Routes romaines

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Article

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 17 septembre 2014
Disponible dans ces autres langues: anglais, italien, portugais, espagnol
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Les Romains construisirent des routes sur d'anciennes voies et en créèrent un grand nombre de nouvelles. Les ingénieurs étaient audacieux dans leurs projets de relier un point à un autre de la manière la plus directe possible, quelles que aient été les difficultés géographiques et les coûts. Par conséquent, bon nombre des longues routes rectilignes tracées par les Romains à travers leur empire sont devenues des noms célèbres à part entière.

Les voies romaines comportaient des ponts, des tunnels, des viaducs et bien d'autres astuces architecturales et techniques pour créer une série de monuments époustouflants mais très pratiques qui s'étendaient du Portugal à Constantinople. Le réseau de voies publiques romaines couvrait plus de 120 000 km et facilitait grandement la libre circulation des armées, des personnes et des marchandises à travers l'empire. Les routes étaient également un indicateur très visible de la puissance de Rome et contribuaient indirectement à unifier ce qui était un vaste creuset de cultures, de races et d'institutions.

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The Roads of Ancient Rome
Les routes de la Rome antique
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Le réseau routier romain

Les Romains,bien sûr, ne furent pas les inventeurs des routes mais, comme dans tant d'autres domaines, ils reprirent une idée qui remontait à l'âge du bronze et élargirent ce concept, osant en tirer le plus grand potentiel possible. La première et la plus célèbre grande route romaine fut la Voie Appienne (ou Via Appia). Construite à partir de 312 AEC et couvrant 196 km (132 milles romains), elle reliait Rome à Capoue en une ligne aussi droite que possible et était connue des Romains sous le nom de Regina viarum ou « Reine des routes ». Tout comme une autoroute moderne, elle ne traverse pas de villes moins importantes le long du chemin, et elle fit largement abstraction des obstacles géographiques. Par exemple, l'impressionnant tronçon de 90 km de Rome à Terracina fut construit en une seule ligne droite. La route sera ensuite étendue jusqu'à Brundisium et atteindra ainsi 569 km de longueur (385 milles romains).

Le réseau s'étendit progressivement à travers l'empire, de la Grande-Bretagne à la Syrie, et certaines routes devinrent aussi connues et empruntées que celles qui entourent Rome elle-même.

D'autres routes célèbres en Italie étaient la Voie Flaminienne (Via Flaminia) qui allait de Rome à Fanum (Fano), la Voie Émilienne (Via Aemilia) de Placentia à Augusta Praetoria (Aoste), la Via Postumia d'Aquilée à Genua (Gênes), la Via Popillia d'Ariminum (Rimini) à Padoue au nord et de Capium à Rheghghu (Reggio Calabre) dans le sud, et bien d'autres encore, tous avec des extensions faites au fil du temps. Les routes devinrent si célèbres qu'elles donnèrent même leur nom à des lieux et régions. Le réseau s'étendit progressivement à travers l'empire, de la Grande-Bretagne à la Syrie, et certaines routes devinrent aussi connues et empruntées que celles qui entouraient Rome elle-même. Par exemple, la Voie Domitienne (commencée en 116 AEC) allait des Alpes françaises aux Pyrénées et fut inestimable pour les mouvements de troupes dans les campagnes en Espagne. Il y avait aussi la Via Egnatia (commencée au milieu du IIe siècle AEC), qui traversait la péninsule des Balkans et se terminait à Byzance, ce qui en faisait une route terrestre vitale entre les parties occidentale et orientale de l'empire.

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Pour atteindre l'objectif de construire les itinéraires les plus courts possibles entre deux points (souvent non visibles l'un de l'autre), toutes sortes de difficultés d'ingénierie durent être surmontées. Une fois les relevés approfondis effectués pour s'assurer que la route proposée était bien droite et déterminer quelles étaient les diverses méthodes d'ingénierie nécessaires, les marais devaient être drainés, les forêts coupées, les ruisseaux détournés, le socle rocheux, les flancs de montagnes coupés, les rivières traversées de ponts, les vallées traversées grâce à des viaducs et tunnels construits à travers les montagnes. Une fois tout cela fait, les routes devaient être nivelées, renforcées par des murs de support ou des terrasses, puis, bien sûr, entretenues, ce qu'elles ont été pendant plus de 800 ans.

Roman Road Network
Réseau de routes romaines
Andrei Nacu (CC BY-SA)

En plus de permettre le déploiement rapide des troupes et, plus important encore, des véhicules à roues qui leur fournissaient vivres et équipements, les routes romaines permirent d'accroître les échanges commerciaux et culturels. Les routes étaient aussi l'une des façons dont Rome pouvait démontrer son autorité. C'est pour cette raison que de nombreuses routes commençaient et se terminaient par un arc de triomphe, et le prestige impérial associé à la réalisation du projet était démontré dans le fait qu'une route était très souvent nommée en l'honneur du magistrat qui l'avait financée; d'où, par exemple, la Voie Appienne qui tire son nom du censeur Appius Claude Caecus.

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Conception des routes et matériaux

Les routes principales étaient d'une largeur standard d'environ 4,2 m, ce qui était suffisant pour permettre aux véhicules à deux roues de se croiser. Les routes étaient finies avec une surface de gravier parfois mélangée à de la chaux ou, pour des sections plus prestigieuses comme près des villes, avec des blocs de pierre habillés de tuf volcanique, de pavés ou de pavés de basalte (silice) ou de calcaire. D'abord une tranchée était creusée et une fondation (rudus) était posée en utilisant du gravier rugueux, de la brique concassée, des matériaux d'argile ou même des pieux de bois dans les zones marécageuses, mis entre les bordures. En plus de cela, une couche de gravier plus fin était ajoutée (nucleus) et la route était ensuite recouverte de blocs ou de dalles (summum dorsum). Les routes de montagne pouvaient aussi avoir des nervures qui traversaient la surface pour donner aux gens et aux animaux une meilleure traction et avoir des ornières coupées dans la pierre pour guider les véhicules à roues.

Roman Road Surface
Surface de la voie romaine
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Les routes étaient délibérément légèrement inclinées depuis le centre vers le trottoir pour permettre aux eaux de pluie de s'écouler le long des flancs et, dans le même but, beaucoup avaient aussi des drains et des canaux de drainage. Un chemin de dense gravier pour les piétons se trouvait généralement de chaque côté de la route, d'une largeur variant de 1 à 3 mètres. Séparant le chemin de la route, la bordure était faite de dalles droites régulières. De plus, tous les 3-5 mètres, il y avait un bloc plus haut placé dans le trottoir, ce qui empêchait la circulation des véhicules à roues sur le sentier et permettait aux gens de monter leurs chevaux ou bêtes de somme. Les tronçons de routes principales les plus fréquentés avaient des zones où les voyageurs pouvaient s'arrêter, et certaines d'entre elles offriaient également des services aux voyageurs et à leurs animaux. Des bornes étaient également disposées à intervalles réguliers et celles-ci indiquaient souvent qui était responsable de l'entretien de ce tronçon de route et quelles réparations avaient été effectuées.

Ponts, viaducs et tunnels

Symboles durables de l'imagination des ingénieurs romains sont les nombreux ponts et viaducs arqués qui se dressent encore à travers l'empire. Depuis les premiers ponts comme le Ponte di Mele près de Velletri avec sa voûte simple et sa modeste portée de 3,6 m jusqu'au viaduc à 10 arcs de 700 m de long au-dessus de la rivière Carapelle, ces structures permirent d'atteindre l'objectif linéaire des ingénieurs. Les constructions romaines étaient réalisées pour durer, et les piles des ponts qui traversaient les rivières, par exemple, étaient souvent construites en forme de proue plus résistante et utilisaient des blocs massifs de pierre durables, tandis que les parties supérieures étaient soit construites en blocs de pierre renforcés avec des fixations en fer, utilisaient du béton et de la brique moins coûteuse, ou supportaient une superstructure plate en bois. Peut-être le pont le plus impressionnant de tous se trouvait à Narni. 180 m de long, 8 m de large et jusqu'à 33 m de haut, il avait quatre arcs semi-circulaires massifs, dont l'un, de 32,1 m est l'une des plus longues envergures de bloc d'arche du monde antique. Deux des meilleurs ponts survivants sont le pont Milvius à Rome (109 AEC) et le pont sur le Tage à Alcantara (106 AEC) à la frontière hispano-portugaise.

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Roman Bridge, Pont-Saint-Martin
Pont romain de Pont-Saint-Martin
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Les tunnels étaient une autre caractéristique essentielle du réseau routier si l'on voulait éviter de longs détours. Les plus importants sont trois tunnels construits au Ier siècle AEC: Cumaea, qui s'étendait sur 1 000 m de long, Cripta Neapolitano mesurant 705 m, et Grotta di Seiano 780 m de long. Les tunnels étaient souvent construits par excavation depuis les deux extrémités (contre-excavation), un exploit qui nécessitait évidemment une géométrie extrêmement précise. Pour s'assurer que les deux extrémités se rencontrent, des puits étaient parfois forés depuis le sommet pour vérifier l'avancement des travaux, et des puits pouvaient également être utilisés pour accélérer l'excavation et les travaux sur la roche sous deux angles différents. Néanmoins, lorsque l'on travaillait à travers des roches solides, les avancées étaient terriblements lentes, peut-être moins de 30 cm par jour, ce qui faisiat que les projets de tunnel duraient des années entières.

Conclusion

Les routes romaines étaient ainsi les artères de l'empire. Elles reliaient les communautés, les villes et les provinces, et sans elles les Romains n'auraient sûrement pas pu conquérir et contrôler les vastes territoires comme ils le firent pendant tant de siècles. De plus, les compétences en ingénierie et en arpentage des Romains furent telles que nombre de leurs routes ont servi de base à des centaines de routes d'aujourd'hui à travers l'Europe et le Moyen-Orient. De nombreuses routes en Italie utilisent encore le nom romain d'origine pour certains tronçons, et même certains ponts, comme celui de Tor Tre Ponti à Borgo Faiti, permettent la circulation routière aujourd'hui encore.

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Questions & Réponses

Quelle était la particularité des routes romaines ?

Les routes romaines avaient la particularité de tenter de relier deux endroits par une ligne directe. Cette stratégie permettait de voyager plus rapidement, mais la construction de telles routes était coûteuse lorsque les obstacles naturels nécessitaient des ponts et des tunnels.

Quelle est la route romaine la plus célèbre ?

La route romaine la plus célèbre est la Via Appia (voie appienne). Construite à partir de 312 avant J.-C. et couvrant 121 miles / 196 km (132 miles romains), elle reliait Rome à Capoue.

Citez deux faits concernant les routes romaines.

Les routes romaines couvraient un réseau de plus de 120 000 km (75 000 miles). La plupart des routes avaient une largeur d'environ 4,2 m, ce qui était suffisant pour permettre à deux véhicules de se croiser.

En quoi étaient construites les routes romaines ?

La plupart des routes romaines étaient construites en terre, avec une couche de gravier grossier et de briques concassées, et une couche supérieure de gravier plus fin. Les routes les plus prestigieuses avaient une surface supérieure constituée de blocs de pierre taillée, de pavés ou de dalles de tuf volcanique, de calcaire ou de basalte.

Quel fut l'impact des routes romaines ?

Les routes romaines permettaient aux gens de se déplacer beaucoup plus rapidement d'un endroit à l'autre, elles étaient également utilisées par les armées pour se déplacer rapidement à travers l'empire romain, et elles rapprochaient différentes cultures. De nombreuses routes romaines suivaient des itinéraires qui ont servi de base aux routes encore utilisées aujourd'hui et certaines d'entre elles portent encore le nom romain et passent même parfois sur des ponts romains.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2014, septembre 17). Routes romaines [Roman Roads]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-758/routes-romaines/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Routes romaines." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 17, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-758/routes-romaines/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Routes romaines." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 17 sept. 2014. Web. 20 déc. 2024.

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