Bataille de l'Allia

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Article

Ludwig Heinrich Dyck
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 07 août 2018
Disponible dans ces autres langues: anglais
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La bataille de l'Allia, en 390 avant notre ère, opposa la cité-État de Rome aux Gaulois du nord de l'Italie. Lorsque les Gaulois assiégèrent la ville étrusque de Clusium (actuelle Chiusi), les Romains intervinrent en faveur de cette dernière. Les Gaulois se retirèrent mais revinrent pour avancer sur Rome à proprement parler. Près de Rome, à la rivière Allia, l'armée romaine fit face aux Gaulois mais subit une défaite écrasante.

Prologue

Entre 1000 et 500 avant notre ère, l'expansion progressive des tribus celtes d'Europe centrale transforma la majeure partie de l'Europe occidentale en un monde celtique. Attirées par les richesses des terres méditerranéennes, des tribus de Celtes s'aventurèrent dans la plaine du nord de l'Italie, où elles prirent le nom de Gaulois ou de tribus galliques. Après 400 ans avant notre ère, les Gaulois commencèrent à prendre les terres qu'ils convoitaient par la force en conquérant la mosaïque de cultures qui vivaient dans la vallée du Pô.

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Gallic Warriors
Guerriers gaulois
The Creative Assembly (Copyright)

En 391, Brennus, chef des Sénones, conduisit une armée gauloise vers le sud de l'Étrurie où il assiégea la ville de Clusium. Clusium faisait partie de la civilisation étrusque qui s'épanouissait au nord de la puissante cité-État de Rome. Cependant, les Étrusques étaient politiquement divisés et, comme les autres cités étrusques ne lui apportaient aucune aide, Clusium fit appel à Rome pour obtenir de l'aide. Rome envoya alors les Fabii, les fils de l'influent patricien Fabius Ambustus, en tant qu'émissaires auprès de Clusium.

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Les Fabii demandèrent aux Gaulois ce qui leur donnait le droit d'envahir les terres étrusques. Les Gaulois répondirent "qu'ils portaient leur droit dans leurs armes" (Tite-Live, Histoire de Rome, 5. 36). Confrontés aux propos des Gaulois, les Fabii entraînèrent les Clusiens dans un repli hors de la ville. Brennus fut sidéré de voir l'un des Fabii tuer un chef gaulois; un ambassadeur avait scandaleusement brisé la paix. Ne sachant que faire face à l'agression romaine, Brennus ramena son armée sur ses terres sénones.

Les chefs gaulois tinrent des conseils pour déterminer comment traiter les Romains. Leur fierté avait été piquée au vif et c'était sans aucun doute surtout les jeunes nobles qui appelaient à la guerre. Mais ce fut le sang-froid des anciens qui l'emporta. Des ambassadeurs gaulois furent envoyés à Rome et ils demandèrent au Sénat de remettre les Fabii aux Gaulois. Bien que le Sénat et les Fétiaux (les prêtres gardiens de la paix) aient été favorables aux Gaulois, le père des Fabii eut plus d'influence. Non seulement les Fabii ne se rendirent pas, mais ils furent élus tribuns consulaires et se virent confier le commandement de l'armée. Insultés, les envoyés gaulois menacèrent de faire la guerre et s'en allèrent.

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Map of Celtic Expansion - 6th-3rd century BCE
Carte de l'expansion celtique - VIe-IIIe siècle avant notre ère
Alexikoua (CC BY-SA)

Les armées s'affrontent

Les négociations se poursuivirent tout au long de l'hiver. Au printemps 390, des avertissements parvinrent à Rome en provenance de Clusium indiquant qu'une grande armée de Gaulois dirigée par Brennus se dirigeait rapidement vers Rome. Les Gaulois épargnèrent la plupart du temps les campagnes des voisins de Rome, affirmant que leur objectif n'était autre que la ville de Rome. Les Romains ne s'inquiétèrent pas, estimant que leurs légionnaires feraient plus que le poids face à des "barbares" culturellement inférieurs. Le 18 juillet, l'armée romaine fit face aux Gaulois à onze miles (18 km) de Rome. Les Gaulois se trouvaient sur la rive gauche du Tibre, près de son confluent avec l'Allia, une rivière plus petite. L'Allia se trouvait derrière les Gaulois, avec des collines à leur gauche et les méandres du Tibre à leur droite.

L'épine dorsale de l'armée romaine, forte de 15 000 hommes, était la légion. Les 6 000 citoyens romains de la légion combattaient en phalange d'hoplites, une tactique largement utilisée en Grèce et en Étrurie. Les hoplites étaient des fantassins lourds, équipés d'un casque, d'une cuirasse, de jambières et d'un bouclier rond en bronze. Leurs armes étaient la lance et l'épée. La phalange de boucliers et de guerriers en armure armés de lances, donnait l'image d'une force inébranlable. À la légion s'ajoutaient les troupes légères romaines et 600 cavaliers, ainsi que les soldats des colonies alliées.

Les cheveux ramenés en arrière telle la crinière d'un cheval, souvent complètement nus, criant et brandissant leurs armes, les grands guerriers gaulois offraient un spectacle effrayant.

Plus de 30 000 Gaulois faisaient face aux Romains. Presque tous les Gaulois étaient des fantassins légers, protégés uniquement par un bouclier oblong d'une longueur d'une verge et éventuellement par un casque. Ce dernier était décoré de cornes, de cimiers en forme d'animaux ou du symbole celtique de la guerre, la roue. Seuls les nobles gaulois pouvaient s'offrir des chemises de mailles ou des cuirasses rondes. Ils arrivaient en char, mais combattaient à pied ou à cheval. Les Gaulois maniaient l'épée, la lance, la hache, le javelot ou la fronde. Avec leurs cheveux ramenés en arrière comme la crinière d'un cheval et leurs moustaches tombantes, le haut du corps découvert ou complètement dénudés, criant et brandissant leurs armes, les grands guerriers gaulois constituaient un spectacle redoutable.

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Le grand nombre de Gaulois permit à Brennus d'étendre le front de son armée bien au-delà de celui des Romains. En essayant d'égaler la largeur du front gaulois, les Romains prélevèrent des hommes de leur centre pour étendre leurs propres lignes. Malgré cela, l'armée gauloise continua de s'étendre au-delà du front romain et, pire encore, les rangs romains devinrent dangereusement clairsemés. Les Romains postèrent leurs réserves mal armées et inexpérimentées sur une petite colline sur leur droite.

La bataille

Brennus craignait que les réservistes romains ne débordent son aile gauche et n'attaquent son armée par l'arrière. Pour éviter ce danger, il ouvrit la bataille en demandant à ses meilleurs guerriers, probablement sa cavalerie, d'attaquer les réserves romaines. Tenant les hauteurs, les réserves romaines persévérèrent un moment jusqu'à ce que la puissance brute des Gaulois ne les désorganise.

La panique qui régnait sur la colline se propagea de ceux qui étaient les plus proches des réserves jusqu'à l'autre côté des lignes romaines. C'est alors qu'au son des trompettes et des cors, toute l'armée gauloise chargea. La férocité et l'élan des barbares brisèrent complètement la phalange romaine. Les Gaulois n'en crurent pas leurs yeux. "Aucun [des Romains] ne fut tué en combattant; ils furent abattus par derrière, alors qu'ils se gênaient les uns les autres dans leur fuite, en une masse confuse qui se débattait" (Tite-Live, Histoire de Rome, 5.38). L'aile gauche de l'armée romaine et la majeure partie de son centre furent repoussées vers le Tibre. Le long des rives, les Gaulois abattirent leur ennemi paniqué. Pour tenter d'échapper au carnage, de nombreux Romains plongèrent dans le fleuve, mais ceux qui étaient trop épuisés ou blessés furent entraînés par le courant.

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Les Romains qui réussirent à traverser le Tibre se rassemblèrent aux ruines étrusques désertes de Veii. Sur l'aile droite romaine aussi, beaucoup s'échappèrent dans les collines d'où ils s'enfuirent vers Rome. Les Gaulois eurent du mal à croire à la facilité de leur victoire. Des piles d'armes ennemies furent offertes à leurs dieux. Des trophées de grizzlis, des têtes d'ennemis décapités, furent attachés aux lances, aux chars et aux harnais des chevaux.

Gallic Victory
Victoire gauloise
The Creative Assembly (Copyright)

Suites

Moins d'un tiers de l'armée romaine survécut à la défaite de l'Allia. Les Gaulois ne perdirent pratiquement aucun de leurs hommes. Rien ne leur résista. Trois jours plus tard, les Gaulois franchirent les portes non défendues de Rome et mirent la ville à sac. Sur la colline du Capitole, un groupe de Romains résista à un siège gaulois prolongé. Leurs propres rangs décimés par la maladie, les Gaulois finirent par se retirer après avoir reçu une forte rançon.

La défaite à l'Allia et la mise à sac de leur ville eurent un effet profond sur l'armée romaine. Le général Marcus Furius Camillus, conquérant de Veii et chef de la résistance contre les Gaulois, lança une série de réformes militaires qui furent affinées au cours des guerres samnites de la fin du IVe siècle avant notre ère. La phalange, peu maniable, fut remplacée par le maniple, plus élastique, fort de 60 à 120 hommes, qui pouvait se déplacer de façon indépendante sans perturber l'ensemble de la ligne de bataille. Les volées de javelots étaient suivies de combats à l'épée courte. Le bouclier rond fut remplacé par le célèbre scumtum samnite, un grand bouclier semi-cylindrique à quatre coins.

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Sur le plan politique, la défaite romaine sur le fleuve Allia fit vaciller les anciens alliés et rouvrir les querelles passées avec les ennemis d'antan parmi les Èques, les Volsques et les Étrusques. Ce qui avait été gagné en plus de cent ans fut perdu en une seule bataille. Quant aux Gaulois, pendant la majeure partie du IVe siècle, ils furent occupés à consolider leur emprise sur la plaine du nord de l'Italie, évitant tout conflit majeur avec Rome jusqu'au début du IIIe siècle avant notre ère.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Ludwig Heinrich Dyck
Né en Allemagne, Ludwig H. Dyck est devenu citoyen canadien grâce à la citoyenneté de son père. Depuis sa première publication en 1998, Dyck a collaboré avec de nombreux magazines d'Histoire très populaires aux États-Unis. Son premier livre est "The Roman Barbarian Wars".

Citer cette ressource

Style APA

Dyck, L. H. (2018, août 07). Bataille de l'Allia [The Battle at the Allia River, 390 BCE]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-879/bataille-de-lallia/

Style Chicago

Dyck, Ludwig Heinrich. "Bataille de l'Allia." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le août 07, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-879/bataille-de-lallia/.

Style MLA

Dyck, Ludwig Heinrich. "Bataille de l'Allia." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 07 août 2018. Web. 22 déc. 2024.

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