Platon (428/427-348/347 av. J.-C.), le philosophe dont les dialogues sur la Vérité, le Bien et la Beauté ont considérablement façonné la pensée et la religion occidentales, aurait d'abord été poète et dramaturge. Même si la source de cette affirmation (Diogène Laërce, IIIe siècle de notre ère, souvent peu fiable) est contestée, les œuvres de Platon elles-mêmes plaident en faveur de cette affirmation.
Selon Laërce, Platon écrivait et enseignait sous un surnom. Laërce affirme que son véritable nom était Aristocle, qui signifie "la meilleure gloire" (du grec ancien aristos - meilleure - et kleos - gloire), bien que cette affirmation soit contestée par le spécialiste Robin Waterfield (qui place également la date de naissance de Platon entre 424 et 423 av. J-.C.). Les Dialogues de Platon ne révèlent pratiquement rien de sa vie et les informations biographiques proviennent de quelques lettres qui lui sont attribuées et d'auteurs ultérieurs tels que Laërce qui, bien que souvent considéré comme peu fiable, aurait travaillé à partir de sources plus fiables (qu'il ne cite jamais) aujourd'hui perdues.
Selon Laërce, le père de Platon, Ariston, serait descendu du grand héros mythologique Cadmus, fondateur de Thèbes, tueur de monstres et soi-disant "inventeur des lettres" pour avoir introduit l'alphabet phénicien en Grèce, tandis que sa mère, Périctionè, descendait de la famille du grand politicien, philosophe et législateur athénien Solon (c. 640 - c. 560 av. J.-C.). Platon avait deux frères aînés, Adimante et Glaucon, et une sœur aînée, Potonè, et reçut la meilleure éducation disponible à l'époque.
Dans la Grèce antique, le concept d'éducation se définissait par l'amélioration de l'esprit et du corps, et l'étudiant devait prouver qu'il était apte à ces deux fonctions. Le jeune Platon apprit la gymnastique avec le lutteur Ariston d'Athènes, les arts équestres et martiaux, la musique et les mathématiques avec Metellos d'Agrigentum et Dracon, fils de Damon le Sophiste, la peinture et le dessin, et la philosophie avec Cratyle (élève d'Héraclite d'Éphèse, vers 500 av. J.-C.).
Les noms dans la Grèce antique
Dans la Grèce antique, un enfant recevait un nom personnel, le nom de son père et une désignation de lieu ou de tribu pour établir son identité. Les enfants recevaient presque toujours le nom de leurs grands-parents, le grand-père s'il s'agissait d'un garçon et la grand-mère s'il s'agissait d'une fille. Le souvenir des morts était un devoir sacré pour les Grecs car, en se souvenant de ceux qui étaient décédés, les vivants maintenaient les défunts en vie et leur permettaient de participer aux meilleurs niveaux de l'au-delà.
L'enfant qui allait devenir Platon soit naquit à Athènes, soit sur l'île voisine d'Égine. Ses parents auraient fait partie des premiers colons athéniens d'Égine et auraient vécu dans la maison de Phidiade, fils du philosophe Thalès, avant de retourner à Athènes dans le dème (bourg) de Collytos. Il est donc possible que Platon soit né dans la maison du premier philosophe connu de la Grèce antique, bien qu'il s'agisse probablement d'une invention plus tardive. Quel que soit l'endroit où il vit le jour, selon Laërce, il s'appelait Aristocle, fils d'Ariston, de Collytos.
Waterfield note cependant que le nom du grand-père de Platon, Aristocle, aurait été donné au fils aîné d'Ariston, et non au plus jeune, et que "Platon" était un nom athénien courant. Il est donc probable que Laêrce ait confondu ses sources et que le nom de naissance du futur philosophe soit Platon. Laërce décrit comment "Aristocle" acquit son célèbre surnom:
Il étudia les lettres sous Denys, qu’il cite dans les Rivaux, et la palestre sous Ariston d’Argos. Alexandre dit, dans les Successions, que ce fut Ariston qui lui donna le nom de Platon, à cause de sa robuste constitution, et qu’auparavant il s’appelait Aristoclès, du nom de son aïeul. D’autres prétendent qu’on l’avait surnommé ainsi à cause de l’ampleur de son style ; Néanthe voit là une allusion à la largeur de son front. (Vies et Doctrines des Philosophes, Livre III.V)
Si Laërce avait pensé à citer clairement ses sources, des passages comme celui-ci auraient plus de poids auprès des chercheurs d'aujourd'hui, mais, en l'état, son œuvre continue d'être citée en l'absence d'autres informations biographiques sur Platon et d'autres philosophes de la Grèce antique. Waterfield rejette ce passage comme "non pertinent" dans la mesure où il ne peut être corroboré et où il n'est pas nécessaire de se demander si "Platon" était bel et bien le nom de naissance de Platon.
D'autres passages de l'œuvre de Laërce sont toutefois considérés comme probablement véridiques, comme le fait qu'il rapporte que Platon luttait aux prestigieux jeux isthmiques et qu'il était un athlète prometteur. Selon la coutume, il aurait servi dans l'armée et, en tant qu'aristocrate athénien, dans la cavalerie. Il participa très certainement à la guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.) contre Sparte et, en tant que membre de l'élite aristocratique d'Athènes, il avait été préparé à une carrière politique.
Platon, le poète-philosophe
Cependant, à un moment donné de son adolescence, le jeune noble se tourna vers les arts. On dit qu'il aurait écrit des poèmes lyriques et des drames tragiques et qu'il s'adonna également au chant et à la peinture. Ses pièces étaient apparemment assez bonnes pour être soumises à l'examen d'un prix au théâtre de Bacchus, bien que cette affirmation, comme presque toutes les informations personnelles concernant Platon, ne puisse être corroborée.
Aristote (384-322 av. J.-C.), l'élève le plus célèbre de Platon, ne fournit pratiquement aucune information biographique sur lui et la plupart des lettres attribuées à Platon qui ont survécu sont considérées comme des faux rédigés ultérieurement pour confirmer sa réputation de philosophe. Diogène Laërce, qui fournit le récit le plus complet de la vie de Platon, écrivait des siècles après sa mort et, comme on l'a vu, ne citait jamais ses sources.
Il semble cependant qu'une rencontre sur la place du marché d'Athènes allait un jour changer la vie du jeune Platon et, ce faisant, modifier le cours de la philosophie et de la culture occidentales. Vers l'âge de 20 ans, il entendit Socrate enseigner sur l'Agora (le marché en plein air de la ville). Il comprit, dit-on, que ce que Socrate enseignait était plus noble que les arts qu'il pratiquait alors et, invoquant le dieu du foyer, il brûla toutes ses pièces de théâtre et ses poèmes et devint l'élève de Socrate.
Ce récit est présenté de manière dramatique par Laërce comme un tournant dans la vie du jeune homme, mais il mentionne également l'une des pièces de Platon - Les amants rivaux - qui était encore jouée du vivant de Laërce. En outre, des fragments de dramaturges contemporains de Platon semblent se référer à lui comme à l'un des leurs, comme Anaxandridès de Colophon qui, dans un fragment de sa pièce Thésée, qualifie Platon de "digne" dans le sens où Platon travaillait dans le même art qu'Anaxandridès.
Il est possible, comme l'ont suggéré certains auteurs, que Platon ait brûlé ses premiers travaux parce qu'il estimait qu'ils ne répondaient pas à ses critères. Cette hypothèse, évoquée par Diogène Laërce, présente le jeune Platon comme un écrivain ambitieux qui espérait devenir aussi grand qu'Hésiode ou Homère et qui, ayant échoué, mit le feu à ses premiers travaux littéraires. Il semble certain que, quelle que soit la raison de la destruction de ses œuvres, il trouva dans la philosophie un sujet plus digne d'intérêt que tout ce qui l'avait occupé auparavant. Pendant les huit années suivantes, Platon serait l'élève de Socrate, jusqu'à ce que ce dernier ne soit exécuté par les Athéniens en 399 avant notre ère pour impiété.
Voyages et retour
Après la mort de Socrate, Platon et beaucoup (sinon tous) de ses anciens élèves quittèrent Athènes pour se rattacher à d'autres écoles philosophiques et, surtout, pour éviter d'être accusés de crimes similaires en raison de leur association avec leur maître. Platon se serait rendu à Mégara, en Italie, et sur d'autres sites d'instituts philosophiques célèbres avant de se rendre en Égypte. Pendant cette période, il aurait étudié dans les écoles établies par Pythagore, Euclide, Héraclite et d'autres, avant de se consacrer à la religion et à la métaphysique de l'Égypte.
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Après son séjour en Égypte, il effectua son premier voyage à Syracuse, en Sicile, pour rendre visite au gouverneur Denys l'Ancien qu'il tenterait, sans succès, d'élever au rang de roi philosophe. De retour à Athènes, il fonda son Académie qui enseignait la géométrie comme moyen d'éclaircir l'esprit (un concept pythagoricien), la méthode socratique pour déterminer la vérité et la compréhension philosophique et métaphysique de la nature de la réalité telle qu'elle est exprimée dans la célèbre allégorie de la caverne du livre VII de la République de Platon.
C'est ce que suggèrent des fragments d'auteurs ultérieurs et celui de son neveu et successeur Speusippe (fils de la sœur de Platon, Potonè, 408-339 av. J.-C.), qui a rejeté la théorie des formes et l'idéalisme de Platon pour une approche plus pratique de la philosophie. Quelque temps après son retour, Platon commença à écrire les dialogues qui allaient établir sa réputation.
Les dialogues de Platon
La lecture des célèbres Dialogues de Platon montre bien que l'artiste au sein du philosophe ne s'éteignit pas avec l'incendie de ses premières œuvres. Chacun de ces dialogues est une pièce de théâtre soigneusement élaborée, avec un point de vue précis, une action croissante, une caractérisation subtile et une conclusion dramatique. Le personnage principal est presque toujours Socrate, qui remet en question une forme de connaissance acceptée et oblige les autres personnages - et le lecteur - à remettre en question ce qu'ils ont accepté des autres comme étant la vérité.
Il n'est pas certain que Socrate se soit réellement comporté comme Platon le dépeint, car le seul autre contemporain à avoir écrit sur Socrate est un autre de ses élèves, Xénophon (430 - c. 354 av. J.-C.), dont le Banquet, l'Apologie et les Mémorables traitent tous de son ancien professeur. L'Apologie de Xénophon se distingue nettement du dialogue de Platon portant le même titre en ce sens qu'elle est beaucoup moins littéraire et dramatique. Xénophon présente les faits tels qu'il s'en souvient, tandis que Platon présente chaque événement comme un moment d'enseignement permettant d'explorer certains aspects des connaissances acquises.
L'Apologie de Platon dépeint Socrate comme le philosophe héroïque prenant position pour ses croyances contre l'ignorance et les préjugés des traditions et coutumes religieuses acceptées. Socrate est accusé par trois éminents citoyens athéniens - Mélétos, Anytos et Lycon - d'impiété et de corruption de la jeunesse en raison de son refus de reconnaître les dieux de la Grèce et d'encourager les jeunes hommes à remettre en question leurs aînés. Socrate nia ces accusations, refusa d'abjurer ses croyances et défendit sa quête de la vérité dans l'un des passages les plus célèbres de la littérature philosophique occidentale:
Athéniens, je vous honore et je vous aime, mais j’obéirai plutôt au dieu qu’à vous ; et tant que je respirerai et que j’aurai un peu de force, je ne cesserai de m’appliquer à la philosophie, de vous donner des avertissements et des conseils, et de tenir à tous ceux que je rencontrerai mon langage ordinaire : ô mon ami ! comment, étant Athénien, de la plus grande ville et la plus renommée pour les lumières et la puissance, ne rougis-tu pas de ne penser qu’à amasser des richesses, à acquérir du crédit et [29e] des honneurs, sans t’occuper de la vérité et de la sagesse, de ton âme et de son perfectionnement ? Et si quelqu’un de vous prétend le contraire, et me soutient qu’il s’en occupe, je ne l’en croirai point sur sa parole, je ne le quitterai point ; mais je l’interrogerai, je l’examinerai, je le confondrai, et si je trouve qu’il ne soit pas vertueux, mais qu’il fasse semblant de l’être, je lui ferai honte de mettre si peu de prix aux choses les plus précieuses, et d’en mettre tant à celles qui n’en ont aucun. Voilà de quelle manière je parlerai à tous ceux que je rencontrerai, jeunes et vieux, concitoyens et étrangers, mais plutôt à vous, Athéniens, parce que vous me touchez de plus près ; et sachez que c’est là ce que le dieu m’ordonne, et je suis persuadé qu’il ne peut y avoir rien de plus avantageux à la république que mon zèle à remplir l’ordre du dieu : car toute mon occupation est de vous persuader, jeunes et vieux, qu’avant le soin du corps et des richesses, avant tout autre soin, est celui de l’âme et de son perfectionnement. Je ne cesse de vous dire que ce n’est pas la richesse qui fait la vertu ; mais, au contraire, que c’est la vertu qui fait la richesse, et que c’est de là que naissent tous les autres biens publics et particuliers. Si, en parlant ainsi, je corromps la jeunesse, il faut que ces maximes soient un poison ; car si on prétend que je dis autre chose, on se trompe, ou l’on vous en impose. Ainsi donc, je n’ai qu’à vous dire : Faites ce que demande Anytus, ou ne le faites pas ; renvoyez-moi, ou ne me renvoyez pas, je ne ferai jamais autre chose, quand je devrais mourir mille fois. (29d-30c)
L'Apologie de Xénophon ne contient pas ce genre de discours, se concentrant plutôt sur la conviction de Socrate que sa vie, telle qu'elle avait été vécue en public, avait été suffisamment défendue, et présente une version sans fioritures du procès et de ses suites. Le récit de Platon est plus complet et beaucoup plus dramatique, avec un héros bien défini et des méchants tout aussi clairs. Il convient également de noter que le type de tribunal devant lequel Socrate fut jugé n'était habilité à entendre que les cas de meurtre et les cas d'impiété flagrants (comme lorsqu'une personne est accusée d'avoir profané un temple ou une statue ou d'avoir clairement prôné l'athéisme). Socrate démontre habilement qu'il n'est pas coupable d'impiété (dans les récits de Platon et de Xénophon) en vertu de la "voix" qu'il entend des dieux, qui lui ordonne de faire ce qu'il fait, et de sa participation régulière aux fêtes religieuses. L'accusation la plus grave est celle de corrompre la jeunesse par la pratique de la dialectique, ce qui n'était pourtant pas un crime capital à Athènes en 399 avant notre ère. L'Apologie de Platon doit donc être considérée comme un ouvrage non historique et essentiellement littéraire.
Les dialogues traitant des accusations portées contre Socrate, de son procès, de son emprisonnement et de son exécution - l'Euthyphron, l'Apologie, le Criton et le Phédon (souvent publiés de nos jours sous le titre Les derniers jours de Socrate) - suivent tous ce même paradigme de constructions littéraires réimaginant des événements réels. En tant qu'écrivain très cultivé, Platon compte beaucoup sur la compréhension par le lecteur des allusions à des thèmes, des personnages et des situations mythologiques et, également, sur le sens de l'humour du lecteur.
L'Euthyphron de Platon, bien qu'il s'agisse d'une enquête sérieuse sur la nature du concept grec d'Eusebia (piété), peut être lu comme une étude de caractère d'un jeune homme qui se vante d'un savoir qu'il ne peut avoir en essayant d'impressionner un aîné. Le personnage d'Euthyphron ne cesse de revendiquer des connaissances qu'il ne peut posséder afin de justifier le procès qu'il intente à son père et de montrer son intelligence à Socrate, plus âgé que lui. Cette pièce est un chef-d'œuvre comique en miniature: Socrate, de plus en plus frustré, tente d'obtenir une réponse claire de la part du jeune Euthyphron, qui finit par fuir la conversation sous prétexte qu'il est pressé par le temps.
Le Criton, une étude sur les lois de l'État et les obligations du citoyen à leur égard, se déroule dans la cellule de prison de Socrate, en présence uniquement de Socrate et de son vieil ami Criton et, même si l'on admet que Criton a peut-être rapporté leur conversation à Platon, la forme narrative suggère une création littéraire. Il en va de même pour le Phédon - la grande défense de l'immortalité de l'âme - dans lequel Platon écrit qu'il n'était pas présent à la mort de Socrate et crée le personnage fictif d'un autre élève de Socrate - Phédon - pour raconter l'événement. Le véritable Phédon historique aurait accusé Platon d'avoir inventé la plupart de ses dialogues et d'avoir mis ses propres mots dans la bouche de Socrate. Socrate serait donc le personnage fictif le plus célèbre de Platon.
La République et les Lois de Platon traitent de l'état idéal et, de manière allégorique, du bon ordre de l'âme, tandis que d'autres œuvres, comme le Phèdre et l'Ion, traitent de la qualité littéraire, de la composition et de la vérité. Le célèbre Banquet de Platon se concentre sur la véritable nature de l'amour, tandis que le Ménon examine ce que signifie apprendre et si la vertu peut être enseignée. Dans tous ces textes - et dans bien d'autres - le philosophe-héros Socrate lutte contre les forces du savoir bien établi et accepté pour encourager les autres participants au dialogue - y compris le lecteur qui écoute - à remettre en question ce qu'ils croient savoir, ce qu'on leur a enseigné, et à rechercher la sagesse par eux-mêmes, avec un esprit clair et un but bien précis.
Conclusion
Platon a écrit 35 dialogues et 13 lettres avant de mourir, et ces œuvres ont énormément contribué à la formation de la philosophie, de la culture et de la religion occidentales, Platon mettant l'accent sur l'immortalité de l'âme et sur l'existence d'un royaume de vérité objective qu'il faut reconnaître pour bien vivre. Le grand philosophe du XXe siècle Alfred North Whitehead considérait que toute la philosophie occidentale n'était guère plus qu'une note de bas de page à Platon, car ses œuvres ont influencé tous ceux qui sont venus après lui.
Cette influence est particulièrement évidente dans le dialogue le plus célèbre de Platon, la République. Le professeur Forrest E. Baird écrit : "Il y a peu de livres dans la civilisation occidentale qui ont eu l'impact de la République de Platon - à part la Bible, peut-être aucun" (68). Cela est dû non seulement aux concepts que Platon expose dans la République, mais aussi à la manière dont il construit le dialogue pour impliquer le lecteur dans les conversations et les arguments des personnages. La forme narrative que Platon manipule dans les livres I à X de la République conduit le lecteur à travers l'organisation d'une société idéale et juste, qui est allégoriquement l'état le plus parfait de l'âme individuelle.
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Commençant par une discussion sur la justice dans le livre I, la République se termine par une illustration de ce concept à travers le récit du guerrier qui meurt, témoigne de la vérité de l'au-delà et revient pour parler aux autres de l'importance de la justice dans le livre X ; entre les deux, les détails de la vie juste sont soigneusement détaillés, contestés et clarifiés. L'œuvre se lit comme un drame, avec le même conflit, la même montée en puissance et le même dénouement que ceux que l'on trouve chez Shakespeare, Shaw, Pinter ou Stoppard.
Les concepts liés à l'état de l'âme, à la nature d'une bonne vie, à la signification de la qualité et de la justice, et à la recherche honnête de la vérité sont développés plus avant, de la même manière artistique, dans les autres œuvres de Platon. Le jeune Platon a peut-être brûlé ses premières pièces et ses premiers poèmes au profit de ses recherches philosophiques, et peut-être n'étaient-ils que des efforts juvéniles qu'il ne voulait pas conserver, mais son talent artistique est évident dans ses œuvres ultérieures qui, littéralement, ont transformé le monde qu'il a laissé derrière lui.