Le temple Kinkaku-ji (Temple du Pavillon d'Or) à Kyoto, au Japon, plus officiellement connu sous le nom de Rokuon-ji (Temple du Jardin des Cerfs), fut construit en 1397. À l'origine, résidence de retraite du shogun Ashikaga Yoshimitsu (règne 1368-1394), il fut ensuite converti en temple bouddhiste zen Rinzai après la mort de Yoshimitsu en 1408, ce qu'il est encore aujourd'hui. Le Kinkaku-ji a été désigné par l'UNESCO comme Site du Patrimoine Mondial en 1994. Il est aussi Site Historique National Spécial officiel du Japon, ainsi que Site Spécial de Beauté de Paysage.
Ashikaga Yoshimitsu
Le temple, situé dans le quartier vallonné de Kitayama, au nord-ouest de Kyoto (anciennement connu sous le nom de Heiankyo), fut conçu comme la retraite du shogun Ashikaga Yoshimitsu (1358-1408). Le shogun acquit le terrain de l'homme d'état Saionji Kintsune, qui avait construit sa villa personnelle sur ce site d'une beauté naturelle exceptionnelle. Le nouveau complexe palatial, qui comptait 13 bâtiments, fut achevé en 1397, et le shogun prit une retraite anticipée en 1394 afin de s'adonner aux arts dans sa vaste demeure. Ashikaga Yoshimitsu devint un grand mécène des arts et le Kinkaku-ji vit fleurir de l'artisanat tels que la fabrication de sabres et de céramiques. Le site vit également naître le théâtre nô. L'ensemble de ces activités artistiques est connu sous le nom de culture Kitiyama.
Ashikaga Yoshimitsu se retira peut-être mais il continua à tirer les ficelles du gouvernement japonais, et il attira de nombreux visiteurs illustres dans sa retraite, notamment l'empereur Gokomatsu (r. 1392-1412). L'ancien shogun avait fait savoir qu'il souhaitait, à sa mort, que le site soit converti en un temple bouddhiste zen Rinzai, ce qui fut fait en 1408. Le temple fut alors rebaptisé Rokuon-ji d'après Rokuon-in-den, le titre religieux posthume de l'ancien shogun, et son premier abbé fut Muso-kokushi.
Le Pavillon d'Or
Le Pavillon d'Or est appelé ainsi car il est somptueusement recouvert de feuilles d'or. Il existe une association entre l'or et le Bouddhisme de la Terre Pure, l'or étant considéré comme représentant la pureté spirituelle. En outre, on pense que le paradis bouddhiste abonde de pavillons dorés. Kukai (774-835), le célèbre moine érudit et saint qui a fonda le Bouddhisme Shingon, dit un jour : "Il n'y a pas de paradis et d'enfers fixes. Si vous faites le bien, des pavillons d'or et d'argent apparaissent immédiatement" (cité dans Dougill, 2017, p. 115). Des commentateurs critiques suggèrent que le revêtement ostentatoire pourrait également avoir un rapport avec la haute opinion qu'avait Ashikaga Yoshimitsu de lui-même et avec son désir de montrer sa grande richesse. Il avait après tout reçu des lettres de l'empereur de la Dynastie Ming en tant que 'roi du Japon', même après avoir pris sa retraite en tant que shogun. Le Pavillon d'Or est le seul bâtiment qui subsiste du domaine original du 14ème siècle.
Le pavillon est un mélange intéressant de trois styles architecturaux japonais distincts. Le rez-de-chaussée est dans le style architectural shinden-zukuri des palais de la période Heian (794-1185). Cet étage comporte une zone pour profiter de la vue à l'avant, et une véranda et un pont de pêche à l'arrière; ses murs sont en bois et en plâtre blanc. À l'intérieur, on trouve une grande salle de réception et des statues de Bouddha et d'Ashikaga Yoshimitsu assis et vêtu d'une robe de prêtre. Le premier étage est de style résidentiel samouraï, buke-zukuri, et comporte un espace de réunion, la Salle du Bouddha. La salle contient un autel à la déesse Kanon, le bodhisattva de la miséricorde et de la compassion, et le plafond et les murs sont décorés d'oiseaux peints, de nuages et d'instruments de musique. Le second et dernier étage a des fenêtres en forme de cloche, typiques du style architectural Zen zenshu-butsuden. Les extérieurs des premier et second étages, ainsi que l'intérieur du second étage sont construits en bois laqué recouvert de feuilles d'or. Contenant à l'origine une statue du bouddha Amida et celles de 25 bodhisattvas, le dernier étage abrite désormais des reliques sacrées du Bouddha. Le dernier étage offre une vue admirable sur le mont Kinugasa.
Le toit du pavillon est de forme pyramidale et est aujourd'hui recouvert de bardeaux en bois de hinoki, mais il avait autrefois des tuiles chinoises dorées, en accord avec l'éclat des deux étages supérieurs. Le sommet du toit porte une figure en bronze représentant un phénix, symbole de la faveur divine, de la vertu et de l'harmonie. L'oiseau a fortuitement survécu à l'incendie dévastateur de 1950, car il était en cours de réparation à l'époque. L'ensemble du scintillant Pavillon d'Or se reflète dans les eaux du jardin aquatique adjacent, l'Étang de Kyokochi, qui était à l'origine rempli de lotus, de sorte que toute la scène avait été conçue pour représenter la vision bouddhiste du paradis.
Restaurations
Le Pavillon d'Or survécut aux ravages de la Guerre d'Onin (1467-1477), bien que d'autres bâtiments du complexe furent détruits. Il eut moins de chance lors de l'incendie de 1565 et, après avoir été reconstruit au 19ème siècle, il subit un nouvel incendie en 1950, déclenché délibérément par un moine novice mécontent, qui détruisit totalement l'édifice. Cette dernière tragédie fut transposée dans la littérature dans le roman de Mishima, Le Pavillon d'Or, datant de 1956. Dans ce livre, le prêtre est poussé à détruire le pavillon en raison de sa perfection : "Lorsque les gens se concentrent sur l'idée de beauté, ils sont, sans s'en rendre compte, confrontés aux pensées les plus sombres existant en ce monde" (cité dans Dougill, 2017, p. 114). Restauré avec soin pour qu'il retrouve sa gloire d'antan, le Pavillon d'Or fut à nouveau prêt à accueillir des visiteurs à partir de 1955. Rafraîchi en 1984, le Pavillon d'Or reçut trois ans plus tard une couche supplémentaire de feuille d'or pour le rendre plus doré que jamais.
Les Jardins
Les jardins et les pinèdes du Kinkaku-ji sont un bel exemple des paysages de la Période Muromachi (1333-1573) qui invitent le promeneur à explorer les chemins sinueux qui ouvrent sur les perspectives constamment changeantes de l'ensemble des jardins. Comme dans d'autres jardins de ce type établis par l'aristocratie japonaise, des zones étaient spécialement dessinées pour rappeler des scènes paysagères célèbres des littératures japonaise et chinoise. Par exemple, la ligne de quatre pierres dans l'Étang de Kyokochi représente la célèbre image de quatre bateaux voguant vers les mythiques Îles des Immortels. Le plus grand des deux étangs du complexe compte également dix îles, dont la plus grande a un contour représentant le Japon. Deux sources d'eau douce alimentent les étangs et sont utilisées pour les cérémonies du thé sur le site. L'une d'elles, Ryumon Taki (le Rocher de la Carpe), a une grosse pierre pointue sur laquelle l'eau tombe, ce qui représente la carpe de la légende chinoise qui tente d'escalader une chute d'eau afin de devenir un dragon. Cette légende est considérée comme une métaphore de la lutte d'un moine pour atteindre l'illumination.
Les jardins sont parsemés de nombreuses pierres sélectionnées et offertes par les adeptes du fondateur du temple pour leurs qualités esthétiques et auxquelles on a souvent donné des noms et attaché des histoires particulières. Il y a également plusieurs autres bâtiments, comme la résidence de l'abbé, le Salon de Thé Sekkatei ('Site de la Beauté du Soir') construit pendant la période Edo (1603-1868) et la salle du temple qui contient une statue du 9ème siècle attribuée à Kukai. Comme il se doit, elle représente Fudo-myoo (ou Acala), dieu bouddhiste considérée comme le principal protecteur des sanctuaires et des temples.
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