Les Cyclades en mer Égée furent tout d'abord habitées par des voyageurs d'Asie Mineure vers 3000 AEC, et elles connurent une prospérité certaine grâce à la richesse des îles en ressources naturelles telles que l'or, l'argent, le cuivre, l'obsidienne et le marbre. Cette prospérité permit l'épanouissement des arts et le caractère unique de l'art cycladique est peut-être mieux illustré par leur sculpture épurée et minimaliste qui est l'un des arts les plus distinctifs produits tout au long de l'âge du Bronze en Égée. Ces figurines furent produites à partir de 3000 AEC jusqu'à environ 2000 AEC, lorsque les îles devinrent de plus en plus influencées par la civilisation minoenne basée en Crète.
Les petites statuettes étaient sculptées à partir de marbre à gros grain local et, bien que différentes formes aient été produites, toutes ont la caractéristique d'être hautement stylisées avec seulement une vague représentation des traits les plus généraux et les plus importants du corps. Les premiers exemples furent produits à la période néolithique et furent réalisés jusqu'à environ 2500 AEC. Ils ressemblent à des violons, en fait, des représentations d'une femme accroupie nue. Une forme ultérieure, et peut-être influencée par le contact avec l'Asie, était celle de la figure debout, le plus souvent féminine. Une fois de plus, ces élégantes figurines sont très stylisées avec peu de détails ajoutés et elles continuèrent à être produites jusqu'à environ 2000 AEC. Elles sont nues, avec les bras pliés sur la poitrine (toujours avec le bras droit sous la gauche) et la tête ovale inclinée vers l'arrière avec la seule caractéristique sculptée étant le nez. Les seins, la région pubienne, les doigts et les orteils sont les seules autres caractéristiques attestées par de simples lignes inscrites. Au fil du temps, les figures évoluèrent légèrement avec une ligne plus profonde incisée pour délimiter les jambes, le haut de la tête devint plus courbé, les genoux moins pliés, les épaules plus angulaires et les bras furent moins fermement croisés. Les figures mesurent le plus souvent environ 30 cm de hauteur, mais des exemples miniatures survivent, tout comme des versions grandeur nature. Les pieds des figures pointent toujours vers le bas et, par conséquent, elles ne peuvent pas se tenir debout seules, conduisant à suggérer qu'elles étaient déposées ou portées. Malgré ces similitudes générales, il est cependant important de noter qu'il n'y a pas deux figurines exactement semblables, même si les preuves suggèrent qu'elles proviennent du même atelier.
D'autres figures comprennent des harpistes assis sur un trône ou, plus généralement, un simple tabouret (il existe moins d'une douzaine d'exemples survivants) et un joueur de pipe debout ou aulos de Kéros datant de c. 2500 AEC. Dans le même style que les autres figures cycladiques, elles sont les premières représentations de musiciens en sculpture en mer Égée.
La plupart des figures furent sculptées à partir de fines pièces rectangulaires de marbre à l'aide d'un abrasif tel que l'émeri qui est presque aussi dur que le diamant et qui était disponible sur l'île de Naxos. Sans doute un processus extrêmement laborieux était impliqué, mais le résultat final était une pièce au lustre finement poli. Il y a parfois des traces de couleur sur certaines statues qui étaient utilisées pour mettre en évidence des détails tels que les cheveux en rouge et noir et des traits du visage étaient également peints sur la sculpture comme les yeux par exemple. Les représentations de la bouche, cependant, sont très rares sur la sculpture cycladique. Une figure bien conservée aujourd'hui au British Museum a encore des traces d'yeux, un collier et un diadème peints avec des petits points sur le visage et il y a même quelques motifs sur le corps, suggérant une représentation plus colorée que la plupart des personnages survivants ne le suggèrent.
Non seulement ces statuettes furent trouvés dans toutes les îles Cycladiques, mais elles étaient manifestement aussi populaires plus loin en Crète, en Grèce continentale et à Cnide et Milet en Anatolie. Des figurines importées ainsi que des copies locales furent découvertes, certaines de ces dernières utilisant des matériaux non utilisés par les fabricants d'origine tels que l'ivoire.
L'utilisation d'un matériau aussi dur et, par conséquent, le temps nécessaire à la production de ces pièces suggèrent qu'elles étaient d'une grande importance dans la culture cycladique (et non de simples jouets comme certains l'ont suggéré), mais leur but exact est inconnu. Leur fonction la plus probable est en tant que sorte d'idole religieuse et la prédominance des figures féminines, parfois enceintes, suggère une divinité de la fécondité. Ce point de vue est le fait que des figurines furent retrouvées en dehors d'un contexte funéraire dans les colonies de Milos, Kéa et Théra. Alternativement, précisément parce que la majorité des statuettes furent trouvées dans des tombes, elles étaient peut-être des gardiens ou des représentations du défunt. En effet, il y eut également quelques découvertes de matériel de peinture ainsi que des statuettes dans des tombes, ce qui suggère que le processus de peinture pouvait faire partie de la cérémonie d'inhumation. Cependant, certaines des statues les plus importantes sont tout simplement trop grandes pour s'intégrer dans une tombe et tout aussi déconcertante est leur variation dans la répartition. Bien que des figurines soient présentes dans les Cyclades, certaines tombes en contiennent jusqu'à quatorze, tandis que sur Syros par exemple, seulement six ont été retrouvées sur 540 tombes. Étonnamment, sur le site de Dhaskalio Kavos sur Kéros, il y a des preuves d'une grande quantité de figures délibérément brisées. Celles-ci furent-elles écrasées dans le cadre d'un rituel ou n'étaient-elles tout simplement plus considérées comme des objets significatifs?
Malgré beaucoup d'efforts de la part des experts, il existe encore un grand mystère autour de ces statues et peut-être cela fait-il partie de leur charme. L'un des problèmes de l'art cycladique est qu'il fut victime de son propre succès. Appréciée par des artistes tels que Pablo Picasso et Henry Moore au XXe siècle EC, une vogue pour tout produit Cycladique s'ensuivit et entraîna malheureusement le trafic illégal de marchandises pillées en provenance des Cyclades. Il en résulte que de nombreux objets d'art cycladiques actuellement présents dans les musées occidentaux n'ont aucune mention de provenance de quelque nature que ce soit, ce qui complique la tâche des chercheurs à déterminer leur fonction dans la culture cycladique. Ces objets font néanmoins partie des rares vestiges tangibles d'une culture qui n'existe plus et sans forme d'écriture, les membres de cette culture sont incapables d'expliquer eux-mêmes le véritable sens de ces objets et il ne nous reste plus qu'à imaginer la fonction et les visages derrière ces sculptures énigmatiques qui continuent de fasciner plus de trois millénaires après leur fabrication.