La culture perse antique a contribué à de nombreux aspects du monde moderne que les gens considèrent comme acquis et ayant toujours existé. L'appellation "Perse" vient des Grecs - principalement de l'historien Hérodote - mais les habitants de Persis (Pars, aujourd'hui région du Fars) se désignaient eux-mêmes sous le nom d'Iraniens, du mot Aryen, qui signifie "noble" ou "libre" et n'a rien à voir avec la race.
Bien que cela soit compris, toute référence à la culture iranienne ancienne - en Occident du moins - continue d'être appelée "perse", car c'est l'héritage laissé par les auteurs grecs.
Les Perses établirent un empire qui s'étendait de la Turquie actuelle à l'Inde, en passant par la Syrie et l'Égypte, et de plus, inventèrent et conservèrent des équipements, des politiques, des pratiques, des institutions et des aspects de la religion qui sont bien connus de nos jours, mais trop peu souvent correctement attribués. Parmi ceux-ci, citons:
- La première déclaration des droits de l'homme
- L'irrigation et la réfrigération
- Les jardins paysagers et le mot "paradis".
- Les fêtes d'anniversaire, l'animation, la guitare et le dessert
- Le monothéisme
- Les unités militaires d'élite et uniformes
- Le moulins à vent et l'air conditionné
- Le système postal et l'autoroute
- L'hôpital universitaire
- La cavalerie blindée
Si ces contributions peuvent être considérées comme banales de nos jours, elles étaient totalement inédites à leur époque. Bien qu'il y ait eu des jardins dans d'autres cultures et que le monothéisme ait été suggéré par le pharaon égyptien Akhenaton (r. 1353-1336 av. JC) des siècles auparavant, les Perses furent les premiers à développer pleinement ces concepts.
Première déclaration des droits de l'homme
Le Cylindre de Cyrus est un artefact en argile en forme de capsule inscrit en écriture cunéiforme, émis par Cyrus II (le Grand, r. vers 550-530 av. JC) vers 539 av. JC. Il s'agit d'un document officiel qui relate la conquête par Cyrus le Grand des différentes régions qui composaient l'Empire achéménide (c. 550-330 av. JC) et la façon dont elles acceptèrent son régime. Il parle ensuite de la façon dont il améliora la vie du peuple grâce aux droits et libertés qui lui furent accordés. Ce document a longtemps été (et continue d'être) compris comme une propagande royale établissant la grandeur d'un monarque mais, depuis 1971, il est de plus en plus reconnu comme la première déclaration des droits de l'homme au monde. L'empire achéménide accordait à ses citoyens la liberté de pensée et de pratique religieuse ainsi que de nombreuses autres libertés refusées à ceux d'autres cultures, y compris des droits presque égaux pour les femmes.
Irrigation et réfrigération
Les concepts d'irrigation et de réfrigération sont également souvent attribués à Cyrus le Grand, mais ils furent en fait inventés par des innovateurs perses antérieurs et sont attestés à l'époque du roi assyrien Sargon II (r. 722-705 av. JC). Le système de qanat - qui consiste à creuser un canal en pente dans la terre avec des puits verticaux à intervalles réguliers pour faire remonter l'eau des aquifères souterrains - permit d'irriguer des terres autrefois arides et de les transformer en paysages luxuriants. Le système de qanat permettait d'arroser les champs agricoles et de cultiver des jardins élaborés. Le yakhchal était une unité de réfrigération en forme de dôme, fabriquée en argile, qui servait à stocker la glace mais qui, avec le temps, fut également utilisée pour conserver les aliments au froid.
Les jardins paysagers et le mot "paradis".
Le qanat permettait de cultiver des jardins paysagers qui devinrent un élément régulier de la conception architecturale perse. On dit que Cyrus le Grand passait autant de temps que possible dans ses jardins avant de s'occuper de la gestion de son empire. Ces jardins étaient des oasis luxuriants loin de la vie quotidienne, où l'on pouvait se détendre et être seul avec ses pensées ou profiter de la compagnie des autres. Ils étaient connus sous le nom de pairi-daeza, d'où vient le mot anglais paradise (paradis).
Fêtes d'anniversaire, dessins animés, guitare et dessert
Les Perses furent également les premiers à développer la pratique des célébrations somptueuses pour fêter un anniversaire, ainsi que l'art des dessins animés pour le divertissement et la coutume de prendre un dessert après le repas. Les célébrations d'anniversaire commencèrent (comme dans d'autres cultures) par un festival honorant la naissance du monarque, mais s'étendirent progressivement aux membres de la noblesse, puis aux classes inférieures. Dans la Perse antique, les anniversaires étaient célébrés par des mets spéciaux que l'invité d'honneur pouvait déguster et par un gâteau avec des bougies en guise de dessert. Les divertissements pouvaient inclure des dessins animés - comme en témoignent des artefacts tels qu'une tasse qui, lorsqu'elle était tournée rapidement, montrait une chèvre sautant en l'air pour arracher des feuilles d'un arbre - et de la musique avec des chants accompagnés d'instruments à cordes tels que le cartar (également connu sous le nom de tar) et le sestar, précurseur de la guitare actuelle. La pratique consistant à servir un dessert après un repas n'était pas réservée aux seuls anniversaires mais suivait le repas du soir de chaque jour.
Le monothéisme
Le monothéisme fut introduit en Égypte sous le règne d'Akhenaton, et certains chercheurs et écrivains (dont Sigmund Freud) avancèrent que Moïse avait été influencé par la religion d'Akhenaton, voire qu'il avait été l'un de ses prêtres. Quoi qu'il en soit, la religion monothéiste perse du zoroastrisme fut fondée vers 1500-1000 av. JC par le prophète Zoroastre et était pleinement développée au moment où le judaïsme primitif commença à prendre forme (6e siècle av. JC - 70 de notre ère). Selon le zoroastrisme, il n'existe qu'un seul être suprême, Ahura Mazda, et le but de la vie est de suivre la volonté du Dieu bienveillant par le biais des principes des bonnes pensées, des bonnes paroles et des bonnes actions. Le zoroastrisme fut également la première religion à développer pleinement les concepts de paradis, d'enfer et de purgatoire.
Unités et uniformes militaires d'élite
Le roi mède Cyaxare (r. 625-585 av. JC) fut le premier de la région à diviser son armée en régiments et en unités (infanterie, archers, cavalerie), mais Cyrus le Grand, qui conquit la Médie, réforma le modèle précédent, en organisant l'armée selon le système décimal, où chaque unité était composée de dix unités inférieures: 10 hommes = une compagnie ; 10 compagnies = un bataillon ; 10 bataillons = une division ; 10 divisions = un corps. Les différentes unités étaient identifiées par des uniformes de couleurs différentes (violet, jaune, bleu). Ils développèrent également le concept d'unité militaire d'élite: les fameux 10 000 immortels perses de l'empire achéménide et les cavaliers aswārān sous l'empire sassanide (224-651 de notre ère).
Moulins à vent et air conditionné
Les Perses inventèrent le moulin à vent vers 500 de notre ère, bien qu'il s'agisse en fait de la première mention enregistrée et que les dispositifs étaient probablement utilisés bien plus tôt. Les moulins à vent étaient utilisés pour pomper l'eau et moudre le grain. Ils étaient faits de roseaux tissés ensemble pour former des pales qui étaient ensuite fixées à un axe central. Le concept fut très certainement suggéré par l'utilisation de la voile sur les navires, mais les Perses utilisaient déjà le vent sur terre par le biais du système de ventilation connu sous le nom de tour à vent, une structure fixée au sommet d'un bâtiment qui attirait l'air frais vers le bas, poussant l'air plus chaud vers le haut et l'extérieur. Les spécialistes continuent de débattre pour savoir si ce sont les Perses ou les Égyptiens qui furent les premiers à développer la tour à vent, mais les preuves semblent pencher en faveur des Perses, avant la période achéménide.
Le système postal et l'autoroute
Le système postal et le concept de l'autoroute furent également développés par les Perses. Darius Ier (le Grand, r. 522-486 av. JC) institua le réseau perse de routes pour accélérer les déplacements et les contacts entre ses capitales (Babylone, Ecbatana, Persépolis et Suse). Les routes furent ensuite utilisées pour envoyer des messages entre ces villes ainsi que d'autres, créant ainsi le système postal. La devise officieuse du service postal des États-Unis - Ni la neige, ni la pluie, ni l'obscurité de la nuit n'empêchent ces coursiers d'accomplir rapidement leur tournée - inscrite sur le bureau de poste de New York en 1914 (aujourd'hui connu sous le nom de James A. Farley Building) provient de la description qu'Hérodote fit du système de messagerie perse: "Quelles que soient les conditions - qu'il neige, qu'il pleuve, qu'il fasse une chaleur torride ou qu'il fasse nuit - ils ne manquent jamais de terminer le voyage qui leur a été assigné dans le temps le plus court possible" (Histoires, VIII.98). Ce système routier et ce service postal continueront à être utilisés par l'Empire séleucide (312-63 av. JC), l'Empire parthe (247 av. JC-224 après JC), les Sassanides et les Arabes musulmans.
L'hôpital universitaire
Sous le règne de Shapour Ier (240-270 de notre ère) fut fondée l'Académie de Gundishapur, devenant rapidement le principal centre intellectuel et culturel de la région. On pense aujourd'hui que sa fondation fut inspirée par la principale épouse de Shapour I qui fit venir des médecins grecs à la cour impériale de Ctésiphon pour y établir un hôpital. Sous le règne du monarque Khosro Ier (r. 531-579), Gundishapur prospéra en tant que premier hôpital universitaire au monde, où les jeunes médecins en formation travaillaient sous la supervision de médecins plus expérimentés.
Une cavalerie lourdement blindée
Les Parthes furent les premiers à développer le concept de cavalerie blindée en réponse aux armes et armures de leurs adversaires grecs et romains. Les cataphractes parthes portaient un casque d'acier et une tunique en cotte de mailles qui les couvrait du cou jusqu'aux genoux et aux bras, et leurs chevaux étaient également protégés. Les cataphractes portaient des arcs composites, des épées, des poignards et des lances. Ce concept fut développé par les Sassanides pour créer leur force d'élite de cavalerie blindée, les cavaliers awārān, qui comptent parmi les plus grandes forces de combat du monde antique.
Conclusion
Les Perses sont responsables de bien plus d'inventions, innovations et coutumes que celles-ci, bien sûr, notamment le tapis persan, le banquet et la popularisation du thé comme boisson quotidienne. Cyrus le Grand fut le premier à réformer le système fiscal afin que les impôts soient versés au trésor de l'empire, et non au monarque, et servent ensuite à financer des travaux publics. Darius Ier creusa le précurseur du canal de Suez, et son successeur, Xerxès Ier (r. 486-465 av. JC), créa le plus long "ponton" sur l'Hellespont pour son invasion de la Grèce en 480 av. JC.
Hérodote nota que "les Perses adoptèrent plus de coutumes étrangères que n'importe qui d'autre" (I.135), ce qui est illustré par le talent des Perses pour adopter de nouvelles idées et de nouveaux concepts et les faire leurs. Des hôpitaux avaient déjà été créés dans l'Égypte ancienne à l'époque de l'Ancien Empire (vers 2613-2181 av. JC), mais les Sassanides - dont l'empire est célèbre pour ses innovations sur les modèles du passé - poussèrent ce concept plus loin sous la forme de l'hôpital universitaire, qui était également une bibliothèque et un centre d'apprentissage. Le polymathe perse Avicenne (c. 980-1037) porta les connaissances médicales antérieures à un niveau beaucoup plus élevé, le poète Firdousi (c. 940-1020) développa le concept d'épopée littéraire et le mathématicien Al-Khwarizmi (c. 780 - vers 850) reprit des principes mathématiques antérieurs et inventa l'algèbre.
Bon nombre des concepts, coutumes et inventions les plus reconnaissables de nos jours - si tant est que leurs origines soient prises en compte - sont attribués à tort aux Grecs qui ont écrit à leur sujet ou aux Arabes musulmans qui firent de même plus tard. En réalité, tout ce qui précède - et bien d'autres choses encore - est le fruit de la créativité des Perses, qui voyaient ce qui était et imaginèrent la façon de l'améliorer.