Jules César : les vices cachés derrière le mythe

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Marc Hyden
de , traduit par Yves Palisse
publié le 24 juin 2015
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Le mois de mars dernier a marqué l'anniversaire de l'assassinat de Jules César, il y a plus de 2 000 ans. Or, deux millénaires plus tard, ses exploits légendaires résonnent toujours aussi puissamment dans la mémoire collective que par les siècles passés. Il jouissait jadis d'une telle vénération que dans l'Enfer de Dante, ses assassins se faisaient tourmenter par Lucifer en personne au neuvième (et dernier) cercle de l'enfer en compagnie de Judas l'Iscariote, ce qui en faisait les pires pécheurs de l'histoire de l'humanité. Jusqu'à Alexander Hamilton qui ne se faisait pas prier pour dire à qui voulait l'entendre : 'Jules César est le plus grand homme qui ait jamais vécu.' Se peut-il vraiment qu'il ait été un aussi grand homme?

Julius Caesar
Jules César
Georges Jansoone (CC BY-NC-SA)

Les signes avant-coureurs de sa personnalité

César vit le jour dans les bas-fonds de Rome, même s'il se disait en mesure de faire remonter sa lignée aux nobles fondateurs de la Cité et prétendait même descendre de la déesse Vénus. De par son génie, sa ténacité et sa propension à se laisser chroniquement submerger par les dettes, il réussit à gravir un à un les échelons de la carrière politique, appelée cursus honorum, pour se hisser au sommet du pouvoir.

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LE PRÉTEXTE OFFICIEL DE LA GUERRE CIVILE DANS LAQUELLE IL S'ENGAGea ÉTAIT DE GARANTIR LA JUSTICE AU PEUPLE, MAIS EN FAIT, IL S'AGISSAIT TOUT BONNEMENT DE S'EMPARER DU POUVOIR.

Cependant, les défauts dissimulés sous le vernis du charisme de César se manifestèrent très tôt dans sa vie. Ainsi, après avoir été capturé par des pirates, mis à rançon et libéré, il chercha à se venger, ayant de bonnes raisons pour cela. Après avoir capturé les pirates, il fit appel au gouverneur de la province romaine afin que justice soit rendue. Mécontent de la sentence les condamnant à l'esclavage, et au mépris de la loi, il les fit tous crucifier. Peu de temps après, il se trouva à nouveau contrarié, cette fois par la réaction de Rome face à la menace que faisait peser sur elle le belliqueux roi Mithridate. Alors, sans même se concerter avec les autorités de Rome ou en obtenir la moindre permission, il désobéit à nouveau et lança ses troupes contre les alliés de Mithridate.

César, le chef de guerre

Si Jules César était un chef militaire habile, dont les victoires s'étendaient de l'ile de Bretagne à l'Egypte, toutes ses guerres n'étaient pas justifiées pour autant. Il recherchait souvent des prétextes, même les plus douteux, pour se donner le droit d'attaquer, d'envahir et de conquérir de nouveaux territoires simplement dans le but de servir ses propres intérêts. Il prétendait fréquemment agir pour la sécurité de Rome, mais c'était le plus souvent très exagéré. Quelle sorte de menace l'ile de Bretagne pouvait-elle faire peser sur Rome, sachant que de nombreux Romains n'étaient même pas convaincus de son existence ?

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Alors que César ravageait des contrées entières, il ne se privait pas de mettre à sac des villes entières afin d'en extraire un butin, d'assassiner des femmes et des enfants, ou de vendre un nombre incalculable d'hommes en esclavage. Toutefois, lorsque la forteresse gauloise d'Uxellodunum finit par lui tomber entre les mains, César épargna la vie de ses habitants, mais leur fit couper les mains. Il disait avoir tué un million de personnes au cours de la seule guerre des Gaules, et pourtant il devait pertinemment savoir que conquérir, tuer et réduire en esclavage des personnes libres et innocentes était un acte immoral. Après tout, n'avait-il pas lui-même déclaré : 'En tout lieu, la nature humaine aspire à la liberté et déteste se soumettre à la domination d'autrui.'

Caesar in Gaul
César en Gaule
The Creative Assembly / SEGA (Copyright)

Le triumvirat

Lorsque César se vit mécontent de la situation politique figée de Rome, il fonda le premier triumvirat, un partenariat avec deux autres puissants acteurs politiques romains, Pompée et Crassus. Ce partenariat leur permettait de contrôler l'État par la violence et la corruption, tout en accordant à chacun de ses membres des fonctions publiques très lucratives et l'immunité contre toute sanction pénale. César achetait ouvertement l'électorat, les tribuns de la plèbe (les intouchables représentants du gouvernement) ou même les consuls (l'un des deux organes de l'exécutif). Bien entendu, cette pratique était à double sens, et César était tout à fait disposé à accepter des dessous de table, comme ce fut le cas pour le roi Ptolémée XII d'Égypte.

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Le Premier Triumvirat finit par s'effondrer, et sans la puissance collective du groupe derrière lui, César n'était plus en mesure de profiter de ces infinis privilèges. Après délibération, il franchit le Rubicon et envahit Rome afin de lui imposer sa volonté. Le prétexte pour cette guerre civile longue et ruineuse était de garantir la justice au peuple et de protéger sa dignitas (un concept romain similaire à l'honneur), mais en fait, il s'agissait tout bonnement de s'emparer du pouvoir. Cela n'avait rien d'étonnant, étant donné que son modèle était Alexandre le Grand, un homme que Marcus Tullius Cicero considérait comme un fléau international.

La guerre civile

Au cours de la guerre civile qui s'ensuivit, César s'efforça de se comporter de la façon la plus civilisée possible afin de gagner la bataille des relations publiques, mais il lui arrivait parfois de se relâcher. Il fit main basse sur le trésor romain, imposa des amendes aux villes qui s'opposaient à lui et se livra au pillage en règle des fermes du pays. Lorsque la ville de Gomphi refusa de lui ouvrir ses portes, il y pénétra de force. Il autorisa ses soldats à tuer un grand nombre d'hommes et à violer leurs femmes dans le but de remonter le moral de l'armée et de produire une impression indélébile sur les Grecs.

Alors que la guerre civile touchait à sa fin, il pardonna à nombre de ses ennemis, mais la république et la constitution romaine furent détruites. Il devint dictateur à vie et praefectus morum (maître de la moralité), un choix intéressant pour quelqu'un qui n'avait aucun scrupule à assassiner des enfants innocents, à faire mutiler une ville entière ou à emprunter un certain nombre des femmes de ses amis. Il prohiba les produits exotiques et fit même procéder à des perquisitions dans des résidences privées pour y faire saisir les articles de contrebande. Il imposa des règles de moralité alors qu'il en faisait fi ouvertement. Il ne remboursa jamais les énormes dettes qu'il avait contractées alors même qu'il obligeait les autres à rembourser leurs emprunts jusqu'au dernier sou. À ce moment-là, cela faisait déjà longtemps qu'il n'y avait plus rien d'étonnant à le voir s'exempter du respect dû aux lois dans la mesure où il avait bâti sa longue carrière sur cette notion même, souvent à la pointe du glaive.

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La dictature

Il organisait pour son propre compte des festivités d'un luxe inouï, et lorsque trois de ses soldats se révoltèrent et lui reprochèrent sa prodigalité, il en fit exécuter un et tuer les deux autres en sacrifice au dieu Mars. César exposa ensuite publiquement leurs têtes près de la Regia, un temple romain longeant la voie sacrée. Son ego démesuré allait continuer à se développer de façon incontrôlable. Il accepta un trône en or pour marquer son siège au Sénat, permit qu'un culte lui soit dédié, fit de son anniversaire une fête nationale et rebaptisa même un mois du nom de sa famille - Julius (juillet).

Le fait qu'un père fondateur américain comme Alexander Hamilton considère Jules César comme le plus grand homme qui ait jamais vécu démontre sa profonde méconnaissance du sujet. En effet, la Constitution des États-Unis a été calquée sur la République romaine, or César avait remplacé la constitution romaine par un système autocratique qui devait perdurer pendant des siècles. César se serait même exclamé un jour : 'la république n'est rien, juste un nom sans substance ni forme.'

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Bibliographie

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Traducteur

Yves Palisse
Linguiste passionné d'Histoire, Yves P Palisse est un traducteur indépendant possédant des années d’expérience dans les domaines de la traduction, de l’analyse des médias et du service à la clientèle. Après avoir beaucoup voyagé dans toute l'Europe, Il a fini par poser ses bagages à londres en 1999. Il a une passion pour les sciences humaines, le droit et la justice sociale.

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Hyden, M. (2015, juin 24). Jules César : les vices cachés derrière le mythe [Julius Caesar: The Faults Behind the Myth]. (Y. Palisse, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-807/jules-cesar--les-vices-caches-derriere-le-mythe/

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Hyden, Marc. "Jules César : les vices cachés derrière le mythe." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. modifié le juin 24, 2015. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-807/jules-cesar--les-vices-caches-derriere-le-mythe/.

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Hyden, Marc. "Jules César : les vices cachés derrière le mythe." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 24 juin 2015. Web. 21 nov. 2024.

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