Kiyomizu-dera

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 24 mai 2019
Disponible dans ces autres langues: anglais, Turc
Écouter cet article
X
Imprimer l'article
Kiyomizu-dera, Kyoto (by Martin Falbisoner, CC BY-SA)
Kiyomizu-dera, Kyoto
Martin Falbisoner (CC BY-SA)

Kiyomizu-dera, également connu sous le nom de "Temple de la source d'eau pure", est un temple bouddhiste situé à Kyoto, au Japon. Le site est célèbre pour son impressionnante plate-forme d'observation, sa pagode Koyasu à trois étages et les eaux pures médicinales de la source Otowa. Le Kiyomizu-dera est l'attraction touristique la plus populaire de Kyoto, le hall principal est un trésor national officiel du Japon et le complexe est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Fondation et caractéristiques principales

Le temple Kiyomizu-dera est situé sur le mont Otowa, qui fait partie des collines orientales à la périphérie de Kyoto. Le temple appartient à la secte bouddhiste Kita-Hosso et fut fondé en 778 par Enchin Shonin, environ 16 ans avant que Heiankyo (l'ancien nom de Kyoto) ne devienne la nouvelle capitale du Japon. Enchin Shonin était un prêtre de Nara, capitale du Japon de 710 à 784, qui prétendit avoir reçu une vision qui l'orienta vers l'emplacement exact d'une source, la source Otowa, qui donne son nom au site. Aujourd'hui encore, de nombreux visiteurs considèrent que les eaux de la source ont des propriétés magiques et les trois branches de la source ont chacune une association romantique: santé, longévité et succès dans les examens. Il n'est donc pas étonnant que Kiyomizu soit populaire auprès des jeunes et des moins jeunes, mais si le lecteur se rend sur place et souhaite prendre l'eau, il doit se rappeler qu'il ne faut boire qu'à un seul ruisseau, et qu'il faut donc faire un choix judicieux.

Supprimer la pub
Publicité
Perché au bord d'une falaise, le hall principal du temple dispose d'une grande plate-forme d'observation qui offre un panorama de Kyoto.

En 798, le chef militaire du Japon, Sakanoue Tamuramaro, embellit le site avec un grand hall qui avait été remonté depuis son ancien emplacement dans le palais de l'empereur Kammu (r. de 781 à 806). Kammu avait décidé de quitter son ancienne capitale de Nara en raison de l'influence trop forte des monastères bouddhistes sur le gouvernement de cette ville, et c'est pour cette raison que l'empereur n'autorisa la construction de nouveaux temples à Heiankyo qu'à la périphérie de la ville. Quoi qu'il en soit, les monastères du sud continuèrent à être influents et il y eut une rivalité particulière et de longue date entre le temple Kofukuji de Nara et le Kiyomizu-dera, ce dernier étant, du moins officiellement, une filiale du premier.

Niomon Gate, Kiyomizu-dera
Porte Niomon, Kiyomizu-dera
Todd (CC BY-NC-SA)

Le complexe du temple est situé dans une forêt et on y accède par la monumentale porte Niomon rouge et blanche qui, flanquée de deux statues massives de rois gardiens bouddhistes, fut construite au XVe siècle. La pagode Sanjunoto se trouve à côté. Il existe une autre porte à l'ouest du domaine, la porte Saimon, qui date de la période Momoyama (1568-1600) et qui est un trésor national officiel du Japon. Dans le complexe boisé se trouvent le Hondo ou Hall principal, un hall secondaire de conception similaire au Hondo, le Hall Okunoin, le sanctuaire Jishu et le jardin Jeju-in qui recrée des éléments de paysage célèbres mentionnés dans la littérature classique. Une autre salle, la salle Zuiguido, est gardée dans l'obscurité totale à l'intérieur et est censée représenter l'utérus de la mère de Bouddha, de sorte que le fait de la traverser est une métaphore de la renaissance spirituelle.

Supprimer la pub
Publicité

L'un des points forts du Kiyomizu-dera est le Koyasu, une impressionnante pagode à trois étages dotée d'une flèche, qui fut conçue pour abriter des textes sacrés et des reliques. Construite entre 1607 et 1633, elle est un excellent exemple de l'architecture de Momoyama. La structure est un autre trésor national du Japon et est particulièrement associée à la garantie d'un accouchement sans problème pour les personnes qui la visitent. Enfin, Kiyomizu-dera abrite également une célèbre statue de la bodhisattva de la compassion Kannon (alias Kwannon ou Guanyin en chinois). Cette figure remarquable possède dix têtes et 1 000 bras, et est attribuée au fondateur de Kiyomizu-dera, Enchin. Considérée comme un "bouddha caché" ou hibutsu, la figure n'est exposée au public que tous les 33 ans.

Le Hondo

Le Hondo, un autre trésor national du Japon, mesure 58 mètres de long et son plan rectangulaire est construit selon un ratio de neuf sur sept. Il y a un porche d'entrée, deux ailes et l'intérieur est divisé en deux zones distinctes: le sanctuaire intérieur et le sanctuaire extérieur qui contiennent respectivement des sculptures religieuses et des peintures. Les murs sont ouverts dans la partie centrale, de sorte que l'on peut traverser le bâtiment de part en part. Le hall est couvert d'un toit irrégulier en bardeaux d'écorce de cyprès japonais (hinoki) et non en tuiles comme c'est le cas habituellement, ce qui témoigne de son ancien statut d'édifice impérial.

Supprimer la pub
Publicité
Le précipice vertigineux tenta de nombreux moines vers le suicide au cours de la période Edo (1603-1868).

Perché sur le bord d'une falaise, le hall principal du temple dispose d'une grande plate-forme d'observation qui offre un panorama vers l'ouest de Kyoto. S'étendant sur une pente raide à 13 mètres au-dessus du sol, la plate-forme est soutenue par 139 énormes piliers en bois avec des poutres transversales et, construite selon les techniques japonaises traditionnelles, elle n'utilise pas de clous. Connue sous le nom de Butai ou scène de danse parce qu'elle accueillait autrefois des spectacles musicaux, la plateforme a un côté plus sinistre. Le précipice vertigineux tenta de nombreux moines vers le suicide au cours de la période Edo (1603-1868), car ils pensaient que le fait de se jeter de la plate-forme dans l'abîme permettait d'acquérir un certain mérite spirituel. 234 sauts furent enregistrés mais, étonnamment, seuls 15% d'entre eux périrent, les autres ayant été sauvés par les arbres situés en contrebas qui amortirent la chute. Interdite depuis 1872, cette pratique a donné naissance à une expression japonaise populaire, "sauter de l'estrade de Kiyomizu", qui signifie "se jeter à l'eau".

Koyasu Pagoda, Kiyomizu-dera
Pagode Koyasu, Kiyomizu-dera
Ray in Manila (CC BY)

À côté du Hondo, mais sans en faire officiellement partie, se trouve le Jishu Jinja, un sanctuaire tutélaire et sacré pour une divinité qui veille sur les rencontres amoureuses. Pour obtenir les faveurs de l'esprit, il faut marcher entre deux pierres distantes de 18 mètres. Si l'on y parvient les yeux fermés, on trouvera le partenaire idéal.

Histoire ultérieure

Le temple est célèbre dans une peinture réalisée par le célèbre artiste Tosa Mitsunobu à la fin de sa carrière, pendant la période Eisho (1504-1520). L'œuvre, intitulée Kiyomizu-dera Engi ("Histoire illustrée du temple Kiyomizu-dera"), est montée sous la forme d'un rouleau horizontal ou makimono en trois parties et se trouve aujourd'hui au Musée de la maison impériale de Tokyo.

Supprimer la pub
Publicité

Pagoda at Kiyomizu-dera Temple
Pagode du temple Kiyomizu-dera
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

Comme c'est souvent le cas pour les anciens bâtiments en bois du Japon, un incendie détruisit les temples et le hall principal de Kiyomizu en 1629. Les travaux de restauration du site débutèrent en 1633 sous les auspices du shogun Tokugawa Iemitsu (r. de 1623 à 1651). En prime, la pagode Koyasu fut ajoutée à l'ensemble déjà impressionnant des bâtiments. En 2003, la porte Niomon a été rénovée pour retrouver sa gloire d'antan, et en 2017, les piliers de la plate-forme du Hondo ont été restaurés.

This content was made possible with generous support from the Great Britain Sasakawa Foundation.

Supprimer la pub
Publicité

Bibliographie

World History Encyclopedia est un associé d'Amazon et perçoit une commission sur les achats de livres sélectionnés.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2019, mai 24). Kiyomizu-dera [Kiyomizu-dera]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18244/kiyomizu-dera/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Kiyomizu-dera." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mai 24, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18244/kiyomizu-dera/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Kiyomizu-dera." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 24 mai 2019. Web. 22 oct. 2024.

Adhésion