Kapilavastu

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 14 octobre 2020
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Kapilavastu (by BPG, CC BY-NC-SA)
Kapilavastu
BPG (CC BY-NC-SA)

Kapilavastu ("lieu de Kapila") est le nom de la ville où Siddhartha Gautama (le Bouddha, C. 563-483 av. J.-C.) grandit et vécut pendant les 29 premières années de sa vie avant de partir à la recherche de la voie spirituelle qui le conduisit à l'illumination. La ville aurait été nommée en l'honneur du sage Kapila.

Kapila était le fondateur de l'école philosophique indienne Sâmkhya, considérée par certains érudits comme la source d'influence du développement spirituel et intellectuel du Bouddha. Il est possible que Kapila ait fondé le village en tant que centre philosophique, mais cette affirmation est spéculative.

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Aujourd'hui, Kapilavastu désigne un district du Népal où se trouve le site archéologique de Tilaurakot (l'un des prétendants au titre d'ancien Kapilavastu), mais il est également utilisé pour désigner le village et le site archéologique de Piprahwa, dans l'Uttar Pradesh, en Inde, juste de l'autre côté de la frontière avec le Népal (l'autre grand prétendant au titre d'ancienne ville). Les deux sites ont fourni des preuves significatives de leurs affirmations et la reconnaissance du "vrai" Kapilavastu repose sur les arguments que l'on trouve les plus convaincants.

L'ancienne ville était dirigée par l'oligarchie du clan Shakya et entretenait des liens étroits avec la ville voisine de Devadaha, contrôlée par leurs parents éloignés, le clan Koliya, qui revendiquaient tous deux une descendance de la légendaire dynastie Ikshvaku. Selon la tradition bouddhiste, au moment de la naissance de Siddhartha, la ville était dirigée par son père, Shuddhodana, qui, après avoir entendu une prophétie selon laquelle son fils deviendrait soit un grand roi, soit un puissant chef spirituel, prit des mesures pour s'assurer que Siddhartha ne connaisse jamais le genre de souffrance qui pourrait l'amener à suivre la voie spirituelle et transforma Kapilavastu en un vaste complexe de plaisirs afin de le distraire et de s'assurer qu'il succéderait au trône. Ses plans échouèrent cependant lorsque Siddhartha reconnut l'impermanence de l'existence et quitta la ville pour trouver sa propre voie.

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Piprahwa et Tilaurakot sont considérées comme importantes pour les informations qu'elles fournissent sur le Bouddha historique, bien que le débat se poursuive sur la question de savoir quelle était l'ancienne ville.

Kapilavastu fut détruite par le royaume de Kosala (vers le 7e-5e siècle av. J.-C.), qui avait pris le contrôle de la région, sous le règne de son roi Vidudabha (vers le 6e siècle av. J.-C.) de la dynastie Baghochia, pendant la vie du Bouddha. Selon la tradition bouddhiste, Bouddha aurait pleuré en apprenant que son clan avait été presque anéanti et sa ville détruite, une anecdote utilisée pour réconforter les bouddhistes modernes dans leurs propres moments de deuil et de perte, car même le Bouddha reconnaissait l'importance du deuil.

Les sites actuels de Piprahwa et de Tilaurakot furent tous deux fouillés pour la première fois au cours de la saison 1898-1899, le premier par le propriétaire terrien britannique William Claxton Peppe et le second par l'archéologue indien Purna Chandra Mukherjee (également connu sous le nom de P.C. Mukherjee ou Mukherji, c. 1845-1903). Les fouilles se poursuivent périodiquement depuis lors et les deux sites sont aujourd'hui considérés comme importants pour les informations qu'ils fournissent sur la vie du Bouddha historique et sur son époque, bien que le débat se poursuive sur la question de savoir où se situait exactement l'ancienne ville.

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Histoire légendaire

Kapilavastu (selon les textes bouddhistes) aurait été fondée par le roi Ikshvaku, l'un des fils du mythique Shraddhadeva Manu, le premier homme. Selon les textes hindous, Shraddhadeva Manu aida un petit poisson dans une rivière qui, se révélant être le dieu Vishnou, l'avertit de l'imminence du grand déluge qui allait détruire l'humanité. Shraddhadeva Manu construisit un grand bateau pour sa famille, des graines de toutes les plantes, deux de chaque espèce animale et les sept patriarches (saptarishi) et traversa le déluge; ensuite, sa famille et les patriarches repeuplèrent et replantèrent la terre.

Ikshvaku, poursuivant l'héritage de compassion et d'attention de son père, lança des projets de construction pour loger et protéger son peuple; l'une de ces villes aurait été Kapilavastu. On ne connaît pas le nom original de la ville (si tant est qu'il y ait eu un nom original), mais Kapilavastu signifie "lieu de Kapila" et fait référence à un grand sage qui vécut au moins 100 ans avant le Bouddha et dont la philosophie (Sâmkhya) fut honorée par le clan Shakya et qui, plus tard (selon certaines écoles de pensée), aurait directement influencé le développement de la vision du Bouddha.

Tilaurakot
Tilaurakot
DiverDave (CC BY-SA)

Ikshvaku est identifié au roi Shakya Okkaka, le premier chef des Shakya et, peut-être, de leurs proches parents, les Koliya. Au moins 20 ans avant la naissance du Bouddha, Kapilavastu était dirigé par le chef (ou roi) Shakya, Sihahanu, tandis que la ville voisine de Devadaha était dirigée par son frère Anjana. Les deux villes étaient étroitement liées par des mariages mixtes afin de préserver la pureté de la lignée, et cette tradition se poursuivit avec le mariage de Suddhodana, fils de Sihahanu des Shakya, avec Maya, fille d'Anjana des Koliya, qui allait donner naissance au Bouddha.

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Kapilavastu et la légende du Bouddha

Selon la biographie de Siddhartha Gautama tirée des premiers textes bouddhiques, Suddhodana de Kapilvastu et Maya de Devadaha étaient prince et princesse (plus tard roi et reine), tandis que Kapilavastu elle-même est parfois considérée comme un royaume ou une ville royale. Pendant les 20 premières années de leur mariage, ils n'eurent pas d'enfants, mais une nuit, Maya fit un rêve saisissant dans lequel quatre esprits divins l'emportaient dans un jardin où ils la baignaient, l'oignaient, l'habillaient de blanc et lui offraient des guirlandes de fleurs. Un éléphant blanc apparut alors dans le rêve et l'encercla trois fois avant d'entrer dans son ventre par le côté droit. Maya se réveilla le lendemain matin en sachant qu'elle était enceinte.

Le moment de l'accouchement approchant, conformément à la tradition, elle rassembla un entourage et se mit en route pour sa ville natale de Devadaha. Le groupe s'arrêta aux jardins de Lumbini, situés entre les deux villes et, peut-être, aménagés et entretenus par les deux, afin qu'elle puisse se baigner et se reposer. Après son bain, Maya sortit de l'étang et entra en travail, donnant naissance à son fils sous un arbre Sala en s'accrochant à l'une de ses branches pour se soutenir. On dit que le nouveau-né se mit debout dès sa naissance, qu'il fit sept pas et qu'il annonça son arrivée en tant que porteur de paix.

Maya Giving Birth to the Buddha
Maya donnant naissance au Bouddha
Cristian Violatti (Copyright, fair use)

Ensuite, l'entourage semble être retourné à Kapilavastu où un sage prédit que le jeune prince deviendrait un roi puissant ou un grand chef spirituel. Sept jours après sa naissance, Maya mourut et son père, craignant que l'exposition à ce type de souffrance - ou à tout autre type - n'incite son fils à poursuivre la spiritualité plutôt que la politique, décréta qu'il ne devrait jamais connaître une telle douleur et prit des mesures pour l'en empêcher, épousant rapidement la sœur de Maya, Prajapati, afin que son fils ait une mère.

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Selon la version de la légende que l'on lit, le plan de Suddhodana consistait à entourer le jeune Siddhartha de luxueuses distractions, à le maintenir constamment occupé par l'étude et les plaisirs, à entourer son palais d'une enceinte de plaisirs constituée d'un haut mur, ou de tout cela à la fois. Siddhartha passa les 29 premières années de sa vie dans ce paradis, se maria et eut un fils avant d'être exposé à la souffrance de la vie par l'intermédiaire des quatre signes - un homme âgé, un malade, un mort et un ascète spirituel - lors d'une promenade au-delà des murs de Kapilavastu.

Il prit alors conscience qu'il avait vécu dans un monde de rêve créé par son père et qu'il connaîtrait lui aussi un jour la maladie, la vieillesse et la mort; tout cela lui rendit toute son ancienne vie intolérable. Il se rendit compte que tout ce qu'il aimait serait un jour perdu et que tout ce qu'il avait cru vrai n'était qu'illusion. Il renonça à son poste et quitta Kapilavastu, s'engageant sur la voie de l'ascèse spirituelle, jusqu'à ce qu'il n'atteigne l'illumination et ne devienne le Bouddha ("l'éveillé"). Il passa ensuite les 45 années suivantes de sa vie à enseigner aux autres les moyens de se libérer de l'illusion et de la souffrance afin de vivre en paix.

La légende et l'histoire

Les études modernes mettent sérieusement en doute l'historicité de la légende traditionnelle, tout d'abord parce qu'il ne semble pas que Suddhodana ait été roi ni que Maya ait été princesse ou reine. Des preuves archéologiques et des textes non bouddhistes suggèrent que l'organisation politique des Shakya était une oligarchie dans laquelle les dirigeants étaient élus. Suddhodana était donc probablement plus un gouverneur régional qu'un monarque. Le fait que Kapilavastu était sous le contrôle du royaume de Kosala (soit à cette époque, soit peu de temps après) et qu'il aurait nommé de tels gouverneurs pour contrôler les différentes régions territoriales vient encore étayer ce point de vue. Le spécialiste John Keay commente:

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L'État shakya [était l'une de ces républiques qui comptaient de nombreux gouverneurs]. Et comme leur chef était élu, le "prince" Siddhartha de la légende ultérieure doit être considéré comme une fabrication. De plus, Kapilavastu, la capitale des Shakya, n'était pas un centre politique majeur... Le commerce et l'artisanat étaient plus le milieu du Bouddha que les cérémonies royales. [Même ainsi] la richesse contre laquelle il a finalement réagi en renonçant à sa femme et à sa famille pour commencer une enquête sur la condition humaine peut avoir été réelle; de même, elle peut avoir été le luxe perçu de centres urbains plus célèbres. (64)

Quoi qu'il en soit, une fois qu'une légende ou un mythe est accepté comme étant l'histoire, il y a peu d'espoir de le changer. L'histoire des débuts de Siddhartha et de son renoncement a longtemps été acceptée, sinon comme une histoire, du moins comme probable ou possible à différents niveaux d'interprétation. La question qui continue à diviser les spécialistes et les profanes de nos jours - en ce qui concerne les sites associés au Bouddha historique - n'est pas celle de la position initiale de Siddhartha, ni même celle de Kapilavastu, mais celle de l'emplacement de cette ancienne ville, qui occupe une place si importante dans l'histoire.

Siddhartha's Secret Escape, Gandhara Relief
L'évasion secrète de Siddhartha, Gandhara Relief
Jan van der Crabben (CC BY-NC-SA)

Tilaurakot ou Piprahwa

Les textes bouddhistes anciens, y compris le Tripitaka (les enseignements du Bouddha, considérés comme des écritures), fournissent quelques informations sur la vie de Siddhartha Gautama, mais rien sur l'emplacement des sites importants de sa vie. Les archéologues modernes se sont donc appuyés sur trois sources pour identifier Kapilavastu:

  • le site du jardin de Lumbini
  • Le travail du pèlerin chinois Faxian
  • L'œuvre du pèlerin chinois Xuanzang

Avant de mourir, le Bouddha suggéra à ses disciples d'honorer des sites importants liés à sa vie afin que ses disciples puissent s'y rendre en pèlerinage et y communier. Il s'agit de:

  • Lumbini - son lieu de naissance
  • Bodh Gaya - où il atteignit l'illumination
  • Sarnath - où il donna son premier sermon
  • Kushinagar - où il mourut

Ses disciples ont honoré ses souhaits et ont érigé un stupa sur chacun de ces sites (entre autres), qui contenait une partie des reliques du Bouddha. Ses enseignements furent ensuite préservés par ses disciples, qui finirent par se diviser en différentes écoles, mais le bouddhisme n'attira pas autant d'adeptes que les deux autres grands systèmes de croyance de l'époque, l'hindouisme et le jaïnisme, jusqu'au règne d'Asóka le Grand (268-232 av. J.-C.). Après s'être converti au bouddhisme, Asóka se rendit en pèlerinage et érigea des piliers sur différents sites, dont celui de Lumbini. En 249 avant notre ère, il y plaça un pilier déclarant qu'il s'agissait du lieu de naissance du Bouddha et en fixa le nom. Il envoya également des missionnaires dans d'autres pays pour diffuser le message du Bouddha et, avec le temps, des pèlerins venaient de pays tels que le Sri Lanka et la Chine, entre autres, pour visiter les sites.

Lumbini Ashokan Pillar
Pilier Lumbini Ashokan
Photo Dharma (CC BY-NC-SA)

Deux d'entre eux, Faxian (337 - c. 422 de notre ère) et Xuanzang (602-664), ont relaté leurs voyages dans Mémoires sur les pays bouddhiques et Mémoires sur les contrées occidentales, respectivement. Tous deux visitèrent les sites de Lumbini et de Kapilavastu et en donnèrent des descriptions détaillées. Au XIXe siècle, alors que les archéologues cherchaient le site de Kapilavastu, ils trouvèrent Lumbini en 1896.

En utilisant les textes de Faxian et de Xuanzang, ils semblaient n'avoir qu'à suivre leurs traces pour trouver Kapilavastu. Le problème est que, pendant les fouilles de Lumbini, deux autres sites furent identifiés comme étant Kapilavastu, tous deux correspondant plus ou moins à la description des pèlerins chinois.

Redécouverte et controverse

Lumbini fut identifié par l'ancien commandant militaire et gouverneur régional de l'époque, Khada Shamsher Jang Bahadur Rana (en poste de 1885 à 1887) en 1896, qui avait entendu parler de la découverte d'un ancien pilier dans la jungle (le pilier d'Asóka), avait envoyé des ouvriers pour le déterrer et avait rapporté la découverte à l'indologue irlandais Vincent Arthur Smith (1843-1920), qui occupait un poste administratif dans la région pour le compte des Britanniques. Smith contacta Sir Alexander Cunningham (1814-1893), fondateur de l'Archaeological Survey of India, qui était chargé des fouilles, de la préservation historique et de la supervision du travail des différents archéologues dans la région.

Tilaurakot n'a pas été écarté comme site de Kapilavastu mais, en raison des découvertes à Piprahwa, n'a pas non plus été confirmé.

L'archéologue allemand Alois Anton Führer (1853-1930), qui tentait de localiser Kapilavastu, fut l'un de ces archéologues. Lorsqu'il apprit la découverte du pilier, Führer se précipita sur le site de Lumbini et rédigea ensuite des rapports affirmant l'avoir découvert (une affirmation malheureusement répétée par les historiens par la suite et jusqu'à aujourd'hui), laissant de côté ses efforts - jusqu'à présent vains - pour trouver Kapilavastu. Führer fouilla un certain nombre de zones à Lumbini, puis falsifia des documents et des antiquités qu'il prétendait y avoir trouvées et les vendit sur le marché libre. Il fut formellement inculpé par Vincent Arthur Smith, démis de ses fonctions et quitta le pays.

La localisation de Kapilavastu revint alors à l'archéologue indien Purna Chandra Mukherjee qui, en raison des croyances raciales de ses collègues européens blancs, se vit refuser à plusieurs reprises l'honneur de diriger une expédition. Mukherjee termina les fouilles de Lumbini puis, en suivant ses propres recherches antérieures et les travaux de Faxian et de Xuanzang, localisa ce qui semblait être Kapilavastu à une courte distance de là, à Tilaurakot, en 1898.

À peu près à la même époque, un propriétaire britannique du nom de William Claxton Peppe défrichait son domaine en Inde, près du village de Piprahwa, et excava un grand monticule de terre d'où émergeait un stupa en briques. À une profondeur de 10 mètres, il trouva un coffre en pierre contenant des bijoux, des fragments d'os, des cendres et cinq petits vases, dont l'un portait une inscription en brahmi affirmant contenir les restes du Bouddha. Cette inscription a toutefois été contestée, non seulement parce que l'on a d'abord pensé qu'elle faisait référence aux parents du Bouddha, mais aussi en raison de la récente série d'artefacts falsifiés de Führer. L'inscription fut toutefois authentifiée par le très respecté orientaliste français Auguste Barth (1834-1916), et le vase fut reconnu comme contenant les restes du Bouddha. Cette découverte, ainsi que l'âge et la construction du stupa et d'autres artefacts sur le site, suggèrent fortement que Piprahwa était bel et bien l'ancienne ville de Kapilavastu.

Stupa at Piprahwa
Stupa à Piprahwa
Anandajoti Bhikkhu (CC BY)

À Tilaurakot, Mukherjee fouilla un certain nombre de structures et mit au jour des sculptures relatives au Bouddha, des figurines en terre cuite, des tessons de poterie, des perles, des pièces de monnaie, les ruines de ce qui semble avoir été un fort, des quartiers d'habitation et une structure monastique, ainsi que deux stupas associés à Suddhodana et à Maya. Il présenta les rapports de ses travaux aux autorités compétentes, affirmant avoir identifié Kapilavastu, mais Auguste Barth ne fut guère impressionné et son avis eut plus de poids que celui de Mukherjee. Tilaurakot n'a pas été écarté comme site probable de Kapilavastu mais, en raison des découvertes à Piprahwa, n'a pas non plus été confirmé.

Conclusion

Depuis lors, le débat se poursuit pour savoir quel est le "vrai" site de Kapilavastu. Les partisans de Tilaurakot affirment qu'il est plus proche de Lumbini que Piprahwa et qu'il se trouve sur une route plus ou moins directe vers le site de Bhawanipur, identifié comme l'ancien Devadaha. Il correspond donc bien aux récits de Faxian et de Xuanzang, contient des stupas associés aux parents du Bouddha, fut manifestement un site de pèlerinage important si l'on en croit les objets qui y ont été découverts et, en outre, possède des ruines qui suggèrent qu'il fut à un moment donné un centre religieux bouddhiste. Ce dernier point est important car, selon la légende, le Bouddha serait retourné à Kapilavastu après s'être fait des adeptes et avoir converti un certain nombre de membres de sa famille à sa vision. Parmi ceux-ci, sa tante-mère Prajapati aurait fondé le premier ordre de nonnes bouddhistes, très probablement à Kapilavastu.

Tilaurakot est également considéré comme le meilleur candidat pour Kapilavastu parce que le Bouddha n'a pas inclus la ville dans ses suggestions de lieux de pèlerinage et que, par conséquent, il n'y aurait ni stupa ni reliques à cet endroit. Les partisans de Piprahwa en tant que Kapilavastu affirment cependant qu'elle est plus proche de Lumbini et qu'elle correspond mieux au récit des textes bouddhistes et des œuvres de Faxian et de Xuanzang. En outre, le stupa, le cercueil de pierre et, surtout, le vase contenant les restes du Bouddha qui y ont été découverts sont autant de preuves de l'authenticité du site.

L'argument est convaincant car les fouilles du stupa montrent qu'il fut construit en trois phases, la phase intermédiaire datant de l'époque du règne d'Asóka le Grand, ce qui correspond à un récit bien connu. Au moment où Asóka envoyait ses missionnaires, il aurait fait désincarcérer les restes du Bouddha des huit (ou dix) stupas érigés par les premiers disciples du Bouddha, puis les aurait réinhumés dans 84.000 autres stupas à travers son royaume. Le stupa de Piprahwa s'inscrit certainement dans ce récit d'Asóka érigeant des stupas dans de nombreux endroits autres que les sites d'origine, et puisqu'en 249 avant notre ère Asóka s'était rendu en pèlerinage sur des sites associés à la vie du Bouddha, il aurait visité Kapilavastu et y aurait fait ériger un stupa avec la dépouille du Bouddha.

Les deux parties en présence offrent des raisons convaincantes de considérer Tilaurakot ou Piprahwa comme étant l'ancienne Kapilavastu, et les deux sites ont de nombreux arguments en leur faveur. Les fouilles se poursuivent et il est tout à fait possible que de nouveaux éléments viennent faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre. Pour l'heure, cependant, il appartient à chaque personne intéressée par le sujet d'évaluer les preuves existantes et de prendre sa propre décision.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

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Style APA

Mark, J. J. (2020, octobre 14). Kapilavastu [Kapilavastu]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12400/kapilavastu/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Kapilavastu." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le octobre 14, 2020. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12400/kapilavastu/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Kapilavastu." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 14 oct. 2020. Web. 23 nov. 2024.

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