La bataille d'Austerlitz (2 décembre 1805), ou bataille des Trois Empereurs, fut l'une des batailles les plus importantes des guerres napoléoniennes (1803-1815). Elle vit l'empereur français Napoléon Ier (r. de 1804 à 1814 ; 1815) et sa Grande Armée vaincre de manière décisive une armée austro-russe plus nombreuse. La victoire de Napoléon affirma l'hégémonie militaire française en Europe continentale pour la majeure partie de la décennie suivante.
La création du Premier Empire français le 18 mai 1804 et le couronnement de Napoléon Ier qui s'ensuivit attisèrent les inquiétudes des Européens quant aux ambitions impériales de la France. Le Premier ministre britannique William Pitt le Jeune profita de ces inquiétudes pour organiser les ennemis de la France en une Troisième Coalition, composée du Royaume-Uni, de l'Autriche, de la Russie, de la Suède, de Naples et de la Sicile, contre l'Empire français, ses États clients et son allié espagnol réticent. À la tête de sa nouvelle Grande Armée, Napoléon remporta une victoire rapide contre une armée autrichienne lors de la campagne d'Ulm (du 25 septembre au 20 octobre 1805) et s'empara de Vienne le 13 novembre 1805.
Lors de la prise de la capitale autrichienne, Napoléon constata que son armée était débordée et qu'elle devait faire face à une armée alliée combinée dirigée par les empereurs d'Autriche et de Russie. Après avoir incité les Alliés à l'attaquer, Napoléon remporta une bataille décisive près de la ville d'Austerlitz en Moravie (aujourd'hui Slavkov u Brna en République tchèque), à l'issue de laquelle les Russes se retirèrent en Hongrie et les Autrichiens demandèrent la paix. Le traité de Presbourg (Bratislava) qui s'ensuivit sortit l'Autriche de la guerre de la Troisième Coalition, l'obligea à céder des territoires à la France et ouvrit la voie à la dissolution du Saint Empire romain germanique l'année suivante. La bataille d'Austerlitz est considérée comme un chef-d'œuvre de tactique militaire et est souvent classée parmi les batailles les plus importantes de l'histoire mondiale.
Prise de Vienne
En août 1805, la Troisième Coalition commença à rassembler ses armées, avec l'intention de réduire la France à ses frontières d'avant-guerre de 1792. L'archiduc Charles et 96 000 Autrichiens furent envoyés dans le nord de l'Italie où les Alliés supposaient que se déroulerait la campagne décisive, tandis qu'une armée autrichienne secondaire, dirigée par le général Karl Mack von Leiberich, fut envoyée en Bavière, alliée de la France. L'objectif de Mack était d'attendre en Bavière l'arrivée de renforts russes, après quoi la force austro-russe attaquerait Strasbourg et menacerait d'envahir la France à proprement parler. Cependant, l'armée russe, dirigée par le maréchal Mikhaïl Koutouzov, démarra tardivement et fut ralentie par la mauvaise qualité des infrastructures de l'Europe de l'Est. Mack, lui, attendait les Russes à Ulm, une ville suffisamment éloignée des autres armées alliées pour en faire une cible facile.
Napoléon, quant à lui, n'hésita pas à réagir. Depuis la reprise de la guerre entre la France et la Grande-Bretagne en mai 1803, l'empereur français avait rassemblé une armée à Boulogne en vue d'une invasion de l'Angleterre. Mettant de côté ces projets, Napoléon fit marcher cette imposante force de 210 000 hommes - bientôt rebaptisée La Grande Armée - jusqu'au Rhin, que les Français franchirent le 25 septembre 1805. Composée de sept corps semi-autonomes, chacun disposant de suffisamment de provisions pour se déplacer indépendamment de l'armée principale pendant un certain temps, la Grande Armée avança en Allemagne avec une rapidité remarquable; le 7 octobre, douze jours seulement après avoir traversé le Rhin, les Français atteignirent les rives du Danube. Mack tenta de bloquer leur traversée, mais il fut rapidement submergé par le nombre de Français. Les Français enveloppèrent Ulm, piégeant les Autrichiens à l'intérieur. Les renforts russes de Koutouzov étant encore à plus de 160 kilomètres, Mack n'eut d'autre choix que de capituler. Moins d'un mois après avoir lancé sa campagne d'Ulm, Napoléon avait éliminé une grande armée alliée.
Pendant ce temps, Koutouzov et ses 36 000 Russes atteignrient Braunau le 23 octobre. Face à la puissance de la Grande Armée, il décida de battre en retraite vers l'est, espérant éviter une bataille majeure jusqu'à ce qu'il puisse rejoindre d'autres armées alliées. Les Russes se retirèeent vers le Danube, poursuivis par la réserve de cavalerie française du maréchal Joachim Murat. Le 5 novembre, le prince Pierre Bagration repoussa les Français dans un combat d'arrière-garde près d'Amstetten; trois jours plus tard, les Russes traversèrent le Danube, brûlant les ponts derrière eux. Murat abandonna la poursuite, tenté par la prise de Vienne, "brillante mais militairement sans intérêt", qui était désormais sans défense (Chandler, 405). Le 13 novembre, Murat utilisa la ruse pour capturer le pont clé de Tabor, et l'armée française entra dans Vienne le lendemain; dans la nuit du 14, le victorieux Napoléon dormait dans le palais Habsbourg de Schönbrunn.
Abandon des hauteurs
Malgré ses récents succès, Napoléon se trouvait dans une position fragile. Il s'était suffisamment enfoncé dans le territoire ennemi pour que son armée s'étende dangereusement, car il fallait des hommes pour tenir les villes en garnison ou garder la ligne de ravitaillement vers la France; fin novembre, il ne disposait plus que de 75 000 hommes. Les armées coalisées, quant à elles, se renforçaient de jour en jour. Après s'être emparé de Vienne, Murat laissa les Russes lui filer entre les doigts; Koutouzov parvint à se mettre à l'abri à Olmütz (Olomouc), où il rencontra une autre armée russe sous les ordres du général Friedrich Wilhelm von Buxhoeveden. En peu de temps, l'armée alliée d'Olmütz comptait 90 000 hommes et fut rejointe par le tsar Alexandre Ier de Russie et François II, empereur du Saint-Empire romain germanique. Outre cette armée principale, Napoléon devait faire face à d'autres menaces. L'archiduc Charles était actuellement détenu en Italie par le maréchal français André Masséna, mais il pouvait potentiellement sortir à tout moment pour menacer les arrières de Napoléon. En outre, la Prusse, pays neutre, envisageait de rejoindre la Coalition, ce qui lui permettrait de disposer de 180 000 soldats supplémentaires contre Napoléon.
L'empereur français savait qu'il devait agir rapidement avant que la Coalition ne puisse mobiliser toutes ces forces. Il voulait forcer une bataille décisive mais sait qu'il n'avait pas la force d'agir en tant qu'agresseur; au lieu de cela, il décida d'inciter les Alliés à l'attaquer sur un terrain qu'il aurait lui-même choisi. Le 21 novembre, Napoléon envoya un tiers de son armée vers Brünn (Brno) et Wischau (Vyškov), sur la route d'Olmütz, dont le IVe corps du maréchal Jean-de-Dieu Soult et le Ve corps du maréchal Jean Lannes, qui occupaient les hauteurs de Pratzen, près de la ville d'Austerlitz, tandis qu'une brigade de cavalerie légère de Murat avançait vers Wischau. Décrites par l'historien Andrew Roberts comme étant "plus des ondulations que des pentes ressemblant à des falaises", les hauteurs de Pratzen dominaient le champ de bataille d'Austerlitz. L'importance stratégique des hauteurs fut notée par Napoléon qui dit à son état-major : "Messieurs, examinez ce terrain avec soin. Ce sera un champ de bataille, et vous aurez un rôle à y jouer !". (Roberts, 381 ; 377).
Le 25 novembre, Napoléon envoya le général Anne-Jean-Marie Savary dans le camp allié. Savary demanda un armistice aux empereurs de Russie et d'Autriche, exprimant le désir de Napoléon d'éviter une bataille. Cela surprit les commandants coalisés qui pensaient que Napoléon ne demanderait un tel accord que si sa position était devenue faible. Cette faiblesse semblait confirmée quelques jours plus tard lorsque Napoléon retira ses troupes des hauteurs de Pratzen. Les Coalisés estimèrent qu'aucun commandant sain d'esprit n'abandonnerait une position aussi avantageuse sans combattre s'il n'avait pas la force de la défendre. Le 27 novembre, l'un des aides de camp du tsar, le prince Pierre Dolgoroukov, se rendit dans le camp français pour négocier avec Napoléon. Dolgoroukov, jeune noble arrogant et belliqueux, rapporta que la position française semblait effectivement faible et que "tous autour de Napoléon tremblaient, et que même notre avant-garde suffirait à le vaincre" (Mikaberidze, 205).
Cependant, tout le monde n'était pas convaincu. Koutouzov et les commandants en chef recommandèrent de se retirer dans les Carpates, afin d'attirer Napoléon encore plus loin en territoire ennemi. Mais le tsar Alexandre, jeune et ambitieux, se laissa influencer par son entourage de nobles, dont Dolgoroukov qui préconisait de frapper immédiatement pour ne pas faire passer les Russes pour des lâches. "Lâches ? s'écria le tsar indigné. "Alors, il vaut mieux que nous mourions tous" (ibid). Le 30 novembre, les forces coalisées commencèrent à avancer vers Austerlitz, balayant la maigre brigade de cavalerie française lors d'une escarmouche à Wischau; le tsar Alexandre, qui n'avait jamais vu de combat auparavant, fut écœuré à la vue des cadavres et se retira à l'arrière de l'armée, refusant de manger pendant le reste de la journée. Le 1er décembre, les Coalisés gravirent les pentes abruptes des hauteurs de Pratzen. Bien qu'ils semblaient avoir l'avantage en prenant les hauteurs, ils ne pouvaient pas se tromper davantage; les Coalisés tombèrent tout droit dans le piège de Napoléon.
La veille de la bataille
À l'insu des Coalisés, Napoléon mena une campagne de tromperie. Il demanda un armistice et retira ses troupes des hauteurs de Pratzen dans l'intention de convaincre les Coalisés de sa faiblesse; lorsque Dolgorukov visita le camp français, Napoléon se montra délibérément inquiet et fit en sorte que l'envoyé russe soit témoin d'une compagnie de soldats se préparant à battre en retraite, ce qui était, bien entendu, une mise en scène. Il orchestra même la défaite de Wischau, en demandant à ses cavaliers d'agir avec panique lors de leur retraite. Maintenant que les Coalisés étaient sur les hauteurs de Pratzen, Napoléon était libre de mettre en œuvre la phase suivante de son plan. Il élargit délibérément son flanc droit, espérant inciter les Coalisés à l'attaquer à cet endroit. Comme indiqué précédemment, Napoléon n'avait amené qu'un tiers de son armée à Austerlitz; les corps du maréchal Jean Bernadotte et du maréchal Louis-Nicolas Davout arrivaient en toute hâte de Vienne. Le plan prévoyait que le faible flanc droit mène une action d'attente jusqu'à ce qu'il ne puisse être renforcé par le IIIe corps de Davout, ce qui libérerait le reste de l'armée française pour reprendre les hauteurs et frapper les points décisifs sur le terrain.
Une fois de plus, les Coalisés mordirent à l'hameçon. Le chef d'état-major autrichien, Franz von Weyrother, élabora un plan d'attaque du flanc droit français avec trois des cinq colonnes de l'armée (59 000 hommes), commandées par le général Buxhoeveden. Une fois que les Coalisés auraient enfoncé le flanc droit français, ils se dirigeraient vers le nord et envelopperaient le reste de l'armée napoléonienne. Pendant que l'attaque principale se déroulait sur la droite française, Weyrother avait prévu que 13 000 hommes supplémentaires, sous les ordres de Bagration, lanceraient une attaque de diversion sur la gauche française, tandis que le centre serait tenu par le frère du tsar, le grand-duc Constantin, et les 8 500 hommes de la Garde impériale russe. Le tsar Alexandre approuva le plan et nomma Weyrother commandant en chef de l'armée coalisée, en remplacement de l'hésitant Koutouzov.
Alors que la nuit s'installait sur Austerlitz, Napoléon reçut la confirmation que le corps de Davout était en chemin et arriverait à temps pour le combat du lendemain matin. Après une rapide sieste et un modeste dîner composé de pommes de terre et d'oignons frits, Napoléon et son chef d'état-major, le maréchal Louis-Alexandre Berthier, se déplacèrent parmi les feux de camp de leurs troupes et discutèrent avec les soldats. Les hommes étaient de bonne humeur, chantaient et dansaient à l'approche de leur empereur. Le lendemain, le 2 décembre 1805, premier anniversaire du sacre de Napoléon, était un signe fortuit pour les soldats. À 4 heures du matin, Napoléon tint une conférence de dernière minute avec ses officiers à son quartier général sur le Zuran, une petite colline au centre gauche du champ de bataille. Napoléon s'assura que chaque homme connaîssait son rôle: Le IVe corps du maréchal Soult tiendrait le flanc droit jusqu'à ce que le maréchal Davout n'arrive en renfort. Le Vème corps du maréchal Lannes tiendrait le flanc gauche et serait renforcé par le Ier corps de Bernadotte lorsqu'il arriverait. Une fois le gros de l'armée alliée engagé, les divisions des généraux Saint-Hilaire et Vandamme attaqueraient le centre allié affaibli, reprenant ainsi les hauteurs.
Début de la bataille
À 4 heures du matin, les soldats français prirent leurs positions initiales au milieu d'une "nuit glaciale" (Roberts, 383). À l'aube, on découvrit que la plaine était recouverte d'une épaisse brume qui dissimulait la taille de chaque armée. La bataille commença à 7 heures du matin, lorsque l'avant-garde du général autrichien Kienmayer frappa le village de Tellnitz (Telnice), à l'extrême droite de la ligne française. De violents combats se déroulèrent autour de Tellnitz, où le 3e régiment de ligne français résista pendant une heure avant d'être repoussé hors du village; la retraite française fut couverte par la cavalerie de Davout, arrivée avant le reste de son corps. Les Coalisés poussèrent ensuite jusqu'au village voisin de Sokolnitz (Sokolnice). À 8 h 30, les Français furent chassés du village par un violent bombardement coalisé ; alors qu'ils battaient en retraite, d'autres unités françaises leur tirèrent accidentellement dessus dans la confusion.
Mais Sokolnitz ne resta aux mains des Coalisés que 15 minutes avant d'être repris par une contre-attaque française du IIIe Corps de Davout qui avait parcouru 112 kilomètres à marche forcée en deux jours pour arriver à temps. Une division du beau-frère de Davout, le général Louis Friant, reprit Tellnitz tandis que le général français Lagrand reprit Sokolnitz avec deux brigades (dont une unité corse surnommée "les cousins de l'empereur"). Les deux brigades de Lagrand se retrouvèrent bientôt face à douze bataillons russes; à 9h30, les Russes prirent d'assaut le château de Sokolnitz, tuant ou blessant onze des douze commandants français les plus gradés du village. Les villages de Tellnitz et de Sokolnitz devinrent la partie la plus disputée du champ de bataille, changeant de mains à plusieurs reprises au cours de la matinée.
Sur la gauche, Bagration engagea le Vème corps du maréchal Lannes, et de violents combats eurent lieu autour du village de Blasowitz (Blažovice). Bien que Lannes ait été rapidement renforcé par le Ier corps du maréchal Bernadotte, les combats devinrent désespérés car les hommes de Lannes furent battus par l'artillerie de Bagration. Lannes parvint à rallier ses hommes et à reprendre Blasowitz à la pointe des baïonnettes, tandis que Murat tenta de relâcher la pression en menant une charge de 3 000 cavaliers contre la cavalerie de Bagration. Mais Bagration envoya tous les escadrons de cavalerie disponibles contre Murat qui se retrouva bientôt à se battre contre plus du double de ses propres hommes. Une bataille de cavalerie féroce s'ensuivit, avec "des panaches de crin de cheval et des cuirasses étincelantes", mais à la fin, les chevaux coalisés cédèrent et s'enfuirent (Chandler, 426).
Le soleil d'Austerlitz
À 9 heures du matin, les Coalisés avaient déversé 40 000 hommes sur la droite française qui était constamment renforcée par Davout. Alors que le soleil émergeait des nuages pour dissiper les brumes matinales, Napoléon constata que les Coalisés avaient affaibli leur centre en déplaçant davantage de troupes hors des hauteurs, comme il l'avait espéré. Il ordonna au maréchal Soult de lancer l'attaque sur le centre de l'ennemi, déclarant : "Finissons cette guerre par un coup de tonnerre !". (Roberts 385). Les divisions de Saint-Hilaire et de Vandamme, cachées par les brumes au pied des hauteurs, reçurent trois rations d'eau-de-vie pour les stimuler avant de recevoir l'ordre de gravir la pente. Alors qu'elles marchaient, le célèbre "soleil d'Austerlitz" dissipa les derniers brouillards et des milliers de baïonnettes françaises scintillèrent au soleil.
Les Coalisés furent surpris par les deux divisions françaises qui semblaient surgir de nulle part. Koutouzov ordonna en toute hâte aux Autrichiens de Kollowrath de retourner sur les hauteurs et, à 9h30, les combats éclatèrent autour du village de Pratzen (Prace), près du sommet des hauteurs; le combat fut si brutal qu'il n'y eut pratiquement pas de prisonniers et que les blessés furent massacrés sans pitié. La lutte pour Pratzen dura plus d'une heure, jusqu'à 11 heures, heure à laquelle le maréchal Soult fit monter six canons de 12 livres et commença à bombarder les positions coalisées. Les colonnes de Buxhoeveden étant toujours engagées sur la droite française et Bagration étant bloqué sur la gauche, l'armée coalisée était désormais coupée en deux.
À présent, seule la Garde impériale russe représentait une menace sérieuse pour la victoire française. À 13 heures, le grand-duc Constantin dirigea quatre bataillons de cavalerie de la Garde russe contre la division de Vandamme dans une ultime tentative de reconquête des hauteurs. Le 4e régiment de ligne français se brisa sous cette charge, perdant son étendard de l'aigle impérial; alors que le 4e régiment de ligne battait en retraite dans la panique, les hommes eurent encore la présence d'esprit de crier"Vive l'Empereur" en passant devant Napoléon. L'empereur français envoya cinq escadrons de sa propre cavalerie de la Garde impériale pour stopper l'attaque russe, et les deux unités d'élite s'affrontèrent dans un combat sanglant sur les hauteurs de Pratzen. La Garde russe vacilla et finit par se briser, mettant fin à tout espoir de victoire coalisée. Malgré un coup d'épée à la tête, Jean Rapp, l'un des aides de camp de Napoléon, présenta à l'empereur les couleurs russes capturées et les prisonniers, dont le prince Nikolaï Repnin-Volkonsky; cette scène fut immortalisée dans le célèbre tableau de François Gérard représentant la bataille.
Fin de la bataille
Après la défaite de la Garde russe, Saint-Hilaire et Vandamme furent envoyés sur le flanc des bataillons russes combattant à Sokolnitz et Tellnitz ; à 14 heures, Davout ordonna à son corps d'armée d'avancer dans une contre-charge générale, disant froidement à ses hommes de "ne pas en laisser échapper un seul" (Chandler, 431). À 15 heures, les Alliés battirent en retraite, nombre d'entre eux fuyant à travers les lacs gelés; Napoléon ordonna à 25 canons de commencer à tirer sur la glace, envoyant les troupes russes plonger dans les eaux glacées en contrebas (le nombre exact de Russes qui se noyèrent est contesté; Napoléon lui-même l'évalua à 2 000, bien que la plupart des spécialistes modernes estiment qu'il était de 200 ou moins). À 16 h 30, les derniers bruits de mousquet se perdirent et les Français restèrent maîtres du terrain.
Les Français perdirent 1 305 tués et 6 940 blessés, mais ces chiffres étaient bien inférieurs aux pertes des Coalisés : 11 000 Russes et 4 000 Autrichiens moururent ou furent blessés sur le champ de bataille d'Austerlitz, et 12 000 Alliés furent capturés. Les Coalisés subirent donc un total de 27 000 pertes, soit un tiers de leurs effectifs initiaux. Ce carnage conduisit Napoléon à déclarer : "Beaucoup de belles dames pleureront demain à Saint-Pétersbourg". (Mikaberidze, 206). Le tsar Alexandre se retira en Hongrie avec les restes de son armée, tandis que l'empereur François demanda la paix. Cette bataille mit fin à la guerre de la Troisième Coalition. Après Austerlitz, l'Empire français jouit d'une suprématie militaire sur le continent européen pendant la majeure partie de la décennie suivante.