Période Asuka

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 14 avril 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais, indonésien, malais
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Central Gate & Pagoda, Horyuji Temple (by Horyuji Chumon Warizuka, CC BY-SA)
Porte centrale et pagode, temple Hōryū-ji
Horyuji Chumon Warizuka (CC BY-SA)

La période Asuka (Asuka Jidai) du Japon ancien couvre la période de 538 à 710 et, après la période Kofun (250-538), elle constitue la dernière partie de la période Yamato (250-710). Pour certains chercheurs, la période commence en 593, et pour les historiens de l'art, la fin de la période Asuka est datée de 645. Cette période vit une augmentation des contacts du Japon avec d'autres puissances régionales, le règne de personnages célèbres tels que le prince Shōtoku, l'établissement du puissant clan Fujiwara et l'adoption du bouddhisme. Elle est suivie par la période Nara (710-794).

Aperçu historique

Le nom de la période Asuka provient de la capitale de l'époque, Asuka, située dans le nord de la préfecture de Nara. En 645, la capitale fut déplacée à Naniwa, et entre 694 et 710, elle se trouvait à Fujiwarakyo. À la fin de la période, en 710, la capitale fut à nouveau déplacée, cette fois à Heijokyo (alias Nara).

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La période vit le premier empereur historique fermement établi (par opposition aux souverains légendaires ou mythiques), l'empereur Kimmei, qui était le 29e de la lignée impériale et qui régna de 531 ou 539 à 571. Les souverains les plus importants de cette période sont cependant l'impératrice Suiko et son régent, le prince Shōtoku. Le prince était le deuxième fils de l'empereur Yomei (r. de 585 à 587) et régna au nom de Suiko de 594 à sa mort en 622. Shōtoku, également connu sous le nom d'Umayado, est réputé pour avoir réformé le gouvernement, éradiqué la corruption, diminué le système des fonctionnaires qui accédaient à la fonction par simple héritage et encouragé des liens plus étroits avec la Chine. Selon le Nihon Shoki ( "Chronique du Japon" et également connu sous le nom de Nihongi), écrit en 720, le peuple japonais était désemparé à la mort du bon prince :

Le soleil et la lune ont perdu leur éclat, le ciel et la terre se sont effondrés : désormais, en qui aurons-nous confiance ? (Mason, 40)

L'événement politique majeur suivant de la période Asuka se produisit en 645, lorsque le fondateur du clan Fujiwara (Fujiwara-Shi), Fujiwara no Kamatari (alors connu sous le nom de Nakatomi), organisa un coup d'État pour prendre le pouvoir au clan Soga (Soga-Shi), alors dominant. Les Soga, d'origine coréenne, avaient la mainmise sur le gouvernement depuis 587. Le nouveau gouvernement fut ensuite remodelé sur le modèle chinois dans le cadre d'une série de réformes connues sous le nom de réformes Taika (Taika no Kaishin), au cours desquelles la terre fut nationalisée, les impôts devaient être payés en nature et non en travail, les rangs sociaux furent reclassés, des examens d'entrée dans la fonction publique furent introduits, des codes de loi rédigés et l'autorité absolue de l'empereur fut établie. Le prince Naka no Oe devint l'empereur Tenjin, et Kamatari fut nommé ministre principal et reçut le nom de Fujiwara. C'est le début de l'un des clans les plus puissants du Japon, qui monopolisera le gouvernement pendant la période Heian (794-1185).

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Prince Shotoku Statue
Statue du prince Shōtoku
PHGCOM (CC BY-SA)

L'incident de Jinshin, en 671-672, fut une courte mais sanglante dispute interne entre les classes dirigeantes qui se disputaient le successeur de l'empereur Tenji. Par la suite, le nouvel empereur Temmu (r. de 672 à 686) en profita pour élaguer la famille royale élargie afin que seuls ses descendants et ceux de son épouse Jito (r. de 686 à 697) puissent prétendre à un quelconque droit au trône impérial. En 685, Temmu nomma également ses propres partisans à des postes clés de la bureaucratie de l'État, créa une armée de conscription et interdit à tout autre citoyen de porter des armes. Fujiwarakyo fut choisie comme première capitale japonaise à proprement parler, avec un palais de style chinois et des rues disposées selon un quadrillage régulier. La toute fin de la période vit l'introduction de la première monnaie du Japon, le Wado kaiho, en l'an 708.

La culture Baekje avancée de la Corée fut exportée par des enseignants, des érudits et des artistes qui se rendaient au Japon, et avec eux, des éléments de la culture chinoise.

Relations avec la Chine et la Corée

Au cours de la période Asuka, d'importantes relations culturelles furent entretenues avec le royaume Baekje (Paekche) de Corée, des contacts ayant déjà été établis avec la péninsule coréenne à partir du 4e siècle de notre ère, notamment par la confédération coréenne de Gaya. La culture avancée de Baekje était exportée par l'intermédiaire d'enseignants, d'érudits et d'artistes qui se rendaient au Japon. Ils apportèrent avec eux des éléments de la culture chinoise, tels que les textes confucéens classiques, mais aussi des éléments de la culture coréenne, comme en témoignent par exemple les bâtiments en bois construits sur place par des architectes coréens. Les relations exactes entre la Corée et le Japon à cette époque sont controversées, mais il semble que des fonctionnaires de Baekje aient occupé des postes importants dans le gouvernement de Yamato et qu'ils aient pu se mêler à la lignée impériale, en particulier au clan Soga. L'influence chinoise se manifesta également par la rédaction d'une constitution en l'an 604, la Constitution à dix-sept articles (Jushichijo-kenpo) qui centralisait le gouvernement et mettait l'accent sur les principes bouddhistes et confucéens, en particulier l'importance de l'harmonie (wa). On attribue au prince Shōtoku la rédaction de cette constitution.

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L'introduction du bouddhisme au Japon au cours du 6e siècle, traditionnellement en 552, fut peut-être l'impact culturel étranger le plus important de tous, et certainement le plus durable. Le bouddhisme fut officiellement adopté par l'empereur Yomei et encouragé par le prince Shōtoku qui fit construire plusieurs temples, forma un corps d'artistes pour créer des images bouddhistes et qui était lui-même un étudiant de ses enseignements. Le bouddhisme fut généralement bien accueilli par l'élite japonaise (à l'exception de la résistance initiale des clans pro-Shinto Mononobe et Nakatomi) car il contribuait à élever le statut culturel du Japon en tant que nation développée aux yeux de ses puissants voisins, la Corée et la Chine. Shōtoku envoya également des ambassades officielles à la cour des Sui en Chine à partir de 607 environ et tout au long du 7ème siècle.

Asuka Period Roof Tile
Tuile de toit d'époque Asuka
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

Les relations avec les voisins du Japon n'ont pas toujours été amicales. Le royaume de Silla, rival de longue date de Baekje dans la péninsule coréenne, finit par envahir son voisin en 660 avec l'aide d'une immense force navale chinoise Tang. Une force rebelle de Baekje persuada le Japon d'envoyer 800 navires sous le commandement d'Abe no Hirafu pour tenter de reprendre le contrôle de son royaume, mais la force conjointe fut vaincue à la bataille de Baekgang (Hakusonko) à l'embouchure de la rivière Geum/Paekchon en 663. Le succès du royaume unifié de Silla entraîna l'arrivée au Japon d'une nouvelle vague d'immigrants en provenance des royaumes effondrés de Baekje et de Goguryeo.

Art et architecture

Les arts prospérèrent au cours de la période Asuka et donnèrent lieu à un autre nom, la période Suiko (552-645), d'après l'impératrice Suiko (r. de 592 à 628). La littérature et la musique suivant les modèles chinois furent activement encouragées par la cour et les artistes bénéficièrent d'allégements fiscaux. Les sculpteurs produisirent un grand nombre de figures bouddhistes en bois et en bronze doré. Des poèmes furent composés qui se retrouveront dans le Manyoshu ou "Collection des 10 000 feuilles", compilé vers 760, ce qui en fait la plus ancienne anthologie de ce type dans la littérature japonaise.

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Sous le règne de Shōtoku, 46 monastères et temples bouddhistes furent construits, dont les plus importants sont le Shitennō-ji (593), le Hōkō-ji (596) et le Hōryū-ji. Ce dernier fut achevé en 607 mais brûla vers 670, après quoi il fut reconstruit ; c'est le seul monastère de la période Asuka qui subsiste dans son état d'origine. Le complexe, composé de 48 bâtiments classés, dont une pagode à 5 étages, possède les plus anciens bâtiments en bois du Japon.

This content was made possible with generous support from the Great Britain Sasakawa Foundation.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, avril 14). Période Asuka [Asuka Period]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15913/periode-asuka/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Période Asuka." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 14, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15913/periode-asuka/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Période Asuka." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 14 avril 2017. Web. 20 nov. 2024.

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