Fresques d'Akrotiri

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Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 27 mars 2014
Disponible dans ces autres langues: anglais, grec
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Les fresques de l'âge du bronze d'Akrotiri, sur l'île égéenne de Théra (aujourd'hui Santorin), comptent parmi les images les plus célèbres du monde grec antique. Entre 1650 et 1550 av. J.-C., Théra subit un tremblement de terre dévastateur qui détruisit la ville. Cette catastrophe fut suivie d'une éruption volcanique qui recouvrit le village d'Akrotiri de couches de pierre ponce et de cendres volcaniques sur plusieurs mètres d'épaisseur. En conséquence, les fresques éclatantes qui ornaient les murs de presque tous les bâtiments de la ville ont été remarquablement bien conservées. Lorsque les premières fouilles systématiques ont commencé en 1967, les secrets et les merveilles de cette cité antique perdue ont enfin été redécouverts et de nouveau admirés par l'œil humain.

Wall-Painting, Akrotiri
Fresque, Akrotiri
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Méthode et matériaux

La grande majorité des fresques appartenaient au deuxième étage des bâtiments, et leur présence dans des bâtiments de tous types suggère que les fresques n'étaient pas réservées à une riche élite mais étaient appréciées par toutes les classes de la société. Les murs intérieurs étaient recouverts d'une couche de plâtre de chaux lisse, puis peints, soit lorsque le plâtre était frais (fresque), soit lorsqu'il était sec (secco ou tempera). Certains des dessins géométriques, notamment les spirales, montrent des signes d'utilisation de dispositifs mécaniques pour obtenir une plus grande précision. De même, afin de représenter les personnes avec précision, ils utilisaient un système de grille qui était ajusté proportionnellement en fonction de l'âge ou de la dimension du personnage. Les peintures étaient dérivées de minéraux pour donner des couleurs fortes comme le rouge, l'orange, le noir, le bleu, le violet et le blanc, et des matières organiques étaient utilisées comme fixateur.

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Sujets

Dans de nombreux cas, les quatre murs étaient décorés afin de créer une scène panoramique qui transportait parfois le spectateur hors des limites de la pièce. De 2000 av. J.-C. jusqu'au tremblement de terre et à l'éruption fatidique, Théra s'était établie comme un centre de commerce méditerranéen prospère, ayant des liens avec les peuples de Crète, des Cyclades, de Grèce continentale et d'Égypte, ce qui se reflète dans le sujet de certaines fresques et dans leur style qui présente de nombreuses similitudes avec les fresques de la Crète minoenne et de l'Égypte.

Les fresques montrent un amour évident pour la mer et le monde naturel, avec des paysages marins, des animaux, des poissons et des plantes comme sujets populaires.

Les fresques montrent un amour évident pour la mer et le monde naturel, avec des paysages marins, des animaux, des poissons et des plantes comme sujets populaires. On trouve des représentations naturalistes de taureaux, de chèvres, d'antilopes, de singes, de chats sauvages, de canards et d'hirondelles, ainsi que des créatures mythologiques, notamment des griffons. Les formes géométriques et abstraites, en particulier les courbes et les spirales, sont également un thème commun, tout comme les scènes de la vie quotidienne telles que les cérémonies religieuses et la collecte de crocus et de safran. Ces dernières scènes sont également précieuses pour les historiens, qui peuvent ainsi noter des éléments tels que les vêtements, les bijoux, les coiffures, les armures, les armes, l'architecture, les paysages et les métiers de l'âge du bronze, comme la construction navale.

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Le Dr N. Marinátos résume l'objectif des fresques d'Akrotiri comme étant bien plus que des œuvres de simple valeur esthétique ; elle soutient de manière convaincante que les fresques avaient un lien spécifique avec la fonction de la pièce dans laquelle elles étaient peintes :

Pour un Minoen ou un Théran, une peinture représentait une partie de sa tradition qui était compréhensible et même prévisible. On peut dire que l'art était une représentation des valeurs collectives de la société dont le spectateur faisait partie. Ainsi, la relation entre l'art et le spectateur était intime et la fonction du tableau importante... les thèmes étaient centrés sur les expériences religieuses, bien que celles-ci puissent être indirectes aussi bien que directes. Le portrait politique semble être totalement absent. (33)

Boxers Fresco, Akrotiri, Thera
Fresque des boxeurs, Akrotiri, Théra
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

La fresque des Boxeurs

Cette fresque provient de la salle B1 du bâtiment Beta et représente deux jeunes gens en train de boxer, peut-être un sport rituel plutôt qu'un match de compétition. Les trois autres murs de cette pièce présentent une fresque beaucoup plus grande représentant des antilopes. Le fait que les boxeurs soient des garçons est suggéré par la couleur rouge, une convention typique pour représenter des hommes. Ils ne portent qu'une ceinture et un pagne, avec un gant de boxe uniquement à la main droite. Leurs cheveux ont de longues tresses avec des parties rasées - un signe de jeunesse. Le garçon de gauche porte une quantité surprenante de bijoux : collier, boucles d'oreilles, bracelets et bracelets de cheville, alors que son adversaire n'en a aucun. Marinátos suggère que cette compétition ludique de force reflète les antilopes en compétition qui semblent également s'affronter sur les autres murs de la pièce. (Musée archéologique national, Athènes).

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Fisherman Fresco, Akrotiri
Fresque du pêcheur, Akrotiri
Marcus Cyron (Public Domain)

La fresque du pêcheur

Cette fresque se trouve dans l'angle nord-est de la salle 5 de la Maison Ouest. C'est l'une des fresques les mieux conservées d'Akrotiri et elle montre un personnage masculin tenant dans chaque main un bouquet de poissons attachés ensemble par une ficelle jaune. Une fresque très similaire ornait le mur adjacent. Les deux figures sont nues et ont le crâne partiellement rasé ; ces deux points suggèrent fortement que ces figures sont des jeunes qui accomplissent un rituel religieux. Ce lien religieux est renforcé par la présence de renfoncements dans les murs de la salle 5 et de récipients de poterie rituelle dans le couloir attenant. Une preuve encore plus convaincante que les personnages font une offrande de poisson est que les deux personnages marchent en direction de l'angle nord-ouest de la pièce, précisément là où une table à offrandes a été retrouvée par les archéologues. (Musée archéologique national, Athènes).

Minoan Lady, Fresco, Akrotiri
Femme minoenne, fresque d'Akrotiri
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

La fresque des dames

Cette fresque est en fait deux pièces séparées, chacune représentant une femme, et elles viennent de la pièce 2 de la Maison des Dames et ont été placées dans l'autre moitié de la pièce dans laquelle il y avait également la Fresque de Papyrus (voir ci-dessous). Les femmes portent des vêtements minoens colorés composés de jupes et de vestes qui laissent les seins exposés dans le style minoen typique. Les femmes portent chacune des boucles d'oreille et un collier et elles ont toutes deux des cheveux longs et portent du maquillage. Tous ces détails suggèrent des femmes de haut statut impliquées dans une sorte d'activité ou de festival religieux. Au-dessus des femmes se trouve une représentation d'un ciel étoilé. Une troisième femme, à côté de la figure voûtée, l'aide peut-être à s'habiller, mais il ne reste que des fragments de bras et de robe. (Musée de la préhistoire de Théra, Santorin).

La fresque des Lys

Cette fresque, également connue sous le nom de fresque du printemps, provient de trois murs de la pièce 2, une pièce du rez-de-chaussée du bâtiment Delta, et représente des papyrus ou des lys poussant parmi des roches volcaniques colorées avec des hirondelles volant entre les fleurs. Les lys semblent se balancer au gré d'une brise légère et les fleurs sont représentées à différents stades de croissance, du bourgeon à la pleine floraison. La fresque fait abstraction des trois pans de mur pour créer un effet d'entourage convaincant qui capture la vivacité et la régénération du printemps. (Musée archéologique national, Athènes).

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Monkey Fresco, Akrotiri
Fresque des singes bleus, Akrotiri
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

La fresque des singes bleus

Cette fresque représentant des singes bleus ne subsiste que sous forme de fragments et provient de la salle B6. Dans cette scène, les singes escaladent des rochers pour échapper aux deux chiens qui les poursuivent. Les singes apparaissent ailleurs dans l'art théran et minoen, et ils sont souvent représentés comme des assistants de prêtresses ou près d'autels sacrés. Un crâne de singe fossilisé a été trouvé sur l'île, ce qui suggère la possibilité qu'ils étaient présents sur Théra. (Musée de la préhistoire de Théra, Santorin).

Papyrus Fresco, Akrotiri
Fresque des papyrus, Akrotiri
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

La fresque du Papyrus

Cette fresque provient de la Salle des Dames de la maison du même nom. Les fleurs de papyrus sont représentées par groupes de trois et couvrent trois murs. Leur représentation n'est pas précise, peut-être délibérément, mais l'iconographie est de style égyptien et, de toute façon, le papyrus n'était pas indigène à Théra. Sous les plantes se trouve peut-être une rivière, une association commune dans l'art minoen et égyptien. La découverte de récipients rituels dans quatre conteneurs scellés sous le sol de la pièce suggère qu'elle était utilisée comme un sanctuaire. (Musée de la préhistoire de Théra, Santorin).

Ship Procession Fresco, Akrotiri
Fresque de la procession nautique, Akrotiri
smial (CC BY-SA)

La fresque de la procession nautique

Cette fresque de 6 mètres représentant une procession ou une escorte de navires en miniature provient du mur sud-ouest de la salle 5 de la Maison Ouest. Huit grands navires et trois plus petits, tous propulsés par des rameurs, se déplacent d'un port à l'autre, le navire amiral de la flotte occupant le devant de la scène. La ville de droite est plus sophistiquée (tant par son architecture que par les vêtements de ses habitants) et est identifiée par Marinátos comme étant Akrotiri, tandis que la flore et la faune de la ville de gauche l'identifient comme étant Égéen, peut-être une autre ville plus provinciale de l'île. En outre, la propulsion des navires à l'aide de rames suggère que les deux villes n'étaient pas très éloignées l'une de l'autre. La scène peut être une représentation d'une fête maritime saisonnière ou même une scène d'un poème épique perdu. Les navires sont décorés de fleurs, de papillons, d'hirondelles et de symboles de la nature qui suggèrent tous une fête religieuse comme plus probable. Des dauphins très semblables à ceux de Knossos sautent entre les navires et les bâtiments ; la flore et la faune de chaque port sont dessinées avec beaucoup de détails, tout comme les longues robes des passagers du navire, ce qui suggère qu'ils sont d'un statut social élevé et, une fois encore, qu'ils participent à une importante fête religieuse. (Musée archéologique national, Athènes).

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2014, mars 27). Fresques d'Akrotiri [Akrotiri Frescoes]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-673/fresques-dakrotiri/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Fresques d'Akrotiri." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mars 27, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-673/fresques-dakrotiri/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Fresques d'Akrotiri." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 27 mars 2014. Web. 21 nov. 2024.

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