Le Daigo-ji est un complexe de temples bouddhistes Shingon à Kyoto (ancien Heiankyo), au Japon, fondé en 874 par le moine érudit Shobō (alias Rigen-Daishi). Le site établit des liens étroits avec la famille impériale et devint un important lieu de pèlerinage. La célèbre pagode du Daigo-ji est le plus ancien bâtiment de Kyoto. Le complexe du temple compte 70 structures en bois, 18 Trésors nationaux du Japon et est un site du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Un temple royal
Le Daigo-ji est l'un des temples principaux de la secte bouddhiste Shingon. Il est situé au sud de Kyoto, dans une zone qui se trouvait autrefois à la périphérie de la capitale du Japon, Heiankyo. C'est là que le moine Shobō, connu à titre posthume sous le nom de Rigen Daishi (Grand maître des trésors sacrés), reçut une vision près d'une source naturelle et construisit un simple ermitage en 874, puis le premier temple au 9e siècle. Le monastère reçut le soutien de l'empereur Daigo (r. de 897 à 930), qui décréta en 919 que seuls les moines descendant de la lignée familiale de Shobō pouvaient occuper le poste de seigneur abbé. Plus important encore, l'abbé se verrait octroyer le rang de zasu, ce qui le mettait sur un pied d'égalité avec les abbés des autres grands monastères du Japon: Enryakuji et Kongobuji. Le complexe bénéficierait d'un soutien impérial supplémentaire au cours du siècle suivant, qui verrait le site s'agrandir et bénéficier d'une exonération fiscale.
Le Daigo-ji est resté un temple majeur parrainé par l'empire au fil des ans, comme en témoigne l'enterrement sur le site d'empereurs et de leurs épouses, notamment l'empereur Suzaku (r. de 930 à 946), l'empereur Murakami et les épouses de l'empereur Shirakawa (r. de 1073 à 1086) et de Go-Toba (r. de 1183 à 1198). Le Daigo-ji devint un célèbre lieu de pèlerinage et une tradition se développa selon laquelle les empereurs priaient sur le site lorsqu'ils attendaient une naissance royale. Un autre lien avec la famille impériale était l'exercice de la fonction d'abbé par des personnages royaux. Par exemple, le seigneur abbé Kakugen était le fils de l'empereur Kazan (r. de 984 à 986).
Un nouveau cycle de construction eut lieu à partir de 1115 sous les auspices du Seigneur Abbé Shokaku, lorsque la zone de Sambo-in fut développée et que les jardins paysagers furent construits. À la fin du XIIe siècle, le complexe était devenu un important centre d'apprentissage et comptait cinq sous-temples, les Daigoiji gomonzeki (cinq temples aristocratiques du Daigoji), 42 salles principales, quatre pagodes, trois villas royales et 183 dortoirs pour les moines.
Le Kami Daigo
Le complexe du Daigo-ji est divisé en deux zones distinctes: le Shimo Daigo (Daigo inférieur) et le Kami Daigo (Daigo supérieur), ce dernier étant également le nom de la montagne sur les pentes boisées de laquelle il est construit. L'enceinte supérieure est le site du temple original fondé par Shobō. L'une des structures les plus importantes du Kami Daigo est la salle Yakushido. La version actuelle fut construite en 1121 et contient des œuvres d'art anciennes, dont une image datant de 907, lorsque le bâtiment original fut construit. La source qui inspira Shobō pour la construction du temple sur le site est aujourd'hui enfermée dans son propre enclos de bois.
Le Shimo Daigo
Nichée au pied de la montagne, à 4,5 km du Kami Daigo, l'enceinte inférieure fut développée à partir de 926, lorsque le site reçut le patronage impérial. Elle comprend l'imposante Salle dorée principale (Kondo) avec son impressionnant toit en pente qui date de la période Kamakura (1185-1333). On y trouve également le Sambo-in ou monastère des Trois Trésors (construit pour la première fois au XIIe siècle), la porte des Messagers impériaux (qui n'est utilisée comme porte), des jardins célèbres pour leurs cerisiers en fleurs, l'étang Benten avec son pont en bois et son sanctuaire, ainsi que le musée du site. Le hall de réception avant (Omote-shoin) et le hall de réception intérieur (Oku-shoin), qui sont des exemples de bâtiments domestiques du XVIe siècle dans le style shoin-zukuri, sont également d'une grande importance architecturale. À l'intérieur de ces deux bâtiments, les murs et les écrans coulissants en papier (fusuma) sont peints de paysages.
L'attraction principale de l'enceinte du Shimo Daigo, et le symbole du Daigo-ji en général, est la pagode à cinq toits, le plus ancien bâtiment de Kyoto, qui fut érigé en 951 ou 952 grâce au parrainage de l'empereur Murakami (r. de 946 à 967). Cette pagode en bois de 34 mètres de haut est un bel exemple de l'architecture du style Fujiwara. Elle contient plusieurs exemples de peintures de l'ancien Japon, notamment des représentations des huit patriarches du bouddhisme Shingon, mais elle n'est malheureusement pas ouverte au public.
Histoire ultérieure
Comme beaucoup d'autres bâtiments anciens du Japon, le site subit sa part de destruction, délibérée ou accidentelle, en particulier pendant la guerre d'Ōnin (1467-1477). Toyotomi Hideyoshi, régent impérial du XVIe siècle, restaura le temple principal du site et embellit les jardins de Sambo-in. Selon le journal de Gien, l'abbé de l'époque, Hideyoshi aménagea lui-même les jardins à sa guise, faisant venir 700 grosses pierres qu'il avait sélectionnées pour leur forme inhabituelle et qu'il plaça ensuite de manière à obtenir un effet esthétique maximal. De nombreuses pierres furent récupérées dans d'autres sites pittoresques du Japon, et certaines proviennent même de son propre palais de plaisance, le splendide manoir de la collection de luxe ou Juraku-dai. Depuis les efforts de Hideyoshi, de nombreux autres bâtiments du Daigo-ji ont été restaurés de la même manière.
Aujourd'hui, le Daigo-ji est toujours un temple et un monastère en activité, l'enceinte supérieure continue d'être un lieu où les moines pratiquent l'ascèse (Shugendo), et il reste un passage sur les principales routes de pèlerinage. Classé au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1994 et abritant de nombreux bâtiments et œuvres d'art anciens, le Daigo-ji est bien sûr également très prisé des touristes, en particulier de ceux qui souhaitent admirer au printemps les célèbres cerisiers en fleurs des jardins de Sambo-in.
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