La Synagogue Antique en Israël & dans la Diaspora

10 jours restants

Investissez dans l'enseignement de l'Histoire

En soutenant notre organisation reconnue d'utilité publique, World History Foundation, vous investissez dans l'avenir de l'enseignement de l'Histoire. Votre don nous aide à transmettre à la nouvelle génération les connaissances et les compétences dont elle a besoin pour comprendre le monde qui l'entoure. Aidez-nous à démarrer la nouvelle année prêts à publier des contenus historiques fiables et gratuits pour tous.
$3029 / $10000

Article

Dana Murray
de , traduit par Jerome Couturier
publié le 08 décembre 2015
Disponible dans ces autres langues: anglais
Écouter cet article
X
Imprimer l'article

Aspect unique et fondamental de la société juive antique, tant en Israël que dans la diaspora, la synagogue représente à l'époque une forme de culte inclusive et localisée qui ne se fixa pas jusqu'à la destruction du Temple en 70 ap. J.-C. Dans l'Antiquité, il existait une variété de termes pour représenter la structure, bien que certains d'entre eux n'étaient pas exclusifs à la synagogue et pouvaient faire référence à autre chose, comme un temple par exemple. Ces termes incluent proseuchē, qui signifie en grec "maison ou salle de prière"; synagogē, "lieu de rassemblement"; hagios topos, "lieu saint"; qahal, qui signifie en hébreu "assemblée"; et bet knesset ou bet haknesset, qui signifie "maison de rassemblement". Le terme le plus ancien, proseuchē, tient son origine dans l'Égypte hellénistique du 3ème siècle av. J.-C., et identifie clairement une caractéristique clé de la structure: la prière. Bien que la lecture de la Torah distinguait la synagogue des autres bâtiments publics ou lieux de culte, comme le Temple avant elle, la Torah n'était pas la seule caractéristique définissant la synagogue. D'autres traits distinctifs comprenaient les activités qui s'y déroulaient, ainsi que l'art et l'architecture des structures elles-mêmes.

Kfar Bar'am Synagogue
Synagogue de Kfar Bar'am, Nord Israël
MASQUERAID (CC BY-SA)

Rôle de la Synagogue Antique

Les documents épigraphiques et littéraires suggèrent que les actes judiciaires, les archives, les trésors, les prières, les jeûnes publics, les repas communautaires et l'hébergement des Juifs en déplacement étaient tous associés à la synagogue antique. La lecture publique et l'enseignement de la Torah avaient la priorité sur tout le reste en fournissant l'activité liturgique qui distinguait la synagogue, mais celle-ci était bien plus qu'une institution religieuse et doit être considérée comme nettement différente de son prédécesseur, le Temple.

Supprimer la pub
Publicité
À LA DIFFERENCE DE L'EXCLUSIVITÉ DU RITUEL DU TEMPLE, LES PARTICIPANTS DE LA SYNAGOGUE ANTIQUE ÉTAIENT IMPLIQUÉS DANS L'EXÉCUTION ET LA CONDUITE DES CÉRÉMONIES, LA RÉCITATION DES PRIÈRES ET LA LECTURE DE LA TORAH.

À la suite de la destruction du Second Temple et avec l’essor du Judaïsme rabbinique, une forme de culte plus démocratique commença à se développer, de même que des concepts tels que l’urbanisation et l’institutionnalisation, qui se répandirent dans tout l’Empire romain, puis byzantin. Avec la fin de la période du Second Temple, la pratique du sacrifice prit fin, et ainsi la lecture de la Torah combla ce vide. En conséquence, l’Arche des rouleaux et le sanctuaire de la Torah se développèrent, devenant finalement le point central de la synagogue, représentant un symbole de survie et de préservation. Presque toutes les synagogues antiques en terre d’Israël présentent des traces et des fragments de sanctuaire de la Torah, soit sous la forme d’une plate-forme surélevée servant de base à l’édicule, soit sous la forme d’une niche ou d’une abside. Ces éléments démontrent l'importance du sanctuaire de la Torah comme l'un des rares éléments constants au sein de la synagogue antique. Cependant, l'apparition du sanctuaire de la Torah n'était pas le seul trait nouveau accompagnant l'essor du Judaïsme rabbinique. À la différence de l'exclusivité du rituel du Temple, qui se déroulait par l'intermédiaire des prêtres, les participants de la synagogue antique étaient impliqués dans l'exécution et la conduite des cérémonies, la récitation des prières et la lecture de la Torah. Une nouvelle nature participative du culte se développait pendant cette période, préservée à travers les vestiges architecturaux.

À mesure que la classe rabbinique gagnait en puissance, des critères pouvant être considérés comme "non religieux" commencèrent à tomber sous le contrôle des rabbins, et par conséquent, du domaine "religieux". Pour ce qui concernait les questions juridiques, les cas tannaïtiques (relevant des rabbins) pouvaient se rapporter aux règlements pour divorce/veuvage, aux dommages et intérêts pour humiliation publique, aux actes du jour du sabbat, etc. Bien que d'autres instances étaient disponibles pour résoudre les questions juridiques, les juges rabbiniques constituaient une alternative, apparemment populaire. En général, l'activité juridique rabbinique tournait autour des questions de propriété et de famille, lesquelles recoupaient parfois la loi rituelle (comme dans Deutéronome 5-10) et la halîsâ, cérémonie concernant l'obligation pour un homme d'épouser la veuve sans enfants de son frère. En fait, dans la synagogue antique, la séparation des fonctions religieuses et non religieuses n'est pas aussi claire qu'on pourrait le supposer, hormis la lecture et l'étude de la Torah. Qu'elles aient été séparées ou non, les activités religieuses et non religieuses affectées à la synagogue prirent naissance en réponse aux exigences communautaires, leur répartition variant à travers le monde antique, à l'exception de l'étude de la Torah, autour de laquelle tournait l'objectif ultime de la synagogue.

Supprimer la pub
Publicité

Du fait de la prédominance de la Torah dans les pratiques de la synagogue, il semble logique qu'elle devienne un motif populaire avec l'essor de l'art juif dans l'Antiquité tardive, et c’est précisément ce que l'Arche de la Torah devait devenir. Cependant, sa prédominance devait s'exprimer également par d'autres moyens, comme par exemple par le développement du sanctuaire de la Torah dans la synagogue, comme point focal et affirmation physique de la lignée religieuse et historique judéenne. Au-delà du sanctuaire de la Torah cependant, l'ancienne synagogue devait en venir à développer des éléments et des caractéristiques supplémentaires reflétant les besoins et les pratiques de la communauté. Tout cela est visible dans les vestiges archéologiques.

Forme & Structure de la Synagogue Antique

Contrairement au Temple ou au Tabernacle (sanctuaire portatif utilisé dans le désert), une synagogue pouvait être établie n’importe où, car on n'estimait pas qu’elle avait été ordonnée par Yahweh (Dieu). Pourtant, des sources comme les Sages (Hazal), suggèrent un certain niveau de sainteté dans la synagogue lorsqu’elles soulignent l’importance des Écritures, et l’apparition du Tabernacle dans l’art synagogal peut également représenter un "sceau d’approbation" ou de sainteté. Il est important de se rappeler cependant, que bien que la synagogue représentait pour la communauté bien plus qu’un lieu de culte ou de prière, elle n’était considérée comme "sainte" ou "sacrée" qu’en présence de la Torah.

Supprimer la pub
Publicité

Comme les synagogues n’étaient pas limitées à un emplacement spécifique, et comme il n’existait pas de conception ou de plan uniforme, la communauté était libre de construire les structures en fonction de ses propres exigences locales. Ainsi, elles pouvaient être situées au bord de la mer, le long d’une rivière, dans le centre-ville ou dans des quartiers d’habitation. La seule caractéristique commune que l’on trouve concernant leur emplacement est la commodité pour la communauté, à la fois pour les activités commerciales et communautaires.

La synagogue doit être considérée comme un médiateur physique entre l'individu et la communauté dans son ensemble. En tant qu'espace public, la synagogue devint un point central du Judaïsme, tout comme le Temple avant 70 ap. J.-C. En tant que structure, la synagogue antique pouvait être constituée d'un seul bâtiment public ou d'un complexe comprenant des salles et des cours, et la disposition de chaque bâtiment variait. Les restes de salles supplémentaires, ainsi que de fontaines, de citernes et de bassins, démontrent plusieurs caractéristiques de la communauté locale de Judée dans laquelle le bâtiment avait été établi. Une fois de plus, les exigences locales influencaient la conception et la fonction de la synagogue au sein de chaque communauté individuelle, et c'est à l'examen des vestiges que l’on peut discerner les besoins particuliers de la communauté. Par exemple, la présence de salles supplémentaires suggère diverses possibilités. La première évoque des services de logement ou d'auberge dans lesquels la synagogue offrait un hébergement temporaire aux voyageurs, aux pèlerins ou à son personnel. L'apparition de pièces supplémentaires peut également indiquer l'existence d'une salle à manger, d'une école, de bains rituels (miqva'ot) ou d'un espace supplémentaire pour des évènements tels que la nouvelle lune ou le sabbat.

En l'absence d'un plan universel, il est clair que chaque communauté appréciait et demandait des caractéristiques architecturales ou fonctionnelles différentes, et que la conception d'une synagogue était décidée par les dirigeants de la communauté plutôt que selon une norme établie. Cela étant dit, comme le sanctuaire de la Torah était situé le long du mur orienté vers Jérusalem à l'intérieur de toutes les synagogues antiques, on peut raisonnablement penser qu'un Juif voyageant d'Ostie à Ein Gedi devait se sentir à l'aise dans une synagogue étrangère, du moins pour ce qui concernait la caractéristique fondamentale, à savoir la Torah.

Supprimer la pub
Publicité

Diaspora Synagogues (1st - 2nd centuries CE)
Carte des Synagogues dans l'Antiquité (1er-2ème siècle ap. J.-C.)
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Synagogue Antique dans la Diaspora

On a accordé beaucoup d’attention aux synagogues d’Israël antique jusqu’à présent, mais on peut tirer les mêmes conclusions pour l’essentiel pour la synagogue de la diaspora. Les membres de la diaspora connurent une déconnexion d’avec le Temple bien avant 70 ap. J.-C. Ainsi, des aménagements et des modes de culte supplémentaires se développèrent pour ceux qui ne pouvaient pas faire le pèlerinage au Temple. Malheureusement, les seuls sites que l’on puisse dater archéologiquement d’avant le 2ème siècle apr. J.-C. sont les synagogues de Délos et d’Ostie; il est probable que l’architecture des synagogues n’avait pas encore atteint un niveau distinctif avant cette époque. Étant donné que plusieurs synagogues de la diaspora commencèrent en tant que structures domestiques, n’acquérant que plus tard des caractéristiques monumentales, cette théorie est particulièrement convaincante.

La fonction et le style de la synagogue de la diaspora ne sont pas différents de ceux de la synagogue d’Israël antique. Comme leurs homologues en Israël, les synagogues de la diaspora présentent quelques variations de style et de contenu artistique, mais une tradition commune et partagée semble avoir influencé les Juifs partout dans le monde. On trouve peu de constance en termes d’emplacement, mais cette irrégularité est une tendance partagée par les synagogues d’Israël et celles de la diaspora. Le seul caractère que les sites partagent est la commodité qu’ils offrent à la communauté, à la fois d’un point de vue commercial et communautaire. À part cela, l’emplacement peut témoigner de l’importance et de l’acceptation sociale de la communauté juive locale, en particulier dans la diaspora. Par exemple, dans une ville métropolitaine comme Alexandrie, la découverte d’une synagogue dans le centre-ville ou le long de la rue centrale suggérerait un niveau élevé d’acceptation de la communauté judéenne par la population générale. L’importance de la communauté devait aussi se refléter par l’existence de la synagogue, à la fois dans sa conception et dans son entretien, car elle devait demander des dépenses importantes de la part de la communauté juive elle-même. Il est intéressant de noter que les inscriptions suggèrent que ce n'étaient pas seulement les Juifs, mais aussi des non-Juifs, qui faisaient des dons à la synagogue, peut-être en accomplissement d’un vœu. Dans certaines circonstances, certains Chrétiens préféraient même assister aux services de la synagogue plutôt qu’à ceux de leur église, comme ce fut le cas à Antioche.

Mis à part l’emplacement et simplement l’existence de la synagogue, l’orientation de l’intérieur témoigne d’une expression universelle de loyauté, car toutes les synagogues de l’Antiquité étaient orientées vers Jérusalem. Cela suggère une préservation de la mémoire du Temple ainsi que de l’histoire des Juifs en général. Chaque synagogue étant orientée vers Jérusalem, la communauté se voyait rappeler le Temple ainsi que sa destruction. Le mur orienté vers Jérusalem devint un mémorial qui se retrouvait partout. C'était le long de ce mur que se trouvait le sanctuaire de la Torah, et malgré des variations de style (en édicule, niche ou abside), le sanctuaire de la Torah était le point central de chaque synagogue, marquant un changement de signification pour l'institution après 70 ap. J.-C. en lui conférant un caractère sacré ou saint.

Supprimer la pub
Publicité

Outre la présence de la Torah, une autre caractéristique était largement répandue dans les synagogues d’Israël et de la diaspora: le souci de pureté. Tout comme il dominait le Judaïsme du Temple, avec le sacrifice, le souci de pureté persistait et se reflétait dans l’architecture des synagogues. La nécessité de disposer d'installations d'eau, qu'elles aient été intégrées dans la conception sous la forme d'une fontaine ou d'un bassin, ou que la synagogue ait simplement été située près d'un plan d'eau, était largement établie, tant en Israël qu'en diaspora. Si l'on a trouvé peu de vestiges de miqva’ot près des synagogues de la diaspora, ceux-ci étaient parfois présents dans l’Israël antique, peut-être comme une tradition persistante du Temple. Par contre, des fontaines, des citernes ou des bassins, étaient souvent situés dans la cour ou l’entrée de la synagogue de la diaspora, ce qui suggère une fonction similaire à celle des miqva’ot, conforme au Taharot (6ème ordre de la Michna). Le Taharot est une compilation de textes, postérieure à 70 ap. J.-C., ayant pour objet les lois concernant la pureté, la propreté et l’impureté. L’existence de telles préoccupations suggère que la synagogue représentait plus qu’un centre communautaire, tandis que l’inclusion de salles supplémentaires ainsi que des inscriptions indiquent que la synagogue était plus qu’une institution religieuse. Le fait que ces caractéristiques soient répandues dans tout le monde juif antique, à la fois en Israël et dans la diaspora, démontre l’étendue et la diversité des expressions de l’identité juive en réponse aux influences et aux traditions locales.

Conclusion

En fin de compte, la synagogue gagna en popularité après la destruction du Temple, permettant à la prière et à l’étude de remplacer les pratiques sacrificielles comme moyen de servir Dieu. Contrairement au Temple, la participation à la synagogue était ouverte aux membres de la communauté, et ceux-ci étaient invités par les dirigeants de la synagogue à lire les Écritures et même à prêcher. Bien que la lecture de la Torah soit devenue la caractéristique principale de la synagogue, comme en témoigne l’inclusion universelle du sanctuaire de la Torah dans les vestiges archéologiques, la synagogue représentait bien plus qu’une maison de prière. C'était aussi une institution pour l’enseignement, l’hébergement, les repas en commun, les jeûnes publics, les procédures judiciaires, les flagellations publiques, les éloges funèbres, les mariages, etc. La synagogue représentait essentiellement un centre communautaire, une institution qui se développa dans diverses communautés juives à travers le monde antique en réponse aux besoins et préférences sociales locales. En conséquence, la synagogue se développa sous la forme d'une salle de réunion, et bien que les conceptions architecturales puissent varier, des éléments caractéristiques tels que le sanctuaire de la Torah aident à l'identification dans les vestiges archéologiques. En outre, la variété des conceptions architecturales révéla que l'existence d'un culte uniforme ne nécessitait pas un espace uniforme.

Supprimer la pub
Publicité

Bibliographie

World History Encyclopedia est un associé d'Amazon et perçoit une commission sur les achats de livres sélectionnés.

Traducteur

Jerome Couturier
Je suis médecin, spécialisé en Génétique. J'aime l'Histoire et l'Antiquité depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours eu un interêt pour la recherche dans divers domaines scientifiques, dont l'archéologie.

Auteur

Dana Murray
Doctorante intéressée par l'art, l'architecture et la religion de la Grèce antique et du Proche-Orient.

Citer cette ressource

Style APA

Murray, D. (2015, décembre 08). La Synagogue Antique en Israël & dans la Diaspora [The Ancient Synagogue in Israel & the Diaspora]. (J. Couturier, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-828/la-synagogue-antique-en-israel--dans-la-diaspora/

Style Chicago

Murray, Dana. "La Synagogue Antique en Israël & dans la Diaspora." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. modifié le décembre 08, 2015. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-828/la-synagogue-antique-en-israel--dans-la-diaspora/.

Style MLA

Murray, Dana. "La Synagogue Antique en Israël & dans la Diaspora." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 08 déc. 2015. Web. 21 déc. 2024.

Adhésion