Le Kōfuku-ji est un temple bouddhiste fondé en 669 et transféré à son emplacement actuel à Nara, au Japon, en l'an 710. Il était le principal temple bouddhiste de l'influent clan Fujiwara pendant la période Heian (794-1185). La pagode à cinq étages du temple est devenue un symbole de la ville qui était la capitale du Japon au VIIIe siècle. Le Kōfuku-ji est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Aperçu historique
Le temple Kōfuku-ji fut fondé à Yamashina-dera en 669, mais lorsque la capitale fut déplacée à Nara en 710 sous le règne de l'impératrice Gemmei (r. de 707 à 715), le temple lui aussi fut déplacé, bâtiments et tout le reste. Le Kōfuku-ji, dont le nom signifie "temple du bonheur", est devenu l'un des temples les plus importants de la ville et, à son apogée, comptait plus de 150 bâtiments. Il était dédié à la secte Hosso du bouddhisme qui avait été introduite au Japon depuis la Chine vers 650 par le moine japonais Dosho.
Le Kofukuji était l'ujidera ou le principal temple familial bouddhiste du puissant clan Fujiwara, dont de nombreux membres furent régents et occupèrent d'autres postes gouvernementaux importants au cours de la période Heian. Le complexe monastique tirait ses revenus d'un domaine attribué aux Fujiwara dans la province de Bizen et prospéra, devenant un acteur politique majeur à part entière, comme l'explique l'historien G. Sansom,
Il est symbolique de la position dominante du clan que leur monastère, le Kōfuku-ji, était si puissant que pendant un certain temps aucun gouverneur ne fut nommé dans la province de Yamato, parce que cela aurait interféré avec le pouvoir presque plénier de l'abbé du Kōfuku-ji. (153)
Grâce à cette richesse, le monastère, comme plusieurs autres dans l'ancien Japon, put entretenir une armée privée de serviteurs armés (sohei) recrutés parmi les moines stagiaires et les mercenaires locaux. Cette force permettait aux moines du Kōfuku-ji de protéger leurs intérêts fonciers et de maintenir leur position dominante en tant que monastère influent dans la politique japonaise en bloquant les routes, en faisant obstruction aux émissaires et en se faisant généralement remarquer. En effet, en 1006, le complexe disposait de 3 000 hommes armés et, en 1081, l'armée du Kōfuku-ji attaqua des monastères rivaux sur les monts Hiyei et Miidera, brûlant ce dernier et le pillant. En 1113, le Kōfuku-ji aurait envoyé une armée de 20 000 hommes contre son grand rival, le monastère Enryakuji à Heiankyo (Kyoto), la nouvelle capitale après Nara, à la suite d'un différend concernant la nomination d'un administrateur d'un temple de la branche du Kōfuku-ji.
Alors que le clan Fujiwara perdait sa mainmise sur le pouvoir au profit de clans rivaux tels que les Taira et les Minamoto, le complexe subit des destructions à grande échelle au cours de la première année de la guerre de Genpei (1180-1185). Une armée de Taira dirigée par Shigehira, cinquième fils du chef de clan Taira Kiyomori, avait attaqué le monastère parce qu'il soutenait leurs rivaux, les Minamoto. Les travaux de reconstruction commencèrent presque immédiatement après, mais pendant la période médiévale, le site, qui n'était plus un centre religieux important, fut attaqué à plusieurs reprises par des bandes de guerriers samouraïs en maraude.
Le monastère joua également un rôle important dans le développement du théâtre japonais, car c'est à Kōfuku-ji qu'eut lieu la première représentation enregistrée d'Okina, une forme de théâtre Nō, au cours de laquelle trois moines exécutent une série de danses. Les trois prêtres représentent trois vieillards connus sous les noms de Chichi-no-jo, Okina et Samban Sarugaku, personnages associés respectivement au Bouddha, à Monju et à Miroku.
Ce n'est qu'en 1881 qu'un projet de restauration complète du complexe débuta.
Particularités architecturales
Le Kōfuku-ji comptait autrefois trois halls principaux, mais seul celui de l'est subsiste aujourd'hui. Le hall principal de l'est (Tokondo) fut construit en 1415 sur le site de versions antérieures, la première ayant été construite sous le règne de l'empereur Shomu (r. de 724 à 749). L'empereur aurait construit le hall pour tenter de guérir sa tante malade, raison pour laquelle le bâtiment contient aujourd'hui une statue de Yakushi Nyorai, le Bouddha de la guérison. Parmi les autres sculptures de la version actuelle figurent quatre figures de gardiens, les Shitenno des quatre directions cardinales. Chaque figure est sculptée dans un seul tronc d'arbre.
L'impressionnante pagode de cinq étages qui se dresse à côté du hall principal est date de 1426. Elle fut construite après qu'un incendie eut détruit plusieurs de ses prédécesseurs, dont le premier avait été construit en 725. La version actuelle, construite en copiant les plans de la structure originale, mesure 50 mètres de haut, ce qui en fait la deuxième pagode la plus haute du Japon. Elle est entièrement construite en bois et sans clous. L'extérieur est peint en rouge et l'intérieur est sobre.
À l'intérieur de la pagode, au rez-de-chaussée, se trouvent plusieurs sculptures importantes représentant les bouddhas Yakushi, Shaka, Amida et Miroku. Ces figures sont représentées en triades disposées autour de la colonne centrale du bâtiment. Aujourd'hui, la pagode Kōfuku-ji est devenue le symbole emblématique de la ville moderne de Nara.
Parmi les autres structures importantes du site, citons les deux salles octogonales distinctives qui sont généralement fermées au public, mais qui contiennent d'autres sculptures bouddhistes. Le hall octogonal du nord (Hokuendo) fut construit pour la première fois en 721, tandis que la version actuelle date de 1210. Il fut érigé en l'honneur de Fujiwara no Fuhitio, l'un des fondateurs du temple. La salle octogonale sud (Nanendo), construite pour la première fois en 813, mais dont la version actuelle date de 1741, constitue une étape sur la célèbre route de pèlerinage qui passe par 33 sites de temples dans l'ouest du Japon.
Enfin, il y a la Maison du Trésor (Kokuhokan), le bain Oyuya et une deuxième pagode plus petite. Un musée abrite également de nombreux exemples d'art bouddhiste ancien, dont une tête en bronze de Yakushi Nyorai et une célèbre statue en bois et en laque représentant un Ashura à six bras.
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