La colonne de Marc Aurèle, qui se dresse sur la Piazza Colonna à Rome, aurait été érigée par Commode en mémoire de son père et de sa mère vers 180 de notre ère. La colonne fut inspirée par une autre plus célèbre, la colonne de Trajan, qui avait été érigée, également à Rome, en 113 de notre ère. La colonne porte des représentations sculptées en haut-relief des campagnes militaires réussies de l'empereur contre les Quades de l'autre côté du Danube entre 172 et 175 de notre ère.
La colonne mesure actuellement 39 mètres de haut, mais 7 mètres supplémentaires de la structure de base sont toujours sous terre, la partie la plus basse n'ayant jamais été excavée. À l'origine, une statue - très probablement celle de l'empereur - se trouvait également au sommet de la colonne, ce qui augmentait encore la hauteur totale de la structure. Cela expliquerait le chiffre de 51,95 mètres (ou 175 pieds romains) mentionné dans les catalogues régionaux du IVe siècle de notre ère. La colonne est creuse et, à l'intérieur, un escalier en colimaçon avait été construit et permettait autrefois d'accéder à la plate-forme d'observation supérieure. On accède à l'intérieur par une porte située dans la base, du côté de la Via del Corso, mais elle est aujourd'hui fermée au public. On pense qu'un temple dédié à l'empereur déifié et à son impératrice se trouvait à l'origine près de la colonne.
La colonne dorique est plus ou moins droite (seulement 14 cm de plus à la base) et est recouverte de reliefs sculptés en 21 spirales - d'une hauteur d'environ 130 cm chacune - qui représentent les campagnes de Marc Aurèle dans les territoires au nord du Danube, d'abord contre les Marcomans (172-173 de notre ère) puis contre les Sarmates (174-175 de notre ère). Les récits des deux campagnes sont divisés sur la colonne par une figure de la Victoire qui écrit sur un bouclier et la première commence par la base avec des troupes traversant le Danube. La grande majorité des épisodes sont ceux du champ de bataille, mais il y a quelques scènes de fond intéressantes, comme l'empereur s'adressant à ses troupes, et même des aperçus des exploits logistiques et d'ingénierie réalisés dans la guerre romaine, comme une représentation de troupes traversant un ponton. Les reliefs sont typiques du style qui allait dominer la sculpture de l'Antiquité tardive. L'accent est mis sur les vues frontales, la perspective étant obtenue simplement en alignant des personnages plus petits au-dessus du premier plan. Les personnages ne sont pas tout à fait proportionnés, les têtes étant trop grandes et les corps trop courts ou allongés, et les traits du visage réduits au minimum. Des moulages en plâtre de ces reliefs sont exposés au Museo della Civilità Romana à Rome.
La colonne était souvent appelée "Centenaria" par la population locale, en référence à la hauteur de la colonne, de la base immédiate et du chapiteau, qui mesuraient ensemble 100 pieds romains (29,6 m). Ceci est mentionné dans l'inscription sur la base de la colonne. Nous savons également qu'il existait un procurateur ou gardien chargé de l'entretien du monument. Adraste, un affranchi, avait d'ailleurs demandé en 193 de notre ère qu'une cabane soit construite près de la colonne afin qu'il puisse mieux remplir son rôle de gardien. La demande fut acceptée et la cabane construite sur un terrain public situé à proximité.
Au fil des siècles, la colonne a subi, comme la plupart des monuments anciens, les ravages non seulement des intempéries, mais aussi de l'évolution des besoins et des goûts de l'homme. Les scènes de la colonne furent sculptées avec beaucoup plus de relief que celles de la colonne Trajane et se sont donc beaucoup plus détériorées sous l'effet des intempéries. La colonne subit également la foudre et des tremblements de terre mais, pire encore, au Moyen Âge, les précieuses goupilles qui maintenaient en place les différents tambours de la colonne furent enlevées et, par conséquent, plusieurs d'entre eux se sont déplacés de façon spectaculaire au fil du temps.
La colonne fut restaurée par le pape Sixte Quint en 1589, comme en témoignent les inscriptions figurant de part et d'autre de la base. Le piédestal fut retravaillé pour tenir compte du changement de niveau du sol et une statue de bronze fut également replacée au sommet de la colonne, mais cette fois-ci, il s'agit de celle de saint Paul. Certains travaux de "restauration" sont plus discutables. À l'origine, par exemple, des sculptures dépassaient de la colonne à peu près à mi-hauteur, dans quatre directions. Ces sculptures représentaient des barbares vaincus se rendant à Marc Aurèle et trois Victoires avec des guirlandes, mais elles furent complètement retirées de la structure et ne subsistent que dans des dessins de la Renaissance. Ces modifications et autres réparations des zones endommagées sont clairement visibles aujourd'hui, car elles furent remplies de marbre gris de Proconnèse, qui contraste fortement avec le marbre blanc et fin d'origine de ce monument durable au militarisme et à la vanité des Romains.