé et abandonna le pouvoir, que le Sénat de Rome, reconnaissant, s'empressa de lui rendre, lui accordant le titre d'Auguste dans la foulée. L'Empire romain était né.
