Brève Histoire des Écoles Bouddhistes

Article

Joshua J. Mark
de , traduit par Jerome Couturier
publié le 29 septembre 2020
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Les différentes écoles de pensée bouddhistes, toujours en activité aujourd'hui, se développèrent après la mort du Bouddha (563-483 av. J.-C., voir les dates du Bouddha) dans le but de perpétuer ses enseignements et d'honorer son exemple. Chacune de ces écoles prétendait représenter la vision originelle du Bouddha, et le fait encore aujourd'hui.

Bien que Bouddha lui-même ait demandé qu'après sa mort, aucun chef ne soit choisi pour diriger quelque école que ce soit, cette demande fut ignorée et ses disciples semblent avoir assez rapidement institutionnalisé la pensée bouddhiste avec des règles, des règlements, et une hiérarchie.

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Gandhara Relief of Buddha Eating with Monks
Bouddha qui mange avec des moines, Bas-relief Gandhara
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Au début, il y avait peut-être une vision unifiée de ce que le Bouddha avait enseigné, mais avec le temps, des désaccords sur ce qui constituait le "véritable enseignement" aboutirent à une fragmentation et à la création de trois écoles principales:

Le Bouddhisme Theravada prétend être l'école la plus ancienne et maintenir la vision et les enseignements originaux du Bouddha. On dit que le Bouddhisme Mahayana se serait séparé du Theravada parce que celui-ci était trop égocentrique et avait perdu la vraie vision. Le Mahayana prétend lui aussi adhérer à l'enseignement original du Bouddha. En fait, les deux écoles s'établirent sans doute à peu près à la même époque, mais avec des objectifs différents. Elles furent probablement issues de deux écoles antérieures: le Sthaviravada (précurseur possible du Theravada) et le Mahasanghika, ou Mahasamghika (considéré par certains comme le Mahayana ancien). Le lien entre ces écoles anciennes et les écoles postérieures est cependant discuté. Le Bouddhisme Vajrayana se développa principalement au Tibet, en réponse à ce qui était perçu comme un excès de règles dans le Bouddhisme Mahayana. Il mit l'accent sur le fait de vivre la voie bouddhiste naturellement, sans tenir compte des idées de ce que l'on était "censé" faire, c'est pourquoi il dit lui aussi être le plus authentique.

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TOUTES LES ÉCOLES BOUDDHISTES CROIENT AUX QUATRE NOBLES VERITÉS et À L’OCTUPLE SENTIER TELS QUE PRÊCHÉS PAR LE BOUDDHA, MAIS ELLES DIFFÈRENT SUR LA MANIÈRE DE SUIVRE CETTE VOIE.

Les trois écoles croient aux Quatre Nobles Vérités et à l’Octuple Sentier tels que prêchés par le Bouddha, mais elles diffèrent, parfois de manière significative, sur la manière qu’elles choisissent pour suivre cette voie. Objectivement, aucune n'est considérée comme plus légitime que les autres, pas plus que les nombreuses écoles mineures qui se développèrent aussi, bien que les adeptes de chacune d'elles pensent le contraire. Toutes reconnaissent cependant qu'elles font partie de l'Ekayana ("un Véhicule", ou "une Voie"), en ce sens que toutes embrassent la vision centrale du Bouddha, et cherchent à promouvoir l'harmonie et la compassion dans le monde.

Bien que le Bouddhisme soit souvent perçu par les non-adeptes comme un système de croyance uniforme, il est en fait aussi varié que n'importe quel autre dans la pratique. Cependant, théoriquement du moins, un Bouddhiste séculier d'aujourd'hui peut participer à des rituels avec un Bouddhiste religieux sans difficulté ni conflit, et tous travaillent vers les mêmes objectifs essentiels.

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Bouddha et le Bouddhisme

Selon le récit fondateur de la vie du Bouddha, celui-ci naquit Siddhartha Gautama, un prince hindou. Son père, espérant l'empêcher de suivre une voie spirituelle au lieu de lui succéder comme roi, le tint à l'écart de toute expérience qui aurait pu lui faire prendre conscience de la souffrance et de la mort. Le plan du roi réussit pendant 29 ans, jusqu'à ce que Siddhartha, à l'occasion d'une promenade à cheval, ne soit un jour témoin des fameux Quatre Signes: un homme âgé, un homme malade, un homme mort et un ascète spirituel. Il prit alors conscience de la réalité de la maladie, de la vieillesse et de la mort.

Il renonça à sa richesse et à sa position et suivit l'exemple de l'ascète spirituel, atteignant finalement l'illumination en reconnaissant l'impermanence inhérente à tous les aspects de la vie, et en réalisant comment l’on pouvait vivre sans souffrance. Il développa le concept des Quatre Nobles Vérités, selon lequel la souffrance est causée par l'attachement aux choses de la vie, et de l’Octuple Sentier, la discipline spirituelle que l'on doit suivre pour se libérer de l'attachement et de la douleur du désir et de la perte. Le spécialiste John M. Koller commente:

L'enseignement du Bouddha des [Quatre Nobles Vérités] était basé sur sa compréhension de la coproduction conditionnée (pratitya samutpada) comme étant la nature de l'existence. Le concept de la coproduction conditionnée signifie que tout change constamment, que rien n'est permanent. Cela signifie aussi que toute existence est dénuée d’égoïsme, que rien n'existe séparément, en soi. Et, au-delà de l'impermanence et de l'absence d'égoïsme de l'existence, l'idée de la coproduction conditionnée signifie que tout ce qui apparaît ou disparaît dépend des conditions. C'est pourquoi la compréhension des conditions qui donnent naissance à [la souffrance] est cruciale pour le processus d'élimination de [la souffrance]. (64)

Le Bouddha illustra ces conditions par la Roue du Devenir qui a dans son moyeu la triade: ignorance, désir, et aversion; entre le moyeu et le pourtour, les six types d'existence souffrante, et sur le pourtour, les conditions qui donnent naissance à duhkha (traduit par "souffrance"). L'ignorance de la véritable nature de la vie encourage l'envie pour les choses que l’on croit désirables et l'aversion pour les choses que l’on craint et rejette. Prise dans cette roue, l'âme est aveuglée par la véritable nature de la vie et se condamne ainsi au samsara, répétition sans fin de la renaissance et de la mort.

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Stupa in Ajanta
Stupa à Ajanta (Inde)
Jean-Pierre Dalbéra (CC BY)

Propagation et Fragmentation

Le Bouddha prêcha sa vision depuis son illumination jusqu'à sa mort à l’âge de 80 ans. Il demanda alors à ses disciples de ne pas choisir de chef, mais que chacun se dirige lui-même. Il demanda également que ses restes soient placés dans un stupa à un carrefour. Aucune de ces demandes ne fut honorée, et ses disciples s’organisèrent rapidement en un groupe avec un chef et divisèrent ses restes entre eux, chacun choisissant de les placer dans un stupa à l'endroit de son choix.

LES ÉCOLES BOUDDHISTES faisaient FACE À DES SYSTÈMES DE CROYANCE BIEN ÉTABLIS et, dans un effort pour les placer sur un pied d'égalité, elles ÉLABORÈRENT UN ILLUSTRE RÉCIT DE FONDATION.

Vers 400 av. J.-C., ils tinrent le Premier Concile, à Rajagriha (Rajgir, Inde) au cours duquel ils établirent une doctrine bouddhiste acceptée, basée sur les enseignements du Bouddha. Un second concile fut tenu en 383 av. J.-C. à Vaisali (Inde), au cours duquel, selon le compte rendu standard de la réunion, l'école Sthaviravada insista sur le respect de dix proscriptions dans la discipline monastique, que la majorité rejeta.

À ce moment, soit l'école Sthaviravada quitta la communauté (la sangha), soit la majorité s'éloigna de Sthaviravada et se nomma Mahasanghika ("Grande Congrégation"). Toutes les écoles postérieures se développèrent ensuite à partir de ce premier schisme.

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Ces écoles devaient faire face aux systèmes de croyance mieux établis de l'hindouisme et du jaïnisme et, dans un effort destiné à les placer sur un pied d'égalité, elles élaborèrent un illustre récit de fondation pour leur fondateur et lui attribuèrent un certain nombre de miracles. Le Bouddhisme resta pourtant une petite secte en Inde, une parmi tant d’autres, jusqu’à ce qu’il ne soit défendu par le roi Maurya Ashoka le Grand (r. de 268 à 232 av. J.-C.) qui embrassa la foi et initia sa propagation. Il envoya des missionnaires dans d’autres pays comme le Sri Lanka, la Chine, la Corée, la Thaïlande, dans lesquels le Bouddhisme fut accepté beaucoup plus rapidement que dans son pays d’origine.

Les différences doctrinales conduisirent cependant à de nouvelles divisions au sein de la communauté des adeptes. À mesure que le système de croyances s’institutionnalisait, ces différences devenaient plus marquées. Différents canons d’écritures se dévelopèrent, considérés comme vrais par certains, tandis que d’autres les rejetaient, et différentes pratiques émergèrent en réponse aux écritures. Par exemple, le canon pali, issu du Sri Lanka, soutenait que le Bouddha était un être humain qui, bien que doté d’un grand pouvoir spirituel atteignit l’illumination par ses propres efforts. À sa mort, il fut libéré du samsara et parvint à une libération totale des affaires humaines.

The Spread of Buddhism
Extension du Bouddhisme
Be Zen (CC BY-NC-SA)

Au fur et à mesure que le Bouddhisme se répandait, son fondateur fut déifié en tant qu'être transcendant qui avait toujours existé et existerait toujours. La mort du Bouddha fut considérée comme son nirvana, un "échappement" à tout attachement et à tout désir. Cependant, certains adeptes n’y voyaient plus simplement une évasion du samsara, mais une élévation vers un état éternel, libéré du samsara, mais toujours présent en esprit. L'école Mahasanghika adhéra à cette croyance ainsi qu'à de nombreuses autres (comme l'affirmation selon laquelle le Bouddha n'avait jamais existé physiquement, mais seulement sous la forme d’une sainte apparition), ce qui contrastait directement avec les écoles Sthaviravada, et plus tard, Theravada. Bien que la vision centrale du Bouddha ait été conservée par les adeptes, des différences doctrinales comme celle-ci conduisirent à la création de différentes écoles de pensée bouddhiste.

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Bien qu’il y ait eu en fait de nombreux schismes avant l’établissement du Theravada, du Mahayana et du Vajrayana (l’école Mahasanghika produisit à elle seule trois sectes différentes vers 283 av. J.-C.). La séparation de ces écoles de la sangha originelle aurait été prédite par le Bouddha lui-même dans ce que l’on appelle les Trois Tours de la Roue du Dharma. Ce concept est basé sur celui du Dharmachakra (la roue à huit rayons, symbole bouddhiste familier) qui représente l’Octuple Sentier, inspiré par le dharma, compris dans le Bouddhisme comme la "loi cosmique". Le Dharmachakra a toujours été en mouvement et le sera toujours, mais, en ce qui concerne sa reconnaissance par l'homme, il fut mis en mouvement lorsque le Bouddha donna son premier sermon, puis fit le premier tour de la roue du Dharma avec l’établissement du Theravada, le second avec celui du Mahayana, et le troisième avec celui du Vajrayana.

Bouddhisme Theravada

Le Bouddhisme Theravada est considéré comme étant la forme la plus ancienne du système de croyance, mais cette affirmation est contestée par les spécialistes modernes. Robert E. Buswell Jr. et Donald S. Lopez Jr. expliquent :

En dépit de la manière dont les chercheurs ont décrit la tradition, le Theravada n'est ni synonyme de Bouddhisme primitif, ni une forme plus pure de la religion avant l'essor du Mahayana. Une telle affirmation suggère un état d'inertie sectaire qui dément la diversité au fil du temps de la doctrine et de la pratique au sein de ce que l'on appelle la tradition Theravada. (904)

Malgré tout, beaucoup de ceux qui s’identifient comme Bouddhistes Theravada continuent à affirmer qu'il s'agit de la version la plus ancienne du Bouddhisme et la plus proche de la vision du fondateur. On l'appelle "Enseignement des Anciens", qui dérive du nom de l'école ancienne Sthaviravada, ce qui est parfois interprété comme signifiant que ses fondateurs étaient les plus proches du Bouddha. En réalité, le terme était couramment utilisé en Inde pour désigner toute secte monastique, et cela s'applique directement au Theravada.

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Les adeptes se concentrent sur les Trois Entraînements (trisiksa):

  • Sila (conduite morale)
  • Samadhi (méditation)
  • Prajna (sagesse)

Cette discipline est observée dans le cadre de l’Octuple Sentier et est inspiré par la figure centrale de l'école, le sage Buddhaghosa (5ème siècle ap. J.-C.), dont le nom signifie "Voix du Bouddha", pour sa capacité à interpréter et à commenter la doctrine bouddhiste. Les adeptes considèrent le canon pali comme le plus authentique et se concentrent sur une interprétation monastique de la voie bouddhiste dans laquelle l'individu cherche à devenir un arhat (saint) et n'a aucune obligation d'enseigner aux autres la voie vers l'illumination. On peut bien sûr enseigner si on le souhaite, mais contrairement au Bouddhisme Mahayana, l'objectif n'est pas de devenir un guide spirituel pour les autres, mais de se libérer soi-même du samsara.

Seated Buddha Figure Displaying Dharmachakra Mudra
Bouddha assis dans la position du Dharmachakra Mudra, Ajanta (Inde)
Prashanth Gopalan (CC BY-NC-SA)

Le Bouddhisme Theravada est divisé en un clergé de moines et une congrégation de laïcs, et il est entendu que les moines sont plus avancés spirituellement que les gens ordinaires. Les femmes sont considérées comme inférieures aux hommes et ne sont pas censées être capables d'atteindre l'illumination tant qu’elles n’ont pas été réincarnées en homme. L'école Theravada est parfois appelée Hinayana ("PetitVéhicule") par les Bouddhistes Mahayana, mais il faut noter que cela est considéré comme une insulte par les Bouddhistes Theravada, dans la mesure où cela laisse entendre que leur école n'est pas aussi importante que celle du Mahayana.

Bouddhisme Mahayana

LE MAHAYANA EST LA FORME DE BOUDDHISME LA PLUS RÉPANDUE et LA PLUS POPULAIRE DANS LE MONDE AUJOURD’HUI.

Les Bouddhistes Mahayana ("Grand Véhicule") s’appelèrent eux-mêmes ainsi, soit parce qu'ils estimaient avoir consevé les véritables enseignements et pouvoir amener le plus grand nombre de personnes à l'illumination (comme cela a été dit), soit parce qu'ils se développèrent à partir de l'école ancienne Mahasanghika ("Grande Congrégation") et souhaitèrent s'en distancer, même légèrement. Elle fut fondée 400 ans après la mort du Bouddha, probablement inspirée par l'idéologie Mahasanghika primitive, et rationalisée et codifiée par le sage indien Nagarjuna (vers le 2ème siècle ap. J.-C.), figure centrale de l'école. Il se peut aussi qu'elle ait été initialement une école mineure avant d'interagir avec le Mahasanghika ou, selon certains spécialistes, qu'elle se soit développée par elle-même, sans influence de cette école. Quoi qu’il en soit, le Mahayana est la forme de Bouddhisme la plus répandue et la plus populaire dans le monde d'aujourd'hui, s'étendant, de son acceptation initiale en Chine, puis en Corée, en Mongolie, au Japon, au Sri Lanka et au Tibet, jusqu’en différents points du monde entier.

L'école Mahayana croit que tous les êtres humains possèdent une nature de Bouddha et peuvent atteindre la conscience transcendante, devenant un bodhisattva ("être aspirant à l’illumination"), qui peut ensuite guider les autres sur la même voie. Les adeptes cherchent à atteindre l'état de sunyata – prise de conscience que toutes choses sont dépourvues d'existence intrinsèque, de nature et de signification durable – un éclaircissement de l'esprit qui permet de reconnaître la véritable nature de la vie. Ayant atteint cet état supérieur, tout comme le fit Bouddha, on devient soi même un Bouddha. Cet état transcendantal est similaire à la façon dont les dieux et les esprits étaient perçus par le Bouddha lui-même - à savoir, comme existant, mais incapables de rendre un quelconque service à l'individu. Par contre, en tant que bodhisattva, les femmes et les hommes qui se sont éveillés sont capables d'aider les autres à s'aider eux-mêmes.

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Chinese Bodhisattva Plaque
Tête de Bodhisattva, Ming-oi (Chine)
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Comme dans le Theravada et dans toutes les autres écoles du Bouddhisme, l'accent est mis sur le soi - l'auto-perfection et l'auto-rédemption. Personne d'autre ne peut faire le travail spirituel que l'on doit faire pour se libérer de la souffrance. Bien que le Bouddha soit parfois considéré comme un être déifié par les Bouddhistes Mahayana, les principes ne nous encouragent pas à l'appeler à l'aide. Suivant la propre vision du Bouddha, la croyance en un dieu créateur attentif à nos prières est découragée, car elle nous rattache à une puissance extérieure à nous-mêmes, et nous expose à la déception et à la frustration lorsque nos prières restent sans réponse.

Cela ne veut pas dire qu'aucun Bouddhiste Mahayana ne prie directement le Bouddha. La tradition, observée dans le Bouddhisme Mahayana, de représenter le Bouddha dans la statuaire et l'art, de prier devant ces objets et de les considérer comme sacrés fut initiée par l'école Mahasanghika. Cela fait partie des nombreuses raisons convaincantes pour penser que l'école la plus jeune émergea de l'ancienne.

Bouddhisme Vajrayana

Le Bouddhisme Vajrayana ("Véhicule du Diamant") est ainsi nommé en raison de l'association de l'illumination avec une substance inaltérable. Son nom est également donné comme "Véhicule de la Foudre", notamment en référence au Bouddhisme tantrique ou zen, dans la mesure où l'illumination tombe comme un coup de foudre après que l’on ait fourni les efforts nécessaires pour se perfectionner. Il est souvent considéré comme une branche issue du Bouddhisme Mahayana, voire même une secte de cette école. En effet, il emprunte des principes à la fois au Bouddhisme Mahayana et au Bouddhisme Theravada, tout en y ajoutant une nouveauté qui lui est propre.

Dans le Bouddhisme Theravada comme dans le Mahayana, on décide de suivre la Voie, on accepte la légitimité des Quatre Nobles Vérités et de l’Octuple Chemin, et l’on s'engage dans une discipline spirituelle qui mènera à l'illumination en renonçant aux habitudes vaines. Dans le Bouddhisme Vajrayana, il est entendu que l'on a déjà une nature de Bouddha – tout le monde l'a, comme dans le Mahayana – mais, dans le Vajrayana, il suffit d’en prendre conscience pour être pleinement éveillé. Un adepte n'a donc pas besoin d'abandonner immédiatement les mauvaises habitudes telles que boire de l'alcool ou fumer pour commencer son travail sur la Voie. Il suffit de s'engager à suivre la Voie et le désir de s'adonner à des comportements malsains et nuisibles perdra progressivement son attrait. Au lieu de s'éloigner du désir, on avance vers lui et on le traverse, en se débarrassant de son attachement au fur et à mesure que l'on progresse dans la discipline.

Tibetan Star Mandala
Mandala tibétain en forme d'étoile
Poke2001 (CC BY-SA)

Comme pour le Bouddhisme Mahayana, l'école Vajrayana se concentre sur le fait de devenir un bodhisattva qui guidera ensuite les autres. Le Vajrayana a été systématisé par le sage Atisha (982-1054) au Tibet, est ainsi parfois appelé Bouddhisme tibétain. Le Dalaï Lama, souvent considéré comme le chef spirituel de tous les Bouddhistes, n'est techniquement que le chef spirituel de l'école Vajrayana, et ses vues sont plus directement en phase avec cette école de pensée.

Autres Écoles

Il existe dans le monde entier de nombreuses autres écoles bouddhistes, développées à partir de ces trois écoles. En Occident, la plus populaire d'entre elles est le Bouddhisme zen qui voyagea de la Chine au Japon et s'y développa plus pleinement là-bas avant d'arriver en Occident. Comme les maîtres Zen aiment à le dire: "Ce que vous appelez Zen n'est pas Zen; ce que vous n’appelez pas Zen n’est pas Zen", ce qui signifie que l’état d’être que l’on souhaite atteindre ne peut être défini, on ne peut qu’en faire l’expérience. On y parvient par une méditation profonde et une concentration mentale sur des koans – traduits généralement par "énigmes" – qui n’ont pas de réponse, tel que le fameux "Quel son fait une seule main qui applaudit?" Cette concentration est destinée à purifier l’esprit, se débarrasser de l’attachement et atteindre l’état de samadhi, un état de vision psychologique et spirituelle similaire à sunyata. Les étudiants du Bouddhisme zen étudient souvent avec un maître qui peut les gifler, crier, ou les frapper soudainement avec un gros bâton afin de les réveiller de l’illusion de qui ils pensent être, et de ce qu’ils pensent faire. On fait appel à ces attaques soudaines et sans avertissement de même qu’aux koans, pour faire sortir un adepte de la pensée rationnelle et linéaire et l’amener vers un état de conscience supérieur.

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Le Bouddhisme de la Terre Pure se développa à partir du Bouddhisme Mahayana, et son objectif est la renaissance dans la "Terre Pure" d’un Royaume de Bouddha qui existe à un niveau supérieur. Cette croyance provient d'une histoire du Sutra de Vie-Infinie dans lequel le Bouddha raconte l'histoire d'un bouddha du passé nommé Amitabha qui devint un bodhisattva et à qui furent révélés les Royaumes de Bouddha accessibles aux éveillés. Les efforts d'Amitabha pour sauver toutes les créatures sensibles de la souffrance ont abouti à la création du royaume de Sukhavati, le plus grand de tous, dans lequel on fait l'expérience de la félicité complète après avoir quitté le corps au moment de la mort. Bien que la Terre Pure soit une école à part entière, certains Bouddhistes Mahayana observent les mêmes principes.

Une école de plus en plus populaire en Occident est le Bouddhisme séculier qui rejette tous les aspects métaphysiques du système de croyance pour se concentrer sur l'amélioration de soi pour elle-même. Le Bouddhisme séculier reconnaît les Quatre Nobles Vérités et l’Octuple Chemin, mais à des niveaux purement pratiques et psychologiques. Il n'y a pas de saints, pas de bodhisattvas, pas de Royaumes de Bouddha, pas de concept de réincarnation à prendre en compte. On s'engage dans la discipline telle qu'elle a été établie par le Bouddha afin de devenir une meilleure version de soi-même et, lorsque l’on meurt, l'on n'existe plus. Il n'y a pas de concept de récompense après la mort, les effortsque nous déployons pour être la meilleure personne possible dans la vie sont considérés comme notre récompense.

Conclusion

Il est en fait impossible de dire laquelle de ces écoles, s’il en est une, est la plus proche de la vision originale du Bouddha. Siddhartha Gautama lui-même n'a rien écrit, mais, comme de nombreuses grandes figures spirituelles à travers l'histoire dont les disciples ont ensuite fondé une religion en leur nom, il a vécu selon ses croyances, et essayé d'aider les autres dans leurs luttes. Étant donné que les premiers textes bouddhistes ont été écrits des siècles après la vie du Bouddha, et en un temps où les événements de la vie d'une personne célèbre étaient habituellement embellis, on ne sait pas si sa soi-disant "biographie" est exacte. On ne connait même pas les dates entre lesquelles il est censé avoir vécu.

Quoi qu'il en soit, et qui il ait été, le Bouddha établit un système de croyance qui attire aujourd’hui plus de 500 millions d'adeptes, et qui, depuis des siècles, offre aux gens un chemin vers la paix de l'esprit, et l'inspiration pour aider les autres. La croyance bouddhiste dans le caractère sacré de toute vie, quelle que soit l'école à laquelle on se rattache, encourage à prendre soin des autres êtres humains, des animaux et de la terre, dans le but de mettre fin à la souffrance et d'offrir des possibilités de transformation. À cet égard, chaque école œuvre pour atteindre des objectifs que Bouddha lui-même devrait approuver, et les différences dans la manière d'atteindre ces objectifs sont finalement sans importance.

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Traducteur

Jerome Couturier
Je suis médecin, spécialisé en Génétique. J'aime l'Histoire et l'Antiquité depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours eu un interêt pour la recherche dans divers domaines scientifiques, dont l'archéologie.

Auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2020, septembre 29). Brève Histoire des Écoles Bouddhistes [A Short History of the Buddhist Schools]. (J. Couturier, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-492/breve-histoire-des-ecoles-bouddhistes/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Brève Histoire des Écoles Bouddhistes." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. modifié le septembre 29, 2020. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-492/breve-histoire-des-ecoles-bouddhistes/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Brève Histoire des Écoles Bouddhistes." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 29 sept. 2020. Web. 21 févr. 2025.

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