Ginkaku-ji

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Jerome Couturier
publié le 14 mai 2019
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Silver Pavilion, Ginkaku-ji (by Kalexander2010, CC BY-NC-SA)
Le Pavillon d'Argent, Ginkaku-ji
Kalexander2010 (CC BY-NC-SA)

Le temple Ginkaku-ji à Kyoto, au Japon, officiellement appelé Jisho-ji, et connu sous le nom de ‘Temple Serein du Pavillon d'Argent’, a été construit au 15ème siècle. Il s'agit d'un temple zen Rinzai dont le complexe comprend la salle Hondo, la salle Togudo, le Pavillon d'Argent, des jardins paysagers, et un jardin d'eau. Le Togudo comprend la plus ancienne salle de cérémonie du thé encore existante au Japon. Le Ginkaku-ji est un Trésor National officiel du Japon, et a été désigné Site du Patrimoine Mondial par l'UNESCO en 1994.

Ashikaga Yoshimasa

Les travaux du temple commencèrent en 1460; après une interruption temporaire pendant la Guerre d'Onin (1467-1477), ils reprirent en 1480 pour s'achever en 1483. Situé dans le quartier de Higashiyama au nord-est de Kyoto (alors appelé Heian-kyo), le temple fut conçu comme le pendant du Kinkaku-ji ou temple du Pavillon d'Or situé de l'autre côté de Kyoto, construit pour la première fois en 1397. Sa destination initiale était de servir de résidence secondaire au shogun Ashikaga Yoshimasa (1436-1490, r. de 1449 à 1474). Le parc, conçu par le célèbre paysagiste Soami, était très étendu, environ 30 fois plus grand que le site actuel et comprenait 30 pavillons.

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LA CONTEMPLATION DE LA LUNE, SYMBOLE D'ILLUMINATION DANS LE BOUDDHISME, ÉTAIT UNE PRATIQUE COURANTE CHEZ L'ÉLITE JAPONAISE À L'ÉPOQUE MÉDIÉVALE.

Après la mort d'Ashikaga Yoshimasa en 1490, le complexe fut transformé en temple zen. Il avait déjà acquis la réputation d'être un grand centre d'arts et de culture, notamment pour la quintessence des activités japonaises telles que l'arrangement floral, le théâtre Nô, la peinture à l'encre, l'étude et l'art de la porcelaine fine et de la laque, le jardinage et la cérémonie du thé. Ashikaga Yoshimasa fit même rédiger un catalogue par son expert attitré No-ami, le Kundai-kwan Sayuchoki, qui donne des commentaires sur des pièces d'art japonais et chinois particulièrement raffinées de l'impressionnante collection du shogun au Ginkaku-ji. Le catalogue fournit également des conseils pratiques, notamment sur comment reconnaître si un article est authentique ou faux, et sur la position correcte et la plus esthétique des accessoires à thé sur les étagères d'une pièce. Le catalogue fut utilisé par les amateurs d'art pendant des générations après la mort du shogun. Pour ce qui est du complexe, seuls le Pavillon d'Argent et le Togudo ont survécu intacts depuis le 15ème siècle.

Le Pavillon d'Argent

Le Pavillon d'Argent est situé dans un chef-d'œuvre de jardin paysager qui offre aux promeneurs d’abord juste un bref aperçu du bâtiment avant de les emmener à travers de hautes haies par un chemin détourné jusqu'à un point de vue surélevé d'où ils peuvent contempler le pavillon dans toute sa splendeur. Le pavillon en bois à deux étages fut conçu à l'origine comme un lieu d'observation de la lune, d'où son orientation vers l'est et le lever de la lune. Regarder la lune, symbole de l'Illumination dans le Bouddhisme, était une pratique courante chez l'élite japonaise à l'époque médiévale, où des fêtes étaient organisées à cet effet, où l'on buvait du saké et récitait des poèmes.

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Sea of Silvery Sand, Ginkaku-ji
Mer de Sable d'Argent,
Brice de Reviers (CC BY-ND)

Le pavillon, malgré son nom, est étrangement dépourvu de décorations en argent – contraste marqué avec le Pavillon d'Or du Kinkaku-ji. Il est possible que le projet initial d'utiliser de l'argent se soit avéré trop coûteux, ou que l'effet argenté provienne du reflet de la lune sur l'extérieur laqué. Ashikaga Yoshimasa était certainement très préoccupé par les beautés de la lune et son effet sur sa retraite. C'est d'ailleurs le sujet de l'un des poèmes les plus célèbres du shogun :



Mon pavillon se trouve au pied

De la colline de l'Attente de la Lune

L'ombre de la colline qui raccourcit

Pour finalement disparaître

Me remplit presque de regret.

(cité dans Dougill, 2017, p118)

L'effet du clair de lune sur le pavillon est renforcé par le reflet offert par l'Étang Miroir à côté duquel il se trouve. En effet, la fonction de l'étang était précisément de permettre de voir le reflet de la lune depuis le deuxième étage du pavillon une fois qu'elle s'était élevée hors de la vue depuis le premier étage. L'étang comporte également des chutes d'eau et de petites îles pour les grues et les tortues, symboles de bonne fortune.

Le rez-de-chaussée du pavillon, appelé Shinkudan ou ‘Salle du Cœur Vide’, est construit dans le style résidentiel. En revanche, l'étage supérieur est typique de l'architecture zen avec ses fenêtres en forme de cloche. Le toit est fait de bardeaux chevauchants en cyprès japonais, chaque pièce étant fixée par un clou de bambou. À l'intérieur du pavillon se trouvent de nombreux exemples de la statuaire et de la peinture religieuse japonaises, incluant un total de 1 000 images de Jizo, le gardien bouddhiste de l'au-delà. L'étage supérieur contient des images de Kannon, le Bodhisattva de la compassion, et une belle statue placée dans une petite grotte artificielle.

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Togudo Hall, Ginkaku-ji
Salle Togudo, Ginkaku-ji
Peter Cartledge (CC BY)

La Salle Togudo

La salle rectangulaire Togudo fut construite en 1486 comme résidence privée d'Ashikaga Yoshimasa. À l'intérieur se trouve une chapelle et des pièces séparées pour l'étude, la divination sur l'encens (autre passe-temps favori des Japonais), et une pour la cérémonie du thé. Ce salon de thé, le Dojinsai, ne peut accueillir que quatre ou cinq personnes; il possède un foyer carré encastré dans le sol. C'est le plus ancien exemple de salle de cérémonie du thé encore existant au Japon. Le toit est en chaume et les pièces intérieures, avec leur sol en tatami, leurs fenêtres en papier, leurs alcôves et leurs rayonnages irréguliers, sont les plus anciens exemples de l'architecture résidentielle traditionnelle du Japon, le shoin-zukuri. Il y a aussi une véranda d'où l'on peut voir les jardins adjacents, et un étang alimenté par une source, avec sept petits ponts en pierre. Les jardins sont parsemés de rochers de différentes tailles, qui ont tous été donnés par des partisans d'Ashikaga Yoshimasa et de ses seigneurs féodaux, selon la tradition japonaise typique. Les pierres ont été sélectionnées pour leurs qualités esthétiques, et chacune a un nom et une histoire qui lui est propre.

La Salle Hondo

Le Hondo est la salle principale du complexe; il a été reconstruit en 2005. À l'intérieur se trouvent des peintures sur panneaux (fusuma) datant du 17ème siècle, parmi lesquelles des œuvres d'artistes japonais célèbres tels que Yosa Buson (1716-1784) et Ike no Taiga (1723-1776).

Les Jardins

Les jardins du Ginkakuji comportent de nombreux éléments conçus pour reproduire des scènes fameuses de la nature et de la littérature japonaise. L'un des sommets des jardins est la Mer de Sable d'Argent (Ginsha-nada), au nom romantique, qui reproduit le contour du Lac de l'Ouest de Hangzhou, en Chine. Le sable est méticuleusement ratissé selon une forme d'art appelée samon, de sorte qu'au clair de lune, ses crêtes apparaissent comme des rides à la surface de l'eau. Au bord de la mer de sable se trouve un monticule de deux mètres de haut qui est officiellement une petite plate-forme d'observation de la lune (Kogetsudai), mais dans lequel beaucoup ont vu une ressemblance avec le Mont Fuji ou une représentation de la montagne sacrée bouddhiste, le Sumeru. D'autres encore considèrent le monticule comme un ajout harmonieux à la mer de sable, représentant l'équilibre du yin et du yang, le yin étant ici la mer horizontale et le yang le monticule vertical. Quel que soit sa signification précise, le monticule de sable est méticuleusement refait chaque mois pour conserver sa forme nette et lisse.

Les autres zones du jardin comprennent un bosquet de bambous, une section comprenant une variété de mousses et des bois de pins noirs. Enfin, la tombe du fondateur du complexe se trouve sur le site, dans un petit bâtiment à l'intérieur duquel se trouve une sculpture du shogun en bois sombre, assis, portant les robes d'un prêtre. Ashikaga Yoshimasa n'eut peut-être pas une carrière politique très brillante, mais son mécénat artistique et son influence durable sur la culture du Japon médiéval, ainsi que le magnifique temple Ginkakuji, constituent incontestablement son grand héritage.

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Traducteur

Jerome Couturier
Je suis médecin, spécialisé en Génétique. J'aime l'Histoire et l'Antiquité depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours eu un interêt pour la recherche dans divers domaines scientifiques, dont l'archéologie.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2019, mai 14). Ginkaku-ji [Ginkakuji]. (J. Couturier, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18224/ginkaku-ji/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Ginkaku-ji." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. modifié le mai 14, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18224/ginkaku-ji/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Ginkaku-ji." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 14 mai 2019. Web. 21 déc. 2024.

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