Hercule est le nom romain du héros grec Héraclès, le personnage le plus célèbre de la mythologie grecque. Hercule était le fils de Zeus, roi des dieux, et de la mortelle Alcmène. Zeus, qui était un séducteur impénitent, prit un soir l'apparence d'Amphitryon, époux d'Alcmène, et rendit visite à cette dernière dans son lit. C'est ainsi que naquit Hercule, un demi-dieu doué d'une force et d'une endurance prodigieuses. Il réalisa de nombreuses prouesses, au nombre desquelles un combat de lutte contre la mort et deux descentes aux enfers. Ses exploits furent l'objet de nombreux récits dans toute la Grèce antique et plus tard à Rome, et pourtant dès le début, la vie ne l'épargna guère, et ses relations avec autrui tournèrent souvent au désastre. En effet, Héra, l'épouse de Zeus, ayant appris qu'Hercule était le fils illégitime de son mari n’allait reculer devant rien pour le faire disparaître. En fait, il fut d'abord prénommé Alcée ou Alcide, avant d'être rebaptisé Héraclès, c'est à dire 'Gloire d'Héra', signifiant qu'il devrait sa célébrité aux épreuves infligées par la déesse.
Les peuples de Grèce et de Rome éprouvaient tout naturellement un attrait considérable pour ce demi-dieu qui pouvait souffrir comme n'importe quel mortel, était capable de commettre les mêmes erreurs de parcours qu'eux dans sa vie privée, tout en accomplissant régulièrement des exploits dont aucun mortel ne pouvait rêver. Hercule était en essence une sorte d'homme du commun surpuissant qui connaissait des déceptions, passait de mauvaises journées - voire de mauvaises années - et finit par mourir victime d'une trahison. Ces récits, outre leur caractère divertissant, servaient à expliquer au public de l'Antiquité que si de telles choses pouvaient arriver à un héros comme Hercule, il n'avait pas tant à craindre les déceptions et des tragédies de sa propre existence. Hercule servait de symbole de la condition humaine dans laquelle, pour paraphraser Hemingway, 'Un homme, ça peut être détruit, mais pas vaincu'. Un des aspects les plus intéressants du personnage d'Hercule est que, étant donné de sa force et ses attributs divins, rien ne l’obligeait à se soumettre aux travaux ou aux châtiments qui lui étaient imposés. Et pourtant, il accepta de subir des indignités telles que ses célèbres Douze Travaux ou sa période d'esclavage auprès de la reine Omphale et ce, de son plein gré. Sa force intérieure et sa capacité à endurer les épreuves firent de lui une source d'inspiration pour le peuple et un symbole de stabilité au milieu du chaos, même s'il était parfois à l'origine de ce chaos. À ce sujet, l'historien Thomas R. Martin écrit :
Le puissant Héraclès (Hercule) est le seul héros auquel des cultes ont été voués à l'échelle internationale, et dans tout le monde grec. Ses exploits surhumains pour vaincre des monstres et, plus généralement, pour réaliser l'impossible, lui ont valu le statut de protecteur de nombreuses cités-états (129).
Enfance
Paradoxalement, bien que considéré comme le champion des faibles ainsi qu'une grande figure protectrice, Hercule accumula littéralement les déboires personnels dès sa naissance. Ainsi, Héra envoya deux sorcières pour empêcher la naissance, mais elles furent dupées par l'une des servantes d'Alcmène et envoyées dans une autre pièce. Héra envoya ensuite des serpents pour le tuer dans son berceau, mais Hercule les étrangla tous les deux. Dans une autre version du mythe, Alcmène abandonne son bébé dans les bois afin de le protéger de la colère d'Héra, mais il est retrouvé par la déesse Athéna qui l'amène à Héra, affirmant qu'il s'agit d'un orphelin abandonné dans les bois ayant besoin d'être nourri. Héra allaite Hercule jusqu'à ce que l'enfant ne lui morde le mamelon. Elle le repousse alors, répandant son lait dans le ciel nocturne et formant ainsi la Voie lactée. Elle rend ensuite l'enfant à Athéna et lui ordonne de s'en occuper elle-même. Ironiquement, en nourrissant l'enfant de son propre sein, la déesse lui a accordé un surcroit de force et de puissance.
Par la suite, il fut élevé à la cour d'Amphitryon, son père putatif, où les meilleurs précepteurs du pays lui enseignèrent la lutte, l'équitation, l'escrime, le tir à l'arc, à conduire un char, à jouer de la lyre et à chanter. Cependant, Hercule ne connaissait pas sa propre force et tua Linos, son maître de musique, d'un coup de lyre lors d'une dispute. On l'envoya alors garder ses troupeaux afin de lui éviter la tentation de se créer de nouveaux ennuis. C'était mal connaître Hercule, en effet, lorsqu'il apprit que l'armée de Thèbes avait été vaincue par une troupe de Minyens, il fut saisi par un sentiment d'injustice, il prit la tête d'une troupe de guerriers thébains et se mit en devoir de rétablir l'ordre à Thèbes après avoir vaincu les Minyens. Pour preuve de sa gratitude, le roi Créon de Thèbes donna sa fille Mégara, en mariage à Hercule
La folie d’Héra et les Douze travaux
À ce stade de son histoire, Hercule était un jeune héros couronné de succès, marié et, à terme, père de trois fils robustes. Incapable de tolérer cette situation, Héra le fit sombrer dans une crise de folie au cours de laquelle il tua ses propres enfants (et, dans certaines versions, Mégara elle-même). Il resta prisonnier de sa rage jusqu'à ce qu'Athéna ne l'assomme avec une pierre. Lorsqu'il revint à lui, accablé de chagrin devant ses actes, il aurait voulu se tuer, mais son cousin Thésée le convainquit de la lâcheté de ce geste et de la nécessité de trouver un moyen de se racheter. Hercule consulta par conséquent l'Oracle de Delphes qui lui suggéra de se mettre au service de son cousin Eurysthée, roi de Tirynthe et de Mycènes, qui concevrait des travaux pour lui faire expier ses péchés. À l'origine, ces travaux n'étaient que dix, mais ils furent ensuite portés au nombre de douze. Après son séjour à Delphes, il ne répond plus au nom d'Alcée (Alcide) et assume le nom d'Héraclès.
Les Douzes travaux d’Hercule étaient les suivants :
1. Tuer le lion de Némée qui était invulnérable à toutes les armes. Il piégea le lion dans une grotte et l'étrangla à mains nues. Il l'écorcha dans la foulée et ensuite porta toujours cette peau comme un manteau protecteur.
2. Tuer l'Hydre de Lerne, qui avait neuf têtes venimeuses et à qui, lorsqu'on en coupait une, repoussaient immédiatement deux autres. Aidé par son neveu Iolaos, Hercule se mit en devoir de trancher les têtes tandis que Iolaos cautérisait immédiatement les plaies à l'aide d'une torche pour les empêcher de repousser. Hercule trempa ensuite ses flèches dans le sang de l'hydre en prévision d'une utilisation future, en effet, comme il s'agissait d'un venin très puissant, son action était foudroyante. Eurysthée refusa de compter cette épreuve au nombre des dix travaux et lui en assigna un autre sous prétexte de l’aide qu’il avait reçu pour accomplir celui-ci.
3. Capturer la biche de Cérynie, animal sacré de la déesse Artémis. Pendant plus d'une année, Hercule essaya en vain de capturer la biche aux bois d'or vivante. Il parvint finalement à l'immobiliser d'une flèche dans le sabot. Malgré cela, Artémis refusa de lui permettre de capturer la biche, et l'aurait même tué pour avoir osé la pourchasser, mais après avoir écouté le récit de ses tourments, elle décida de lui laisser la liberté.
4. Capturer le sanglier d'Érymanthe. Cette tâche conduisit Hercule au pays des Centaures, et le vin qu'on lui avait donné afin de piéger le sanglier attira les centaures vers lui. Ils l'attaquèrent, mais après en avoir tué un grand nombre, Hercule ramena le sanglier vivant à Eurysthée. C'est durant de cette épreuve qu'il participa à l'aventure du héros Jason et de ses Argonautes.
5. Nettoyer les écuries d'Augias en un jour. Eurysthée estimait que cette aventure parallèle avec les Argonautes était un luxe inutile de la part d'Hercule et il imagina donc une tâche insurmontable pour son travail suivant. Les écuries du roi Augias étaient immenses et son troupeau nombreux, à tel point qu'il semblait impossible pour quiconque de les nettoyer en un mois, et encore moins en une seule journée. Hercule releva le défi mais fit promettre à Augias de lui offrir un dixième du troupeau s'il réussissait. Augias accepta car il savait qu'il ne pouvait pas perdre, mais Hercule détourna le cours de deux rivières pour qu'elles traversent les écuries et les nettoya complètement. Dépité, Augias refusa alors d'honorer le marché qu'il avait conclu. Hercule se sentit floué et jura de revenir pour tuer Augias une fois qu'il aurait terminé ses travaux pour Eurysthée. Eurysthée, cependant, lui dit qu'il ne pouvait recevoir aucun paiement pour ses travaux et qu'en essayant d'en tirer profit, il avait invalidé la tâche accomplie et devrait la remplacer par une autre en compensation.
6. Chasser les Oiseaux du lac Stymphale qui ravageaient la campagne. Il y parvint grâce à une crécelle que lui avait donnée Athéna. La crécelle fit peur aux oiseaux qui s'envolèrent, permettant ainsi à Hercule de les abattre en plein vol de ses flèches.
7. Ramener le taureau crétois de Knossos. Le taureau appartenait au roi Minos de Crète et était sacré pour le dieu des mers, Poséidon ; il pouvait donc marcher sur l'eau. Minos ne voulait plus du taureau car sa femme en était tombée amoureuse et même enceinte (donnant naissance au Minotaure). Minos offrit donc le taureau à Hercule qui traversa la mer perché sur son dos depuis la Crète jusqu'à Athènes et le livra à Eurysthée. Par la suite libéré, le taureau causa de nouveaux ravages dans toute l'Attique jusqu'à ce qu'il ne soit finalement abattu par Thésée.
8. Ramener les juments de Diomède. Diomède était un roi thrace qui nourrissait régulièrement ses chevaux de chair humaine afin que personne ne puisse les approcher. Hercule leur jeta Diomède en pâture et, lorsqu'elles furent rassasiés, les ramena à Eurysthée. C'est au cours de ce travail, à l'aller ou au retour du palais de Diomède, qu'Hercule s'arrêta pour rendre visite à son vieil ami Admète dont l'épouse Alceste venait de mourir. Hercule lutta contre la mort pour l'âme d'Alceste et la rendit à son mari.
9. Voler la ceinture d’Hyppolite. Hippolyte était la reine des Amazones, et sa ceinture était le symbole de son droit à régner. Les Amazones accueillent d’abord gracieusement Hercule, mais Héra, ayant pris l’apparence de l’une d’elles, répandit une rumeur selon laquelle Hercule avait pour but d’enlever la reine et de les réduire en esclavage. Furieuses, elles l’attaquèrent immédiatement et Hyppolite trouva la mort dans le combat qui s’ensuivit ; Hercule s’empara alors de la ceinture et s’en alla. Cependant, dans une autre version de ce travail, personne ne meurt, Hercule enlève la sœur d’Hyppolite en échange de la ceinture et s’en va en toute quiétude. Lors de son voyage de retour, il s'égare à nouveau des aventures parallèles, ce qui augmente encore la colère d' Eurysthée, mais celui-ci accepte tout de même la ceinture comme un véritable travail.
10. Ramener le troupeau de Géryon, roi de Cadix. Hercule eut encore une fois de nouvelles aventures parallèle, parmi lesquelles la création des colonnes d’Hercules à Gibraltar et menacer d'abattre le soleil de ses flèches pour lui avoir donné trop chaud. Enfin arrivé à Cadix (Espagne), il éprouva les pires difficultés à rassembler le troupeau et dût même pourchasser un taureau (le troupeau devait être complet pour être accepté en tant que travail). En cours de route, Héra envoya une nuée de taons harceler le troupeau, qui se dispersa, si bien qu'Hercule dut à nouveau rassembler les bêtes. Puis, la princesse Celtine le vit et tomba amoureuse de lui dès le premier coup d’œil. Elle dissimula le troupeau et refusa de lui en donner la location à moins qu’il ne couche avec elle. Il s’exécuta et devint ainsi le père de Celtus, l’ancêtre du peuple Celte. Il réussit finalement à ramener le troupeau à Eurysthée, qui accepta de valider le travail.
11. Cueillir les pommes d'or du jardin des Hespérides. En route vers le verger sacré où poussaient les pommes, Hercule rencontra Prométhée attaché sur son rocher et le délivra. Prométhée, reconnaissant, lui dit que les pommes étaient gardées par un invincible dragon nommé Ladon et lui conseilla de convaincre le titan Atlas, qui portait le ciel et la terre sur ses épaules, d'aller cueillir les pommes à sa place. Une fois arrivé dans le verger, Atlas accepta de l'aider, à condition qu'Hercule supporte le poids du monde pendant qu'il irait chercher les pommes. Hercule accepta d'assumer la tâche et Atlas cueillit les pommes pour lui. Cependant, à son retour, Atlas ne voulut pas reprendre son fardeau et se proposait de laisser Hercule à sa place. Hercule accepta avec joie de rester et de soutenir l'univers mais demanda à Atlas s'il pouvait reprendre la charge juste un instant afin de pouvoir ajuster sa cape pour protéger ses épaules. Atlas reprit l'univers, Hercule ramassa les pommes et partit.
12. Ramener Cerbère, gardien des enfers. Pour le dernier travail, Eurysthée choisit une tâche qu'il savait impossible à accomplir : ramener vivant le chien à trois têtes qui gardait l'entrée des enfers. Avant de pouvoir y pénétrer, Hercule devait s'initier aux mystères d'Éleusis dans la ville sacrée d'Éleusis. Il se rendit ensuite aux enfers, où il vécut d'autres aventures, comme celle de libérer son cousin Thésée du Trône de l'oubli qui le maintenait prisonnier. Il s'entretint également avec le héros Méléagre, avec lequel il avait voyagé en compagnie des Argonautes, qui lui dit qu'à son retour à la surface de la terre, il devrait épouser sa sœur, Déjanire. Hadès autorisa Hercule à prendre Cerbère, à condition qu'il ne lui fasse aucun mal. Hercule lutta contre Cerbère pour le soumettre et le ramena à Eurysthée qui fut si terrifié par l'animal qu'il annonça à Hercule la fin de ses travaux et lui demanda de ramener le chien là où il l'avait trouvé.
Autres aventures et esclavage
Hercule était désormais libre de faire ce qu'il voulait de sa vie et, après tout ce qu'il avait accompli, on aurait pu s'attendre à ce qu'il coule enfin des jours heureux, or il n'en fut rien. Que ce soit à cause des ruses d'Héra, de son propre caractère ou de son intempérance, Hercule allait connaître de nouvelles mésaventures. En effet, au cours d'un nouvel accès de folie suscité par Héra, Hercule tua le prince Iphitos d'Oechalie et fut instruit par l'oracle de se vendre comme esclave pour expier son péché. C'est ainsi qu'il devint la propriété de la reine Omphale de Lydie qui obligea le héros à s'habiller en femme et à réaliser des travaux d'aiguille avec les autres dames de la cour. Omphale finit par le prendre comme amant et lui rendit sa liberté.
Il partit ensuite en expédition à Troie, qu'il conquit avec l'aide d'autres héros (bien avant la guerre de Troie), puis fut impliqué dans une guerre avec les Titans de Sicile. Les Titans avaient été vaincus des siècles auparavant par Zeus mais s'étaient relevés et, selon la prophétie, les dieux ne pouvaient gagner cette fois-ci qu'avec l'aide d'un héros mortel. Hercule participa à la défaite des Titans et, ce faisant, sauva le monde du chaos et les dieux de l'emprisonnement. Il retourna ensuite en Grèce pour se venger d'Augias qui avait refusé d'honorer sa parole après qu'il eût nettoyé ses écuries. Hercule perdit cette bataille car il était encore affaibli par sa guerre avec les Titans. Il quitta le pays d'Augias et, après d'autres aventures, arriva à Calydon où il rencontra et tomba amoureux de la princesse Déjanire, la sœur de Méléagre. Il dut lutter contre le dieu-fleuve Achelôos pour obtenir sa main, mais il remporta la victoire et put se marier.
Déjanire et mariage
Déjanire et Hercule vécurent heureux pendant un certain temps à Calydon jusqu'à ce qu'il tue accidentellement l'échanson de son beau-père. Bien qu'il se fût agi d'un accident et que le roi lui ait accordé son pardon, Hercule restait inconsolable et décida donc de quitter la ville avec Déjanire. Ils atteignirent le fleuve Événos où ils rencontrèrent le centaure Nessos qui proposa de faire traverser Déjanire sur son dos. Mais une fois sur l'autre rive, il tenta de la violer et Hercule l'abattit d'une de ses flèches. Il s'agissait des flèches qu'Hercule avait trempées dans le sang de l'Hydre, et le centaure était sur le point de succomber au poison lorsqu'il dit à Déjanire que son sang était un puissant philtre d'amour et lui suggéra d'en recueillir un peu dans une fiole. Ainsi, si elle sentait un jour Hercule s’éloigner d'elle pour une autre, lui dit-il, elle n'aurait qu'à imbiber sa tunique de ce sang pour qu'il redevienne amoureux d'elle à tout jamais. Nessos savait, bien sûr, que le sang serait fatal à tout mortel et c'était là sa vengeance pour la flèche d'Hercule.
Hercule et Déjanire s'installèrent dans la ville de Trachis, fondèrent une famille et, là encore, furent heureux pendant un certain temps jusqu'à ce qu'Hercule parte en guerre contre Eurytos qui, comme Augias, l'avait insulté quelques années plus tôt. Il tue Eurytos et prend sa fille Iolé (qu'il avait déjà gagnée lors d'un concours de tir à l'arc mais qui lui avait été refusée) comme concubine. Une autre version du mythe raconte qu'il aida Artémis à tuer un sanglier qui ravageait le royaume et qu'il reçut Iolé en récompense. Hercule prépara alors un banquet en l'honneur de sa victoire et demanda à Déjanire de lui envoyer sa plus belle tunique pour les festivités. Déjanire, craignant qu'Hercule ne soit désormais plus attaché à Iolé qu'à elle, trempa le vêtement dans le sang de Nessos, puis lava les taches, ne laissant que le poison. Dès qu'Hercule enfila la tunique, il fut saisi d'une douleur insupportable et commença à brûler de l'intérieur. Il arracha précipitamment la tunique de son corps mais trop tard, le poison avait déjà pénétré sa peau. En tant que demi-dieu, il ne lui était pas possible de succomber rapidement au poison et dût ainsi endurer des tourments intolérables comme celui-ci envahissait progressivement son corps, l'affaiblissant petit à petit. Déjanire, réalisant qu'elle avait été trompée par Nessos et qu'elle avait tué son mari, se pendit, rongée par le remords.
La mort d’Hercule
Hercule escalada le mont Etna où il construisit son propre bûcher funéraire dans une clairière, distribua ses biens, puis s'allongea, la tête reposant sur sa massue enveloppé dans la peau du lion de Némée ; ensuite, on alluma les torches et le bûcher s'enflamma. Thomas Bullfinch, le célèbre mythologue, écrit :
Les dieux eux-mêmes se sentaient troublés de voir le défenseur de la terre ainsi mené à sa perte. Mais Zeus, d'un air joyeux, s'adressa à eux en ces termes : « Je suis heureux de constater votre sollicitude, mes princes, et je suis ravi de voir que je suis le souverain d'un peuple loyal, et que mon fils jouit de votre faveur. En effet, bien que votre intérêt pour lui découle de ses nobles actions, cela ne me réjouit pas moins. Mais maintenant, je vous dis : « N'ayez pas peur. Celui qui a su triompher de tous les obstacles ne sera pas vaincu par ces flammes que vous voyez s'embraser sur l'Etna. Seule peut disparaître la part de sa mère qu'il portait en lui ; ce qu'il a reçu de moi est immortel. Je l'emmènerai, mort sur la terre, vers les rivages célestes, et je vous demande à tous de le recevoir avec bienveillance. Si quelqu'un d'entre vous éprouve du chagrin à le voir atteindre cet honneur, personne ne peut cependant nier qu'il ne l'ait mérité. » Les dieux donnèrent tous leur assentiment ; Héra n'entendit les derniers mots qu'avec un certain déplaisir d'être ainsi prise à partie, mais pas assez pour la porter à s'opposer à la décision de son mari. Ainsi, lorsque les flammes eurent consumé la part maternelle d'Hercule, la part divine, au lieu d'en être affectée, sembla repartir avec une nouvelle vigueur, revêtir un aspect plus noble et une dignité plus terrible. Zeus l'enveloppa dans un nuage, et l'emporta dans un char tiré par quatre chevaux pour l'inviter à vivre parmi les étoiles.
Postérité
C'est ainsi qu'Hercule quitta cette terre pour s'en aller vivre éternellement parmi les dieux et, grâce aux récits de ses aventures, jouir de l'immortalité à travers les siècles. Sa vie ne fut pas toujours des plus heureuses, même s'il était fils de dieu, et ses luttes et relations quotidiennes ne furent pas facilitées par sa force. Même s'il était capable d'accomplir des prouesses, il n'était pas à l'abri des déceptions et des périodes sombres qui font partie de l'expérience humaine. L'historien Sir R.W. Livingstone écrit : « Les Grecs étaient fascinés par le spectacle de l'homme et du monde, et leur fascination ne se manifeste pas seulement dans leur philosophie formelle. De leurs poètes aussi, on peut dire qu'ils sont nés pour voir le monde et la vie humaine - non pas pour faire de la morale ou se livrer à des sentiments, de la rhétorique ou du mysticisme à son sujet, mais pour le voir » (270).
Les légendes d'Hercule montrent le monde tel qu'il est : chacun d'entre nous a son lot de monstres à vaincre, de tâches apparemment insurmontables à accomplir et de tragédies qui semblent trop lourdes à supporter. Aujourd'hui encore, les bandes dessinées, les romans graphiques, les livres, les émissions de télévision et les films hollywoodiens mettant en scène Hercule continuent d'être aussi populaires qu'au temps de la Grèce antique, où le public s'asseyait pour écouter religieusement les aventures de son héros préféré. Il reste en effet aujourd'hui un héros auquel chacun peut s'identifier, précisément parce que sa vie était loin d'être parfaite et que son caractère était loin d'être idéal. Lorsque l'on est confronté à une situation difficile dans la vie, l'on peut toujours se réconforter en se disant que si Hercule a pu surmonter ses souffrances, nous pouvons également survivre aux nôtres.