L'Égypte ptolémaïque exista entre 323 et 30 avant notre ère, lorsque l'Égypte était gouvernée par la dynastie des Lagides (alias dynastie ptolémaïque ou des Ptolémées). Au cours de la période ptolémaïque, la société égyptienne se transforma car les immigrants grecs introduisirent une nouvelle langue, un nouveau panthéon religieux et un nouveau mode de vie en Égypte. Alexandrie, la capitale des Ptolémées, devint la première ville du monde hellénistique, connue pour sa Grande Bibliothèque et le phare de Pharos.
De la domination perse à Alexandre
En 525 avant notre ère, l'Égypte fut conquise par l'empire achéménide, ce qui marqua le début d'une période de dure domination étrangère et de répression culturelle. L'Égypte retrouva brièvement son indépendance de 404 à 342 av. J.-C. avant d'être reconquise. Le mécontentement à l'égard du gouvernement perse conduisit les Égyptiens à accueillir Alexandre le Grand comme un libérateur lorsqu'il envahit le pays en 332 avant notre ère. Alexandre avait déjà brisé l'armée perse à la bataille d'Issos (333 av. J.-C.), et Mazakès, le satrape d'Égypte, se rendit sans combattre.
Alexandre fit preuve d'un profond respect pour la culture égyptienne, choisissant de se faire couronner pharaon selon la coutume traditionnelle. Il offrit des sacrifices aux dieux égyptiens à Héliopolis et à Memphis et organisa des jeux athlétiques grecs pour célébrer son règne. Il se rendit ensuite dans le sud, à l'oracle d'Amon, que les Grecs assimilaient à Zeus, dans l'oasis de Siwa. Alexandre se croyait le fils de Zeus, ce que l'oracle sembla lui confirmer. Cette idée avait un précédent dans l'idéologie royale égyptienne, où les rois étaient considérés comme des dieux vivants, descendants de divinités telles que Râ ou Amon. Il s'agissait d'une prétention exceptionnellement grandiose pour des souverains grecs, mais la réputation d'Alexandre était suffisamment grande pour que les Grecs l'acceptent en tant que demi-dieu.
Le grand dessein d'Alexandre en est venu peu à peu à englober l'idée que tous les peuples devaient être soumis en vue de la formation d'un nouvel ordre mondial; à cette fin, le système pharaonique égyptien présentait une idéologie très appropriée qui était bien établie et avait été acceptée pendant des millénaires.
(Hölbl, 9)
En 331 avant notre ère, Alexandre se rendit dans le village de pêcheurs de Rhakotis où il planifia la fondation d'une nouvelle ville, Alexandrie. Il voulait faire d'Alexandrie la capitale de son empire, un lien entre l'Égypte et la Méditerranée. Avant de partir pour poursuivre ses conquêtes, Alexandre nomma deux gouverneurs, Doloaspis et Peteisis, et désigna Cléomène de Naucratis, un Grec égyptien, comme satrape. Il laissa également une petite armée pour occuper et défendre l'Égypte.
Après la mort d'Alexandre le Grand à Babylone en 323 avant notre ère, son général Ptolémée Ier devint satrape d'Égypte. Il était nominalement le serviteur des successeurs d'Alexandre, Philippe Arrhidée et Alexandre IV de Macédoine, mais en réalité, il gouvernait de sa propre initiative. Ptolémée Ier exécuta rapidement Cléomène, dont les impôts exorbitants étaient impopulaires, et commença à mettre en place des politiques royales visant à moderniser le pays. En 310 avant notre ère, les derniers héritiers d'Alexandre étaient morts et, au cours des guerres des Diadoques, les généraux d'Alexandre revendiquèrent des morceaux de son empire. Ptolémée Ier fut couronné roi d'Égypte en 306 avant notre ère, instaurant ainsi la dynastie des Ptolémées.
Gouvernement
Au moment de la conquête d'Alexandre, l'Égypte disposait d'un système de gouvernement efficace, vieux de plusieurs milliers d'années. Ptolémée Ier et Ptolémée II laissèrent ce système pratiquement intact, à l'exception de changements destinés à moderniser le pays. L'Égypte ancienne était traditionnellement divisée en une quarantaine de provinces appelées nomes, chacune ayant sa propre capitale. Les nomarques, ou gouverneurs égyptiens, conservèrent conservé leur poste sous la domination macédonienne. Toutefois, ils devaient rendre des comptes aux strategoi (littéralement "généraux") nommés par les Ptolémées pour superviser les nomes. Les villes et les villages étaient dirigés par des fonctionnaires municipaux qui rendaient compte aux strategoi.
Comme les Ptolémées parlaient grec, le grec devint la langue officielle utilisée par l'administration royale. L'égyptien démotique restait la principale langue utilisée par les autorités locales et la population. Les scribes et les fonctionnaires égyptiens durent devenir bilingues pour interagir avec les royaux qui parlaient grec.
L'État ptolémaïque, sur son territoire principal, n'était ni un État égyptien, ni un État grec. En effet, il combinait les traditions de la monarchie égyptienne - l'ancien système agricole, le contrôle politique par la division du pays en nomes, et les anciens temples et prêtrises - avec les institutions fiscales grecques qui découlaient directement du quatrième siècle avant J.-C.
(Manning, 3)
Deux systèmes juridiques distincts, l'un basé sur le droit égyptien et l'autre sur le droit grec, existaient dans l'Égypte ptolémaïque, et les gens choisissaient souvent le tribunal qui leur semblait le plus favorable. En 118 avant notre ère, Ptolémée VIII déclara que le droit égyptien s'appliquerait à tous les contrats rédigés en démotique et que le droit grec s'appliquerait à tous les contrats rédigés en grec.
Dans l'Égypte ptolémaïque, un réseau de bureaux interconnectés s'occupait de la gouvernance, de la fiscalité et de l'application de la loi. Les scribes étaient chargés de distribuer les édits royaux et les autres communications du gouvernement, et de recevoir les pétitions des civils. Au niveau national, les Ptolémées nommaient des ministres chargés de superviser la gestion quotidienne du royaume. Parmi ces ministres figuraient le dioiketes (ministre de l'économie) et le basilikos grammateus (scribes royaux). Bon nombre des plus hauts fonctionnaires étaient grecs et entretenaient des liens étroits avec la famille royale. Les conseillers égyptiens aristocratiques, issus de familles pharaoniques et sacerdotales, étaient utilisés pour leur connaissance de la culture et de la société égyptiennes.
Développement régional
L'Égypte ptolémaïque comptait au moins 3 millions d'habitants en raison des excédents de nourriture et de boisson dans l'Égypte ancienne. La majeure partie de cette population vivait le long du Nil, tandis que les régions désertiques au-delà restaient peu peuplées. La densité de population dans les zones habitées était comparable à celle de la France d'aujourd'hui, ce qui entraîna un niveau d'urbanisation relativement élevé.
Pour un visiteur étranger, la campagne égyptienne devait ressembler à une suite presque ininterrompue de villages grouillants situés à une distance maximale de 2-2,5 miles les uns des autres et abritant parfois plus d'un millier de personnes.
(Chauveau, 35)
Le pays était divisé en deux régions distinctes: La Basse-Égypte (la région septentrionale englobant le delta du Nil) et la Haute-Égypte (la région méridionale entourant la vallée du Nil). La Basse-Égypte avait une population plus dense et plus urbanisée, soutenue par les plaines inondables fertiles du delta. La proximité d'Alexandrie et de la Méditerranée incita la plupart des Grecs à s'y installer. Les Ptolémées fondèrent plusieurs villes portuaires sur la côte de la mer Rouge en Basse-Égypte.
L'Égypte ptolémaïque comptait trois cités-États grecques: Alexandrie, Naucratis et Ptolémaïs Hermiou. Naucratis était une ville portuaire fondée au VIIe siècle avant notre ère en tant que colonie pour les commerçants et mercenaires grecs en Égypte. Ptolémaïs Hermiou fut fondée par Ptolémée Ier pour remplacer Thèbes en tant que capitale de la Thébaïde. C'était la principale colonie hellénistique de Haute-Égypte. Ces villes avaient des constitutions et des conseils élus, bien qu'elles fussent toujours soumises à l'autorité ptolémaïque. Leurs citoyens bénéficiaient de droits et de privilèges supplémentaires, en raison de leur nature plus démocratique. Comme dans la plupart des villes antiques, la grande majorité des résidents étaient des non-citoyens.
La Haute-Égypte était plus rurale et sa culture ne fut pas fortement affectée par l'hellénisation. Thèbes et Memphis, toutes deux anciennes capitales de l'Égypte, étaient les principales villes de Haute-Égypte. Memphis prospéra sous les Ptolémées en tant que centre industriel et commercial. Thèbes perdit son statut de capitale provinciale lorsque Ptolémée Ier fonda la ville qui la remplaça, Ptolémaïs Hermiou. Par la suite, Thèbes perdit de son importance et fut souvent le berceau de rébellions contre les Ptolémées.
Le Fayoum, une région marécageuse de Haute-Égypte, prit de l'importance au cours de cette période. La dynastie ptolémaïque entreprit un vaste programme de mise en valeur des terres qui permit d'assécher des plans d'eau comme le lac Moeris afin de créer de nouvelles terres agricoles. Ce lac devint l'un des principaux lieux d'installation des clérouques ptolémaïques, c'est-à-dire des colons militaires. Un système sophistiqué de canaux et de digues assurait l'irrigation, permettant aux colons grecs de planter des raisins et des olives.
Religion
Comme dans les périodes précédentes de l'histoire égyptienne, les prêtres et les temples étaient politiquement influents. Outre l'accomplissement des rituels religieux traditionnels, les temples jouaient également le rôle de gouvernement régional. Ils dirigeaient les plantations et les récoltes, collectaient les impôts et appliquaient la loi. À l'époque ptolémaïque, les prêtres de toute l'Égypte se réunissaient en synodes annuels pour discuter de questions religieuses et politiques.
La dynastie ptolémaïque comptait sur le soutien des prêtres pour se légitimer en tant que pharaons légitimes aux yeux du peuple. En retour, la famille royale finançait la construction de temples et de monuments prestigieux. La dynastie ptolémaïque entretenait des relations particulièrement étroites avec les prêtres de Ptah à Memphis, dont la loyauté envers les Ptolémées était récompensée par une influence politique. D'autres temples s'opposaient parfois à la domination ptolémaïque, inspirant les rebelles et les usurpateurs.
Ptolémée Ier rendit un culte à Alexandre, le considérant comme un fondateur et une divinité protectrice. Ptolémée Ier lui-même reçut des honneurs divins de la part du peuple de Rhodes pour le remercier de l'avoir défendu contre Démétrios Ier de Macédoine et commença plus tard à se présenter comme un dieu-roi comparable à Alexandre. Au début du IIIe siècle avant notre ère, Ptolémée II et Arsinoé II Philadelphe établirent le culte royal, qui vénérait les membres vivants et morts de la famille ptolémaïque.
Les immigrants grecs assimilèrent les divinités égyptiennes aux dieux grecs par le biais d'un processus appelé interpretatio graeca. Par exemple, Anubis était comparé à Hermès, Isis à Aphrodite et Osiris à Dionysos. Les influences grecques se mêlèrent à la religion égyptienne, donnant lieu à la création de dieux hybrides. Certains nouveaux dieux, comme Sérapis, furent créés par les Ptolémées pour unifier leurs sujets grecs et égyptiens. D'autres étaient le résultat d'interactions naturelles entre Grecs et Égyptiens.
Immigration et hellénisation
Entre le 4e et le 3e siècle avant notre ère, des centaines de milliers de Grecs immigrèrent dans l'Égypte ptolémaïque. Des Juifs, des Thraces, des Cariens et des Syriens arrivèrent également en grand nombre. La majorité de ces immigrants étaient des clérouques, des soldats à qui l'on donnait des parcelles de terre en échange de leur service. Les historiens estiment que 5 à 10 % de la population totale de l'Égypte était grecque à la fin du IIIe siècle avant notre ère. L'immigration se ralentit jusqu'à devenir insignifiante après cette période, la population grecque d'Égypte s'étant stabilisée.
La majeure partie de la population grecque était concentrée dans le Fayoum et le Delta. Certains immigrants fondèrent de nouveaux villages et des villes de garnison, tandis que d'autres s'installèrent dans des établissements préexistants. Les nouvelles fondations étaient aménagées comme les villes grecques, selon un plan de rues en damier. Le gymnasium était généralement situé à un point central de la ville. Les gymnasia de la Grèce antique étaient des lieux de participation civique et sportive, fortement liés à l'identité grecque. L'inscription au gymnasium était un marqueur de l'identité grecque et de la citoyenneté. Les hommes admissibles étaient généralement inscrits à l'âge de 14 ans. D'autres institutions culturelles, telles que la politeuma et les confréries religieuses, aidèrent les immigrants à créer un sentiment de communauté et d'appartenance.
Les Grecs sont restés un groupe minoritaire en Égypte, même si "être Grec" a été lentement redéfini comme un phénomène plus culturel et linguistique qu'ethnique, et après un siècle de domination ptolémaïque, les Égyptiens hellénisés ont commencé à occuper des postes dans l'armée et la bureaucratie.
(Rathbone, 24)
Les immigrants en Égypte venaient de régions distinctes comme la Macédoine, Athènes, Samos, Sparte et la Thessalie. Avec le temps, les distinctions culturelles entre ces groupes s'atténuèrent et ils adoptèrent une identité "grecque" plus universelle. Certains Égyptiens se s'hellénisèrent également en adoptant la langue et la culture grecques, voire un nom grec. Les personnes considérées comme grecques étaient privilégiées dans les affaires et la politique. Les Grecs et les Perses étaient également exemptés de certains impôts. Les Égyptiens hellénisés servaient souvent dans l'armée ou dans l'administration, où il était nécessaire de parler grec. Les mariages entre Grecs et Égyptiens accélérèrent davantage encore le processus d'hellénisation.
Alexandrie
Alexandrie prospéra en tant que capitale de l'Égypte ptolémaïque. C'était un centre de commerce animé, stratégiquement situé sur une série de ports naturels sur la côte méditerranéenne. La ville comptait une population cosmopolite de 300 000 habitants, dont environ 10 000 étaient des citoyens. Les trois groupes ethniques les plus importants étaient les Grecs, les Égyptiens et les Juifs. Les Égyptiens constituaient probablement le groupe démographique le plus important, mais la culture grecque dominait la ville. Des immigrants venus d'Europe, du Proche-Orient, d'Afrique de l'Est et d'Inde affluèrent à Alexandrie en tant que marchands, marins, érudits et mercenaires. Dans l'Antiquité, Alexandrie était parfois considérée comme séparée du reste du pays, sous le nom d'"Alexandrie à côté de l'Égypte".
Alexandre laissa derrière lui une armée d'occupation gréco-macédonienne et une nouvelle ville, Alexandrie, qui était destinée à se développer au-delà de toute attente - Alexandrie, la ville de Sarapis, qui dès le début et pour un millier d'années à venir vécut avec un double destin: l'hellénisme et la domination de l'Égypte.
(Bingen, 215)
Alexandrie était le centre de la culture grecque en Égypte et la capitale culturelle du monde grec. La ville fut construite selon un plan de rues en damier établi par Alexandre le Grand et rapidement développé par les Ptolémées. La ville était divisée en trois parties: le quartier royal ou grec, le quartier égyptien et le quartier juif. L'architecture hellénistique dominait les bâtiments et les monuments, avec toutefois des influences architecturales égyptiennes. Ptolémée I et II supervisèrent la construction du Pharos, le phare emblématique d'Alexandrie, l'une des sept merveilles du monde antique. Les générations suivantes de Ptolémées ornèrent la ville de temples de marbre, de demeures et de tombes monumentales. Pendant ce temps, la plupart des habitants de la ville vivaient dans des logements exigus et dangereux.
Dans l'Antiquité, Alexandrie était célèbre pour sa communauté intellectuelle, soutenue par la famille royale. Le Museion, ou Grande Bibliothèque d'Alexandrie, fut construit sous la direction de Démétrios de Phalère, l'un des élèves d'Aristote. Elle attira des esprits comme Euclide, Eratosthène, Théophraste et Héron d'Alexandrie. Sa collection de littérature égyptienne, proche-orientale et grecque comprenait des centaines de milliers de rouleaux. La littérature alexandrine contribua à façonner l'identité nationale ptolémaïque en situant la mythologie grecque et les récits épiques en Égypte. La communauté juive d'Alexandrie développa également une culture littéraire unique qui influença le développement de la littérature juive et chrétienne à des époques ultérieures.
Société et économie
L'économie de l'Égypte ptolémaïque changea radicalement par rapport à la période pharaonique. Les Ptolémées introduisirent un système de monnaie, jusqu'alors pratiquement inconnu en Égypte. La monnaie ptolémaïque s'inspirait de la monnaie grecque antique et utilisait des dénominations d'oboles et de drachmes. Cela permit à l'Égypte de participer à l'économie méditerranéenne et à la dynastie ptolémaïque de payer ses soldats et ses commerçants en pièces de monnaie. Tous les aspects de la production et de la propriété étaient taxés, et les individus devaient s'acquitter d'un impôt de capitation. Les Ptolémées procédaient à des recensements pour comptabiliser les personnes et les biens imposables.
Comme dans toutes les sociétés préindustrielles, la majorité de la population était composée d'agriculteurs. L'Égypte exportait des céréales, des fruits et des fibres. Le régime alimentaire de l'Égypte ancienne était basé sur le pain et la bière, mais des produits méditerranéens comme le vin commencèrent à être produits en plus grande quantité pour l'exportation ou la consommation des immigrants grecs. Le gouvernement royal possédait personnellement jusqu'à la moitié des terres agricoles de l'Égypte, les temples étant propriétaires d'une part importante des terres agricoles restantes. Seule une petite partie des terres agricoles appartenait à des particuliers.
Le travail de ces agriculteurs faisait vivre un petit écosystème d'artisans tels que les potiers, les producteurs de textiles, les charpentiers et les maçons. La vie à la campagne était simple, les gens vivant généralement dans des maisons-tours à plusieurs étages en brique crue ou dans de petites habitations à un étage. Les habitants les plus riches construisaient des villas spacieuses en marbre et en granit. Les grandes villes étaient pleines de tavernes, de bains publics, de magasins et d'appartements.
Dans l'Égypte ancienne, les femmes jouissaient d'une plus grande liberté économique et sociale que dans de nombreuses sociétés contemporaines. Elles pouvaient posséder des entreprises, vivre de manière indépendante et se représenter elles-mêmes dans les affaires juridiques. Cette situation résultait de la rencontre entre la société égyptienne, relativement égalitaire, et la culture hellénistique naissante, dans laquelle les femmes grecques étaient beaucoup plus libérées que leurs ancêtres. Cependant, elles n'étaient pas totalement égales aux hommes et avaient beaucoup moins de chances de recevoir une éducation formelle.
Guerre et rébellion
L'armée et la marine ptolémaïques étaient des forces militaires hellénistiques composées à l'origine de vétérans de l'armée d'Alexandre le Grand. Ces soldats étaient venus en Égypte en quête de fortune et de terres agricoles. Nombre de leurs descendants continuèrent à servir dans l'armée ptolémaïque, complétée par des mercenaires. Plus tard, les Ptolémées recrutèrent davantage de soldats égyptiens indigènes, qui étaient moins bien payés que les troupes grecques ou barbares, mais qui se révélèrent tout aussi efficaces. Pendant le premier siècle du règne des Ptolémées, l'Égypte fut pratiquement épargnée par la guerre. Les Ptolémées de l'époque menaient des guerres de conquête pour étendre leur influence en Asie, en Grèce et en Nubie.
Cette situation changea à la fin du IIIe siècle avant notre ère, lorsqu'une rébellion éclata. Le royaume ptolémaïque commença à perdre du terrain dans les guerres de Syrie contre l'empire séleucide qui tenta à plusieurs reprises d'envahir le pays. Les guerres civiles entre les membres rivaux de la dynastie ptolémaïque perturbèrent le commerce et les infrastructures, entraînant l'effondrement de l'ordre public. Les effets de la guerre furent particulièrement dévastateurs pendant le conflit entre Ptolémée VIII, Cléopâtre II et Cléopâtre III, entre 141 et 124 avant notre ère.
Des rébellions impliquant l'armée et la garde royale se produisirent tout au long de l'histoire ptolémaïque, obligeant la dynastie régnante à se plier à la volonté de ses soldats. La révolte la plus spectaculaire eut lieu lorsque Ptolémée IV forma 30 000 hoplites égyptiens qui aidèrent à vaincre les Séleucides à la bataille de Raphia en 217 avant notre ère. Ces hoplites organisèrent ensuite une rébellion en Haute-Égypte, proclamant deux souverains égyptiens autochtones: Hérouennéfer (205-197 av. J.-C.) et Ânkhouennéfer (197-185 av. J.-C.). Ces rois rebelles furent finalement vaincus par Ptolémée V.
Conquête romaine et conséquences
Les capacités militaires de l'Égypte ptolémaïque diminuèrent à la fin du IIe siècle avant notre ère et l'Égypte devint de plus en plus dépendante de l'aide romaine. Ptolémée XII et sa fille Cléopâtre VII s'appuyèrent sur l'armée romaine pour rester au pouvoir. Les relations de Cléopâtre avec le triumvir romain Marc Antoine lui permirent d'étendre l'influence ptolémaïque dans toute la Méditerranée orientale. Cependant, cette relation précipita également une guerre entre le Sénat romain et Antoine, guerre qui vit les forces d'Antoine et de Cléopâtre détruites par Auguste lors de la bataille d'Actium en 30 avant notre ère.
Le royaume fut annexé par l'Empire romain et réorganisé en province de l'Égypte romaine. Les cultures grecque et égyptienne continuèrent de dominer la société, tandis que le pouvoir des prêtres s'estompa rapidement en l'absence de patronage royal. De nombreuses politiques économiques des Ptolémées furent maintenues par les Romains, et la participation au monde romain créa davantage d'opportunités commerciales. Alexandrie, toujours capitale de l'Égypte romaine, devint la deuxième ville après Rome en termes de richesse et d'influence.