La révolte des Maccabées, qui se déroula de 167 à 160 avant notre ère, est un soulèvement juif en Judée contre la répression de l'Empire séleucide. La révolte était dirigée par un prêtre de campagne appelé Mattathias et ses partisans militaires furent connus sous le nom de Maccabées. Avec succès, Jérusalem fut capturée et le Temple de Jérusalem fut reconsacré, un acte encore commémoré aujourd'hui lors de la fête juive de Hanouka.
L'empire séleucide
Après la mort d'Alexandre le Grand, son royaume fut divisé en quatre : l'Égypte, l'empire séleucide, le royaume de Pergame et la Macédoine (incluant la Grèce). L'Égypte, gouvernée par Ptolémée Ier Sôter, permit au judaïsme de Jérusalem de s'épanouir sans trop d'intervention au IIIe siècle av. JC. Cependant, au cours du IIe siècle av. JC, les Séleucides, ayant acquis la domination de la Judée, voulurent imposer leur domination sur l'Égypte et les Juifs.
Les Juifs sous la domination ptolémaïque
Au IIe siècle av. JC, théocratie et politique étaient étroitement liées à Jérusalem. La structure sociale de Jérusalem était dirigée par l'aristocratie juive comme les prêtres et les grands prêtres. Bien que l'hellénisme, qui s'était répandu au IIIe siècle av. JC après les conquêtes d'Alexandre, fut la culture dominante en Judée et que le mode de vie grec imprégnait la région, la communauté juive, elle, restait fidèle à ses propres pratiques. Elle ignorait largement l'hellénisme et, sous Alexandre et les Ptolémées, elle était respectée. Les Ptolémées accordèrent au peuple juif ses droits civils et celui-ci vécut en paix sous leur règne.
Le Second Temple de Jérusalem était la structure la plus importante pour l'ensemble de la communauté juive. C'était le centre social et religieux du peuple juif, sans parler des avantages économiques liés au commerce dans le Temple. Mais, plus important encore, il était considéré comme un signe de la présence de Dieu parmi eux. Ce sentiment d'être élu, de faire partie des élus, était crucial pour la conscience de soi des Juifs.
Prise de pouvoir par les Séleucides
En 198 av. JC, toute la bonne volonté de la communauté juive à l'égard du corps gouvernant se transforma en haine lorsque l'Empire séleucide battit les Ptolémées et prit le contrôle de toute la Judée. L'expansion de l'empire séleucide s'accompagna d'un développement de la notion d'hellénisme. Sous le règne d'Antiochos III, les Séleucides contrôlaient une grande partie de la péninsule arabique, convertissant de force une grande partie de sa nouvelle population à la culture et à la religion grecques, et l'intention de cette hégémonie se poursuivit avec la prise de Jérusalem. Antiochos voulait helléniser la communauté juive. Son objectif était de supprimer toute caractéristique du judaïsme qui pourrait le distinguer de la religion grecque et des autres religions monothéistes acceptées. En raison des avantages de la culture grecque, qui comprenait l'intégration économique entre tous les États grecs, et de la pression du régime, de nombreux Juifs acceptèrent l'hellénisme.
Les relations déjà tendues entre le peuple juif pieux qui n'acceptait pas l'hellénisme et l'empire séleucide furent brisées lorsqu' Antiochos IV Épiphane adopta la politique d'hellénisation universelle de son père, mais la porta à de nouveaux sommets. Alors qu'Épiphane apprit d'Alexandre le Grand de Macédoine et aspirait à voir son nom figurer à ses côtés dans les livres d'histoire, il devait se distinguer de ses prédécesseurs. Le meilleur moyen d'y parvenir, pensait-il, était d'imposer la culture grecque à l'ensemble de la population juive, un exploit qui avait jusqu'alors échappé à tous. Il accepta un pot-de-vin et approuva l'accession de Jason, de la famille Oniad, au poste, désormais de facto, de grand prêtre.
Antiochos utilisa le pouvoir de Jason en tant que Grand Prêtre sur le peuple juif pour construire un gymnase juste à l'extérieur du Temple, renforçant ainsi la culture grecque au cœur de la communauté juive. Ce gymnase était un symbole de l'hellénisme grec et sa présence à l'extérieur du Temple montrait à la communauté juive qui était le chef. L'idée hellénistique de la masculinité était illustrée par la règle selon laquelle il fallait être nu pour entrer dans le gymnase. La nudité en public étant strictement interdite par les lois juives, toute personne juive qui entrait dans le gymnase violait les lois de l'alliance. L'État le comprit et imposa donc à tous ceux qui en avaient les moyens d'y aller au moins une fois.
C'était là une façon de rendre l'État plus grand et plus puissant que toute autre religion autre que le polythéisme grec, et de nombreux Juifs se rallièrent donc au régime et l' acceptèrent. Antiochos, encouragé par son succès au gymnase, décida d'exercer une pression encore plus forte contre la religion juive. Une rébellion de courte durée eut lieu et, lorsqu'elle fut réprimée, les vues d'Antiochos se durcirent. Il profana le Temple, le vandalisa et érigea une idole sur l'autel. Il rendit ensuite illégales certaines pratiques telles que la circoncision et le sabbat. Des autels aux dieux et aux idoles grecques furent placés dans chaque ville et ceux qui ne les priaient pas et ne se convertissaient pas à la pratique du judaïsme étaient mis à mort.
La rébellion
Bien qu'une grande partie de la communauté juive ait été, à ce stade, hellénisée, la persécution du peuple juif et la destruction de la pratique du judaïsme unirent le peuple juif en Judée. Le peuple juif avait besoin de quelqu'un pour le diriger. Lorsqu'Antiochos envoya certains de ses officiers dans la ville de Modiin pour imposer sa tyrannie et faire appliquer les lois oppressives qu'il avait mises en place, il fut accueilli par un prêtre de campagne juif local nommé Mattathias. Cette rencontre s'avéra être de très mauvais augure. Le prêtre de campagne reçut l'ordre de remplir son devoir envers l'État et d'être le premier à sacrifier un animal sur l'autel d'une idole. Il refusa et lorsqu'un autre Juif s'avança pour le faire, il assassina l'officier. Détruisant l'idole, Mattathias prêcha : "Ceux qui sont enflammés d’une ardeur jalouse pour la Loi, et qui soutiennent l’Alliance, qu’ils sortent tous de la ville à ma suite !" (I Maccabées 2:27).
Le peuple juif avait enfin son chef. Lui et ses cinq fils, Jean, Simon, Judas, Éléazar et Jonathan, rallièrent la population juive. En 167 av. JC, le peuple juif se souleva, avec Mattathias en tant que chef. Peu après 167 av. JC, la famille de Mattathias fut connue sous le nom de Maccabées ou le marteau. Ils recrutèrent des Juifs costauds en chemin et commencèrent une guérilla en s'emparant des villages du nord de la Judée. Ils démolirent les autels des idoles et tuèrent ceux qui les vénéraient, même de nombreux Juifs hellénistes. Mattathias mourut en 166 av. JC mais juste avant de mourir, il laissa à Judas le commandement de son armée.
Antiochos avait sous-estimé la gravité de la rébellion ainsi que la taille et la force de l'armée juive. Au lieu de les écraser avec toute la force de ses armées, il lança sur eux ses généraux les moins efficaces. Judas, un général militaire sage et courageux, les vainquit sans aucune difficulté. Antiochos fut ridiculisé. En réaction, il entreprit d'exterminer la population juive de Judée. Antiochos envoya son plus glorieux général, Lysias, et environ 60 000 soldats séleucides pour tenter de le faire.
La Judée fut fortement dépassée en nombre. Cependant, la familiarité des juifs avec le terrain de la Judée fut un énorme avantage pour l'armée juive. Grâce aux légères collines et à leur connaissance supérieure de la région, ils déjouèrent les manœuvres des Séleucides et les éliminèrent lentement. Finalement, ils en arrivèrent à la l'affrontement direct. Judas avait rassemblé 7 000 rebelles juifs supplémentaires, mais ils étaient toujours en infériorité numérique d'au moins cinq contre un. Alors que Judas se tenait là, regardant les masses, l'histoire raconte qu'il pria Dieu pour la victoire. Le peuple juif surmonta l'énorme différence d'effectifs pour remporter une victoire presque impossible sur l'empire séleucide et sur Antiochos.
Après la défaite, les armées d'Antiochos étaient dévastées. Ils se firent face à nouveau lorsque l'armée de Judas arriva aux portes de Jérusalem, mais la bataille fut beaucoup plus courte. Les Séleucides avaient perdu tout espoir alors que Judas chassait l'ennemi de la ville sainte. L'armée juive avait vaincu Lysias. Lorsque Judas et ses frères se rendirent au Temple, il vit la destruction et la souillure qu'Antiochos y avait causées et fut accablé de chagrin (I Maccabées 4:36-40). Le 25 décembre 165 av. JC, après des mois de travail de déblaiement et de nettoyage, le Temple fut enfin reconsacré à Dieu. Les célébrations se poursuivirent pendant huit jours, comme c'est le cas aujourd'hui avec la fête de Hanouka.
Retombées
Les Maccabées avaient accompli leur quête de liberté religieuse et s'attaquèrent à l'indépendance politique. Bien que le peuple juif ait soutenu leur combat contre les chaînes de la déségrégation religieuse, ils n'étaient pas pour autant convaincus de l'influence politique et culturelle des Maccabées. Le mode de vie hellénistique était déjà ancré dans le peuple juif. Cependant, après que les Maccabées eurent conquis l'ensemble de la Judée et imposé l'effondrement du royaume séleucide en Palestine, le peuple juif s'imposa en tant que groupe autonome. La Judée était désormais libérée de la domination séleucide, cela fut confirmé à la mort d'Antiochos VII en 129 av. JC. Le peuple juif était désormais satisfait du nouvel objectif politique des Maccabées. Bien qu'aucun frère de Judas n'ait survécu (Simon, dernier chef des Maccabées, mourut en 134 av. JC), leur ambition était toujours florissante.
Il n'y a pas de consensus général sur la nature de la révolte. Certains y voient une guerre civile économique et religieuse, les Juifs hellénisés soutenus par les Séleucides contre les fervents qui ne pouvaient que se tourner vers leur religion. D'autres pensent qu'il ne s'agit pas d'une victoire de classe, mais d'un exemple de réussite dans la lutte contre l'oppression perçue. Le résultat, cependant, est le même: la formation de la dynastie hasmonéenne, une domination juive autonome sur la Palestine qui durera une génération. Tous les espoir de la monarchie juive étaient réalisés. Il en allait de même pour la liberté de pratiquer la religion juive. Cette expérience sera essentielle dans l'histoire du peuple juif, en particulier à Jérusalem au siècle suivant.