Ligue de Délos 2: de l'Eurymédon à la paix de Trente Ans

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Article

Christopher Planeaux
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 14 septembre 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Ce texte fait partie d'une série d'articles sur la Ligue de Délos.

La deuxième phase des opérations de la Ligue de Délos commença avec la victoire hellénique sur les forces mèdes à l'Eurymédon et se termina par la paix de trente ans entre Athènes et Sparte (c. 465/4 - 445/4 av. J.-C.). On ne sait pas si cette paix ou cette trêve résulta d'un traité officiel négocié par Cimon, fils de Miltiade.

Peloponnesian War
Guerre du Péloponnèse
Marsyas (CC BY-SA)

Néanmoins, le succès grec à l'Eurymédon s'avéra si décisif, les dommages infligés à la Perse si importants et les richesses confisquées si considérables qu'un nombre croissant de membres de la Ligue commencèrent bientôt à se demander si l'alliance était encore nécessaire. Les Perses ne s'étaient cependant pas totalement retirés de la mer Égée. Ils conservèrent par exemple une présence importante à Chypre et à Doriskos. Ils entreprirent également la construction d'un grand nombre de nouvelles trières.

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Soumission de Thasos et bataille de Drabescus

Une querelle éclata bientôt entre les Athéniens et les Thasiens au sujet de plusieurs ports de commerce et d'une riche mine (465 av. J.-C.). Des intérêts économiques concurrents poussèrent la riche et puissante Thasos à se révolter contre la ligue de Délos. Les Thasiens résistèrent pendant près de trois ans. Lorsque la polis finit par capituler, les Athéniens forcèrent Thasos à abandonner sa flotte et la mine, à démanteler les murs de défense, à payer des rétributions et à convertir les futures contributions de la Ligue en paiements monétaires: 30 talents par an. Certains membres de la Ligue furent mécontents de la soumission de Thasos par les Athéniens. Plusieurs poleis observèrent que les Athéniens avaient désormais un penchant pour la "contrainte". Ils commencèrent à voir Athènes agir avec "arrogance et violence". De plus, lors des expéditions, les autres membres avaient l'impression de "ne plus servir d'égal à égal" (Thuc. 1.99.2).

La Ligue de délos, d'une part, s'engageait dans des luttes héroïques contre les Mèdes, d'autre part, réprimait ses membres et exigeait d'eux qu'ils lui obéissent.

Les Athéniens, quant à eux, tentèrent d'établir une colonie sur le Strymon afin de s'assurer du bois de la Macédoine, qui partageait ses frontières avec la rive occidentale. L'emplacement s'avéra également un point stratégique essentiel pour protéger l'Hellespont. Les Thraces repoussèrent cependant les forces de la Ligue à Drabescus. Les Athéniens réalisèrent rapidement que les menaces de la Thrace et de la Macédoine rendaient difficiles les implantations permanentes dans la région, car il s'agissait essentiellement de puissances continentales, et la flotte de la Ligue ne pouvait pas les atteindre facilement. Cependant, les projets pour la région ne changèrent pas et les Athéniens y revinrent.

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La ligue de Délos avait à cette époque laissé apparaître un conflit inhérent depuis ses débust: d'une part, elle s'engageait dans des luttes héroïques contre les Mèdes et étendait son influence, récoltant d'énormes bénéfices (en particulier pour ses membres les plus pauvres). D'autre part, elle réprimait ses membres et exigeait rapidement leur obéissance.

La Ligue s'était engagée dès le départ dans une forme d'impérialisme doux, collectant et commandant des contributions navales volontaires et des tributs, tandis qu'Athènes utilisait ces ressources et dirigeait toutes les expéditions, imposant le maintien de l'adhésion mais ne montrant que peu ou pas d'intérêt à interférer avec les mécanismes internes de toute polis membre (à moins qu'elle ne se rebelle ouvertement).

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Conversions au tribut

De façon plus inquiétante, les grands poleis commencèrent également à se lasser des obligations prolongées de fournir la main-d'œuvre et les ressources nécessaires aux opérations constantes de la Ligue. Un nombre croissant de poleis décidèrent alors d'effectuer de simples paiements monétaires. Bien que Thucydide accuse ouvertement les alliés d'être à l'origine de ce changement, le passage de la contribution au tribut s'avère simple: le coût (1 trière = 200 rameurs = ½ talent par mois). Une flottille de 10 trières nécessitait une dépense de 30 talents pour une saison de navigation typique de 6 mois. Seuls les poleis les plus importantes et les plus riches déboursaient des sommes proches de ces montants.

Le passage des ressources à des sommes d'argent eut toutefois le double effet d'affaiblir les membres individuels de la Ligue et d'augmenter considérablement la taille de la flotte athénienne, et par conséquent la puissance et l'influence globales d'Athènes. Athènes, en revanche, accepta ces obligations et commanda même 20 nouvelles trières chaque année, et poursuivit cette entreprise jusqu'en 449 avant notre ère. En fait, en 447 avant notre ère, seules Chios, Samos et Lesbos, en plus d'Athènes, possédaient encore des marines importantes dans la mer Égée.

Révolte des Hilotes et dissolution de la ligue hellénique anti-perse

Les Spartiates, dont la politique subissait des fluctuations fréquentes et souvent violentes en raison des luttes de pouvoir constantes entre les rois et les éphores, semblaient, jusqu'à la révolte de Thasos, tout à fait satisfaits de permettre à Athènes d'exercer sans entrave son leadership dans la mer Égée. Sparte promit néanmoins d'aider les Thasiens assiégés en envahissant l'Attique, apparemment motivée par une inquiétude croissante face à l'ingérence récente d'Athènes dans les affaires intérieures grecques. Cependant, avant que les Spartiates ne puissent donner suite à leur promesse, un grand tremblement de terre frappa le Péloponnèse (464 av. J.-C.) et la dévastation entraîna la plus grande révolte des Hilotes de mémoire d'homme.

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Les Hilotes (qui s'apparentaient à des "serfs") descendaient à l'origine des Messéniens, et Sparte était la seule polis grecque à tenir en totale sujétion un grand nombre de ses concitoyens grecs. Les Spartiates entretenaient donc une relation intrinsèquement volatile et particulièrement dangereuse avec les Hilotes qu'ils avaient réduits en esclavage. Les Hilotes étaient précairement plus nombreux que leurs maîtres spartiates et ils se craignaient et se détestaient mutuellement. Sparte, désormais confrontée à une insurrection armée, demanda l'aide des poleis membres de la première ligue hellénique anti-perse. Égine, Mantinée et Platée répondirent à l'appel. 5.2.3).

Bien que l'Ekklesia (Assemblée) athénienne se soit disputée sur la réponse à apporter, Cimon l'emporta au cours du débat et persuada la majorité de rester en bons termes avec les Spartiates. Athènes envoya une force importante de 4 000 hoplites pour aider Sparte à lutter contre les Hilotes rebelles qui tenaient le mont Ithome. L'audace et l'esprit révolutionnaire des Athéniens choquèrent les Spartiates. Ils refusèrent sans cérémonie l'aide d'Athènes et renvoyèrent les troupes. Cet acte d'irrespect sans précédent mit Cimon dans l'embarras et déconcerta puis irrita les Athéniens. L'Ekklesia athénienne ostracisa Cimon, renonça à son adhésion à la Ligue hellénique originale et forma des alliances indépendantes avec Argos et la Thessalie, deux antagonistes traditionnels des Spartiates. Ce changement de stratégie entraîna immédiatement Athènes dans un conflit avec Épidaure et Corinthe (460 av. J.-C.).

Speaker's Platform, Athens Assembly, Pnyx, Athens
Plateforme de l'orateur, Assemblée d'Athènes, Pnyx, Athènes
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Peu après, Mégare, en raison de l'agression corinthienne, se retira de la Ligue du Péloponnèse et s'allia à Athènes. Les Corinthiens en furent d'autant plus irrités. En outre, Athènes assiégea Égine. Cette polis dorienne, située dans le golfe Saronique, la "taie dans l'œil du Pirée" avait toujours menacé la voie d'eau menant au principal port d'Athènes (Arist. Rhet. 1411a15 ; Plut. Vit. Per. 8.5). Égine résista aux tentatives athéniennes de prendre pied sur la rive occidentale, mais perdit un important engagement naval contre une flotte de la Ligue de Délos. Lorsque les Éginètes se rendirent, Athènes les força à entrer dans la confédération et à payer la somme très élevée de 30 talents par an (458 av. J.-C.).

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Expédition égyptienne

Ailleurs dans la mer Égée, les hostilités entre Hellènes et Mèdes reprirent. Xerxès, le roi perse, mourut en 465 avant notre ère. Après une année d'intrigues politiques internes et de luttes intestines, Artaxerxès monta enfin sur le trône. Le soutien dont il bénéficia de la part des différents satrapes n'était cependant pas très clair et, en tout état de cause, n'était pas très solide. La Ligue choisit de reprendre l'île de Chypre avec une force de 200 trières, probablement pour protéger les importations de céréales en provenance de l'est (461/0 av. J.-C.).

Cependant, lorsque le prince libyen Inaros fit appel à la Ligue dans le cadre de sa propre révolte contre la Perse, le synode, voyant cette plus grande prise au sud, vota pour détourner la campagne chypriote vers l'Égypte. Toute la flotte remonta le Nil pour apporter son aide. Certains de ces navires allèrent également effectuer des raids sur la Phénicie. La force opérationnelle de la Ligue finit par commencer le siège de la garnison perse de Memphis. Des preuves fragmentaires suggèrent en outre que la Ligue tenta également d'étendre ses membres à Dorus, Phasélis, et peut-être à d'autres poleis de l'est de la mer Égée dans le district de Carie.

Première guerre du Péloponnèse

Avec la reddition d'Égine, Corinthe, alliée de Sparte, envahit la Mégaride, désormais alliée d'Athènes, et la première guerre du Péloponnèse devint inévitable. Les Athéniens se trouvèrent très vite à combattre les Corinthiens, les Épidauriens et les alliés des Éginètes, ainsi que d'autres Péloponnésiens. Les Spartiates semblaient se contenter de laisser leurs alliés se charger de l'essentiel des conflits qui les opposaient aux Athéniens. Ils s'en tinrent à ce point de vue même après que la Perse, poussée par les actions de la ligue de Délos en Égypte, eut tenté d'inciter les Péloponnésiens à envahir l'Attique en leur offrant une importante somme d'argent.

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L'attitude des Spartiates changea toutefois lorsque les Thébains proposèrent à leur tour de faire la guerre à Athènes. Thèbes comprit qu'une opportunité se présentait avec l'importante flotte de la Ligue de Délos engagée dans la lointaine Égypte. Les Thébains s'engagèrent à ce que Sparte n'ait plus besoin d'amener une armée en dehors du Péloponnèse si les Spartiates aidaient les Thébains à rétablir leur propre confédération pour contrer la puissance croissante d'Athènes et de la Ligue de Délos. Les Spartiates acceptèrent. Ils avaient réussi à réprimer la révolte des Hilotes et la Ligue du Péloponnèse envoya une force de 1 500 Spartiates et 10 000 alliés. Athènes répondit avec une force de 14 000 Athéniens et alliés, dont 1 000 Argiens et une cavalerie thessalienne, et les deux ligues s'affrontèrent à Tanagra (457 av. J.-C.).

Les Spartiates, bien que victorieux, n'avaient plus les moyens de poursuivre leurs opérations dans la région. Ils négocièrent à la hâte une trêve avec les Athéniens et se retirèrent de l'Attique. La force dirigée par les Athéniens défit alors une armée béotienne à Oenophyta et s'empara de Locris. La Ligue de Délos envoya également un contingent naval à Sicyone et à Oeniadae sous les ordres de Périclès, fils de Xanthippe. Lorsqu'Athènes s'empara de la colonie corinthienne de Chalcis et força Orchomène et Acraephnium à rejoindre la Ligue, la symmachie n'existait plus en tant qu'alliance purement maritime; elle avait effectivement établi une présence continentale en Béotie.

Suites de l'expédition égyptienne

Pendant ce temps, les Perses contre-attaquèrent en Égypte. Ils rassemblèrent une flotte de 300 trières provenant des Ciliciens, des Phéniciens et des Chypriotes, et chassèrent les forces de la Ligue de Memphis, les piégeant sur l'île de Prosopitis. Le contre-siège qui s'ensuivit dura 18 mois. L'expédition égyptienne se termina par un désastre total (454 av. J.-C.); la majeure partie de la flotte de la Ligue de Délos, y compris 50 renforts capturés à Mendésium, et environ 40 000 hommes furent apparemment perdus. Seule une poignée de navires réussit à s'échapper. Cette catastrophe affaiblit considérablement la position prééminente d'Athènes au sein de la Ligue et menaça le contrôle de la mer Égée. Peu après, les poleis d'Érythrée et de Milet se révoltèrent (c. 452 av. J.-C.). Les Athéniens les reprirent rapidement, rétablirent le tribut et installèrent des fonctionnaires et des garnisons athéniens. Ils exigèrent en outre qu'Érythrée fournisse des animaux de sacrifice pour les Jeux panathénaïques.

Trêve de cinq ans et transfert du trésor délien

Après avoir rappelé Cimon de son ostracisme, les Athéniens négocièrent une trêve de cinq ans plus permanente avec Sparte (451 av. J.-C.) et se consacrèrent à la sécurisation de la Ligue. Ils entreprirent rapidement de reconstruire la flotte, et les Athéniens choisirent de continuer à installer des magistrats athéniens locaux et à planter des garnisons après avoir réprimé les rébellions des poleis membres, comme ils l'avaient fait à Erythrées. Au cours de ces événements (la date précise reste incertaine), la Ligue, sur proposition des Samiens, transféra son trésor de Délos à Athènes. Le désastre survenu en Égypte fut très probablement à l'origine de ce changement, bien que cela reste une supposition.

En 454 avant notre ère, le trésor de la Ligue avait accumulé un important excédent; les sources font état de 5 000 à 10 000 talents. Les Athéniens décidèrent de consacrer un soixantième du tribut à Athéna Polias, puis d'utiliser l'excédent pour ériger des temples, soutenir la flotte athénienne et fournir du travail aux citoyens, tout en conservant entre 3 000 et 5 000 talents.

Siège de Kition et bataille de Salamis

La Ligue de Délos se remit de ses pertes maritimes en remportant une victoire navale décisive à Chypre. Les Athéniens rassemblèrent une nouvelle flotte de 200 trières sous le commandement de Cimon pour briser la puissance phénicienne dans le sud-est. La Ligue assiégea Kition après avoir pris Marium. La Ligue détourna à nouveau 60 de ces trières vers l'Égypte, cette fois pour aider Amyrtée dans sa rébellion contre le roi de Perse. Cimon mourut pendant la campagne de Chypre.

Greek Trireme in Battle
Trière grecque dans la bataille
The Creative Assembly (Copyright)

La marine de la Ligue de Délos battit une flotte combinée de Ciliciens, de Phéniciens et de Chypriotes au large de Salamis (probablement la même force qui détruisit la flotte de la Ligue à Prosopitis), tout en s'avérant victorieuse dans une bataille terrestre rangée. Bien que la Perse ait conservé la possession de l'île, la Ligue démontra sa volonté et, plus important encore, sa capacité à résister à d'autres empiètements perses dans la mer Égée. La flotte rejoignit ensuite son détachement égyptien et retourna au Pirée. Après ces événements, la Ligue de Délos ne s'intéresserait plus guère à Chypre.

Paix de Callias

Au printemps 449 avant notre ère, la Ligue de Délos semble avoir conclu une sorte de paix avec le roi de Perse. Cette paix de Callias reste l'une des questions les plus débattues de l'histoire grecque, et les preuves n'admettent pas de certitude pour ou contre son authenticité, ni ne fournissent les termes spécifiques qu'elle aurait dictés. Bien que Thucydide ne la mentionne nulle part, les rhétoriciens du IVe siècle indiquent clairement que les Athéniens en étaient venus à croire qu'une paix officielle s'était instaurée entre la Perse et les Hellènes à la suite des victoires grecques à Chypre. D'une manière générale, il semble que les Athéniens aient exigé des Perses qu'ils cèdent le contrôle de la mer Égée ainsi que des poleis de la côte occidentale et de l'Hellespont. En contrepartie, la Ligue abandonna toute agression contre l'Empire perse.

Après Eurymédon et Salamis, il était devenu presque impossible pour la Ligue d'entreprendre une nouvelle agression payante contre la Perse. Les Grecs n'avaient pas grand-chose à gagner en faisant des incursions plus profondes en Asie Mineure, et il leur était également impossible de tenir Chypre en raison de son éloignement de la Grèce et de sa proximité avec la marine phénicienne. Qu'il y ait eu ou non un traité de paix officiel, la campagne de Chypre reste la dernière opération hellénique attestée contre les Mèdes. Aucun navire perse ne navigua à l'ouest de la Pamphylie et aucune trière grecque ne navigua à l'est. En outre, les réunions du synode de la Ligue de Délos commencèrent à s'alentir, ce qui obligea Athènes à prendre des décisions concernant son avenir.

La cessation des hostilités faisait disparaître l'objectif immédiat pour lequel la Ligue avait conçu le tribut. Bien que les Grecs réunis à Byzance aient voulu que la Ligue elle-même existe à perpétuité, le tribut existait à l'origine pour mener une guerre contre les Mèdes. Les listes de tribut pour 454/453 montrent que 208 poleis avaient payé un total combiné de 498 talents. En 450/449, la Ligue ne comptait plus que 163 poleis payant 432 talents, et il n'existe en fait aucune liste de quotas pour 449/448 avant notre ère. Les raisons qui motivèrent la suspension du tribut restent inconnues.

Le congrès et les décrets papyrus

À peu près au même printemps (449 av. J.-C.) - la date exacte reste discutée -, les Athéniens, sur proposition de Périclès, fils de Xanthippe, envoyèrent 20 hérauts: cinq en Ionie et dans les îles de la mer Égée, cinq en Thrace et sur l'Hellespont, cinq en Béotie et dans le Péloponnèse, et cinq en Eubée et en Thessalie. Les Athéniens invitaient tous les Grecs à un congrès à Athènes "pour partager les plans de paix et les intérêts communs des Hellènes" (Plut. Vit. Per. 17).

Périclès cherchait à modifier la nature et l'objectif de la Ligue de Délos, en passant de la conduite d'une guerre contre la Perse à la promotion d'une alliance panhellénique qui garantirait une paix durable. En d'autres termes, la guerre avait rassemblé la Ligue, le maintien de la paix et de la sécurité devait désormais la cimenter. Les Spartiates refusèrent de participer. Les spécialistes débattent de l'historicité et de l'intention (authentique ou fallacieuse) de ce décret du Congrès; il n'existe aucune allusion à son existence en dehors de Plutarque.

Pericles
Périclès
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Peu de temps après - bien que, là encore, la date exacte reste débattue - Périclès proposa également aux Athéniens de sécuriser la réserve de tribut de 5 000 talents sur l'Acropole et de créer une commission chargée de superviser la construction du Parthénon. Les Athéniens s'assureraient en outre une réserve supplémentaire de 3 000 talents (en contributions de 200 talents) tout en maintenant la flotte, mais réduiraient les nouvelles commissions annuelles à dix nouveaux navires par an. Le décret peut également avoir établi la réserve de fer d'urgence de 1 000 talents, que les Athéniens ne pouvaient pas utiliser à moins que le Pirée ne soit directement attaqué.

Les spécialites parlent de décret papyrus, car le témoignage subsiste sur un papyrus dégradé d'un commentaire sur un discours de Démosthène. Le décret stipulait que l'édification de temples avec les fonds réels de la Ligue avait commencé (après avoir obtenu un excédent) mais n'interférerait pas avec l'entretien de la flotte de la Ligue de Délos. Le tribut était devenu une nécessité car la sécurité de la mer Égée dépendait d'une marine, et les marines, contrairement aux armées, étaient extrêmement coûteuses. En outre, les marines, contrairement aux armées, ne pouvaient pas être mises en place rapidement pour faire face à une menace. La seule façon pour la ligue de Délos de préserver la paix consistait à maintenir une force visiblement suffisante dans le seul but de préserver la paix. En fait, Athènes envoyait chaque année une force de police composée de trières.

À cette époque, presque toutes les poleis helléniques avaient besoin d'importer des matériaux essentiels et d'exporter leurs propres excédents. Athènes, par exemple, avait besoin de bois et de blé, ce qui nécessitait un transport maritime sans entraves depuis la mer Euxine (mer Noire) et la Macédoine. La flotte constituait également le fondement du pouvoir de la Ligue. Le fait de savoir que des trières athéniennes pouvaient apparaître au port à tout moment constituait le premier moyen de dissuasion contre les sentiments anti-athéniens. Bien que des protestations commencèrent à se faire entendre dans les poleis éloignés de la sphère perse, Athènes n'offrit aucun compromis; la Ligue ne se dissolut pas et les tributs annuels reprirent en 448/7 avant J.-C. et continueraient à être versés.

Interlude - Programme de construction athénien

Depuis environ 450 avant notre ère jusqu'à la fin des années 420 avant notre ère, les Athéniens construisirent une série de nouveaux bâtiments et temples et organisèrent des festivals religieux importants. À bien des égards, ces projets s'inscrivaient dans la continuité du désir d'Athènes, qui existait depuis au moins l'époque de Pisistrate et de ses fils, de devenir le centre culturel du monde hellénique. Les ressources de la Ligue de Délos leur permettaient désormais de poursuivre cette entreprise.

Les Athéniens cherchaient à utiliser la culture ionienne comme une forme de propagande; des expositions opulentes qui faisaient appel à la fierté hellénique générale pour contrer le mécontentement que la Ligue de Délos rencontrait chez divers alliés. Le temple d'Athéna Nike (450-445 av. J.-C.), le Parthénon (447-432 av. J.-C.) et l'Athéna chryséléphantine de Phidias (447-438 av. J.-C.), les Propylées (437-433 av. J.-C.), ainsi que l'Erechthéion (421-405 av. J.-C.), coïncidèrent avec l'élargissement des festivals des Panathénées et des Dionysies, ainsi que des Mystères d'Éleusis. Ces fêtes n'étaient plus simplement des fêtes panathénaïques, mais devinrent des fêtes panhelléniques. Les alliés participaient désormais aux processions sacrées et aux sacrifices, ainsi qu'aux concours dramatiques et athlétiques.

Propylaea, Athenian Acropolis
Propylées, Acropole athénienne
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Les commissaires rendaient compte du financement de ces célébrations parallèlement à l'évaluation du tribut versé à la Ligue de Délos. Athènes exigeait en outre des poleis alliées qu'elles apportent une génisse à la Panathénaïque et qu'ils présentent un modèle de phallus et leur tribut pendant les Dionysies. Les Athéniens cherchaient à présenter les trois fêtes religieuses panhelléniques les plus importantes et les plus splendides du monde grec et envoyaient des hérauts déclarer que les alliés seraient directement et intimement impliqués.

En somme, les Athéniens tentèrent de se présenter comme une majestueuse μητρόπολις ou métropole (lit. mère-polis) pour tous leurs alliés. Athènes deviendrait le siège ou la capitale d'une grande polis multirégionale, au lieu d'être à la tête d'une collection disparate de nombreuses ισόπολεις ou isopoleis (poleis de niveau ou d'égalité) indépendantes et autonomes. Il ne fait aucun doute que le niveau élevé d'emploi créé par le programme de construction, associé à l'augmentation du commerce, entraîna une augmentation considérable de la population de l'Attique. Comme Athènes contrôlait la mer, "les bonnes choses de Sicile, d'Italie, d'Égypte, de Lydie, du Péloponnèse et de partout ailleurs [étaient] toutes apportées à Athènes" ([Xen.] Ath Pol. 2.7 ; Athen. 1.27e-28a).

Deuxième guerre sacrée

L'année même de la conclusion de la paix de Callias, Sparte déclencha la deuxième guerre sacrée. Les Phocéens avaient pris le contrôle de Delphes, éjectant l'ἀμφικτυονία ou amphictyonie (Ligue des Voisins ; lit. habitants des environs) - un coopt religieux lâche qui entourait l'oracle d'Apollon (parfois appelé Ligue Amphictyonique). Sparte rétablit l'autorité archaïque de Delphes et se retira rapidement. Les Athéniens restaurèrent rapidement les Phocéens.

Chéronée et Orchomène profitèrent de ce conflit pour se rebeller contre la Ligue de Délos, mais Athènes, après avoir rejeté les objections de Périclès, envoya une force de 1 000 volontaires hoplites athéniens et de contingents alliés sous le commandement de Tolmidès. Il réussit à s'emparer de Chéronée, mais subit une défaite cuisante face à une force combinée de Béotiens, de Locriens, d'Eubéens et d'autres, lors de la bataille de Coronée (447 av. J.-C.).

Les poleis de Béotie se révoltèrent contre la Ligue de Délos, suivis par ceux d'Eubée et de Mégare. Athènes évacua la Béotie et une armée spartiate pénétra à nouveau en Attique. Les Péloponnésiens avancèrent jusqu'à Éleusis. Lorsque Périclès dirigea une force hoplite supplémentaire pour faire face aux Spartiates, ceux-ci décidèrent de retourner dans le Péloponnèse. La raison de ce revirement soudain n'est pas claire, bien que des sources ultérieures affirment que Périclès aurait soudoyé le Spartiate Pleistoanax. Périclès se rendit en Eubée avec 50 trières et récupéra l'île après le siège et la destruction d'Histiée (446 av. J.-C.). La Ligue perdit cependant définitivement Mégare, qui s'était désintéressée d'Athènes et avait mis à mort la garnison athénienne installée sur son territoire..

Décret financier de Cleinias et décret de frappe de monnaie de Cléarque

Les listes de tributs de la Ligue font état de 171 poleis membres en 447 avant J.-C., mais seulement 156 en 446 avant J.-C. Plusieurs poleis versèrent également des tributs tardifs ou fractionnés; d'autres effectuèrent des paiements doubles. Les Athéniens durent faire face à un mécontentement irritant, mais néanmoins répandu et croissant dans toute la mer Égée, résultant à la fois de leurs conflits avec Sparte et de certains problèmes logistiques posés par la perception du tribut. Le décret financier de Cleinias (447 av. J.-C.) visait à améliorer la discipline de la collecte du tribut.

Les Athéniens tentèrent en outre d'imposer un usage commun des poids, des mesures et des pièces de monnaie dans toute la Ligue. Ils interdirent la frappe indépendante de pièces d'argent, mais uniquement les pièces d'argent et non les lingots d'argent. Ils fermèrent également les monnaies locales. Cet effort n'eut qu'un succès limité, car les grandes poleis comme Samos, Chios, Lesbos et d'autres en Thrace semblent avoir continué à frapper librement (c. 449 - 446 av. J.-C.). Le décret de frappe de Cléarque ne faisait aucune référence à l'alliance et présupposait en outre l'existence de magistrats athéniens dans la plupart des poleis alliées.

Clérouquies

À peu près à la même époque, Athènes commença à établir une κληρουχία ou une clérouquie (lit. répartition des terres étrangères) après la révolte d'une polis (par exemple, Naxos, Andros et Lemnos). L'Athénien Périclès, par exemple, mena une expédition en Chersonèse pour la protéger des envahisseurs thraces et la peupla de citoyens athéniens. Une clérouquie, contrairement à une colonie indépendante, était un groupe d'Athéniens installés sur des terres saisies à une polis en rébellion, qui conservaient leur statut de citoyens athéniens. Les clérouquies permirent de réduire la population désœuvrée et appauvrie d'Athènes. Elles permirent également d'établir des colonies locales permanentes d'Athéniens afin de se prémunir contre de futures rébellions de la Ligue.

Cependant, les clérouquies modifièrent également la nature et l'étendue de la polis athénienne. Les Athéniens n'étaient plus seulement les citoyens résidant à Athènes, mais aussi ceux qui résidaient à l'étranger. Comme ces derniers restaient soumis à la loi athénienne, leur présence étendait la juridiction athénienne. En d'autres termes, les Athéniens en vinrent à s'immiscer dans les libertés internes des autres poleis, allant même jusqu'à encourager ou soutenir les démocraties lorsque cela s'avérait nécessaire. Athènes établit ensuite des clérouquies à Imbros, Chalcis et Eretia. Entre 450 et 440 avant notre ère, les spécialistes estiment qu'Athènes envoya au moins 4 000 citoyens. En 430 avant notre ère, si l'on inclut les colonies établies depuis 477 avant notre ère, ce nombre doubla.

Les triomphes de la Ligue de Délos mirent en évidence des conflits inhérents plus importants: d'une part, elle exigeait toujours un tribut raisonnable, tentant désormais de promouvoir une cause panhellénique, tout en garantissant l'indépendance des Hellènes par rapport aux Mèdes. D'autre part, elle réprima plus ouvertement les membres dissidents, acquit par la force de nouveaux tributaires, tout en étendant les fêtes et les lois athéniennes, en fondant des colonies démocratiques et en imposant des clérouquies sur les territoires alliés ou à proximité.

La Ligue de Délos en était venue à s'engager dans une forme plus dure d'impérialisme, étendant sa portée tout en exigeant un tribut, et exigeant désormais une déférence religieuse tout en interférant avec les mécanismes internes des poleis membres. Les seules poleis qui possédaient encore des flottes importantes et restaient indépendantes étaient Lesbos, Chios et Samos. Le langage des décrets et des traités passa de "l'alliance" à "les poleis contrôlées par les Athéniens".

Cet article fait partie d'une série consacrée à la Ligue de Délos:

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Christopher Planeaux
Lectured in Classical Studies for 15yrs. Published articles on the dramatic settings for Plato's Dialogues & Ancient Greek History. Offered papers at conferences in North America & Great Britain. Area of expertise includes Greek History 600-300 BCE.

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Planeaux, C. (2016, septembre 14). Ligue de Délos 2: de l'Eurymédon à la paix de Trente Ans [The Delian League, Part 2: From Eurymedon to the Thirty Years Peace (465/4-445/4 BCE)]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-948/ligue-de-delos-2-de-leurymedon-a-la-paix-de-trente/

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Planeaux, Christopher. "Ligue de Délos 2: de l'Eurymédon à la paix de Trente Ans." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 14, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-948/ligue-de-delos-2-de-leurymedon-a-la-paix-de-trente/.

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Planeaux, Christopher. "Ligue de Délos 2: de l'Eurymédon à la paix de Trente Ans." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 14 sept. 2016. Web. 23 déc. 2024.

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