Les seules sources concernant la vie de Jésus de Nazareth sont les évangiles canoniques (ceux inclus dans la version autorisée du Nouveau Testament). Nous ne disposons d'aucun témoignage contemporain de l'époque où Jésus vivait et prêchait en Israël. L'évangile le plus ancien, Marc, fut écrit approximativement en 65 ou 70 ap. J.-C., suivi de Matthieu, Luc et Jean. Les lettres de Paul, premières traces du mouvement chrétien, furent écrites dans les années 50 et 60 ap. J.-C., mais contiennent très peu d'informations sur le Jésus historique. Voici un résumé des événements rapportés dans les quatre évangiles:
Au cours des années 20 ap. J.-C., un prédicateur itinérant connu sous le nom de Jésus, imitant le style des prophètes de l'ancien Israël, commença à s'adresser aux foules dans sa région natale, principalement en Galilée, dans le nord d'Israël. Il est possible qu'il ait fait partie du cercle d'un réformateur religieux populaire connu sous le nom de Jean-Baptiste et il semble qu'il ait repris le même message après la mort de celui-ci. Son message de base était le suivant: "Repentez-vous, car le Royaume de Dieu est proche". Ce qu’il voulait dire par là c’était que Dieu interviendrait bientôt une dernière fois dans l'histoire et restaurerait la nation d'Israël dont la population vivrait désormais dans un royaume idéal, sur terre, comme Dieu l'avait prévu à l'origine avant la 'chute' dans le jardin d'Eden (voir la Genèse). Il ressort des trois premiers évangiles (Marc, Matthieu et Luc) que sa méthode d'enseignement préférée était l'utilisation de la parabole, une histoire courte et concise qui utilise des situations et des personnages simples pour illustrer ou éclairer des concepts élevés et abstraits, tels que le pardon, l'altruisme ou la relation avec Dieu.
Selon l'évangile le plus ancien, celui de Marc, Jésus était également connu pour ses miracles: guérison de malades, résurrection de personnes, exorcisme ou élimination de 'démons', et autres exploits d'apparence miraculeuse tels que la multiplication des pains et des poissons et la marche sur l'eau. Il rassembla autour de lui des disciples (étudiants, adeptes), au nombre symbolique de douze (reflétant les douze tribus d'Israël). Marc rapporte que, tout en attirant les campagnes vers son message, Jésus était constamment l’objet de harcèlement et de persécution de la part de certains groupes de Juifs, à savoir les Pharisiens, les scribes, et finalement, les Sadducéens. Ce dernier groupe était en grande partie responsable de la maintenance et de l'entretien du Temple de Jérusalem. Dans les évangiles, les Pharisiens accusent constamment Jésus de "violer la loi de Moïse", mais les auteurs des évangiles nient expressément qu'il ait remis en question les coutumes des Juifs, affirmant qu'il proposait simplement ce qu'ils considéraient comme la véritable interprétation de la loi et des traditions qui lui étaient associées.
Dans Marc, Matthieu et Luc, Jésus passe la majeure partie de son temps à se déplacer en Galilée, avant d'effectuer un dernier voyage à Jérusalem pendant la fête de la Pâque (à l’occasion de laquelle tous les Juifs devaient venir dans la ville en pèlerinage). Dans Jean, Jésus se rend à plusieurs reprises à Jérusalem au cours de son ministère.
Lorsque Jésus entre dans la ville, les foules l'accueillent avec des branches de palmier et le proclament "Messie" (ou "Oint"). Les évangélistes soulignent clairement que la foule le saluait en tant que descendant de la lignée du roi David et, ce faisant, ils ajoutent un élément politique au ministère de Jésus, comme en témoigne le titre de "roi des Juifs" qui lui fut accordé. Cet événement, l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, est à la base de la célébration chrétienne du dimanche des Rameaux, une semaine avant Pâques. Dès son entrée dans la ville, Jésus se rend dans la cour extérieure du Temple et chasse les vendeurs d'animaux pour les sacrifices, ainsi que les changeurs de monnaie, en déclarant: "ma maison sera une maison de prière pour toutes les nations, et vous en avez fait un repaire de voleurs". Selon Marc, c'est cet incident qui conduisit directement à la mort de Jésus.
Jésus et ses disciples célèbrent un repas de Pâque le jeudi soir (Marc, Matthieu, Luc), ou un simple repas le mercredi soir (Jean), là où se déroule la tradition du rituel du dernier repas (la Cène). Cet événement deviendra plus tard la base de la célébration chrétienne de l'eucharistie, ou repas de communion, à travers les lettres de l'apôtre Paul. Jésus, pour la troisième ou quatrième fois, prédit sa mort, mais affirme qu'il la surmontera, car le "Royaume" va venir. Après le repas, il se rend avec ses disciples sur le mont des Oliviers, dans une zone où l’on presse l’huile d'olive connue sous le nom de Gethsémani, et Jésus prie Dieu de lui épargner sa torture et sa mort imminentes. Les évangiles ne rapportent aucune réponse de la part de Dieu et Jésus accepte volontiers son sort.
L'un des disciples, Judas, trahit Jésus en disant aux prêtres, gardes du temple, et/ou aux Romains (selon l'évangile que l'on lit) où il sera ce soir-là, et Jésus est arrêté. Il est emmené soit à une réunion du Sanhédrin (conseil suprême juif), soit à la maison du grand prêtre (Jean). Il s'ensuit un 'procès' très confus, où les chefs d'accusation ne sont pas clairs (il y a des variations dans le nombre de procès et leur lieu). Enfin, dans Marc, le grand prêtre demande à Jésus s'il est "le Béni" (c'est-à-dire "le Messie"). Jésus, réticent jusqu'à ce moment dans Marc, répond qu'il est "le Fils de l'homme", dont la tradition veut qu'il juge l'humanité dans les "derniers jours ", c'est-à-dire juste avant le "Royaume". Le grand prêtre déclare alors qu'il a commis un blasphème et le condamne à mort.
Au 1er siècle ap. J.-C., le Sanhédrin ne pouvait pas appliquer une condamnation à mort et c'est pourquoi on nous dit que Jésus fut envoyé à Ponce Pilate, le gouverneur de la province de Judée, qui comprenait Jérusalem. Dans les évangiles, Pilate est dépeint comme un dirigeant faible et impuissant, qui cède aux Juifs et condamne Jésus à la mort par crucifixion, peine romaine pour trahison (infligée en raison de sa prétention à être le "roi des Juifs"). Jésus est alors flagellé et envoyé avec sa croix au lieu d'exécution, hors des murs de la ville. Selon Marc, tous ses disciples masculins l'abandonnent, mais les femmes assistent à la scène en tant que témoins. Il faut environ trois ou quatre heures à Jésus pour mourir. C'était un vendredi, et le coucher du soleil marquait le début du sabbat, c'est-à-dire le jour de repos des Juifs. Après sa mort, on raconte donc une tentative précipitée de retirer le corps de la croix et de le préparer pour l'enterrement avant le coucher du soleil, car la tradition religieuse voulait que l'on ne s'adonne pas à cela le jour du sabbat.
Le samedi étant le jour saint du sabbat, personne ne pouvait se rendre au tombeau pour achever les rites funéraires (onction d'huile, etc.), de sorte que le dimanche matin, les femmes viennent au tombeau pour terminer leurs soins. Selon Marc, elles trouvent le tombeau vide, mais dans les autres évangiles, un ange leur annonce que Jésus est ressuscité et qu'elles doivent dire à tout le monde de le retrouver en Galilée. Il n'y a pas de scène de résurrection dans Marc (dont la fin originale est un tombeau vide), tandis que Matthieu et Luc présentent des apparitions réelles de Jésus lors de la résurrection, et Jean en ajoute plusieurs autres à l'histoire. Cela est la base de la fête chrétienne du dimanche de Pâques. Le terme anglais 'Easter', pour Pâques, est dérivé de l’allemand, désignant la déesse de la fertilité, 'Eostre'.
La crucifixion/résurrection de Jésus est devenue la base du concept chrétien d'expiation, ou de celui selon lequel Jésus donna volontairement sa vie pour que les humains puissent être sauvés. L'idée générale est que Jésus est mort pour "nous sauver de nos péchés", ou en d'autres termes, qu’avec sa mort, l'humanité peut désormais obtenir le pardon. Le concept d'expiation, en tant que tel, n'est pas mentionné spécifiquement dans les évangiles. Marc, Matthieu et Luc affirment que Jésus est mort pour les péchés des hommes, mais ne précisent pas quels sont ces péchés. Jean déclare que la mort de Jésus était le moyen de le ramener chez lui, auprès du 'Père' [Dieu]. Le concept d'expiation, tel qu'il est compris dans le Christianisme, est en fait un concept développé pour la première fois par l'apôtre Paul dans son Épitre aux Romains.
Les récits de Matthieu et de Luc ajoutent les histoires de 'nativité', c'est-à-dire les détails de la naissance de Jésus à Bethléem, alors qu'ils sont absents dans l’évangile antérieur de Marc. Matthieu présente l'étoile qui guide les mages venus d’Orient pour rendre visite au nouveau-né, tandis que Luc ajoute les détails de la mangeoire dans l’étable et les bergers dans les champs qui viennent adorer l'enfant. Ces éléments sont incorporés dans la fête chrétienne de Noël. L'évangile de Jean présente Jésus comme le 'logos' (le verbe, la parole), qui prend chair pour devenir la manifestation physique de Dieu sur terre (concept chrétien de l'incarnation), tandis que les autres évangiles sont moins directs dans la revendication du statut de divinité pour Jésus. Bien qu'il existe de nombreux autres évangiles, ces quatre livres qui ouvrent le Nouveau Testament chrétien sont les seuls acceptés comme divinement inspirés, et les seuls récits universellement considérés par les Chrétiens comme relatant la vérité concernant la vie et le ministère de Jésus-Christ.