
Kamakura est une ville côtière située dans la baie de Sagami sur l'île de Honshū, au Japon, qui fut la capitale du shogunat de Kamakura de 1192 à 1333. Dotée d'excellentes défenses naturelles, elle fut fortifiée et devint la base du clan Minamoto, puis des shoguns Hōjō. Plusieurs temples bouddhistes importants furent construits sur le site, comme le Kenchoji, et il reste encore aujourd'hui le Bouddha en bronze massif qui appartenait au temple Kōtokuin du XIIIe siècle. La ville tomba avec le shogunat de Kamakura lorsqu'elle fut attaquée et détruite par une armée de samouraïs rebelles dirigée par Nitta Yoshisada vers 1333.
Minamoto no Yoritomo
Kamakura est située à 48 kilomètres au sud-ouest de Tokyo (anciennement Edo), sur la côte est de l'île de Honshū, dans la préfecture de Kanagawa. Ce n'était rien de plus qu'un village de pêcheurs avant de se voir attribuer un nouveau rôle grandiose à l'époque médiévale, bien que le Kojiki, le plus ancien livre du Japon compilé en 712, mentionne brièvement les "seigneurs de Kamakura". Kamakura devint célèbre lorsqu'elle servit de base au puissant clan Minamoto, qui domina le Japon pendant le dernier quart du XIIe siècle jusqu'au premier quart du XIIIe siècle, lorsqu'il fut supplanté par le clan Hōjō. Même après cela, la ville resta la capitale des shoguns (dictateurs militaires) pendant encore un siècle environ.
Minamoto no Yoritomo, shogun du Japon de 1192 à 1199 et fondateur du shogunat de Kamakura (1192-1333) choisit Kamakura comme lieu sûr pour sa nouvelle capitale en 1192. Le site était bien protégé par des montagnes sur trois côtés et par la mer sur le quatrième. Un grand tunnel fut creusé dans la roche relativement tendre, le tunnel Shakado, qui permettait de s'échapper par les montagnes en cas de besoin. Dans le paysage politique militariste du Japon médiéval, Yoritomo se méfiait toujours d'un potentiel seigneur de guerre rival ou d'une rébellion et veilla à ce que Kamakura bénéficie d'une protection bien plus importante que celle offerte par la nature. Tout d'abord, les montagnes situées derrière la ville furent fortifiées par une longue série de murs défensifs en terre (que l'on peut encore visiter aujourd'hui). Ensuite, deux châteaux en bois furent ajoutés: Sugimoto et Sumiyoshi. Sugimoto fut construit en plein cœur de Kamakura, tandis que Sumiyoshi fut érigé à l'extrémité est de la plage. Il ne restait plus qu'à dégager des espaces libres pour la ville agrandie, ce qui entraîna une déforestation importante dans la région.
Kamakura présentait un autre avantage: elle était suffisamment éloignée des intrigues de la cour et des déloyautés potentielles de la cour impériale de Heian-kyō (Kyoto). Le choix de Yoritomo allait donner son nom à cette période particulière de l'histoire médiévale japonaise: la période Kamakura (1185-1333). L'existence de deux capitales séparées par dix jours de voyage permit au Japon d'améliorer son réseau routier et le commerce et les arts ne se limitèrent plus à la région de Heian-kyō. Yoritomo lui-même se rendait régulièrement à Heian-kyō où la cour impériale demeurait le cœur du Japon aristocratique et où les fonctionnaires de la ville continuaient à délivrer des titres, à collecter certaines taxes et à présider les litiges judiciaires civils. Heian-kyō demeura également le centre artistique du Japon, bien que Kamakura ait attiré quelques artistes et excellé, en particulier, dans des arts mineurs tels que la laque dorée. Il existait même une variété particulière, le Kamakura-bori, qui présente des motifs en très haut relief, teintés en rouge. De beaux exemples sont aujourd'hui exposés au musée Kokuho-kwan de Kamakura, qui compte 50 trésors nationaux du Japon.
Édifices religieux
Malheureusement, Kamakura n'a pas beaucoup d'architecture aujourd'hui pour rappeler l'importance de la ville aux XIIe et XIIIe siècles, mais il y avait quelques beaux édifices religieux qui correspondaient à son statut de capitale du shogun.
Au cours de la période Kamakura, deux nouvelles sectes importantes du bouddhisme zen se développèrent: la secte Jōdo (alias Terre pure) et la secte Jōdo Shin (alias Vraie Terre pure). Ces deux sectes simplifiaient la religion et soulignaient que le simple fait de chanter le nom du Bouddha (nembutsu) permettrait à toute personne, quelle que soit sa classe sociale, de renaître dans le paradis de la Terre pure du Bouddha Amida. Naturellement, Kamakura avait donc besoin de son propre temple zen.
Le plus important monastère zen était le Kenchō-ji, fondé par le moine chinois Rankei Doryu (alias Lanqi Daolong) et financé par le régent Hōjō Tokiyori (1227-1263) entre 1249 et 1253. Le temple de Kenchoji montre une influence de l'architecture chinoise - de grandes salles communes et des portes élaborées - et était censé être une copie de la disposition du siège du Zen (Chan) à Hangzhou. Ce lien n'est pas surprenant si l'on considère les liens de cette religion avec la Chine et le fait que les moines chinois venaient fréquemment étudier à Kamakura alors qu'ils fuyaient les Mongols au XIIIe siècle. Le temple Kenchoji a même eu trois abbés chinois, dont le premier, le moine Doryū.
Le temple Kōtokuin fut construit en 1252. Malheureusement, un grand tremblement de terre vers 1495 provoqua un raz-de-marée qui emporta toutes les structures du temple. Ce qui est resté, en grande partie grâce à son poids de plus de 93 tonnes, c'est le Daibutsu, une statue géante d'Amida ou Grand Bouddha. Elle fut coulée en bronze par le maître fondeur Tanji Hisatomo, qui la réalisa en plusieurs feuilles individuelles qui furent ensuite été soudées ensemble. Bien qu'il n'ait jamais été réinstallé depuis le funeste tsunami, le Bouddha attire encore aujourd'hui des visiteurs désireux de voir cette figure imposante qui, assise sur une plate-forme de pierre massive, s'élève à 11,3 mètres (37 pieds) de haut. Le visage seul mesure 2,3 mètres (7,5 pieds) sur 4,5 mètres (14,5 pieds). La figure devait être encore plus impressionnante au XIIIe siècle, car elle était à l'origine recouverte de dorures, dont on peut encore voir des traces sur les joues du Bouddha. La figure est creuse et les visiteurs peuvent jeter un coup d'œil à l'intérieur de cette merveille de fonte de bronze.
Un autre temple zen important, aujourd'hui le plus important du Japon, est le monastère Engakuji, fondé vers 1283 par Hōjō Tokimune, le shogun régent (r. de 1268 à 1284) et le moine chinois Mugaku. Le bâtiment Shari-den à deux étages, seule structure originale du site, abriterait une dent du Bouddha apportée de Chine à Kamakura. La cloche en bronze du temple est classée trésor national officiel du Japon. La cloche fut offerte au temple en 1301 par Hōjō Sadatoki, le shogun régent (r. de 1284 à 1311).
Le sanctuaire shinto Tsurugaoka Hachiman (Tsurugaoka Hachiman-gū) fut construit par Minamoto no Yoriyoshi (988-1075) en 1063 mais fut déplacé de son emplacement à Yuinogo à Kamakura en 1191 par Minamoto no Yoritomo. Hachiman est le dieu shintoïste de la guerre, et il était considéré comme la divinité protectrice des Minamoto bien avant le shogunat de Kamakura. Le sanctuaire est également dédié à deux souverains semi-légendaires: L'impératrice Jingū et son fils l'empereur déifié Ōjin (r. de 270 à 310 de notre ère), tous deux considérés comme des avatars d'Hachiman, tant leurs exploits guerriers et culturels étaient grands - Jingū pour avoir envahi la Corée, et Ōjin pour avoir invité des érudits chinois et coréens au Japon. Un autre personnage est également vénéré au sanctuaire, Hime Okami, l'épouse d'Ōjin. Un festival célèbre pour ses concours de tir à l'arc se tient au sanctuaire chaque année en septembre.
Attaque et déclin
Les défenses de Kamakura seraient nécessaires lorsque la ville serait assiégée en 1333, à la fin de la période Kamakura. En ces temps troublés, alors que le shogunat était affaibli par le manque de moyens financiers et que de nombreux samouraïs étaient à la recherche d'un emploi rémunéré, l'empereur Go-Daigo (r. de 1318 à 1339), avide de pouvoir, fomenta une rébellion. L'un des alliés de l'empereur, Nitta Yoshisada (1301-1337), attaqua Kamakura vers 1333, et son compagnon de guerre rebelle, Ashikaga Takauji, attaqua Heian-kyō alors que le nouveau régime balayait l'ancien.
Dans un premier temps, les défenses naturelles de Kamakura et les fortifications supplémentaires firent leur travail et empêchèrent les assiégeants d'entrer, mais Yoshisada demanda à son armée de contourner le cap Inamuragasaki adjacent à l'extrémité ouest de la plage à marée basse. Ainsi, les rebelles purent attaquer la ville depuis le côté moins protégé de la plage. En juillet, la ville tomba et fut incendiée. Plutôt que de risquer d'être capturés, les derniers chefs du clan Hōjō se suicidèrent rituellement, ironiquement près d'un temple bouddhiste appelé "temple de la victoire".
Ashikaga Takauji devint le nouveau shogun en 1338, inaugurant ainsi le shogunat Ashikaga (alias shogunat Muromachi, 1338-1573). La capitale fut déplacée pour rejoindre la cour impériale de Heian-kyō et Kamakura connut ensuite le déclin. Les shoguns Ashikaga nommèrent un gouverneur général chargé de surveiller Kamakura et la région en général afin d'éviter une résurgence des Hōjō, mais la ville ne reçut pas beaucoup d'attention jusqu'à la période Edo (1603-1868), lorsque le gouvernement investit dans les bâtiments culturels importants qui subsistaient.
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