Le Sanjūsangen-dō est un temple bouddhiste qui fait partie du monastère de Rengeo-in à Kyoto, au Japon. Fondé en 1164, le temple est célèbre pour ses dimensions impressionnantes et pour les 1 001 figures de Bouddha en or et les 28 statues de gardiens qui se trouvent à l'intérieur. Le temple est classé trésor national du Japon.
La grande salle du temple
Le nom officiel du temple Sanjūsangen-dō est Rengeo-in, ce qui signifie "Temple du Roi Lotus Kannon-bosatsu". Il est dédié à Kannon (nom complet: Juichimen-Senjusengen-Kanzeon), le bodhisattva mieux connu sous le nom de Guanyin. Le temple fut fondé en 1164 par l'empereur Go-Shirakawa (r. de 1155 à 1158) à Kyoto ou Heiankyo, la capitale de l'époque. Certaines sources attribuent la fondation au fonctionnaire de la cour Taira-no Kiyomori (1118-1181), membre du puissant clan Taira. Il était à l'origine situé au centre du palais Ho-juji, la résidence de Go-Shirakwa qui fut détruite en 1183, seul le Sanjūsangen-dō ayant survécu.
L'immense bâtiment du temple n'a qu'un seul étage mais mesure 120 mètres de long et 16,5 mètres de large. Le nom familier du bâtiment signifie "une salle avec 33 espaces entre les colonnes" et décrit la façade du bâtiment. 33 est également un nombre sacré pour Kannon, car on pense que le bodhisattva a eu 33 manifestations et que la route de pèlerinage la plus importante en son honneur s'arrête à 33 temples. Il y a une entrée unique sur les quatre côtés, une véranda autour du bâtiment, et le toit est en tuiles et légèrement incliné vers l'extérieur et vers le haut aux angles.
Le bâtiment du temple est si grand qu'il fut longtemps utilisé pour des concours de tir à l'arc, à partir du XVIe siècle. Le vainqueur de ces compétitions devait tirer le plus grand nombre de flèches sur toute la longueur du temple. Pour illustrer la difficulté de la tâche, lors d'un concours organisé en 1686, le vainqueur, un certain Wasa Daihachiro, ne réussit à tirer que 8 133 de ses 13 053 flèches sur la distance requise. La tradition se perpétue aujourd'hui avec le concours annuel Toh-shiya ("flèche perforante") qui a lieu chaque année en février.
La grande salle est construite dans le style japonais (Wayo), par opposition à l'architecture plus courante des temples influencés par la Chine. Les murs extérieurs sont peints en rouge et les cadres des fenêtres en bleu. À l'intérieur, les poutres et les chevrons du toit sont laissés apparents, une caractéristique typique du style architectural Keshou-yaneura qui remonte à la période Nara (710-794). Le temple d'origine fut détruit par un incendie en 1249, mais il fut reconstruit à la demande de l'empereur Go-Saga (r. de 1242 à 1246). Achevé en 1266, il a été rénové quatre fois depuis.
Le temple Sanjūsangen-dō est entouré d'un mur de terre surmonté d'un toit et accessible par deux portes. Le mur et la porte sud datent de 1590, lorsque le régent Toyotomi Hideyoshi (1537-1598) valorisa le site. Les deux structures sont de style Momoyama et sont inscrites sur la liste des biens culturels importants du Japon.
Sculptures intérieures
À l'intérieur du Sanjūsangen-dō se trouvent de nombreuses sculptures de qualité, la plus importante étant la statue de Kannon aux mille bras. La figure géante de Kannon, assise et dorée, est un trésor national du Japon et représente la vision familière du bodhisattva qui voit tout et englobe tout, avec onze visages (une tête normale, puis un pour chacune des huit directions, plus un pour le ciel et un pour la terre) et 1 000 bras (un nombre qui représente l'infini en sanskrit). Sur cette figure, les onze visages sont représentés par une couronne de têtes et 20 paires de bras. Sur son auréole, il y a 31 représentations miniatures du Bouddha. Chaque main tient un objet sacré, comme un rouleau de sutra pour représenter l'apprentissage, un saule pour la guérison, une épée pour bannir les démons et une hache pour lutter contre la malchance. Kannon est assise sur une fleur de lotus octogonale à sept niveaux de pétales. La figure mesure 3,3 mètres de haut. Des inscriptions à l'encre à l'intérieur du corps de la statue et sur le siège de lotus indiquent qu'elle est l'œuvre du grand sculpteur Tankei de la période Kamakura (1185-1333), chef de file de l'école de sculpture bouddhiste Kei-ha, qui aurait eu 82 ans à l'époque de sa création en 1254.
De part et d'autre de la figure de Kannon assise qui occupe la moitié du temple, se trouvent 1 000 statues plus petites de Kannon, chacune mesurant environ 1,7 mètre de haut. Réalisées par une équipe de sculpteurs sur une période de 15 ans, elles sont presque identiques, avec seulement quelques différences mineures dans l'expression du visage et les plis de la robe. Disposées sur dix niveaux parallèles, elles sont tous orientées dans la même direction, vers l'est, et possèdent chacune 20 bras et une auréole avec des rayons. Toutes les figures dorées sont considérées comme des biens culturels importants du Japon. 124 d'entre elles datent de la fondation du temple au 12e siècle, tandis que les 876 autres furent fabriquées un siècle plus tard en imitant les originaux perdus. Environ 500 des figures sont signées par leur sculpteur sur la base et comprennent des œuvres d'artistes célèbres tels que Ryuen, Inga, Tankei (qui en a réalisé neuf) et Koen, le grand élève et successeur de Tankei.
La statue principale de Kannon et les 1 000 figures plus petites sont toutes protégées par 28 assistants et gardiens, tous placés sur une plate-forme surélevée et disposés en une seule rangée à l'avant. D'une hauteur d'environ 1,6 mètre, la plupart d'entre eux sont issus du bouddhisme et de la mythologie indienne. Ils représentent des concepts tels que la beauté, la sagesse, la prospérité, la charité, la justice et la force. Aux deux extrémités de la salle, chacune se tenant sur une plate-forme surélevée en forme de nuage, se trouvent deux autres figures, cette fois de Raijin, le dieu du tonnerre, et de Fujin, le dieu du vent. Les statues mesurent environ un mètre de haut, le dieu du vent étant représenté tenant un sac rempli de vent, tandis que le dieu du tonnerre est entouré d'un cercle de huit petits tambours. Les deux statues datent de la période Kamakura.
Toutes les statues du Sanjūsangen-dō sont fabriquées en bois de cyprès et selon la même technique appelée yosegi-zukuri, c'est-à-dire que les différentes parties sont sculptées séparément, assemblées puis recouvertes de laque. Enfin, les figures étaient peintes ou dorées à la feuille d'or et les yeux sertis de quartz.
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